bienvenue, welcome, welkome,etc

Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 29 mai 2012

Actuel 15 : Vive le Québec libre !


Des manifestations regroupant des centaines de milliers de personnes ont eu lieu ce printemps au Québec, à l'appel notamment d'organisations étudiantes, contre une hausse de
82%
des droits d'inscription aux universités. Aussitôt le gouvernement a ajouté à cette première provocation une loi scélérate, interdisant en pratique le droit de manifestation : les premières victimes sont déjà tombées sous les matraques des flics.
Les ministres en cause, et leur "majorité" parlementaire, sont des plus notoirement corrompus — même du point de vue simplement légal, sans parler de moralité —. Membres ou valets agenouillés de l'oligarchie banquière-industrielle, ils ont résolu de ne plus supporter le reversement d'une part des vols monétaires en "contributions" aux dispensateurs de savoir. Cela fait partie de la lutte éternelle et fondamentale : les gestionnaires de la honte et du totalitarisme, ici financier, doivent pour se maintenir étrangler toujours davantage la conscience et la connaissance des peuples, donc limiter autant que faire se peut le retour d'une part des richesses, créées par le travail, à l'éducation et à l'instruction. Mais à l'intérieur de ce schéma général, l'affaire est encore éclairante dans le détail.
Le Québec, et plus généralement le Canada, c'est un lieu de recours spécialement éclatants pour l'anti-"mondialisation". Le texte extraordinaire de Joël Bakan sur les dirigeants d'entreprises capitalistes comme psychopathes du "toujours plus" cupide, les succès des redéfinitions du libertaire par Normand Baillargeon dans les librairies de tous les continents, l'écho planétaire de sites comme "mondialisation.ca", bref la justesse, l'intelligence et le retentissement de travaux largement dus à des universitaires, à partir d'une contrée géographiquement et linguistiquement proche des centres de pouvoir les plus considérables de l'En-pire, tout cela fait un cumul intolérable pour les accapareurs et tyrans par le fric. Certes, même parmi les pays en principe assimilés, la Grèce ou l'Espagne sont d'inquiétants exemples de révolte, et par ailleurs la liste est sans fin des peuples maintenus dans la pauvreté qui, de l'arc arabe à l'Amérique latine, font entendre leurs voix malgré les fanatiques manipulés et les armées ou légions de la CIA. Mais une part du Canada est anglo-saxonne, l'autre multiplie encore la portée des refus locaux de la finance par tout ce qui parle français dans le monde, et pour comble il y a une réflexion globale de longue date et de grande profondeur sous-tendant le tout : pour les vampires de Wall Street et City c'est trop, c'est beaucoup, beaucoup trop !
Les procédés répressifs aussi sont caractéristiques. Des équipes de saligauds, repérées et copieusement huées par les manifestants, constatées par les agences de presse elles-mêmes, ont cassé des vitrines de banques et caillassé contestataires et confrères-flics en uniforme (donc avec boucliers, eux). Parallèlement organisé, un battage médiatique s'est mis en place pour hurler au désordre. Ainsi comme ailleurs, en faisant parler le respect de l'Etat, on s'efforce de terrifier un vaste marais d'abrutis embourgeoisés et d'entraîner par réflexes grégaires vers une légalité pourrie. Ainsi comme ailleurs on forge artificiellement une "opinion publique" assez lâche, au moment sensible, pour se montrer favorable à la devanture imposée comme loi respect... ueuse.

Il y a un plus, moins évident mais de grand poids. Les brigands du pouvoir osent faire remarquer que la hausse des droits universitaires est étalée sur cinq ans : ils veulent ainsi cultiver l'égoïsme chez les étudiants actuels et leur faire accepter la saloperie, sous prétexte qu'eux-mêmes n'en souffriront que partiellement. Bien évidemment les plus conscients s'efforcent en réponse de se faire entendre en citoyens, et ils exigent que tous ressentent la solidarité dans le cours des générations : c'est une prise de pouvoir, et on devine la barbarie de la répression contre ceux-là en particulier — les bandits supportent mal, plus mal encore que le reste, que le peuple parle un peu !

Bilan :
– provocation en un champ choisi par les gouvernants
– nouvelles provocations et dévoiements latéraux des manifestations, par casseurs d'un côté et de l'autre par tam-tam sur le thème de "l'ordre"
– incitations à l'enfermement individualiste et repérage des citoyens les plus éclairés
– légalisation et activation de la répression totalitaire.
Comme le disait récemment une de nos radios nationales, « une bonne affaire politique pour le premier ministre »...

Faudra quand même que quelques-uns finissent par situer le point d'aveuglement, d'où certains prétendent opposer à pareils procédés "insurrection pacifique" et non-violence.

samedi 26 mai 2012

Actuel 14 : Législatives quand même


Ce sont des élections sous médiatisation financière, donc c'est du cirque, mais il faut bien en parler un peu.
A peine en place un gouvernement de ratissage large, où même Christine Taubira et Arnaud Montebourg sont provisoirement admis, les disputes internes ont commencé : ainsi Peillon ayant eu le malheur de parler de ses affaires, Eyrault est vite venu dire que le Premier c'était lui-moi-même — alors qu'on avait d'abord monté en épingle le fait qu'un ministre s'exprimait "désormais" sans passer par le chef — ; et de même Martine Aubry attaque de partout sous prétexte de servir le Parti : la fifille du commissaire et commissionnaire super-Européen Jacques Delors, la factrice de la FACE et initiatrice de feu le club Saint-Simon — dont est descendu le sinistre "Siècle" présidé par Madame Nicole Notat, CFDT-RG confondus —, la familière de DSK & Cie ne saurait admettre plus socialiste qu'elle, et pour faciliter les alliances à gauche elle se déchaîne contre Mélenchon : rien que du neuf et du raisonnable, à se précipiter pour aller voter.
C'est quelque chose, d'accord, de ne plus être obsédé par Bling-bling : mais les Fillon, Copé et Guaino ne sont pas moins présents et ils savent, eux, d'abord maintenir quelque unité dans leur camp, ensuite ce que peut valoir l'inébranlable étanchéité au social des 48,5% qui ont remis du Sarko le 6 mai dernier. De quoi faire...

Pensons plutôt économie, vraie, affaire sérieuse.
Il y a désormais en France, par chômage et xénophobie organisés, des avilis irréductibles qui préfèrent vivre à demi en cassant de l'Arabe plutôt que de contribuer à la création de richesses : mais ce n'est pas grand monde. De l'autre côté, il y a ce que remarquaient déjà les rapports d'Inspection du Travail dès avant les années Mitterrand : le maintien de longues durées de travail, en heures hebdomadaires et en années avant la retraite, n'est là que pour la réduction du nombre de travailleurs, pour fabriquer dessus une hiérarchie de misères et d'accapareurs. Certes, les capacités productives en place ici ne cessent de faiblir par ruine organisée : mais si par exemple la sidérurgie lorraine a été assassinée, ce n'est pas faute de minerais et de savoir-faire lorrains. Au contraire, partout on sait mieux fabriquer, de meilleures machines et techniques, et avec la diminution des parasitismes bureaucratiques et commerciaux on a les moyens d'une autonomie française — même si les échanges internationaux demeurent largement aux mains de bandits — : pourvu qu'enfin on accepte quelque justice dans la répartition.
Ce n'est pas dit partout, évidemment. Il y en a des tas qui préfèrent voiler ces faits considérables pour étaler des programmes jamais réalisés, ni réalisables, de réformes et "moralisation du capital" : raison de plus pour rappeler certaines données de temps en temps, et pour redire qu'on n'attaque pas le pouvoir dans des rouages législatifs seulement.
Législatives ou pas.

mercredi 16 mai 2012

Actuel 13 : De la nazification de la France


La manipulation d'opinion passe par une infinité de canaux et traîtrises dont il est vain d'espérer faire la liste, à force de le savoir on risque d'attirer l'attention sur des points annexes et de perdre de vue le plus considérable : c'est vrai. Ce plus considérable est l'injection léthale mass-médiatique, en particulier télévisuelle, et peu de gens en mesurent l'impact réel : c'est vrai. Du moins cela est-il présent dans la conscience de beaucoup.
Il n'en est pas de même de dévoiements plus subtils : ce texte-ci voudrait y faire songer.

Le Ministère de l'Intérieur s'est acharné, contre toutes données convergentes, à maintenir le succès de François Hollande très très près de 50% jusqu'à tard dans la nuit. Le procédé peut être remarqué par tous ceux qui ont suivi sur des décennies les présidentielles : il faut expliquer cela.
Pour les gens du totalitarisme financier, quoiqu'il advienne, une liesse populaire éventuelle doit être bridée par tous les moyens, et plus généralement il faut interdire qu'une expression de volonté générale se fasse clairement jour. Donc il faut éviter l'"effet d'annonce" trop agréable et marquant, en cas d'élection qui va vers la gauche (et pourtant, quelle gauche !) : le Ministère de l'Intérieur maintenait donc encore, vers 22 heures dimanche 6 mai, que les voix Hollande seraient au-dessous de 51% (50,96 : histoire que Sarko paraisse dépasser même les 49).
De tels efforts de tout niveau vont ainsi dans le sens d'une maîtrise des consciences et des votes : dans le même genre, il faut que la "démocratie" soit équilibrée 50-50 entre
– d'un côté ceux qui restent conscients, par la dureté des oppressions, de l'intérêt social
– et de l'autre côté les abrutis qui se veulent du parti des chefs et par là un peu chefs eux-mêmes :
car il faut que les privilégiés du fric puissent faire pencher à leur gré la balance du côté qui à long terme sert le mieux leurs intérêts. C'est cela, la fameuse alternance : lâcher de temps en temps du lest, et repartir vers l'oppression brutale, voire le fascisme chaque fois que besoin est.
De même encore, il faut écarter tout ce qui montre une capacité de réflexion hors système : le feuilleton des silences sur les abstentions n'a pas de fin. Ainsi les chiffres nationaux de suffrages, sur ce plan de loin les plus expressifs, sont en grisé fort peu visible dans un coin de page 2 du Monde : tandis que le Ministère de l'Intérieur, le Parisienl'Express et cent autres s'empressent de vous soûler des résultats par régions... Pourtant, à ce qu'on peut savoir, le Président de la République est président d'une République une et indivisible, dont les découpages administratifs sont seconds ou tiers par rapport à l'enjeu national. Là-dessus la réalité en cause est éclairante, c'est la suivante (officielle et reconnue lundi matin) :
– Inscrits 45 226 728
– Votants 36 646 797
– Exprimés 34 507 351.
D'abord : une appréciation de la signification des "inscrits" suppose qu'on pense aux quartiers pauvres, où l'inscription électorale n'est pas considérée comme une urgence par la plupart des déshérités, et du côté officiel on oscille, depuis toujours, entre la quête de légitimité et la propagande pour que les gens entrent dans le système, et au contraire l'exclusion officialisée par la non-inscription.
En tout cas l'abstention est calculée d'après la différence entre inscrits et votants, alors que les pourcentages établissant la victoire le sont sur les suffrages exprimés seuls. C'est ainsi qu'on arrive à
Inscrits – Votants = 8 579 631
soit 8 579 631, qui divisé par 45 226 728 donne 18,97% d'abstentions complètes
en "oubliant"
Votants – Exprimés = 2 139 446 blancs ou nuls (record)
soit plus de deux millions de votes actifs refusant de choisir entre les candidats du système ! En additionnant aux abstentions, on voit que 23,70% des inscrits ne participent pas à la légitimité à ces candidats — et si on revient à l'absence d'inscriptions il n'est certainement pas exagéré de parler d'un quart au moins des citoyens.

Il faut se servir de cela. On y a insisté, dans ce texte-ci dès le départ, et bien des fois dans ce blog : il y a terreur et haine du totalitarisme financier pour des mouvements démocratiques véritables.
Parmi d'autres cas spécialement parlants, il y a eu le contournement du suffrage universel à l'occasion du referendum sur la Constitution "européenne" ; il y a eu aussi le cas de la Grèce, où un mot de Papandréou évoquant un referendum a suffi à son élimination. Ces expériences trop éclatantes, cuisantes pour les capitalistes mondiaux, les conduisent à se méfier du simple usage de télé & Cie.
Pourtant cet usage a fonctionné remarquablement dans la présidentielle française, où les dix (dix) points d'avance de Hollande sur Sarkozy ont été réduits à trois (trois) par des provocations efficaces : il y a eu l'affaire de la tuerie de Toulouse-Montauban, où les Pasquarcini se sont montrés sous leur vrai jour ; et il y a eu le meurtre d'un misérable par un policier : ce crime a conduit à sa mise en examen et à un tam-tam sécuritaire en diable, avec manifestations des confrères très vite et très bien organisées, pour la "légitime défense" des hordes de l'ordre...
Mais ces formes larvées de recours renouvelé à la nazification ne paraissent pas suffisantes dans l'énormité des injustices sociales. Il ne suffit pas des traîtrises écologiques qui ont fait l'échec programmé d'EELV et d'Eva Joly avec mise à l'écart des faits les plus gênants pour les gros richards. Déjà aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie, en Grèce encore, en Suisse etc., l'affirmation du pouvoir violent, raciste et xénophobe, est de plus en plus ouverte : il s'agit de réorienter la colère populaire en haine aveugle et folle, et l'efficacité politique du procédé est connue, vérifiable et actuelle. La sournoiserie efficace de la transformation en "respectabilité" du F-haine montre un art de la manipulation que cela vaut la peine d'analyser.
D'après les résultats du premier tour, les indications comparées de sondages multiples (<sondages-en-France>), les déclarations des têtes de listes, les données de l'histoire et les études de sociologie dans l'Hexagone et en Europe, il est raisonnable d'évaluer les pourcentages de voix hors FN pour Hollande et Sarkozy de la façon suivante :
– pour Hollande : héritage du premier tour 29% ; venus de Mélenchon 10% ; de Bayrou, 5 ; de Joly, Dupont-Aignan et l'extrême gauche, 5 ; soit en tout 49%
– pour Sarkozy : héritage du premier tour 28 ; de Mélenchon 0 ; de Bayrou, 4 ; de Dupont-Aignan, Joly et l'extrême gauche, 1 ; soit en tout 33% .
Dans ces conditions, l'aboutissement au score final signifie que
sur les 18% de votes lepénistes,
15% sont allés à Sarkozy
3% à Hollande.
C'est cela qu'il importe désormais de méditer plus que tout, en vue des législatives et surtout des revendications de masses comme, plus généralement, en vue de l'action inévitablement minoritaire dans la mass-médiatisation actuelle.

Actuel 12 : On n'est pas sorti de Sarko-lland


Aucun des media de puissance capitaliste, mais beaucoup des alternatifs, ont produit ces jours-ci d'excellents articles sur une évidence centrale : le débat politique autorisé fait un silence assourdissant sur les réalités de la crise. L'arrachement aux opprimés de leurs biens même vitaux va toujours croissant, comme l'accaparement de richesse par les oppresseurs : et cependant en débats dans les ondes et la presse, l'accord de la loque présente et de la brute passée est total pour le cadre de discussion — on manie des chiffres de pseudo-compétence économique, dénués de vérité face aux exigences humaines.
Du moins certes est-il bon que cela se répète, là où c'est possible : mais ce n'est pas assez. Ce qui a été dit de la Grèce (Actuel 7) n'est pas valable qu'en Grèce : la vérité des problèmes est moins économique que politique. Certes, dans le système d'argent, la pathologie de pouvoir à n'importe quel prix se traduit par des flux insensés de capitaux, des détournements inouïs en profits pour très peu. Mais le fond est la volonté maladive de se voir en maître et dominant, parce qu'on est incapable de se dominer, de dominer en soi la bête, d'épanouir l'humain : par exemple pour beaucoup de gens, la culture est la possession d'œuvres sur lesquelles spéculer en Bourse, alors que le message des créateurs leur demeure inconnu. Il y a énormément de ces débiles, pour qui l'épanouissement se ramène à la navigation plus ou moins paisible sur un océan de grossièretés et d'artifices pour soi, et de malheurs pour les autres : et leur écho en valets et petits chefs fait d'abord notre médiocratie, ensuite les choix de rage et de haine cultivés dans les peuples.
Si on ne dénonce pas cela, si on continue à économiciser, au bout de beaucoup de peines on n'aura fait que de l'inutile, et finalement rien.

Actuel 11 : Dans ce monde-là

Ils te volent ta vie.
Dans sa durée ; dans ton épanouissement pour le temps qu'ils te laissent ; dans tes plaisirs ; dans ta santé ; dans ton équilibre à toi et avec tous les autres, avec ceux qui te sont les plus proches et avec ceux qui pourraient se rapprocher de toi, t'enrichir de force heureuse, de toutes les cultures, la tienne et les leurs.
Ils ne savent jouir de rien plus fort que du mal qu'ils te font. Ils trichent, ils pillent, ils volent, ils mentent, et ils te délèguent des chiens maudits, mages et faux experts, pour entretenir des illusions dont tu sens la fausseté
ô les langages des religions et de l'"économie" !
ô l'immonde des prêches de tolérance, voire d'amour, pour les vampires du monde, et les homélies d'humilité qui font la patience des pauvres et des esclaves !
ô l'abject des sons graves des orgues "d'économie" docte qui, sous prétexte "d'équilibre budgétaire", envoient les femmes du peuple accoucher dans la rue faute d'hôpitaux, et qui fabriquent pour les gavés des yachts porte-hélicoptères avec des sas pour sous-marin de poche à explorer les profondeurs !
Comme ils veulent t'empêcher de comprendre, t'enfermer dans la peur de mesurer leur méchanceté, la peur de saisir le point auquel tu te fais écraser, diminuer, humilier !
Ça devrait t'intéresser de le savoir, mais je comprends que tu n'en aies guère envie. Essayons tout de même. Tout est contre nous, même simplement le fait de te parler en te tutoyant, en proche, en camarade : car il faudrait chaque fois accorder au masculin et au féminin chaque adjectif où je dis ta condition, et ce serait lourd. Dis-toi bien pourtant que, quand je cris : "tu es écœuré", c'est aussi bien : "tu es écœurée". Vieilles habitudes de langues, pour le meilleur et pour le pire : je t'en prie, ne fais pas attention à ça. Retiens au contraire que ceci t'a été adressé en y pensant — souvent.

Il faut commencer par dire ce que tu affirmes trop bien savoir : c'est indispensable de te ramener à ce contact d'abord répugnant, à ce dégoût sur lequel comptent tes ennemis, pour en tirer ensuite l'énergie et les splendeurs de la révolte. Seulement, pour parler sans trop te heurter, on va passer par les mots dont on t'as forcé à prendre l'habitude. On corrigera le tir après.
En ce mai 2012 de France, quel est le bilan des années passées, maintenant  à redresser ? Dur à supporter, dur à dire.
D'abord une croissance incroyable dans les possibles, bons et moins bons ; d'un côté, qui serait positif si la répartition des biens était un peu honnête, on atteint des productions inouïes pour une quantité de travail donnée, on peut rendre le monde aisé pour tous ; de l'autre côté, négatif, on aboutit à une dévastation lamentable d'énergie. En termes consacrés, la "productivité" est devenue folle.
Ensuite, l'énormité de la perversion : justement par la facilité à produire et le succès technique, justement par le mieux-être possible, les fous du goût d'opprimer et de dominer ont fait par violence de polices et d'armées le chômage et la crise, partiellement fomentée puis exploitée effrontément ; au lieu d'en assumer la responsabilité, due à leur gestion criminelle, les accapareurs financiers en ont profité encore pour faire passer :
– l'allongement de la durée du travail avec extension du chômage
– l'allongement de la durée des cotisations pour le droit à la retraite, surtout à taux plein, avec même résultat
– la diminution ou suppression des droits sociaux notamment santé-soins et éducation-culture (écrasés de misère, les pauvres et les ignares sont plus faciles à gouverner)
– le démantèlement des services publics : EdF-GdF, Poste, et Téléphonie-Internet
– la dette publique explosée, due aux spéculations irresponsables des plus riches, puis encore enflée pour aider des banques en faillite frauduleuse : c'est cette "dette" que "doivent" ensuite les classes moyennes et les pauvres, exposés à toutes les duretés de rigueur-et-austérité, et volés encore de leur épargne par effacement sournois — les taux de rémunération de la petite épargne baissent toujours, tandis que l'inflation réelle sur les biens les plus souhaités, par exemple l'habitat, est en éruption
– la baisse de toutes aides sociales
– l'asservissement de la justice, par exemple : dans la jurisprudence, dans les réalités des jugements, les crimes contre la sécurité au travail sont désormais impunis, et la grande délinquance financière encouragée
– la destruction terroriste de la séparation des pouvoirs : la police opère un million annuel de gardes à vue, et se croit désormais tout permis, ce qui la rend chienne de garde satisfaite de sa gueule et de ses crocs, donc docile au système
– les licenciements massifs avec fermeture de pans entiers d'industrie, pour "délocaliser", c'est-à-dire imposer les faibles coûts de main-d'œuvre par un écrasement concerté : chômage dans les pays riches, et guerres coloniales dans les pays pauvres pour les obliger à accepter la corruption de dirigeants-compradores et la misère des masses
– la privatisation érigée en dogme pour le malheur des usagers : ça va des fonds de retraite à la fourniture d'eau et aux autres entreprises publiques (en attendant le tour de SNCF et Air France, pour le moment protégées par les exigences de service aux cadres)
– le détournement éhonté, au profit de la propagande d'argent, des organes qui devraient être ceux de l'information publique : "distraction" systématisée, silence sur la misère des vrais créateurs de richesses, sur les misères de ceux qui sont maintenus dans la pauvreté, silence sur  les méfaits, silence sur les malheurs ; au contraire tam-tam sans fin sur l'arrogance, tenue pour grandeur, des gens au pouvoir.

Tout cela se fait au profit des nantis et de leurs vices, profit complètement détourné de toute retombée sociale :
– sur le plan des individus, on refait des châteaux et du patrimoine pour les plus riches tandis que les sans-toit se multiplient, on favorise la prostitution de luxe (et on écarte les juges qui tentent d'appliquer un peu de loi, là comme ailleurs), on accable de bijoux, fêtes et autres gâteries gaspillées des êtres abjects
– sur le plan des entreprises, on élimine de la concurrence ce qui ne se soumet pas aux plus carnassiers — les banques réellement populaires sont ruinées tandis qu'en 2010, BNP Paribas pouvait faire état d'un bénéfice net énorme, en hausse d'un gros tiers sur 2009 : et c'est le même tableau pour les pétrolières, les chimiques, les pharmaceutiques et les autres.

C'est cela qui doit te faire comprendre que la formulation des rapports, économiques puis politiques et sociaux, n'est pas correcte dans le langage "public-privé" : c'est très concrètement "social-asocial" qu'il faut dire. Dans l'élan démocratique, le poids politique doit toujours davantage respecter la proportion du rôle social au service rendu socialement. Au contraire faire, des entreprises de productions et services, des boîtes à fromages pour accapareurs en chef et actionnaires ("privatiser"), c'est achever de donner tout le pouvoir aux nuisibles.
C'est vrai au niveau des gros prédateurs banquiers et financiers, c'est vrai au niveau de l'échoppe, et les petits commerçants savent bien pour quoi ils votent : ainsi toujours, il faut voir le tableau global pour saisir comment, par qui et par quoi le système peut se perpétuer. Sinon, à se fermer aux autres et aux faits, on est vite pris dans le tourbillon où on pense seulement à tirer son épingle du jeu ; tout le monde y perd, sauf les pervertis absolus — et encore : ils manquent les plus profonds des bonheurs humains. Mais je ne suis pas sûr que tu essayes vraiment de le comprendre, tu vois trop leur joie primaire et elle te parle ; et il est en effet difficile de surmonter l'écho en soi de la bête.

N'empêche que tu peux voir : dans ce monde-là, ce sont les plus pourris qui réussissent, c'est vers eux que l'argent court. Tu as vu cent fois les nuls gâtés et les capables écartés, parce que ce monde ne peut survivre qu'avec des petits chefs dociles à aboyer, partout. Tu as vu cent fois les ouvriers ratés choisis comme contremaîtres, les rampants promus dans les services administratifs, les profs incapables choisis comme proviseurs, les gros lards qui ne savent que grelotter sur un stade choisis comme dirigeants sportifs. Tu as vu des héritiers de PMI-PME qui, après avoir fait la démonstration de leur insuffisance mentale pendant dix ou quinze années de scolarité aussi assistée qu'improductive, en font la preuve encore en massacrant une entreprise qu'ils devraient maîtriser parfaitement ; tu les as vus se faire racheter par de gros restructurants qui licencient et délocalisent, mais qui leur permettent une retraite chapeau ; tu les as vus transmettre ensuite leurs "placements", des appartements avec leurs loyers, à leurs descendants propriétaires, aussi intellectuellement débiles qu'eux-mêmes. Tu as vu les paysans couvant jalousement le refus de culture chez leurs enfants, surtout les mâles, en les choyant d'autant plus qu'ils se montrent étanches à l'éducation, au savoir un peu élaboré, comme eux-mêmes l'ont été : ignares et fiers de l'être. Tu as vu ces petites commerçantes déchaînées, en assemblée de copropriétaires, contre les immigrés rendus incapables de payer leur loyer. Tu as constaté tous les aspects de cette France qui se dit de souche, et qui revient simplement à ceux qui ont sucé à leur tour les "biens" mal acquis par leurs ancêtres. Caricature du monde de pouvoir, grossie par les facilités d'échange et la fascination de l'argent mortel.

Tu me dis généreusement : ils ne sont pas tous comme ça, et même ceux qui le sont ne sont pas que cela. Soit. Mais veux-tu les laisser braire leur haine raciste jusque dans les transports et dans les cafés du commerce, sans même qu'on écrive un peu ce qu'ils sont ? Je comprends bien aussi que tu t'impatientes et que tu exiges des propositions d'action. Mais attends. Il faut pousser à son terme la description, voir clair pour voir que faire : car il faudra bientôt savoir quoi dire à ceux qui, d'abord timides, s'opposent à la solidarité, il faudra savoir comment répondre aux vendus qui s'y opposeront toujours. Il faut encore quelques touches.
Je vais me servir du livre "le Président des riches", des Pinçon ; je t'en recommande encore la lecture, mais je vais en étendre les thèmes et en radicaliser les conclusions.
Tu devines que, contrairement aux Pinçon, j'en veux à mort au vote et aux faux espoirs, à cette mort du citoyen qu'est l'incapacité à voir plus loin que le bout de son nez électoral. Il faut réexpliciter cela toujours.
Par exemple : le taux de parlementaires cumulant plusieurs mandats tourne autour de 10 à 15% chez nos voisins d'Europe : ici, on n'est plus loin des 100%. Ici toujours, les abstentions aux régionales de 2010 vont des deux tiers aux trois quarts chez les jeunes, les ouvriers, les employés : les "élus" ne sont plus que ceux des parvenus, des craintifs et des vieux — et tu devines, et tu vois, les gouvernants —. Le résultat, c'est que l'homme de pouvoir ne rend jamais les services pour lesquels il est élu : car s'il est puissant, il n'a jamais le temps d'être là où le peuple pourrait le rencontrer ; et incroyablement, il parvient à se faire respecter d'autant plus qu'il est plus enfoncé dans cet absolu d'antidémocratie.
  Cumul des mandats va avec cumul des vols. Des sommes démentielles sont offertes à ceux qui permettent d'accroître toujours les brigandages légalisés du système capitaliste : les gros actionnaires partout retrouvés sont d'autant plus rémunérés qu'ils sont non seulement inutiles, mais socialement nocifs. Et voilà encore ce que ce système met au sommet des pouvoirs !
Et toi, sous prétexte d'en sortir, tu entres dans le jeu des suffrages médiatiquement contrôlés, tu ne vois d'abord que les présidentielles sans même penser aux législatives un mois ensuite, tu n'imagines même pas l'automne prochain et ses "déceptions" ! et toi qui sais ce qu'est aimer, tu te laisses dire qu'au fond tu envies des crapules !

Cependant, tes ennemis en face, les pervers parvenus, ne connaissent plus que la folie du court terme et du toujours plus d'argent — argent finalement confondu avec tout pouvoir —. Le social, le politique, l'économique du totalitarisme financier méprisent le long terme, comme ils méprisent l'utilité commune qui fonde pourtant en principe les droits et les devoirs dans les "déclarations universelles". De là les spéculations sur monnaie et titres devenues pathologiques, poussant non plus seulement à la dévastation mais à la destruction de la vie sur la planète. Les financiers n'ont plus conscience de faire partie d'une humanité dont la perte entraînerait pourtant la leur : ils ne savent plus voir que préservation immédiate pour leur fortune volée ; ils ne veulent plus qu'Etats-voyous, gouvernés par des malades aussi atteints qu'eux-mêmes.

C'est dans ce monde-là qu'on te fait travailler, essentiellement contre toi et tes sœurs et frères — hélas plus ou moins reconnus par toi : car chacun perdant de vue ce qui n'est pas le quotidien dévorant, cannibale, il advient que de plus en plus de gens se referment sur soi —. Je n'ose même plus dire un peu des hauteurs, où pourtant il faudra se hisser pour retrouver nos plus grands élans, je vais rester à ce qui est possible tout de suite et sans trop heurter les pesanteurs admises. Ecoute.
Trop souvent, tu t'empresses de dire que "tu sais bien", tout et le reste. Dis-moi seulement alors qui compte dans ta région en affaires de pouvoir, quelles familles et quelles fortunes, par quelles entreprises, par quelles relations aux politiques de devanture : je parie que tu sauras me dire au mieux un exemple aveuglant, et encore sans les connexions qui lui donneraient sens — sans les rachats étrangers, le "mondial" (surtout anglo-saxon, directement ou par Suisse ou Allemagne interposée).
Dans l'état des affaires, c'est peut-être par là qu'il faut commencer : savoir qui tire tout à soi, près de chez toi, par quels circuits précisément. Les brigands n'aiment pas se faire connaître : il faut apprendre à les dénoncer en détail. Ils tâcheront alors d'enterrer les informations sur les entreprises qui pour le moment sont obligatoires, et tu devines leur terreur à l'idée qu'on apprenne comment et où ils logent leur discrète mais luxueuse intimité. Tu disposes là d'une sorte utile et légale de terrorisme, tu n'en profites guère : tu as tort. Il ne faut pas beaucoup d'amis pour entamer la recherche et la diffusion de connaissances sur les sangsues et les lois qui t'étranglent, à partir de documentations simples. Il ne faut pas aller bien loin pour les trouver, pour les concrétiser à ton échelle, pour que tu saches lire et faire lire ce que potentat veut dire, autour de ce qui se voit et se vit tous les jours. Il y a en notre temps des moyens d'imprimer et de diffuser dont auraient rêvé nos pères, et c'est cela qu'il faut faire, sans craindre les inévitables rétorsions. C'est une lâcheté de s'en prendre seulement aux gros requins mondiaux — peu inquiets de se voir dénoncer, inaccessibles —. Faire voir autour de soi qui est qui (Who's who), en richesse d'argent et de pouvoir, est bien plus fatigant que de déposer son bulletin de cendres dans une urne : mais c'est aussi beaucoup, beaucoup plus productif du point de vue de toi citoyen, et des autres citoyens. C'est bien autrement hardi et combatif que le susangeorgisme et la vanité en chambre des "solutions à la crise", qui énumère des rêves sans aucune chance de concrétiser les "mesures" pour les réaliser.

C'est cela, conclure : ouvrir sur l'action. Si tu prétends que ce qui t'est proposé ici est moins concret que les suffrages-cirques, c'est que tu as décidé de ne rien faire. Ce n'est pas uniquement la faute des autres.
Je te redis : si la productivité bondit et que la misère éclate, c'est que de plus en plus de pouvoir et de violence va de plus en plus vite aux mains des carnassiers. Retarder la révolte, c'est la rendre de plus en plus difficile et sanglante, c'est reporter son déclenchement à l'absurde devenu trop intolérable, c'est abandonner les recours et les atténuations de la raison, la maîtrise des choses et de l'histoire. C'est continuer à baisser la tête, comme cela s'est fait depuis surtout trente ans : il est incroyable qu'on se soit laissé enfermer à ce point dans l'impuissance, mais cela s'explique par le pourrissement des organisations qui furent de gauche, et la part du marxisme n'est pas rien dans ce pourrissement — tu sais ou tu peux lire partout sur ce blog ce que je ne cesse d'en dire.
En tout cas il faut, il est inévitable et obligatoire, de choisir : la vérité et la liberté, ou l'illusion et la mort.

mardi 8 mai 2012

Echange 5


Reçu le 13 avril de Robert Dalès :
A la lecture de l'Echange 1, j'ai éprouvé un grand soulagement en découvrant un Redire d'un optimisme dont je me sens bien incapable. 
En effet, comment penser que quelques non-votes, voire dans l'état actuel des choses quelques votes blancs, feront réfléchir ou terroriseront qui que ce soit ? 
Peut-on faire réfléchir ou terroriser un politichien sans foi ni loi ? 
Peut-on faire réfléchir ou terroriser un malfrat ? 
Si oui, il faut d'urgence donner la recette à Guéant qui l'appliquera à Marseille et autres lieux-dits... !
Si donner son opinion ne change rien, que peut changer le fait de ne pas la donner ?
L'heureux élu, quel qu'il soit, se foutra du taux d'abstention comme de sa première magouille  ou alors ce sera une grande première de l'histoire politique universelle !
En 2002 Chirac aurait-il été moins Chirac si son score avait été de 50,01 % au lieu de 82 ? J'en doute. C'est lui accorder un sens moral qui l'étonnerait lui-même et tous ses complices. 
Sous prétexte de démocratie et de majorité, les  voyous de tous bords cherchent à prendre le pouvoir et à le garder, fût-ce à une voix près. Peu leur chaut le reste.
Cela dit, je comprends parfaitement que l'on puisse s'abstenir et je respecte d'autant plus cette attitude que je m'apprête à l'adopter en cas de victoire du candidat à talonnettes. 
Dans cette (sinistre) hypothèse, je me replierai dans ma carapace comme mon bon maître et j'adopterai un mutisme absolu et définitif.
Réponse de J.-C. Ruscot au texte de Robert Dalès du 13 avril 2012 :
(Texte écrit les 16-17 avril, soit quelques jours avant d’avoir été lepené par les résultats du premier tour de la présidentielle).
 - Cher Robert, en premier je confirme un Redire ces derniers temps d’un enthouisiasme révolté, et quelquefois faisant preuve de foudroyance pour une révolte optimiste.
 - Ceci étant dit : je pense aussi que des non-votes ou votes blancs non-comptabilisés (un système d’une nullité volontaire) ne peuvent faire peur à l’un des deux candidats pressentis à la gagne. Et donc une fois de plus je m’apprête à voter pour un tour de plus, et qui plus est, il n’est pas gratuit, car quel que soit le résultat nous en payerons les conséquences. Petit, je n’aimais pas les manèges, car j’avais remarqué que c’était toujours les mêmes qui décrochaient le pompon. Eh bien là aussi, même s’ils ne sont que deux à pouvoir le décrocher au cours de la ronde du 22 avril-6 mai, j’irai voter, car trop souvent ces derniers temps c’est le petit en pull bleu (foncé, très foncé, limite noir, un pull quasi marine) qui le décroche. Et, je reconnais, le petit (ex-gros) en rose pâle (mais alors vraiment trop pâle) m’irait mieux par défaut.
 - Moi aussi je comprends ceux qui n’ont jamais voulu, ou ne souhaitent plus voter. Toutefois cela me pose un problème de comptabilité. Qui sont-ils, comment les rassembler alors que leurs contestations semblent souvent discordantes. Un peu comme chez les écologistes, qui aiment trop se chamailler entre eux, plutôt que de taper sur l’adversaire. Et pour finir, même si le petit gagne encore, je pense que contrairement à toi, je rejouerai encore et encore, comme un addict au loto national. Peut-être qu’un jour, même si je ne m’attends pas à avoir les 7 bons numéros, j’en aurai 3 ou 4.
Réponse de Redire le 25 avril :

Le pantin de service est spécialement arrogant, ça donne envie de le voir battu, OK (unanimité sur ce point).
Sur ce : Denis dit qu’il ne croit pas au vote, Caro lui répond que le vote blanc a un sens, Robert dit que le vote blanc ou nul n’a aucun sens et menace… de ne plus voter, J.-C. affirme sa résolution à voter quoi qu’il arrive, sachant que les élus se foutent de nous, etc. : chacun part dans sa direction, et voilà tout justement la difficulté à rassembler que JC redoute pour les abstentionnistes… alors pourquoi me… redire ?!
Parce que ça vaut la peine de tenter de préciser : il ne s’agit pas du pantin de service. Il est grave de sous-estimer l’adversaire, qui n’est pas le pantin mais la classe au pouvoir et les manipulateurs qu’elle paie. En votant, on les rassure. En refusant le jeu, on leur fait peur :
– voyez l’insistance du journal intitulé “ le Monde” sur le thème « l’abstention ne mène à rien » et ses manchettes triomphales sur la « mobilisation » électorale,
–– il ne faut pas oublier que les conseillers des capitalistes sont fort attentifs aux résultats des élections en toutes circonstances : pourquoi ?
Ce serait mortel de s’arrêter à ne voir que l’élu une fois en place et son bénéf personnel. En ce moment, sous nos yeux à tous, les financiers hésitent entre la poussée fasciste résolue et l’endormissement du peuple par de très provisoires concessions (surtout en discours). L’essentiel, Denis l’a dit, se passera donc dans des affaires autrement dures que les bulletins. Il y a certes pour le moment peu de moyens de le faire entendre : raison de plus pour essayer tous les possibles (manifs, rencontres, études en commun, blogs) alors que « voter, c’est voter pour le vote », Sartre dixit et bene dixit.