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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 20 juin 2012

Actuel 16 : Egypte (et autres)


Le printemps arabe passe, et il y a de quoi avoir peur de l'été. Mais la répétition des leçons de l'histoire, si obsédante qu'elle soit, peut être profitable à ceux qui cherchent à faire quelque chose pour l'humain, le progrès et le rationnel. Or peu d'élans des derniers mois ont été à la fois aussi significatifs et aussi affirmés dans le courage populaire que ceux de la place Tahrir au Caire : le monde entier sait désormais comment se dit Liberté en arabe. Le monde entier devrait aussi prendre conscience de ce que manipulation électorale veut dire, et la clarification des procédés de tricherie en Egypte a aussi son intérêt — et sa généralité. C'est ce qu'on va tâcher de méditer ici.

Même sous Nasser, le peuple égyptien n'avait jamais eu d'occasion aussi nette de simplement penser sa vie. Les affaires religieuses ont pendant quelques mois été reléguées au virtuel : ce n'était plus qu'occasions de protestations vagues, ou de francs haussements d'épaules devant des fanatismes provocateurs. Au contraire la réalité de la vie matérielle et du pouvoir était si présente que, tout naturellement, les gens disaient et pensaient, dans les termes quotidiens qui leur conviennent, le pain et la démocratie.
Et puis, après cela, voilà que de nouveau un choix des plus faux (entre armée et cléricalisme) est accepté par suffisamment d'abrutis pour paralyser le politique — au moins électoralement : mais ce n'est pas rien dans le déroulement au jour le jour.
Comment pareille déchéance a-t-elle été possible ?

Il y a d'abord les pesanteurs de l'histoire, et leur exploitation très expérimentée par les réactions, locales et internationales : il ne faut pas beaucoup de minutes sur la Toile pour savoir, primo, les liens pérennes de l'armée égyptienne et des "formations" anglo-saxonnes, secundo les manipulations d'intégristes musulmans par les services des mêmes imposants membres de "Communauté Internationale" — dûment relayés par les Emirats, du Golfe et d'ailleurs.
Par là, le monde du Nil demeure très bien tenu dans la nasse néocoloniale : c'est vrai.

Mais il y a aussi des pesanteurs de forme actuelle : les démocrates n'ont pas été capables d'unir, non pas leurs forces, mais les forces démocratiques. Comme presque toujours, l'ambition plus ou moins voilée de quelques "âmes de chefs" a fait dévier en débats internes les énergies qui auraient dû se tourner toutes contre les dictateurs, contre les uniformes de police, d'armée et de clercs. La victoire de la réaction est passée aussi, comme toujours, par cette trahison.

S'il faut ainsi tout dire, c'est une bonne occasion de s'aventurer à parler d'aveuglement fidèle, ou comme on dit de foi. En France et à propos de l'Egypte par exemple, beaucoup de progressistes se débattent dans les tensions qui rendent très difficile de reconnaître et plus encore formuler un essentiel : l'Islam est malédiction du monde arabe comme la chrétienté est malédiction de la Terre entière, et ce n'est pas de la xénophobie d'être arabophile, plus généralement humaniste, et islamophobe comme christophobe ; ce n'est pas non plus de l'antisémitisme, ce serait plutôt le contraire, d'être antisioniste et de cracher sur l'apartheid, le racisme et l'intégrisme religieux des gouvernants d'Israël. Simplement, les juifs dans leurs masses sont d'accord pour condamner les mollahs et les papes ; les Arabes s'en prennent très volontiers aux rabbins inquisiteurs (dont des conseillers de Netanyaou qui justifient l'assassinat de bébés des "ennemis") ou aux sectes des Etats-Unis ; ...
et caetera.
Par contre il y a peu de catholiques pour faire l'histoire de la traite des Noirs sur laquelle s'est établie la richesse des nations dites avancées, et pour refaire entendre le rôle des bénédictions papales sur les crimes les plus terribles contre l'humanité.
Et caetera aussi.
Encore aujourd'hui, l'abjection qui consiste à se faire bien voir en protestant d'obédience à un Verbe traditionnel, divin ou dialectique, est bien développée et bien reçue. Le rôle alors de ceux qui ont eu la chance d'accéder à LA culture — celle de toute l'humanité — se résume donc largement à prendre le parti du réel contre les contes et légendes, que ceux-ci s'appuient sur les références à un prophète douteux ou au Messie prolétarien. Il faut de même faire honte à ceux qui prêchent aux peuples comme étant "leur histoire", "leurs valeurs", ce qui n'est que la présentation religieuse ou chauvine de leurs erreurs, voire de leurs tentatives criminelles d'idéologie impériale. Il est parfois difficile, et il est indispensable, de faire prendre conscience : des liens entre les traîtres locaux et les accapareurs de partout, des rapports entre les jeux monétaires et les appauvrissements du monde à toutes les échelles, des relations entre les refus de penser vrai et les faiblesses et défaites politiques, morales, humaines, sur toute la planète et dans toute l'histoire. C'est la suprême hardiesse, et à long terme la seule efficacité, de rappeler la priorité à donner à l'accord le plus large possible par la constatation commune, indépendamment de quelque personnalité que ce soit : sinon, tour à tour et indéfiniment, des gens se rassemblent de façon plus qu'instable autour d'avides de parades et de possessions. Tous les échecs humains se ramènent ainsi à des agrégations animales et à de sinistres lendemains qui déchantent.

Ce n'est pas vrai qu'en Egypte, ni actuellement. C'est seulement le plus important de tout l'actuel.
En Egypte. En Grèce. En Espagne. En Italie. Au Québec. En Birmanie...
En France.
Par exemple.

jeudi 14 juin 2012

Echange 6 : Et vive les z'élections


Reçu de Caro après les présidentielles, avant le premier tour des législatives :

Les élections ont rendu leur verdict, le résultat de longtemps annoncé est là. « Il » a gagné mais on chipote sur tel département où il n’a pas eu la majorité, ou sur tel autre où, faute de mieux, on a voté contre…
Tout de même : si la participation du peuple a été importante il y a eu un pourcentage non négligeable de bulletins “nuls”…

En fait, d’abord : nuls mon œil ; blancs ou nuls.
Ensuite : on a fini quand même par entendre parler carrément de votes blancs — oh, pas de quoi faire une révolution mais déjà quelques “amis de la démocratie” (les éliminés du premier tour, bien sûr !!!) lors de petites entrevues glissent cette injure grossière de : Bulletin Blanc.
Attention ce n’est sûrement pas pour faire plaisir à des biscornus comme moi, non, mais pour insinuer qu’il serait judicieux de réformer la méthode actuelle (et la rendre plus égalitaire surtout pour eux).
Mais qu’est vraiment un vote blanc ?
Un vote qui signifie : je participe et je ne veux être représenté par aucun des candidats. La solution est donc : éliminez-les et présentez-m’en d’autres. Qui le dit ?
En attendant : nous avons changé de PRÉSIDENT de la République. Le nouveau est gentil, il nous a promis plein de bonnes choses, tout va s’arranger : à la rentrée scolaire il y aura plus de profs (ils seront sûrement formés pendant les trois mois d’été), les chômeurs seront recyclés (en profs, ou peut-être en non-travailleurs?), le pays sera réindustrialisé, pas tout de suite mais bientôt (on va sans doute développer des usines-« champignons », empêcher les délocalisations : voir le spécialiste Jospin). Enfin  coite, la France :
ON est sôôôôvés !!!!
Toutefois : si ON est la fin d’un mot de trois lettres, à quoi pensez-vous ?



Réponse de Redire entre les deux tours des législatives :

Faut parfois naviguer : entre le hautain mépris muet et le surplus de phrases là où il n'y en a déjà que trop, cet échange.
D'abord je pavoise en tant que premier parti de France : 42,77% ont choisi comme moi de ne pas aller au cirque, ce n'est pas rien ! Même France-(in)Culture a fini par en parler : après avoir fait, toute la soirée du 10 juin, silence pudique sur le taux de participation...
Il est vrai qu'ensuite, les médiateurs de France-Cul en ont parlé, oh dis, s'ils en ont parlé ! Et je te vais jusqu'à répéter le chiffre, et je te me demande chi cha ne conchtitue pas une menache pour notre démocrachie, tout !
Car bien entendu ce sont les mauvais citoyens, coupables du pied de nez au devoir chivique, qui menacent la démocratie : ce ne sont pas les fermes tenants du totalitarisme financier, qui seulement accaparent les groupes de presse, détruisent les droits sociaux, mettent au chômage, délocalisent et restructurent, fomentent la crise et en abusent, volent et pillent même au quotidien par astuces bancaires, font des filières d'enseignement une entreprise de crétinisation de masse, mènent la guerre au dehors et la garde à vue au dedans, non ! Ce sont les citoyens, manipulés sans doute par Moscou ou Pékin, voire Al Qaida, qui sont le danger...
Quelle ézagération ! Au moins le F-haine, lui, n'est pas une menace, tout le monde l'a compris : et s'il y avait comme un frémissement pour qu'on reparle de Front Républicain, qu'on fasse honte aux apparatchki de l'UMP d'envisager des alliances avec les revenants de la bête brune, un sondage à point nommé vient clamer au nom des respectables électeurs y relatifs qu'ils sont "majoritairement" favorables à cette sorte d'enlacement.
Quels gauchistes oseraient trouver à y... redire ?


Mot de la fin de Caro ce 14 juin 2012 :

Si avec la télé ils ont réussi à abrutir le peuple, les jeunes et moins jeunes qui utilisent la Toile comme il faut peuvent déclencher un cataclysme en très peu de temps. Il y a des exemples.
Lisez vos journaux, Messieurs, révisez l'histoire des peuples ! Les masses populaires sont comme les feux d'artifices : on en fait des tas de belles bleues et puis un jour elles vous pètent à la gueule.
A bon entendeur...