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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 27 mai 2013

Actuel 46 Chokri Belaïd, encore


(En référence : Actuel 35 et le site www.solidarites.ch)

Avec le courage qu'on devine contre les pesanteurs du pouvoir, du fanatisme et de l'obscurantisme, des citoyens de Tunisie ont lancé l'IRVA, Initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd. Le bimensuel suisse francophone "solidaritéS" publie, dans son numéro 228 du 16 mai 2013, un entretien avec sa veuve Besma Khalfaoui. D'après elle, "l'enquête continue d'être marquée par une lenteur et une tiédeur effrayantes, sans parler des nombreuses zones d'ombre touchant à des éléments centraux" : en résumé, ces zones concernent des cachotteries et obstructions systématiques quant au déplacement précipité du véhicule où a eu lieu l'exécution, aux balles qui ont tué, aux appels téléphoniques, aux témoignages, aux suspects — tout cela malgré la pression constante des amis et de la famille, qui ne peuvent évidemment s'exprimer qu'avec prudence.
Il n'est pas difficile de compléter et commenter leurs données. Par exemple, le dossier de l'affaire a été baladé des services de l'anti-terrorisme à la "section criminelle" : or le responsable récemment nommé de celle-ci est considéré comme un membre important du parti au pouvoir, Ennahdha — justement désigné comme portant la responsabilité principale du crime, quoiqu'il cherche à dissimuler son islamisme rétrograde derrière des salafistes plus effrontément fanatiques —. En outre, de nombreux membres sans doute insuffisamment sûrs de la dite "section criminelle" ont été mutés, après que le gouvernement ait refusé d'accorder une protection à Belaïd : pourtant celui-ci, syndicaliste en vue, avait fait l'objet de menaces de mort incessantes de la part de "musulmans" très orientés, et dont les violences se perpétuent aujourd'hui sans être gênées par la police plus officielle.
Cette police ne peut d'ailleurs dissimuler de nombreux attentats, la découverte de camps d'entraînement pour les terroristes, les menaces ou attaques effectivement menées contre les locaux de la centrale syndicale où militait Belaïd (UGTT) — ceci sur le plan purement politique, sans parler de la hausse infâme des prix dont on se doute qu'elle ne profite pas aux plus démunis, du chômage quasi-espagnol, ni du projet de Constitution qui écarte les aspects universels des droits, la laïcité, l'égalité pour les femmes, la liberté de grève...
A ces Frères très particulièrement "Musulmans", la BM, le FMI — et, en silence, la CIA qui depuis le bunker de l'ambassade des Etats-Unis a été très active pendant la "révolution du jasmin" — pourront décerner une fois de plus un brevet de bonne conduite ; dans le même camp pourront se réjouir les fidèles alliés de l'Occident chrétien au Qatar, aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, modèles de démocratie où les femmes n'ont pas accès au permis de conduire.

mardi 14 mai 2013

Actuel 45 Droit de suite


Les funestes nouvelles n'ont pas tardé dans la suite (cf. Actuel 41) de l'affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy.
1) Rappel : comme Eric Woerth, Monsieur Nicolas Sarkozy, ancien président de la République, a été mis en examen par le juge Gentil pour abus de faiblesse d'une très vieille dame très fortunée (Madame Liliane Bettencourt). Le juge a été menacé par l'ex dès la fin de la comparution, puis a effectivement reçu des menaces de mort.
2) Monsieur Henri Guaino a déclaré sur Europe 1 que l'inculpation de l'ancien président était irresponsable et grotesque (ce qui vaut convocation pour outrage à magistrat).
3) Contre le juge Gentil, le Parquet a déclaré deux non-lieux en faveur d'Eric Woerth, accusé d'avoir servi la campagne présidentielle Sarkozy en 2007 à partir de fonds soutirés à la vieille dame. Le commentaire d'un des non-lieux affirme que l'accusation n'est pas suffisamment étayée... mais éprouve le besoin d'ajouter que de toutes façons si les faits étaient avérés ils seraient prescrits.

Attendu bien entendu que le jugement de simples citoyens n'a rien de légal — même si cela ne donne pas une idée toujours satisfaisante des rapports entre la légitimité et la légalité, entre la justice et l'institution judiciaire, ou entre la morale et la loi écrite — bref en distinguant très nettement le peuple souverain et ceux qui se disent commis par lui, on pourrait par exemple ne pas exclure a priori que les paroles et attitudes menaçant le juge Gentil à la fin de l'entretien avec Monsieur Sarkozy ne soient pas totalement indépendantes des menaces de mort ensuite reçues par le juge. On pourrait contester à Monsieur Guaino le droit de se poser en grand mainteneur du respect des institutions de la République, surtout quand il défend un personnage qui a cherché à détruire l'institution des juges d'instruction au profit du Parquet, c'est-à-dire des magistrats les plus directement dépendants de l'exécutif — les juges d'instruction au contraire sont parmi les rares garants encore en place de quelque indépendance du pouvoir judiciaire, et par là de la séparation principielle et fondamentale des pouvoirs — ; on pourrait s'étonner que le même sieur Guaino convie le juge Gentil à venir motiver ses accusations "devant les Français", ce qui est une incitation à violer le secret de l'instruction ; on pourrait manifester quelque surprise lorsqu'il prétend qu'aucun Français ne croirait l'ancien Président capable de soutirer de l'argent pour sa campagne électorale.

On pourrait s'irriter que l'amende encourue par Monsieur Guaino (7500 € d'après un coup d'œil sur la Toile) ne corresponde vraiment pas, en totalitarisme financier, à la même peine que pour un SMICard — surtout que leurs relations sociales ne sont pas les mêmes en cas de besoin, notamment judiciaire.
On pourrait remarquer que quelques minutes sur Internet donnent un dossier de presse sur l'affaire Bettencourt qui n'est nullement restreint à des sites comploto-conspirationnistes, sauf à y inclure toute une presse où le pouvoir financier est omniprésent.

Mais il est temps de se taire : sinon, certains iraient jusqu'à remarquer que le Parquet actuel, en l'occurrence défenseur d'accusé, pourrait être quelque peu héritier des promotions sous le gouvernement et la Présidence du précédent quinquennat. Cependant aucune loi n'interdit (pour le moment ?) d'aller revoir le film extraordinaire de Costa-Gavras intitulé "Section spéciale" où l'on voit avec quelle tranquillité, justifiée par l'histoire, de purs salauds acceptent de juger à plat ventre en faveur d'un pouvoir criminel (à l'époque Pétain et Cie), et comptent sur le maintien, à travers tous les changements de pouvoir bourgeois, de l'immunité des grands corps constitués.