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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 10 septembre 2014

Actuel 69 Punir les justes



Punir les justes et récompenser les brigands
Principe actif du totalitarisme financier se disant libéralisme


L'ordure règne. D'un côté, par des institutions et propagandes de tricheries et dévoiements, le totalitarisme financier espionne et couvre d'opprobre, diffame et calomnie tout démocrate véritable, toute tendance d'être ou de peuple humainement aboutie, et toute valeur de cohérence logique ou morale, vérité, liberté, justice : le pouvoir de fric ne cesse d'écarter, de menacer, de punir, quand il le peut de tuer, les audacieux et les révoltés qui dénoncent ses turpitudes et ses scandales — ceux qui sont les tenants des vrais droits des gens et non des juridismes de ses écrivassiers —. De l'autre côté, il exalte, il magnifie, il galvanise, il déchaîne, il récompense, les charognes perverses dont il fait ses dirigeants et ses flics, au service de la maladie de fond dont le système d'argent est seulement le vecteur actuel : le sadisme qui va avec le vice de domination à n'importe quel prix, l'asservissement psychotique à la pulsion animale d'agressivité, quitte à dévaster la planète et la vie.
En ce moment hélas, peu de citoyens disposent des moyens de comprendre l'identité de fond par exemple du texte sur la "doctrine Kitson"
et de l'analyse ci-après. C'est pourtant la même lutte contre les déviants suragressifs, qui à partir des mêmes bases scientifiques et notamment éthologiques met cette fois l'accent sur les traits de comportement et surtout de contagion sadiques.

Titre 1. A. L'analyse de la suragressivité est certes sinistre mais, plus encore, indispensable. Or bien que beaucoup éprouvent l'énormité et la perversité des formes actuelles de cette maladie, les refoulements du fonctionnement psychique et les censures des hiérarchies en place s'activent et convergent contre la prise de conscience nette des forces en action : presque personne encore ne fait appel à la connaissance psychanalytique splendidement étendue par Konrad Lorenz. Prudence, sentiment d'impuissance ou lâcheté : en particulier lorsqu'on leur fait remarquer que, comme disait Einstein, la violence (en général le pouvoir) attire les hommes moralement inférieurs, même des psychiatres se contentent  de hausser les épaules et de déclarer qu'il en a toujours été ainsi.
Si on veut sortir de la situation présente, il importe au contraire de situer les parvenus mafieux-politicards parmi les déviants de la pulsion mentale la plus puissante, loin au-dessus de la sexualité (ce que Freud n'avait pu apercevoir). Il faut démonter la tare psychique qui les anime et ainsi surmonter, en eux et chez les autres, les barrages des refoulements (dont Freud avait aperçu l'épaisseur et la profondeur d'ancrage). Ce sont là des conditions indispensables pour enfin permettre la construction d'une société véritable, véritablement humaine. Les êtres et les peuples crèvent en masses aujourd'hui d'idéalités figées et venimeuses, simples traductions de l'animalité dans l'humain, et l'humanité presque entière se range dans des religions et idéologies passéistes, héritées des ignorances antiques et solennelles — alors qu'il faut se presser d'utiliser les connaissances de ce qu'il y a de plus haut et de plus juste dans le commun héritage, alors que les Verbes de pouvoir, théistes ou dialectiques, avec leurs litanies sur les dieux-ou-destinées omnipotents voire omniscients (ce qui est un comble), ne sont que les traductions de la soumission pérenne au malheur et aux catastrophes naturelles.
Bien sûr ce n'est pas la soumission qu'il faut : c'est l'affrontement expérimental qui a déjà donné tant de moyens pour prévenir et guérir. Il urge d'en finir avec les fous au pouvoir.

1. B. Pour cela il faut d'abord se référer aux quatre moteurs psychiques de base, chez l'humain : subsistance, préservation, sexualité, "agressivité". Leurs associations en programmes de comportement sont élaborées par les gènes puis, très largement dans l'humain, par les circonstances et déroulements dans l'histoire. Cela donne des caractères individuels aussi variés que les formes de vie — toutes, pourtant, dues à quatre nucléotides, base unique de tous les ADN et de tous les vivants, des bactéries aux arbres comme aux mammifères —. Mais en l'absence encore presque complète d'éducation-instruction très humanisée, ce ne sont pratiquement que les confrontations obligées aux réalités, aux autres êtres, qui agissent : comme ces confrontations ne peuvent laisser libre cours aux quatre moteurs en cause, les refoulements indispensables à la survie sociale se produisent dans un hasard d'histoire aussi atroce que celui de l'évolution (où les contraintes du milieu ne laissent pas non plus survivre n'importe quoi). Cela fait de l'histoire la simple suite de l'évolution, presque aussi absolument barbare jusqu'ici, car l'humanisation par la raison est un processus lent, douloureux, difficile : mais la prise de conscience éthologique peut infiniment en accélérer et améliorer le déroulement, en réduisant la tendance vicieuse de domination à tout prix à ce qu'elle est — une maladie due à un développement incontrôlé et pervers de l'agressivité.
Contre cette nouvelle espérance hélas, non seulement cette prise de conscience est par nature très différente de la prosternation devant des dieux, des icônes et des traditions qui furent parfois des stades de révolte, mais tous les tenants actuels des dieux, des icônes et des traditions qui furent parfois des stades de révolte s'y opposent avec la dernière violence. Les tenants de la Thora très précisément comme ceux de la dialectique, ceux de la méditation bouddhique comme les papistes ordinaires, oublient leurs haines et guerres incessantes et retrouvent un étrange accord parfait majeur pour éliminer par tous moyens, et en toutes formes et occurrences, les pensées et les gens porteurs de la science, de la morale et de la synthèse qui ridiculisent leurs sectes. Ils veulent l'aveuglement : la "foi" — l'installation dans leurs refoulements vicieux, le confort suprême pour lequel ils acceptent de braver la mort et même la torture ; et tous brandissent que c'est la preuve de leur vérité.

1. C. Humainement au contraire il faut, à partir de la prise de conscience éthologique, lire les grands traits de l'histoire et de la situation actuelle sur la planète. Encore une fois, certes la nature dans son déroulement se moque des souffrances et des maladies, et il en est presque de même jusqu'ici de l'histoire : mais il y a eu déjà des révoltes et des constructions victorieuses, la plus resplendissante étant l'effort enfin un peu ancré d'une éducation et d'une instruction réelles, basées sur ce qui est le trésor commun à toute l'humanité, pour tous les enfants du monde. On est encore très loin, c'est vrai, de laisser aux enfants la liberté de se nourrir convenablement, corps et âme. Mais enfin malgré les catéchismes et colonisations, il commence à passer quelque chose de vraie richesse, alimentation, science et morale (de mieux en mieux identifiées), et cela suffit amplement à montrer la bassesse des découragements : car voici une dizaine de générations à peine, on ne pouvait imaginer de soigner et de guérir de toutes maladies, y compris sociales et politiques, comme on commence à savoir le faire, et comme il est en notre pouvoir de l'améliorer mille et mille fois.
Voilà le plus juste, le plus profond : le plus concret, que les malades trouveront abstrait et qui est pourtant la base de tout ce qu'il faut voir et faire. A partir de cette base seulement il est temps de dire ce qu'il faut voir et faire.


Titre 2. A. L'héritage animal fait par exemple que les êtres humains eux-mêmes sont, en l'absence d'éducation, attirés par les brutes : les "vertus" guerrières et les capacités à opprimer, piller, voler, mentir, tuer. Même des gens de culture déjà humanisée disent volontiers respecter "l'ambition", sans se préoccuper de savoir si celle-ci est asservie à des valeurs spécifiquement humaines et donc largement sociales. D'où une fausse objectivité qui prétend reconnaître des dons particuliers aux saligauds suragressifs, et qui n'est que fascination bestiale pour des pervers étanches à l'empathie (étanches à la capacité de principe de "se réjouir de la joie de l'autre, souffrir de sa souffrance" — Einstein). Les résultats sociaux comme les propagandes, en élections par exemple, se fondent aujourd'hui sur cette épouvantable et énorme puissance en contagion de la bestialité.
Insistons. Il n'y a ni charme ni don spécial des chefs, des salopards. Il y a détermination psychotique chez eux, puis résonance incontrôlée mais non incontrôlable chez des citoyens potentiels, malheureusement en général inhibés en troupes et troupeaux. Il est certes d'abord entraînant de se laisser s'identifier au chef, au dominant de la horde de primates. Tels adorateurs ont beau avoir eu de multiples occasions de voir à quoi cela mène — à Rome et dans toute la catholicité d'Inquisition ; en tant qu'Italiens de 1922 à 1943 ou en tant qu'Allemands surtout vers 1945 ; en tant que Russes depuis Pierre "le Grand" jusqu'aujourd'hui en passant par quelques tsars dont un récent et célèbre qui n'était que la suite des autres ; etc. —, ils sont loin d'une guérison : aussi loin que les suiveurs de Mahomet, de Bouddha et de bien d'autres ("Je suis votre chef, vous devez m'obéir", disait il n'y a pas si longtemps Pétain, qui était moins loin de certain peuple des Lumières que Rome, Nuremberg, le Kremlin, la Mecque ou le reste).

2. B. Psychose donc, entraînant l'impuissance caractéristique à coordonner — son propre équilibre avec celui des autres, ou son ressentir avec la réalité — : la capacité à l'acharnement dans le mensonge comme dans le sadisme fait le discours et les menées guerrières de ceux qu'on dit "puissants", et qui "peuvent" seulement le mal. N'importe quel chef d'Etat ou de gouvernement, n'importe quel pdg de transnationale devient un monstre étanche à la réalité de ses actes et de ceux qu'il emploie et couvre. Il mène la guerre
– "civile" contre son propre peuple ou ses propres employés par l'accaparement, et par répression et espionnage non seulement systématiques mais ciblés sur les démocrates
– "étrangère" contre tout peuple ou entreprise qui cherche à vivre hors de son emprise et de ses pillages.
Depuis son siège en capitale politique ou "industrielle", ce chef légalise les plus répugnantes méthodes de police, torture et guerre, contre les foules martyres d'Europe comme d'Etats-Unis ou d'autres continents, de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan, de Palestine ou du Kosovo, de Républiques (qu'ils disent) africaines, d'Ukraine ou du Salvador, hier, aujourd'hui et demain — guerres incessantes comme camps, d'Auschwitz ou de Poulo-Condor, comme "villas" et "centres" sinistres d'Alger, Abou Ghraïb ou Guantánamo.
Comment pourrait-t-il en être autrement, tant que ces cinglés demeureront environnés comme ils sont de flatteurs, de flatteries, d'honneurs même pour leur perpétuelle trahison de l'humanité, surchargés comme ils sont de récompenses pour leurs crimes, tels ces patrons-banksters pour qui les malheurs de crises financières se sont traduits par davantage et encore de pouvoir et de gavage ? Comment cela pourra-t-il changer tant que de pseudo-oppositions se contenteront de rêver à ce qu'elles feraient si elles étaient portées à leur tour au pouvoir (comme si ce n'était pas déjà arrivé et constatable cent fois) ? tant que des militants se laisseront prendre à des verbiages et des schémas sans réalité et passeront plus de temps à se scissionner qu'à aider les gens ? tant enfin qu'au nom prétendu d'idéals ou de prétendues paroles divines, en réalité jouissant de leur sadisme, les plus violents seront libres d'abattre les plus justes ?
Sous nos yeux, jamais dans l'histoire un pouvoir aussi énorme n'a instauré un pillage aussi complet des richesses du monde. Jamais le recul antidémocratique — les injustices dites inégalités, entre individus comme entre contrées — n'a été aussi flagrant et creusé. Jamais le vol des commencements d'acquis sociaux, soins et éducation, jamais l'instauration d'un totalitarisme planétaire n'ont été aussi globaux, entretenus, systématiques, par la mainmise de la finance sur tous les media, sur toutes les administrations et jusqu'aux Etats, jamais le dévoiement des suffrages n'a autant éloigné la volonté générale des buts auxquels elle ne peut qu'aspirer, jamais le ridicule et l'irréalité des discours politiques ne se sont autant écartés de ce que tout un chacun peut voir.
Jamais pourtant, la science et la pensée n'ont offert de perspectives aussi exaltantes et autant de moyens de les réaliser.
Une aberration aussi énorme peut se perpétuer seulement tant que la paresse ou l'anesthésie cérébrales, inhibant la capacité rationnelle au profit de l'animalité, empêchent de voir tout cela, tant que l'orgueil et la censure des dévoyés, et l'ignorance des foules, interdisent de tenir compte d'une découverte de taille et d'utilité sans pareilles dans l'aventure humaine :
– la compréhension des pesanteurs bestiales et historiques qui favorisent la stupidité surémotive, et qui désorientent les gens par des éducations perverses, nationales ou religieuses, au détriment lamentable de la raison, de la cohérence, de la connaissance
– la compréhension de l'animalité, jusqu'ici cent fois plus active que l'humanité véritable jusque dans la plupart des mouvements de foules humaines
la compréhension de ce que représente l'éthologie en affaires humaines.

2. C. Tous les prétextes servent et serviront pour éviter de l'apprendre. Toutes les faussetés répèteront que cela ne dit pas quoi faire, et associeront tous les refus de voir à tous les refoulements de compréhension. Il peut être évident, et de plus en plus évident, que les leviers de commande ne vont par pure nature qu'aux mains des ennemis de l'humanité — en particulier dans le pouvoir monétaire : oligarques et ploutocrates de Moscou comme de Washington, de Pékin comme de Londres, Paris ou Berlin —, et que le pouvoir va aux dictateurs et compradores des régimes les plus hostiles à tous les droits humains. Rien de tout cela ne découragera par exemple un catholique assez "fidèle" de prétendre que l'Eglise historique et actuelle est seulement ce qu'il veut croire, ni de prétendre que le christianisme est ce qu'il accepte de voir et de lire dans sa Bible : l'histoire des servages et esclavages féodaux et coloniaux peut bien faire éclater ce qu'ont été et restent immuablement les papes et la bureaucratie vaticane, il osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, clamer que les êtres sans religion sont des êtres sans morale. Le peu de morale entré en politique et société a beau s'être bâti contre les sadismes d'inquisitions, le suffisamment "fidèle" osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, affirmer que seul un dieu peut éviter de perpétuels brigandages. Tout et chaque dieu ou Verbe de pouvoir peut bien s'être prouvé dans l'histoire réelle prétexte à tous les brigandages et parasitismes, un "croyant" assez ferme osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, affirmer avec la même pérennité que Jésus a sauvé, ou que Mahomet va sauver, le monde : très précisément et aussi aisément, il est vrai, qu'un demeuré marxiste proclamera que l'histoire de l'humanité est celle de la lutte des classes alors que sous ses yeux il n'y a plus que des gangs planétaires face à une absence de classes ; aussi aisément que cet autre genre de "fidèle" rangera la politique (quintessence de lutte pour le pouvoir) à une vision incohérente et risible d'économie sous prétexte de "matérialisme" ; aussi aisément que ce nouveau "croyant", en dialectique comme ses prédécesseurs en théisme,  ne voudra voir, de l'immensité humaine hors les brutes installées, qu'un messie et sauveur — cette fois en prolétariat mais comme les autres de plus en plus évidemment inexistant.

2. D. Le plus important sans doute des ridicules de la pensée religieuse, en termes de dieux ou de dialectique, c'est l'inconscience, l'incompréhension radicale du système de base de la horde : le rangement par agressivité, avec la capacité de chacun à absorber l'oppression des dominants pour peu qu'il ait quelques victimes à dominer lui-même. En particulier, beaucoup plus profond que l'esclavage, les femmes en général ont été depuis des millénaires un échelon de base de l'organisation sociale où, suivant un dicton terrible, "charbonnier est maître chez soi" : et ainsi gare à la charbonnière, et — le pire, loin des clichés — à ses enfants. Mais ce qui demeure largement vrai aujourd'hui au niveau du sexisme et de la famille l'est encore bien davantage au niveau des ensembles sociaux. Tout ce qu'il peut y avoir de ratés humains, comme tous les médiocres en profondeur, s'agrège volontiers en hiérarchie : on peut être peu de chose dans la structure de domination, le tout est de pouvoir se dire qu'on est des dominants quelque part.
Cela montre en particulier que la condamnation des traîtres à l'humanité en termes de classes est elle-même pure folie. Tout fait voir au contraire qu'indépendamment de toute classe des gens ne sont pas infâmes parce qu'ils sont fascistes, ils se font fascistes pour exprimer socialement leur infamie de psychotiques. Barbie, comme tant et tant de bourreaux venus des mondes pauvres, n'était pas sadique par "idéal" nazi, il s'est fait nazi pour trouver des victimes à son sadisme ; il n'a pas fallu longtemps à Barbie et à Paul Touvier pour fraterniser ; il n'a pas fallu longtemps à la CIA pour récupérer Barbie comme tortionnaire à son service : ainsi toujours les plus nauséabonds systèmes totalitaires recrutent et recruteront indéfiniment assez d'adeptes pour en faire des bourreaux et des traîtres, tant que les idiots obsédés de "classes" pourront cacher par leur dialectique morbide l'évidence éthologique, la base animale des systèmes sociaux inhumains. Il est véritablement puant de persister dans de telles aberrations mentales, et de prétendre expliquer par elles des stades cannibales. Mais on ne guérira pas de cette pathologie par un nouveau Verbe : il faudra, tout de suite il faut la lutte où on attaquera ensemble les religions classiques, théistes, et les nouvelles, dialectiques, avec tout ce que cela comporte contre tous leurs acharnés.
Pour y parvenir, il faut saisir et diffuser que les pervers adorateurs de hiérarchie (et donc de la tendance de bêtes qui a fondé jusqu'ici dans l'ensemble animal des systèmes sociaux) se foutent de tout type particulier d'intérêts immédiats et d'opportunismes variés : ils désirent seulement grimper dans une hiérarchie. Leur sens social s'arrête à la fréquentation de leurs pareils. D'où la terrible efficacité du tri qui se fait par cette agrégation. Le plus conformément à leur nature (élaborée par les circonstances), en ce sens le plus naturellement du monde, tous mentent, tous se détachent de liens de cohérence, entre leurs dires et leur conduite comme entre le réel et la morale. Tous ainsi peuvent se référer à l'ordre et à la morale sans rien saisir de ce qu'ils disent : leur conscience élémentaire est éteinte par la psychose du parvenir dans le statut de horde, au plus haut et à tout prix — les gens plus humains hésitent et se dispersent, les brutes, comme tous les médiocres, ont vite fait de se reconnaître, de s'associer, et de s'opposer aux démocrates, aux humanistes, aux progressistes, et enfin entre eux-mêmes.

2. E. De là tous les systèmes de pouvoir-violence-guerre, et le principe de toutes les sociétés humaines jusqu'à nos jours, totalitarisme financier compris. Si on veut construire la démocratie, ce qui impose la tentative de la construire à l'échelle planétaire, il faut l'éthologie, et l'éthologie en politique. Certes l'alliance ordinaire de flemme et ignorance peut dire de s'arrêter au simple "bon sens", et compter sur l'intuition pure de foules ou d'illuminés pour orienter l'humanité, l'éclairer et la guider vers le progrès. Mais si on n'est pas trop fou et paresseux, on doit percevoir qu'en médecine par exemple il s'est trouvé utile, maintes fois et en divers lieux de la planète, de soigner en utilisant les principes de la méthode et de la médecine expérimentales. Or tout pareillement, l'ensemble de l'expérience historique, replacée dans le cadre de l'évolution en général, peut rendre les plus grands services : et la considération du comportement à partir du biologique, c'est très précisément ce qui s'appelle l'éthologie ; même, cela dût-il surprendre énormément, l'éthologie humaine étudie le comportement humain, le principal auteur (K. Lorenz) ayant même osé remarquer que le comportement humain n'est pas toujours éloigné d'affaires politiques.
Proférer de telles évidences est déjà sans doute se poser en antidémocrate plein de mépris de l'humain et du peuple... Dès qu'on y a compris quelque chose pourtant, tous les traits de la psychose de domination qui ravage le monde sont à la fois considérablement éclairés et synthétisés. Ceux qui ne veulent rien voir continueront à déclarer par exemple que comprendre une maladie n'a pas de rapport avec les moyens de la soigner, même quand on commence à leur fournir des pistes et il n'est guère possible de faire plus, d'une part en nombre limité de pages, d'autre part pour éviter que leur publication ne soit du plus grand profit aux malades eux-mêmes : mais c'est le genre de choses auxquelles les idiots et les traîtres sont bien sûr indifférents.

2. F. Poursuivons un peu malgré tout. Les traits psychotiques de suragressivité se regroupent, au niveau le plus visible, autour de mouvements de
1) "projection" — terme établi mais malheureux : il faut penser, et on va expliciter, "inversion mentale avec projection" ou "rétroprojection"
2) raidissement dans la maladie — par poussée propre et succès social

[3) fascination, faisant basculer la parade, l'apparence et l'apparition des potentats en argument, par résonance dans l'inconscient des foules. L'examen de ce dernier trait exige des raffinements techniques (traditions d'esthétique, de mise en scène, de formes linguistiques, de gestuelle d'individus ou de groupes), mais on peut ici détailler un peu les deux autres.]

1') (Rétro)projection
Pour le dévié psychotique il est, lui, la nature humaine — c'est le discours de défense des religions et du totalitarisme financier qu'on ne cesse de réentendre — "donc" tout le monde ne rêve que de pouvoir : "alors" par exemple la paix, la vocation de médecin ou d'enseignant, les développements sociaux de protection et soins des jeunes et des faibles, ne sont pour lui que des vices d'irréalistes : le malade est sa propre référence, et il projette sa maladie en universalité. Mais ensuite et c'est très important à comprendre, cela lui sert de justification pour réprimer : ceux qui luttent contre lui sont eux les terroristes. Par exemple, les assassins récupérateurs de tortionnaires nazis à la CIA se devaient de traiter de communistes-et-féroces même les démocrates les plus réformistes d'Amérique Latine : "les communistes", écrivait George Kennan, "sont de toutes façons des traîtres" et "donc" tous les coups sont non seulement permis mais obligatoires. Par même "logique", les manifestants "ont envie" de se faire matraquer, les ouvriers grévistes "ont envie" de se faire licencier, les syndicalistes et démocrates actifs "ont envie" d'être réprimés etc. etc. etc. etc. De façon générale, ce sont les ennemis des oppresseurs qui sont les malades, les fous, et pire : les méchants (tandis que les actionnaires par exemple, gens entrés dans le système d'accaparement, sont de purs philanthropes...). Il est "donc" naturel d'user contre le monde entier (qui ne peut que se rebeller, évidemment), de torture, de mort des libertés, ainsi récemment
– extensions guerrières et recolonisations planétaires
Patriot Act et ses suites
– censure et diffamation des tenants de vérité et opposants ("gaucho-conspirationnistes anarcho-autonomes")
– renversements orwelliens : la destruction du peu d'Etat de droit (trop soumis au suffrage des peuples) est appelée "libéralisme" ; et la misère explosée, au milieu de moyens techniques de mieux vivre sans égaux dans l'histoire, est dite "croissance"...
Donc bien rétro projection : projection sur l'opposant avec inversion mentale.

2') Raidissement
D'abord en deux mots : toujours plus. Toujours plus de pouvoir, de concentration du pouvoir, de répression, de recrutements des "élites" par des "concurrences" et concours concoctés tout exprès pour éliminer les porteurs de qualités humaines et sélectionner des "spécialistes" à œillères, qui ne sachent regarder que l'écran des virtualités désignées par le pouvoir, etc.
Ensuite sur une autre face d'aveuglement, celle qui rêve que cela concerne seulement 1% des gens, contre 99% d'honnêtes : non ! les psychoses de domination sont des tourbillons qui aspirent de plus en plus de monde, jusqu'à des naufrages de dimensions cosmiques si on les laisse gouverner. La maladie n'est pas seulement celle des malades, elle est contagion.

* * *

Le reste est trop évidemment répétition de ce qui a tant de fois été écrit (cf. références en introduction et ci-dessous). En bref, la lutte progressiste aujourd'hui doit être d'abord de saisir comme science, vue commune et base de rassemblement, la nécessité que l'agressivité primaire soit tournée vers le combat contre les forces facilement hostiles de la nature, donc en particulier contre la suragressivité qui sans cela se développe en inhumanité. Or il est possible, il est déjà en partie réalisé, de mettre l'expansivité inscrite dans l'humain au service de l'équilibre humain, de soins, d'éducation, de régulation des sociétés comme des individus, donc de révoltes contre les suragressifs : luttes à mener, utiles orientations de ce moteur suprême. Mais il est vital de viser bien plus haut et bien plus loin par exemple qu'un stade où l'économie est un moyen important du pouvoir, un stade où il y a encore un certain côté indispensable du travail dans la production : car ce côté déjà s'estompe. Le refrain est donc, encore une fois : la diffusion du savoir le plus vital, dans des écoles progressistes (d'abord pour adultes, cf. références).


L'auteur du travail ci-dessus a pu publier en 2010 une synthèse en livre — "Les hordes de l'ordre" —. On peut aussi consulter,  plus particulièrement
ainsi que divers articles parus ces derniers temps sur <mondialisation.ca> et<agoravox>.

samedi 6 septembre 2014

Actuel 68 Guerres et propagandes — religieuses, impériales, "civiles"


Rien de spécifiquement humain ne peut seul expliquer les barbaries de l'histoire, surtout récente. Par contre les moteurs dits instinctifs (certes élaborés, mais sans le contrôle proprement humain d'équilibre rationnel voire de simple empathie) éclairent immédiatement l'étendue et la contagion de l'horreur présente. Ainsi en géopolitique actuelle, les décharges de brutalité et les regroupements en clans et meutes évoquent de plus en plus irrésistiblement les égorgements collectifs dont sont capables les carnassiers, bien au delà des besoins de nourriture : comme les loups ayant pu paniquer des moutons se donnent les plaisirs du meurtre en quantités qui finalement ne peuvent que nuire à leur besoins futurs ; ou comme les chasseurs de bisons aux Etats-Unis ont presque réussi à détruire l'espèce pour la jouissance de tuer, sans aucune justification de besoins propres — en visant parfois, il est vrai, le génocide des Indiens par destruction d'une base de leur économie : raffinement de sauvagerie dont les loups sont, eux, incapables.
La réflexion sur les séquences inhumaines de l'histoire est donc plus actuellement indispensable que jamais. On ne cesse de rappeler ici la puissance des explications éthologiques, et de ce que sera (le plus tôt possible !) leur mise en acte consciente et collective pour augmenter les chances de survie de l'humanité : mais on a aussi déjà signalé l'extrême importance du travail de Milgram (Fond 5, Actuel 19). Ce texte-ci revient sur la confrontation de ces deux sources extraordinaires.

1. Il faut corriger d'abord une formulation trop globale (Fond 5) : toute espèce à partir des insectes et des reptiles n'est pas agressive. Il est seulement vrai que, dès les embranchements d'arthropodes comme de vertébrés, on trouve un très grand nombre d'espèces qui sont agressives au moins une part de vie individuelle, et spécialement à des moments déterminants dont la reproduction. Mais surtout, l'agressivité au sens scientifique, précisément la tendance à écarter les congénères (et non par exemple à "agresser" au sens ordinaire d'autres espèces pour se nourrir), apparaît dans l'évolution du vivant longtemps, longtemps avant l'espèce humaine ; elle est présente sur bien d'autres embranchements que celui des reptiles puis mammifères ; elle est le moteur le plus puissant et le plus récent de l'aventure évolutive ; enfin elle est explosive (voire différenciée), particulièrement intense et bien sûr ouverte à des raffinements bouleversants, dans l'espèce humaine.
Même simplement au niveau biologique, cela ne suffit pas pour comprendre les successions de tentatives sociales depuis quelque quatre cents siècles d'homo qui se dit sapiens. Il y a une sorte de prélude à l'apparition de l'agressivité : c'est l'instinct grégaire. En gros, on peut dire qu'on trouve phylogénétiquement : d'abord la capacité à reconnaître et rechercher le semblable — d'où la horde anonyme — ; ensuite seulement la reconnaissance du semblable et autre et la société éventuelle avec lui — l'apparition de la société avec individuation.
Importance de la reconnaissance du semblable : grégarité. Importance de la reconnaissance du semblable et autre : agressivité.
Ce sont ces deux guides primitifs de formation sociale qui éclairent la part, considérablement majoritaire jusqu'aujourd'hui, d'inhumanité de notre histoire.

2. Dans son travail au début des annés 1960 sur l'obéissance, Milgram étudie des sujets recrutés largement au hasard (cf. Fond 5). Pour le test le plus simple, un "monsieur" en blouse de technicien ("l'autorité") demande à un sujet, pris individuellement, de punir un supposé élève (en réalité un acteur travaillant pour le laboratoire) lorsqu'il commet une erreur dans des associations simples de mots. La punition consiste en chocs électriques gradués (tous fictifs, en fait) auxquels "l'élève" réagit d'abord par des protestations, puis des hurlements, enfin par un silence angoissant pouvant donner à penser qu'il a perdu conscience. Les résultats les plus significatifs sont que
personne n'a refusé dès le départ d'administrer les chocs
– si l'élève-victime est relativement éloigné (derrière une cloison qui empêche de le voir, mais nullement de l'entendre), plus de deux tiers des sujets acceptent d'aller jusqu'aux chocs qui pourraient être mortels (tortures).
On a reproduit maintes fois l'expérience, dans différents pays, etc. avec des résultats largement proches. La réflexion sur une recherche de cette importance ne peut être épuisée en quelques décennies, surtout quand à peu près tout est fait pour empêcher qu'elle soit connue comme elle devrait l'être. On va simplement s'attacher ici au chapitre 9 du compte rendu de Milgram ("Group Effects" dans "Obedience to authority"), où il propose la comparaison à l'expérience d'Asch.
En bref, l'idée de celle-ci consiste à montrer un segment de référence R puis à faire désigner, parmi trois segments proposés ensemble, celui qui a la même longueur que R : mais avant de laisser la parole au sujet sur lequel on mène l'expérience, on fait intervenir deux ou trois autres personnes (en fait des membres du laboratoire) qui répondent toutes par la même erreur. Bien entendu le sujet, craignant de se singulariser ou de se rendre ridicule, suit en général l'opinion déjà exprimée — Milgram dit précisément : "a large fraction of subjects went along with the group rather than accept the unmistakable evidence of their own eyes".
C'est précisément à l'analyse et aux conséquences de cette comparaison de méfaits sociaux (expériences de Milgram et d'Asch), en référence à l'éthologie, que va être consacré le reste du présent travail.

Si on écoute d'abord Milgram et son vocabulaire marqué de culture anglo-saxonne, l'expérience d'Asch démontre la puissance de la tendance à la conformité (les années 1950 surtout sont celles d'exaltation de Mr. & Mrs. Average — M. et Mme Delamoyenne) tandis que le test de Milgram est celui de la soumission à l'autorité. On constate que très majoritairement les sujets revendiquent leur soumission à l'autorité, vue comme ciment de socialisation ; au contraire ils écartent par tous procédés l'aveu de leur tendance à la conformité.
De toutes façons la remarque est admirable. Mais quelle est la part de justesse de la remarque elle-même, et puis de l'attitude ainsi cernée ?
Il semble injuste de ne pas souligner les similitudes des deux cas. Dans l'un et l'autre, il y a abdication de conscience (sensorielle et/ou morale) et soumission à force extérieure. De ce point de vue, moins importe que cette force soit décrite comme latérale-horizontale-venant-de-pairs ou au contraire supérieure-verticale-venant-d'autorité : d'abord une telle description ne correspond pas à la géométrie réelle, ensuite il y a bien abdication et soumission des deux côtés.
Ceci posé, il reste que la réaction des sujets à leurs faiblesses se fait en sens opposés : on se pose volontiers comme socialisé en hiérarchie, on n'admet pas ou même on refoule l'image de soi comme socialisé en troupeau.
Dès qu'on saisit cela, les images affluent :
– tous les fascismes exaltent l'appartenance à un ORDRE qui n'est qu'une barbarie à dominants, volontiers armée, et déclarent la haine et la guerre contre les égalitaristes-pacifistes-"sous-êtres"
– le schéma que donne Orwell dans "Animal Farm" pour le totalitarisme est plus fort encore : il y place les chiens de garde pour mordre et éventuellement tuer les opposants, mais aussi les moutons chargés de faire taire ceux-ci en bêlant et en tâchant d'entraîner la foule — c'est-à-dire que très justement il montre comment les crimes sociaux provoquent l'abdication-soumission à la fois par la menace et par simple suivisme
– il est aussi très éclairant que les armoiries donnent tant de prix à des bêtes féroces, d'ailleurs parmi les plus stupides du règne animal : l'aigle et le lion
– etc.

3. Est-il alors nécessaire de formuler l'évidence, que l'être humain réduit à ses réactions primitives accepte volontiers d'être loup-agressif, mais surtout pas mouton-grégaire ? Cela n'est-il pas assez significatif de la régression animale dans les deux cas ?
Il ne faut pas hésiter à reconnaître la part de justesse (et d'agressivité) qui pousse à se placer plus "haut" à partir des racines venues de l'évolution : on a vu ci-dessus que l'apparition du moteur dit agressif est une richesse tardive du vivant (et, très largement, du règne animal — même si on peut en trouver des analogies en végétal). Mais évidemment, il est risible qu'un être potentiellement humain éprouve le besoin de se situer d'après des analogies purement bestiales. Si on voit l'affaire comme il faut — de "haut", cette fois en aboutissement de civilisation : donc bien plus justement qu'en images naïvement spatiales —, on n'a plus aucune envie d'être ni chien-loup-de-garde ni mouton-paniqué-paniquant.
Voilà l'éthologie politique. Les ignorants pressés de se dire sociologues etc. refusent, refoulent cet apport énorme des sciences sous prétexte, comme toujours, de dignité humaine : et en réalité ils ne font qu'empêcher, comme toujours, la prise de conscience expérimentale — et à partir de là l'élaboration la plus humaine qui soit —. Si on parvient malgré eux à éveiller les progressistes une nouvelle fois à l'intrication inévitable, large, d'équilibre, raison, science et philosophie, alors leur mauvaise foi est assez têtue pour se rabattre sur la rengaine que la conscience des déterminismes fait courir le danger de décourager, démobiliser "les masses" — tandis que le danger de mentir au moins par omission et tromper "les masses" en cause, et de refabriquer ainsi quantité de bons mages ou bureaucrates totalitaires, les gêne rarement : expériences faites et refaites.
Cette sorte d'opposition à la vérité ne devrait pas valoir plus que quelques haussements d'épaules. Mais plus loin, faire voir et saisir le personnel politique actuel et les réactions trop fréquentes de foules dans leur animalité fondamentale (leur bêt/ise) est déjà bien plus fort qu'une vague condamnation morale. C'est alors trop peu qu'un ou cent mille exemples. De façon très générale et comme on ne cesse de le montrer ici, la compréhension de grégarité et agressivité, puis leur exploitation dans les mouvements de foules avec subversion de toute liberté un peu organisée, sont déjà utilisées par la réaction et ses agents
– de CIA ou MI6 à Kiev comme dans les Etats islamiques, en Syrie comme au Venezuela etc.
– d'infiltrations en syndicats comme en "messages" des media.
Alors, les fines bouches de "sociologie" et autres "sciences humaines" déjà mentionnées ci-dessus doivent-elles indéfiniment priver les progressistes, les humanistes véritables, de se servir de ce savoir contre la guerre et les brutes ?




Cf. plus spécialement Actuel 65 — et articles sur <mondialisation.ca> et <agoravox>.