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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 17 novembre 2014

Fond 7 Marxisme, rempart de la réaction


Gênes des foules.
Il y a la peur de s'écarter de la tradition, et de l'investissement affectif parmi des voisins de Parti ou d'Eglise, dans les religions dialectiques comme dans les plus anciennes. Il y a les obstacles et menaces extérieurs, comme par exemple : chaque siècle donne plus clairement conscience aux chefs et brutes qu'il vaut mieux laisser dans le silence et l'obscurité ce qui, trop public, deviendrait sonore et lumineux aux yeux de beaucoup — il est bien plus confortable aux prêtres, prêcheurs et traîtres d'étouffer le débat et de maintenir les litanies.
Ces choses-là s'enracinent dans la longue, barbare et sinistre part de l'évolution propre à notre espèce. Que l'on tâche de se représenter ce qu'il a fallu d'audace et de martyrs pour que, très lentement, au bout de centaines et de centaines de siècles, quelques esprits parviennent à faire entendre autre chose que les psalmodies terrifiantes et terrifiées des mages, sorciers et chamanes. Le culte-terreur des morts, et de la mort, et de la nature, est partout dès l'épouvantable aube humaine, dans les cavernes et dans la tête des cavernicoles ; la technique balbutie en outils primitifs, de fabrication elle-même figée par des rites, pendant des millénaires, n'avançant souvent qu'au prix de la destruction d'une forme de sauvagerie par une autre. Des déclarations franches de science et de raison n'apparaissent craintivement — et sous quelles répressions ! — que depuis l'hier de notre espèce : ce qu'on a appelé les Lumières après le XVIIIe est simplement l'aboutissement jusqu'en philosophie et affaires humaines de la constatation courageuse, par la méthode expérimentale enfin clarifiée.
Or là-contre, la revanche de la prosternation mentale et des hâbleries insaisissables de confusionnismes, avec la Terreur blanche imposée à coups de fouets et de meurtres par les sadiques oppresseurs, a été à la mesure des espérances que les peuples avaient cru voir pour toujours naître et se propager. Sur le plan de la prétention à la synthèse, cette prosternation mentale et ces hâbleries insaisissables de confusionnisme portent un nom : Hegel. Et dans les milliers et les milliers de pages d'œuvres de Marx, Hegel est partout — Galilée et Diderot, nulle part — ; la dialectique est partout — la méthode puis philosophie expérimentale, nulle part — ; la prétention à la science, partout — la science dans sa réalité, son ensemble, son histoire, nulle part —.
Dans la faiblesse ou la nullité scientifique de bien des auteurs, la monstrueuse escroquerie hegelienne a pu se propager avec la disjonction si fréquente dans les cerveaux entre raison humaine et férocité animale : d'un côté, très progressiste, la volonté de mieux vivre et l'évidence des potentialités techniques — agricoles, industrielles ou médicales — exaltaient les plus belles espérances ; mais de l'autre côté, la psychose de pouvoir chez des opprimés mêmes a vite trouvé ce qu'elle pouvait tirer à elle, en tressant ensemble ces espérances et un nouveau Verbe religieux : la dialectique. Ainsi s'est propagée cette contradiction dans les termes qui s'appelle matérialisme dialectique — le (ou les) marxisme(s) —. Ce simple schéma, et ses suites hélas aussi catastrophiques qu'actuelles, ne demandent qu'à être vus dans la réalité de l'histoire. Mais il faut oser, étudier et réfléchir, ensemble rare — et puis la démonstration peut apparaître délicate : il faut creuser pour retrouver les repères flagrants, enfouis sous des tabous et propagandes en logorrhées.

Le plus fort et le plus simple peut-être est de lire l'opposition entre vérité et dialectique.
C'est le propre de la vérité que d'abord tous ceux qui ont eu la chance de s'instruire la reconnaissent et qu'ensuite tout le monde finit par en faire autant — non sans débat certes, et contre des procédés politiques d'une rare violence et d'une criminelle sournoiserie —. Ainsi en présentant le système solaire, Philolaos et Aristarque (le Samien) voulaient autant provoquer que faire savoir : mais enfin cette affaire était claire pour tous ceux qui acceptaient de voir depuis près de deux millénaires, quand l'Eglise a trouvé les moyens de récupérer la découverte — au moins pour "l'histoire" des manuels — sous le nom d'un lâche ignare de ses prêtres, Copernic. Cet exemple, toujours aussi mal connu il est vrai, donne son échelle véritable à l'affirmation qui ouvre ce paragraphe : la vérité ne peut manquer de devenir, grâce à son universalité humaine, à peu près acquise et irréversible fût-ce après une lutte de quelques siècles contre les crimes des pouvoirs.
Dualement, à l'opposé de la vérité et en conformité avec les autres religions, l'histoire des marxismes est celle de leurs violences et de leurs scissions : l'impossibilité pérenne d'un accord traduit l'impossibilité de parvenir à une vue commune, une vérité, reconnaissable par tous. Cette impuissance absolue, cette incapacité à la vérité, c'est la marque théologique de la dialectique. Elle est esprit de scission, schizophrénie de base, universellement présente dès la première Internationale (au delà même des marxismes : Bakounine aussi était dialecticien, au sens simple et précis d'admiration pour Hegel et d'ignarisme scientifique) ; elle éclate encore à présent partout dans les ridicules des disputes et des groupuscules d'extrême gauche ; entre-temps, elle a alimenté les crimes de Staline et Vychinski, elle a fait éjecter du P"C"F le grand biologiste Prenant à propos de Lyssenko comme Charles Tillon à propos du rôle (de l'absence de rôle) de Thorez en Résistance, elle a largement paralysé la science puis la technique en Union Soviétique de Jdanov à Souslov — simples traits au hasard de la plume : partout, toujours, la dialectique a été un moyen des étrangleurs de liberté, de vérité, de science. Partout, toujours, la dialectique a été le levier de pouvoir d'un clergé bureaucratique de parasites fermement résolus à ce que le Parti commande "aux fusils" — en réalité commande aux techniques, commande aux révoltes, commande à tout, total totalitaire, avec le résultat qu'on a pu voir de gaspillages assassins laissant les progressistes exsangues tout au long de la révolution soviétique ou de la Seconde Guerre Mondiale ou des soubresauts de décolonisation : liste sans fin, que chacun peut allonger tant qu'il lui plaît, et que tout demeuré marxiste refusera indéfiniment de voir.
Qui après cela peut nier l'identité de fond, en volonté de pouvoir, qui fonde les prétentions magiques, religieuses et dialectiques ? Il faut avoir le courage de répondre : tous les mages, religieux et dialecticiens, puis leurs adeptes, et cela fait du monde. Marxisme n'est que rempart, des derniers en date mais le plus actif parmi les progressistes mêmes, de la réaction.

Enracinée par exemple dans une de ses lignées de Thalès à Ibn Rushd, la véritable philosophie est à l'affût de connaissances et non de systèmes et Verbes. Elle a sondé la vacuité des présomptions de Descartes et davantage encore de Pascal ou Spinoza après le bouleversement galiléen. Elle a lentement mais sûrement accepté de se comprendre, comme toute connaissance, comme obligatoirement expérimentale, donc d'écouter Diderot la fondant enfin comme telle. Elle ne peut plus cesser de se construire en synthèse attentive et pratique des connaissances en vue des affaires humaines, donc face aux questions et désirs qu'elle doit poser. Elle doit reconnaître comme cratophiles, amoureux de pouvoir et non de savoir, aussi bien Kant que Hegel, et longtemps après eux l'insolente vanité de pédants n'ayant lu que d'autres pédants, tous écartant surtout la science et bien souvent l'histoire réelle : comme tant de Heidegger jusqu'à hélas Sartre, honte, pourfendant dans sa jeunesse tout ensemble science et morale pour finalement s'aventurer en bout de vie à la morale — qu'un Camus, lui, n'avait cessé de réclamer —.
A l'opposé de la philosophie enfin assise de raison et science, au départ du renouveau de verbiage égarant au service des pouvoirs, il y a Hegel : se vautrant dans le refoulement de l'Encyclopédie offerte par Diderot ; léchant les bottes des assassins de la Sainte-Alliance ; puis aidant leurs sbires (dont Royer-Collard et Victor Cousin) à imposer dans les universités des crimes contre l'humanité de la volée de sa "Science de la Logique". Diderot et les siens accumulaient, eux, les contenus, les exemples, les données, les documents, les résultats, les procédés, les méthodes, les faits, les réalités et les accès aux réalités : au contraire, suivant la recette éternelle des tenants du mensonge et du Verbe de pouvoir, Hegel l'immonde recourait à l'affirmation de synthèse par la pensée pure, en fait le traitement par allusion verbale sans contenu jamais défini — ce que les saligauds de nos universités appellent, encore aujourd'hui, conceptualiser. On peut ouvrir Hegel à peu près à n'importe quelle page et y retrouver en obsession ces procédés pour noyer tous les poissons en marées de blablabla. "Phénoménologie de l'esprit" voire "philosophie de l'histoire" sont ainsi ramenées à des amas de faussetés ou mensonges proférés dans tous les domaines, ou plus simplement et généralement à des non-sens en mots sans fin. Il ne peut être question dans un article de refaire un échantillonnage assez étendu d'horreurs, une démonstration un peu complète de tels cumuls absurdes. Mais s'il faut ramasser en un seul exemple, peut-être le mieux est-il de saisir la suffisance et son dévergondage dans la phrase où Hegel ("Science de la Logique") déclame que la philosophie "ne saurait tirer sa méthode d'une science subordonnée comme les mathématiques". Cette inimaginable insolence ne peut être directement comprise aujourd'hui dans la réalité de son temps : il faut des explications, historiques et délicates. Mais l'affaire en vaut largement la peine.

Dans leur histoire réelle — le contraire des mensonges que les hegeliens bourbakistes ont forgés au XXe siècle —, les mathématiques n'ont cessé d'être expérimentales, à tous les titres, et bien sûr comme la logique elle-même.
Ainsi les petites bourses des temps "préhistoriques", qui permettaient aux bergers de vérifier que toutes les bêtes étaient rentrées au bercail en y rangeant un caillou pour chaque animal revenu dans l'enclos, étaient étonnamment restreintes : on imaginerait pourtant qu'en utilisant, pour correspondant à chaque animal, un doigt au lieu d'une pierre, un pâtre pourrait compter aisément au moins jusqu'à dix. Ce n'était pas le cas. Voilà malgré quelle histoire réelle des découvertes la fatuité insondable et stupide d'un Kant fait de la notion générale de nombre entier (voire de toute la géométrie et de toute l'arithmétique "élémentaires") un "a priori" !
Mais plus précisément au début de ce XIXe où parlait Hegel, donc bien après la "préhistoire" : depuis Galilée et largement avec Euler encore, naturellement aussi dans la mentalité d'un Gauss, on rangeait en sciences mathématiques les mécanique et physique théoriques, dont le caractère expérimental était sans cesse conforté — jusqu'aux balbutiements de l'électromagnétisme avec Cavendish et ses héritiers, dont Gauss lui-même, c'est-à-dire à lui seul une part énorme de la physique et des mathématiques du XIXe siècle, quel siècle !
C'est contre cette leçon fondamentale, évidemment, que s'insurge Hegel en écartant les mathématiques, "science subordonnée", de l'exigence proprement philosophique : foin de la réalité, foin de l'expérience ! Il faut que règne comme Vérité révélée un principe de Verbe, moyen de pouvoir, fondement de clergé, aliment de bureaucratie vaticane ou kremlinoise. Et c'est cela qu'avalise Marx. C'est cela qui fonde les marxismes. C'est cela qui insinue le ver hegelien dans le fruit communiste. C'est cela qui fait le rempart de la réaction. De là, demain Staline, et surtout, et pour bien plus longtemps, la fraude qui prétend ranger sous l'autorité de permanents du Parti-Eglise la diffusion dans le peuple du savoir, du savoir, suprême recours des êtres et des peuples dans la lutte pour la vérité, la liberté !
Le succès même de Marx, son enfermement en prophète, a fait l'énormité de la faute : elle est donc loin d'être seulement la sienne. L'histoire établira peu à peu ce qui est de sa responsabilité, et ce qui en revient à l'horreur d'ambiance de la Sainte-Alliance, à Hegel en particulier, et à l'état peu évolué de l'humanité : spécialement à des militants avides de pouvoir à leur tour, beaucoup plus que de l'idéal dont ils prenaient prétexte. La caricature dogmatique des marxistes avait ses germes dans les ignorances et les prétentions de Marx : mais il n'en est certes pas seul coupable. Ses achèvements en affaires de lutte contre un héritage religieux étouffant demeurent à son actif — même s'il n'a pas su voir et restituer à la Renaissance et aux Lumières ce que leur devait le progrès humain, même s'il n'a pas perçu que se rapporter à l'histoire (et donc à un anthropocentrisme) n'était pas assez pour sortir des mages, même si sa fascination pour l'économie était elle aussi la traduction d'un faux matérialisme —. Il y a une grandeur de Marx : il n'y a plus que de l'abaissement dans les marxismes. Il faut voir et savoir le parcours, d'un essai dont une part était espérance, à une fin d'aventure qui n'est plus que déchéance.

Quel essentiel reste-t-il à dire ? Peut-être ceci : il n'est guère possible de faire mesurer l'absurdité, d'un marxisme ou d'autres religions, sans faire voir le lien intime entre refus de réalité et incohérence puis dispute et guerre. L'intrication d'irréalisme et d'aberration d'abord logique est aussi inévitable que celle d'oppression et de mensonge, ou de domination politique et de violence : à vrai dire ces liens sont d'autant plus intimes et forts que les irréalistes, les oppresseurs, les fous de domination, sont des suragressifs trop heureux de fournir des incitations à l'exercice de leur violence, or l'exhibition de fausseté ou d'insensé ne peut manquer de susciter de naturelles, farouches et justes résistances. Incessante contre Eglises comme contre Partis, la lutte pour la vérité continue : elle a traversé les marxismes.
La prétention agressive de Marx
– son inculture de fond (Hegel et Comte comme références mathématiques ! et d'Alembert, Euler, Lagrange, Cauchy, Gauss etc. ?)
– sa formation monothéiste
– son vice d'anthropocentrisme ramenant l'homme à l'homme par le prétexte d'histoire
– son incompréhension absolue du nécessaire excentrement de l'humanisme, par le replacement de l'humain dans le cosmos — dont : le biologique et le passé de horde de notre espèce —, et par là dans la suprême indifférence des choses
– son "matérialisme" qui tolère l'affectivité des atomes de Démocrite et le retour à la pseudo-philosophie par le jeu de mots où le Verbe finit inévitablement par remplacer la définition réaliste
– sa maladie de théologisme, téléologisme, finalisme, messianisme prolétarien — un avenir radieux serait inscrit dans l'histoire et d'avance prêt pour l'humain, alors que rien ne l'est, tout est à faire et à construire : ce qui plaît beaucoup moins aux foules et facilite terriblement leur enfermement dans l'écoute des promesses des démagogues, dans la paresse et dans le malheur —
formes variées, mais toutes monstrueuses, de la même incohérence. Marx n'est pas réaliste — ni "matérialiste", ce à quoi les défis verbaux d'Engels n'ont rien compris non plus — : Marx est tenant, comme philosophe, du Verbe et non du fait. Au début de l'histoire de son œuvre, ce qui vaut d'économie réelle et de colère contre l'oppression passe encore avec quelque force : avec le temps, le catéchisme et la répression de la science étouffent tout.
Nous en sommes là. Des schémas primitifs — dès le départ dangereux, aujourd'hui ridicules —, porteurs d'échecs répétitifs et pérennes, la "lutte des classes", l'imaginaire "prolétariat international", sont les litanies obsessionnelles des aventuriers de syndicats et d'infiltrations au service de collaborations dominants-dominés : la seule classe à exister réellement est celle des dominants, les autres sont délimitées et manipulées par eux, surtout les classes médiocres dites moyennes,  ainsi et les luttes pour la démocratie et la science, au lieu d'être actualisées, sont malades. Manipulant alors les foules par leurs media affinés de science du comportement, les brutes peuvent, dans le fourvoiement impuissant des opprimés, doser à plaisir l'automatisation et entretenir l'aspiration à être esclave pour gagner sa croûte : le travail humain musculaire est en passe de devenir complètement inutile, des travaux même liés à des contrôles cérébraux ne sont pas loin de l'être à leur tour — mais on recrute en nombre des traîtres dits bureaucrates et commerciaux. Par là, la référence marxiste arriérée, économaniaque, oblitérant le plus politique, est le plus bel égarement dont puissent rêver les oppresseurs.
Ainsi, tandis qu'on n'embauche plus que quelques ouvriers mais des masses de vendeurs, de parasites ou de collabos, partout dans notre siècle, partout dans notre monde, ce qui vaut d'êtres et de peuples expire massivement sous les robots, les armes et les media asservis à des pervers de la domination à n'importe quel prix : car ceux-là laissent leurs savantes putains s'amuser en liberté à des techniques toujours raffinées de crimes et de dévoiements. Tranquilles les oppresseurs, qui encouragent et récompensent leurs Nobel : ils savent qu'ils n'ont rien à redouter de concurrents dialecticiens, aussi fermement résolus que de puants dictateurs à marginaliser les paroles de vérité et savoir dont, au service du progrès, la survie humaine a tant besoin.
Le plus splendide cadeau à la réaction dans l'Ecole moyenâgeuse fut directement sa scolastique à travers Aristote — haine spéciale de Galilée et grande admiration de Marx —. Le plus splendide cadeau ensuite à la réaction, indirectement par rebond chez les progressistes mais avec autant d'efficacité, c'est le marxisme.
Marxisme, rempart de la réaction. Il faudra bien ou qu'on en crève, ou qu'on en sorte.


Pour d'autres références, on peut consulter en particulier
et parmi les autres textes sur le même blog "Actuel 68", ainsi que divers articles parus ces derniers temps, dont
Une synthèse en livre — "Les hordes de l'ordre" — a tenté en 2010 un tableau des plus dangereuses ignorances actuelles en science et histoire.

lundi 3 novembre 2014

Actuel 71 Rémi Fraisse


Ça tombe bien, en somme :
le gentil tueur JNR de Clément Méric vient d'être libéré (avec des contraintes terribles il est vrai : il lui est interdit, pour plusieurs semaines encore, de quitter son département de résidence)
tandis que l'inquiétant écologiste Rémi Fraisse a été assassiné par les gendarmes voici quelques jours du côté du barrage de Sivens.
Le terrorisme d'Etat accompagne ainsi celui des entreprises contre les syndicalistes qui font leur métier : la mobilisation policière de l'armée se poursuit en paix et en silence, le président élu pour changer la face des Etats-Unis met en route une campagne de réhabilitation des bombardements par agent Orange au Viet-nam qui continuent à produire des enfants congénitalement déformés, mal ou non viables, et le président élu pour changer la face de la France a choisi le premier et les autres ministres pour exalter encore la maladie sécuritaire et rassurer "les marchés" dans une misère explosée.

Nous vivons dans un négationnisme perpétuel de tout ce qui importe, et c'est cet ensemble de mensonges odieux, d'actes et d'interprétations vicieux qui est appelé actualité dans les canaux de propagande et publicité du capitalisme. Comme le montre la connaissance historique et spécialement éthologique, la répétition en litanies fonctionne aussi bien en catéchisme qu'en matraquage télé-audiovisuel, et les foules fascinées et abruties intériorisent les discours du pouvoir au point de servir de relais à l'asphyxie répandue partout : au point d'avoir honte d'oser croire aux faits. Les meurtres d'Etat peuvent donc se succéder désormais à rythme accéléré : tout le monde sait que le tir tendu de grenades lacrymogènes est interdit, et tout le monde sait sans rien faire que les gendarmes s'amusent à viser les manifestants et sont pour cela protégés sans faille — faut bien que les hordes de "l'ordre" s'amusent un peu : on les laisse agir ainsi, quand on ne les y pousse pas — ; tout le monde voit que la loi n'est appliquée que quand elle est un prétexte utile à la répression de la démocratie, jamais quand elle prétend s'attaquer aux mafieux banksters blanchisseurs d'argent sale (le gouvernement pseudo-socialiste a encore réduit les crédits de l'Office central de répression de la grande délinquance financière) ; des Peugeot diminuent leurs investissements dans l'industrie automobile et y massacrent les postes parce qu'ils ont constaté que le jeu fiscal dans les paradis du même nom leur rapporte davantage que la vente de véhicules ; après quoi on laisse dire à des dévergondés patronaux ou journaleux que c'est pour créer de l'emploi, et aux marxistes qu'il faut rassembler les forces du cadavre d'une classe ouvrière morte depuis cinquante et surtout quarante ans,
et alors ?

Les progressistes ont désormais à leur disposition la compréhension directe de ce que représente l'agressivité dans l'espèce humaine, cependant beaucoup approfondissent la lecture de Marx ou de la Sainte Bible ou du Coran, et même audacieusement parfois ils adhèrent à un syndicat plus ou moins pourri. Mais faire ce qu'il faut — oser, étudier, comprendre, montrer, diffuser, propager la connaissance nouvelle — ces érudits n'ont pas le temps, jamais.
Les textes de Bakounine, aussi vides de moyens d'action que ceux de Marx, divaguent chaque jour plus clairement, depuis un siècle et demi, dans le verbiage impuissant. Au contraire, à l'évidence les découvertes de Lorenz s'imposent à tous : présentes de toutes façons dans les hurlements de l'expérience, elles sont hélas utilisées dans l'action des manipulateurs de CIA-MI5 et 6, comme dans les présentations assénées par écrans ou haut-parleurs. Mais il est bien plus simple et apaisant d'inventer le mot de "politiste" pour se donner les apparences de critique en sciences sociales que de critiquer réellement le verbalisme impénitent de nombreux sociologues, et leur incapacité à comprendre les sociétés humaines à partir des données sur les primates...
Au fait, avez-vous remarqué que l'audacieux et profond hors-série du Monde Diplomatique, intitulé "Manuel d'histoire critique" en toute modestie, ne mentionne
– ni l'assassinat de JFK
– ni les attentats du 11 septembre 2001 (sauf en deux ou trois photos, qui à elles seules disent tout, c'est sûr !)
ni surtout le lien entre ces évènements, centraux dans les manipulations dont a besoin le pouvoir réel pour augmenter d'un côté les budgets militaires pathologiques et de l'autre les coupes sombres dans les contributions de "l'excès d'Etat" qui impose encore des écoles et même quelques hôpitaux publics ?
Eh quoi ! Vous ne voudriez pas que des journal-eux qui se disent -istes de cette volée prennent le risque de se déshonorer en "conspirationnistes", tout de même ?

Simple question, pour résumer là-dessus la "démocratie" planétaire : combien de temps va survivre la députée ukrainienne qui, depuis la tribune de son parlement, a osé dire au gouvernement local de néo-nazis et assimilés ce qu'il fait dans le Donbass (et partout où il le peut), pendant que les crotales diplomatiques et médiatiques de US-UK-UE vibrent et sonnent à tout rompre ?
Que tout ça vous enseigne à vous taire !