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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 30 janvier 2015

Actuel 74 Histoire générale des religions (I)




Tome I : Moteurs

Il n'y a pas si long à dire, pour ceux qui cherchent encore à savoir. Alors quelques mots d'abord, à beaucoup d'amis.
Ce qui suit ne leur fera guère plaisir, qu'ils soient d'imprégnation chrétienne, musulmane, ou marxiste — sauf s'ils sont déjà largement sortis de toutes les illusions : à ceux-là des déclarations franches, de ce qu'ils n'osent pas toujours penser, paraîtront finalement encourageantes et apaisantes —. Je parlerai peu dans ce premier texte d'amis bouddhisants, avec lesquels dans ces pays-ci on peut moins se gêner, et qui doivent avoir deviné chez moi de longue date ce que j'éclaire fermement dans ces pages ; et si j'ai de toutes façons peu d'accointances avec le brahmanisme ou les religions africaines, je suis assez triste, depuis des décennies, de voir l'Inde resombrer davantage dans l'horreur des castes et les massacres manipulés en Afrique, pour préférer d'abord ne guère en parler. Enfin il ne me reste d'amis juifs que ceux qui sont restés fidèles à la longue et magnifique tradition de civilisation universelle, hostile à quelque croyance de racontars que ce soit surtout si elle est dogmatique : détachés de toute religion, nous ne sommes plus juifs que pour les racistes — nazis et sionistes par exemple —, et nous accompagnons volontiers les haussements d'épaules d'un Shlomo Sand sur un soi-disant "peuple juif".
Ceci posé, je sais bien qu'il existe beaucoup de chrétiens "assouplis", comme me disait l'un d'entre eux avec un vrai bon sourire : je n'ai pas osé lui répondre tout de suite que s'il y en avait tant, c'est davantage grâce aux laïques qu'aux papes et à leur Eglise. Alors, à celui-là comme à bien d'autres, je dis à présent :
« je comprends que chatouiller les affaires religieuses par science et connaissance d'histoire oblige à faire vibrer comme un harpon planté dans les chairs par les catéchismes, et je me doute sans mal que ça ne peut pas vous être agréable. Mais s'il fallait s'arrêter à cette sensibilité, il faudrait aussi s'encombrer de précautions terriblement nuisibles à long terme, au lieu de rappeler que chaque grand résultat scientifique, chaque nouvelle grande découverte dans l'histoire, atteste la fausseté des contes et légendes auxquels vous croyants avez été attachés, et illumine les sinistres procédés par lesquels on les a ancrés dans des foules malheureuses et innocentes. Si je rappelle ici le plus fort, que beaucoup savent plus ou moins nettement, ce n'est certes pas pour vous blesser, mais en fin de compte pour faciliter la vie de tous, en particulier des plus opprimés (souvent par des brutes de leur propre monde autant que par d'autres ennemis) : et je pense bien sûr à nos sœurs et frères d'imprégnation musulmane, qui sont souvent — ne soyez pas jaloux — aussi chouettes que vous. »

En tout et en bref, il y a quelque chose qui mérite d'être déclaré haut et fort, qui est du plus haut des valeurs humaines, dans le passé déjà, encore dans le présent, et qui resplendira toujours davantage dans l'avenir : c'est la vérité, non pas ce que certains admettent sous ce nom (des "révélations" qui historiquement n'ont été que des mensonges et prétextes à asservir), mais ce qui se fonde sur l'acquis expérimental potentiellement reconnu par tous les humains. A travers cette suprême valeur, les lignes qui suivent sont dédiées aux gens, dans leur immense majorité, en particulier cette majorité que peu de gens acceptent de penser et qui devrait compter plus que tout : les enfants, déjà présents ou à venir. Quand on place au plus haut le mieux-vivre de ceux qui seront un jour enfin sortis des cultures de haines et de guerres — si souvent religieuses et, plus souvent encore, encouragées religieusement derrière des paravents infâmes d'hypocrisie —, il y a bien autre chose à faire que de ménager des susceptibilités trop actuelles et provisoires.
Ce devrait être tout pour donner le ton nécessaire. Mais nul ne vit hors de son temps, et il y a de par le monde aujourd'hui, d'un côté, une religion dont les institutions sont plus évidemment criminelles et oppressives sur les pauvres, c'est la chrétienne à travers en particulier l'OTAN ; et de l'autre côté, une religion qui certes est fort utile pour écraser les plus misérables par ses caractères entretenus d'arriérisme, enfermé en traditions aberrantes (comme le wahhabisme allié de l'OTAN), mais qu'il est infâme d'insulter et d'utiliser comme prétexte au racisme. Car beaucoup de ses adeptes ont grandement aidé à abattre en son temps le nazisme, en particulier en pointe de troupes françaises (voyez ou revoyez le film Indigènes), et encore beaucoup ont grandement aidé à reconstruire une Europe en ruines, à des salaires de honte. On en redira deux mots. Mais dès ici, je dois déclarer que je connais bien les viles crapules qui, par une inversion mentale très typique de la droite la plus réactionnaire et la plus pourrie, vous accusent aisément de vous ranger à un courant dominant d'islamophilie si on tient un peu compte de la dette, en particulier européenne, aux soldats et travailleurs venus des pays d'islam, comme si les tornades d'islamophobie n'existaient pas. Je leur réserverai dès que possible l'expression sans ambiguïté de mes sentiments : mais je veux dire tout de suite ici que je n'aime pas l'islam plus que n'importe quelle religion, et bien des arguments ci-dessous s'appliquent clairement à ses dogmatiques. Je n'en cacherai rien, mais je respecte partout, et plus spécialement chez ceux que les barbaries de l'histoire oppriment plus que les autres, la recherche d'une fraternité : or je ne sais que trop comment cette recherche se produit d'abord parmi ceux qui sont proches, ou dont les apparences les plus directes vous ressemblent, ce qui hélas si souvent aboutit à des haines aveugles contre des frères autrement éduqués, au lieu de la juste colère contre les monstres accapareurs, d'où qu'ils soient ou viennent. C'est pour cela, et seulement pour cela, que je charge l'exemple chrétien. Il fallait que ce soit écrit — ça n'empêchera rien des vomissures de fiel des papistes intégristes, mais ç'aura été au moins explicité.


Titre I : la construction sectaire

A partir de là, il faut voir qu'une orthodoxie :
1. se fonde sur des faussetés puis se bâtit sur bien des mensonges, et
2. survit de censure, par des violences.

1. Les faussetés et tissus de contradictions de "la" bible — par exemple, donc — ont de toujours traumatisé bien des cœurs sincères, lorsqu'instruits de vie et de connaissance ils les ont reconnus après les apprentissages contraints de l'enfance. Si la recherche véritable, historique, ne peut encore éclairer suffisamment ces faussetés et leurs élaborations mensongères, c'est parce que tous les monothéismes oublient leurs haines lorsqu'il s'agit de défendre des bases largement communes, et qu'ils ont une longue expérience de la manipulation des foules : toujours en guerre les uns contre les autres tant qu'il s'agit de défendre leurs clergés respectifs, ils savent, évidemment, se réunir et rameuter très largement contre la vérité dès qu'elle se fait jour. Mais
– les ridicules et les crimes qui ont banni, aussi longtemps qu'ils l'ont pu, des choses pourtant désormais aussi éclairées que les mouvements relatifs, de la Terre et des astres entre autres, puis les bases de la géologie, puis celles de la biologie, puis celles de la psychologie et enfin les forces principales de notre histoire (et cela dure et perdure)
– les assassinats d'enseignants et pédagogues, non seulement des enfants (surtout des filles), mais de l'humanité entière
– les férocités qui ont cherché et cherchent encore à maintenir les absurdités désormais patentes d'une soi-disant "création"
– les contorsions risibles qui disent tout admettre mais comme "sans importance" au regard de "la foi", voire qui répètent les maladies mentales de "credo quia absurdum"
de telles masses de faits ne peuvent être ignorées que par ceux qui ont abdiqué une fois pour toutes le plus humain d'eux-mêmes, le plus éloigné de l'animalité : la recherche d'une connaissance assez large et, sur cette connaissance, l'usage assez honnête de la raison. Ainsi, il est fascinant seulement si on le veut bien, que des affirmations aussi hautaines qu'absurdes, et indéfiniment interprétables par des théologiens qui ne tombent jamais d'accord entre eux, osent se confronter aux données offertes à tous les humains par la science et les documents les mieux établis de l'histoire : c'est seulement si on entre dans le jeu des mensonges (la relecture obsessionnelle de textes "sacrés" et de leurs vanités par exemple) qu'il est possible d'ergoter sans fin sur ce qui ne veut rien dire, alors qu'on dispose de réalités avérées et reconnaissables par tous. Les traditions religieuses, la catholique comme toute autre, ne pèsent rien de vrai contre les évidences : mais par exemple on raconte encore que Galilée a été persécuté pour des affaires de mouvements célestes, alors que tous devraient savoir et comprendre que c'est pour son appel à l'expérience, contre "la" bible et l'Ecole (aristotélicienne), qu'il a été pris pour cible par l'Inquisition de Rome. Certes il est, en un sens, satisfaisant que l'institution la plus criminelle, la plus sanguinaire et la plus sanglante de l'histoire ait aussi commis le plus grand crime contre l'activité de l'esprit (le seul, l'humain) : les prêtres, déjà grandement coupables des génocides notamment américains et africains (mais aussi "Croisés", dont celui contre les Albigeois, par exemple) se sont pareillement déchaînés contre le titan qui ouvrait à la raison, plus large que jamais, les champs illimités de la connaissance. Car c'est surtout Galilée (avec les meilleurs esprits de son temps) qui a bouleversé l'accès aux domaines de l'esprit par des méthodes et des instruments dont l'humanité n'avait même pas rêvé : c'est surtout par lui que sont venus les moyens de comprendre, en physique, en mécanique, en optique et bientôt donc en biologie, pour l'analyse de la vie ou des montagnes comme pour les révolutions des industries, un jour enfin pour l'âme dont tant parlent et que si peu admettent de connaître dans ses merveilles et ses dangers. Mais les avides d'un pouvoir très immédiat en ce monde (contrairement à leurs insistantes tartuferies) ont été terrifiés à l'idée de le perdre, voyant enfin donner à  l'humanité les moyens de sortir des monstrueuses indifférences de la nature. Tout fut donc fait, et l'est encore, pour empêcher que l'attention ne se tourne vers l'essentiel, à savoir la vue nouvelle des pouvoirs réels de l'esprit, la révolution galiléenne, et pour perpétuer au contraire l'entretien des racontars bibliques et par là le malheur des gens.

2. Il faut saisir ainsi par quels procédés les faussetés, après avoir été fondées, ont été maintenues, et pourquoi ces procédés sont si nécessaires aux potentats, d'abord religieux : car on ne peut imposer de faussetés, base d'un pouvoir, sans extrême violence, mais il importe évidemment que cela n'apparaisse pas trop clairement. Alors si l'expérience de pouvoir est assez longue, on enveloppe le "droit" de tuer le vrai, de tuer ceux qui prennent son parti, dans des juridismes et des vocabulaires de "blasphème", on va hurlant que c'est "offenser dieu même" que de montrer la sottise et les mensonges des "docteurs" d'Eglise ou autres "sacrés" : comme c'est commode pour les menteurs ! S'il fallait, à ceux qui veulent réellement savoir et comprendre, une preuve plus éclatante que toutes les autres de ce que vaut une telle religion d'"amour", ne serait-ce pas cette démarche, qui avoue n'avoir d'autre recours final, contre le refus d'avaler des idioties, que la torture et le meurtre ?
C'est bien ainsi qu'on a imposé les premières guerres mondiales, celle (très tôt active, mais d'abord peu organisée militairement) de la papauté contre tous les peuples de la Terre, comme celle de la conquête mahométane. En particulier la guerre catholique, notamment dans ses déclarations d'Inquisition puis plus nettement encore avec les Croisades, usait certes des leçons tirées des ennemis "arabes" : mais au fond un des deux moteurs de sa systématisation était la rage d'expansion furieuse, héritée de l'Empire romain. C'est cela qui a été réactualisé par Jean-Paul II, avec l'appui plein et entier de Reagan et de la CIA, sous le nom de "nouvelle évangélisation" ; c'est cela qui a permis de susciter et manipuler des fanatiques d'égale folie mais d'élaboration hypocrite bien plus primitive, en faisant malignement renaître en face le "djihad" :
trop peu de gens acceptent de prendre connaissance de l'histoire,
en particulier de ceci, que le renouveau récent de guerres "saintes" a commencé
par l'alliance de "l'Occident" avec l'islam le plus immobilisé dans la barbarie,
le wahhabbisme saoudien,
contre les tentatives laïques et émancipatrices en particulier de Nasser.
Plus anciennement c'était passé, dès la fin de 39-45, par les manipulations de la CIA en Europe d'abord occidentale au détriment des mouvements démocratiques, puis par d'autres démarches des frères Dulles en faveur des plus sauvages des féodaux arabes ; cela s'est poursuivi avec l'assassinat massif des prêtres latino-américains qui voulaient une "théologie de la Libération" ; certes cela s'enfle encore avec les "cultures" actuelles d'extrême droite et de haine de l’islam,
mais surtout c'est enraciné dans l'histoire des deux derniers millénaires
par des centaines et des centaines d'actes pontificaux
évoqués par exemple par Xavier Vallat lors de son procès après l'effondrement du gouvernement de Vichy où il était en charge des "affaires juives" :
actes pontificaux qui tous incitaient au vol, au massacre et au viol de communautés,
en particulier juives mais en général "infidèles".
Après quoi c'est à rire, qu'on voie aujourd'hui se répandre en langage commun des références à une tradition "judéo-chrétienne" (un jour "islamo-chrétienne" ?) ! Cela vaut bien d'approfondir un peu ce qu'a été le travail des "missions" depuis, surtout, la déclaration de guerre à l'humanité contenue dans les codifications et organisations de l'Inquisition.
Le schéma de fond de cette efficacité est si simple qu'il faut s'aveugler pour ne pas le voir : il suffit à la papauté d'insister, dans ses litanies et accusations, sur sa posture de martyre et victime alors qu'elle n'a cessé d'agresser — c'est le recours à la projection sur l'adversaire de tous les crimes qu'on commet et auxquels on ne cesse d'inciter (plus précisément, la rétroprojection, cf. sur ce blog les derniers paragraphes d'Actuel 69). Ainsi l'Eglise tient prête les listes de "martyrs" des missions : mais nul n'oserait publier les listes des crimes inquisitoriaux de son installation en puissance — et c'est sans doute impossible sauf en chiffres de massacres énormes mais anonymes, ce qui émeut bien moins les imbéciles.

J'ai déjà longuement expliqué comment les "succès" correspondants ont été relayés dans la même hypocrisie par l'effarante étendue des colonisations, plus particulièrement anglo-saxonnes, faisant parade de liberté et démocratie tout en ne cessant de s'allier aux plus nettes dictatures de brutes et tortionnaires, bien avant la chaleureuse amitié avec les Saoud : on peut citer ici, au hasard de la plume, Franco soutenu par le pape Pie XI, Churchill et bien des Britanniques au nom des actionnaires de la Peñarroya et du Río Tinto, les fructueuses affaires de General Motors et d'autres capitalistes d'Outre-Atlantique avec Hitler, fleuri et adoubé par le pape Pie XII, jusque dans les débuts de la guerre mondiale déjà déclenchée en 1940 (par exemple la fabrication des camions de Blitzkrieg par Opel-GM), etc. Si je répète ici quelques-uns de ces points, c'est pour tenter de faire mesurer la fausseté de prétendues histoires des religions qui font des listes complaisantes de mythes, et omettent "seulement" le moteur politique, l'histoire véritable, la lutte perpétuelle pour le pouvoir dont les religions ne sont qu'une expression particulière et dont le suprême effort, surtout chez les plus abouties en puissance-et-hypocrisie, tente de faire oublier qu'elles ne visent qu'à écraser sous elles le plus possible de contributeurs appelés fidèles.

Tout cela s'éclaire bien mieux encore si on le rattache à l'explication biologique, largement animale, des malheurs de notre espèce à partir de l'éthologie — malheurs dont les religions ne sont qu'un cas, considérable mais particulier —. Mais il faut d'abord finir le portrait d'ensemble des crimes sur deux plans :
– certains aspects récents de la rétroprojection systématisée de l'Eglise
– et puis la catastrophe marxiste.


Titre II : sur les deux religions majoritaires en pays riches

1. L'Eglise éternelle d'abord. Par la bouche de Benoît XVI (toujours vivant, après sa démission devant les tensions internes de sa bureaucratie), elle s'est attristée de la violence "de l'Islam" ! C'est rigolo :
– n'y aurait-il pas eu, entre autres, quelques Croisades sur incitation papale, et quelques colonisations de pays musulmans où, par exemple, un certain Charles de Foucauld, officier de très-active, aurait effectué quelques razzias légèrement meurtrières contre des Algériens — avant sa reconversion typique en martyr ?
– ne peut-on se souvenir un peu des histoires d'esclavages et servages en pays très-chrétiens, et à partir d'eux ? n'y a-t-il, dans les mémoires des peuples européens, aucune trace de misère faite aux paysans, plongés assez cruellement dans l'abjection pour en faire des soldats prêts à se venger sur d'autres, en particulier dans les conquêtes des Indes et d'ailleurs — réflexe souvent infâme mais inévitable de vaincus : ainsi l'afFront nazional, déjà souvent cité dans ce blog ?
Enfin quoi ! au nom de tous et de la vérité, les réalités de ces oppressions assassines ont-elles ou non eu lieu, alors que les textes très sacrés et leurs ajustements controuvés pour la propagande ne sont que faussement parole de dieu ? Dans quelle obscurité n'enferme-t-on pas les enseignements de l'histoire, "sainte" et autre ! Après quoi...
... qui accuse de péché et blasphème, ô tenants de la seule "vraie" religion, ceux qui rappellent que certaine Parole fut consignée sous Paul III comme Vulgate, en décidant d'y maintenir les erreurs reconnues par le Concile de Trente même, pour ne pas mettre en question cette "vérité"-là, ce qui aurait nuit à la croyance ? faut-il toujours emprisonner et censurer ceux qui font connaître bien plus hideux encore, deux des papes les plus criminels et scandaleux que cette malheureuse planète ait portés, Alexandre VI Borgia et Jules II della Rovere, se chargeant de "donner" leurs "parts" respectives aux rois d'Espagne et de Portugal dans les "Amériques" nouvellement ouvertes à "l'amour du Christ", et conséquemment si effroyablement meurtries dans leur chair indienne que, depuis Montaigne jusqu'à Howard Zinn, tout ce qu'il y a d'un peu humain au monde n'a cessé de frémir de dégoût et d'horreur ? Est-il ou non vrai, dites, que le fameux "commerce triangulaire" avec ses millions de morts et ses millions de rescapés traumatisés ad æternum a été béni dans son principe et encouragé dans les faits par les très-savants docteurs de l'Eglise, tandis que des moines qui osaient s'insurger là-contre ont été emprisonnés à vie et que, solides comme ils étaient, ils sont morts après des années d'indicible torture dans leur âme comme dans leur corps (lisez les "lumières des capucins", de l'ami Sala-Molins) ?
C'est ça, dites, la violence "de l'Islam" ? et, sans doute, la douceur infinie et patiente de l'Eglise ?
Cela continue, oui, en 2015 de leurs ans de crasse, avec les délégations d'intégristes en Ukraine — encore des martyrs — depuis la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), pour prêter main-forte place Maïdan aux nazis armés par Washington (et Israël, faut pas être raciste) et porter quelques coups bas aux "orthodoxes" (qui, je le jure ici solennellement, ne sont pas tous des islamistes ni d'ailleurs spécialement prosémites). On n'a pas oublié non plus les bénédictions de Jean-Paul II à Pinochet — enfin, les gens de mémoire, qui sont encore rares, n'ont pas oublié : mais l'histoire n'oubliera jamais non plus —. Et puis ça suffit et j'arrête.

2. Le marxisme.
Comme toutes les religions, le marxisme affirme être la seule vraie. Comme toutes les religions, il a torturé les esprits libres — notamment sous Staline et c'est si joli, en récupérant pour ce faire les instruments des prêtres orthodoxes russes, qui avaient aussi détruit tout ce qu'ils pouvaient d'"hérétiques" en leur temps —. Comme toutes les religions, il assure qu'il ne saurait y avoir de contradiction (logique...) entre la science et sa foi : cependant que les plus grandes découvertes — déjà assez superbement ignorées par Marx et Engels, qui béaient devant les délires de Hegel sur la science au lieu de la lire dans les savants — ont été écrasées de Plekhanov à Jdanov avec la hargne que l'Inquisition avait déployée contre Galilée.

Ainsi par exemple en France, au nom des staliniens et de Lyssenko, les idéologues du P "C" F poussèrent le grand Résistant et biologiste Prenant à quitter leur parti, après qu'il ait trente ans durant tenté de faire quelque chose d'honnête à travers des traîtres qui se disaient communistes — ne me dites pas que je me répète : j'insiste sur ce point, parce qu'il est acquis assez universellement : mais les postures infâmes d'un Henri Cartan en bourbachique seront un jour elles aussi reconnues comme des crimes contre l'humanité —. Dès les années 1900 ou 1910, les découvertes du temps étaient déjà "réinterprétées" par Lénine, de telle façon qu'il bloqua le développement scientifique et technique en URSS par le dogmatisme lamentable et ignare partout présent dans "Matérialisme et empiriocriticisme" (où tout n'est pas mauvais, mais qui fut si dialectiquement utilisé, par des conards tout ensemble nuls en science et installés comme bureaucrates apparatchki — pléonasme — qu'il réussit à étouffer les savants jusqu'à ce que mort de soviétisme s'ensuive), cf. :
J'en ai déjà parlé, je sais : mais fort peu, si l'on considère honnêtement ce qu'a représenté (pas seulement pour moi, hélas !) un demi-siècle de censure dans les publications françaises entre autres — je me souviens même de trotzkards made in USA, refusant seulement d'admettre de dire autre chose que Copernic et sa réputation faite par les ecclésiastiques quand on leur signalait les anticipations grecques ou chinoises sur le "système solaire" ! —

Résumons donc. Au plus profond, les marxistes ont trouvé dans la dialectique le Verbe de pouvoir qui leur a permis de trahir tous les idéaux de progrès, pour s'installer en miroir de leurs prédécesseurs et opérer à leur tour la classique déviation politique perverse des inévitables et éternels élans démocratiques : là où ils ont réussi, ils ont pris la place des dominants sans rien changer aux principes d'oppression. La reconversion, des nouveaux tsars au Kremlin comme des nouveaux vautours à Pékin, en ardents suppôts du système mondial d'écrasement des peuples, était inscrite dans leurs prosternations à Hegel et aux plus mauvais côtés de Marx et de sa suite. Ils demeureront dans l'histoire comme les collaborateurs du meurtre de la classe ouvrière, et surtout des espoirs qu'elle représentait à l'époque où les dominants n'étaient avant tout que des industriels propriétaires d'usines — devenus depuis des financiers, avec ce que cela veut dire au présent des mafias et de la guerre mondiale devenue incessante, et avec l'impuissance puis la participation des anciens gouvernants de prétention et devanture socialisante.


Titre III : La clarification éthologique

Répétition encore — par obligation pédagogique, dans l'étranglement présent du plus fort de la science acquise, pour offrir partout des textes assez complets en soi, sans trop d'allusions ou de références — : on ne parlera ici d'abord que d'agressivité, terme actuellement consacré et au départ commode, mais on affinera vite en expansivité, parce que non seulement c'est le plus juste mais c'est ce qui permet le plus net éclairement.
Gibbon (Decline and Fall of the Roman Empire) tentait déjà de synthétiser les causes des succès chrétiens — encore primairement certes, mais déjà bien plus intelligemment que les abrutis qui les expliquait par une origine divine ou par la "vérité" de leur religion — par la tradition de férocité de la religion juive contre les peuples "non élus", puis par l'assurance d'immortalité.
A ce qu'on sait aujourd'hui d'éthologie sur les déchaînements agressifs, et d'après les témoignages de l'histoire sur tous les "succès" en affaires d'Empires, la férocité est de loin l'explication la plus juste — et constitue le second des moteurs annoncés ci-dessus ( avec l'héritage romain — bien expansif, titre I, § 2) :
– qu'on relise l'histoire de l'Eglise, au moins depuis ses alliances avec les (plus traditionnellement) Romains et/ou les Barbares, dans les sinuosités les plus écœurantes, pour pousser le pouvoir de ses prêtres sur les paysans et les guerriers, jusqu'aux procédés des guerres indiennes aux Etats-Unis
– qu'on s'attache à relire dans cette continuité Montaigne et ses comptes rendus des "Conquistadores", ou l'histoire récente des procédés de nations chrétiennes, et de ses moines de l'espèce d'Argenlieu, en Algérie, Indochine, Amérique Latine, Australie, Afrique subsaharienne, Irak, Afghanistan, Liban, etc.
il faut seulement accepter d'ouvrir les yeux, et il est bien vrai que ce n'est pas toujours confortable quant au sentiment de la destinée humaine. Encore une fois, ce point de déchaînement barbare est ici mis en tête de l'analyse parce qu'il est le plus facile à expliquer dans ce qui est le plus assis et indéniable dans l'éthologie : la forme, hélas si vite élaborée dans la sauvagerie naturelle, d'agressivité à partir du fond expansif. Il demeurera certes longtemps des gens capables de refuser de croire à l'agressivité animale de l'espèce humaine, et surtout d'en faire le lien évident aux guerres : mais à ceux capables de pareil déni d'histoire il est bien difficile de faire faire si peu de chemin que ce soit. Si par contre on accepte de voir, le prosélytisme chrétien n'est qu'une expression particulièrement et perversement enrichie de la volonté de pouvoir, et de ses capacités à recruter des fanatiques, eux-mêmes très désireux de décharger leur agressivité et de garder bonne conscience sous les bénédictions chaleureuses de leurs prêtres. Ce raffinement dans le crime et le dévoiement moral va avec la proclamation d'amour universel, déterminant l'universalisme (catholique est le mot grec pour le dire) de la conquête, et du... djihad rendu ainsi nécessaire : elle est d'autant plus efficace et dangereuse qu'il devient très difficile de convaincre le fidèle ordinaire de l'hypocrisie de son Eglise, même à partir des faits historiques massifs, énormes, et monstrueux qu'on s'efforce ici de rappeler sans cesse — parce que cette hypocrisie est relayée profond en intériorisation, en sentiment de supériorité, en satisfaction à voler le reste du monde, et en confort moral jamais analysé.
Seulement il y a bien davantage encore. Tout être expansif (il en est dans bien des espèces, surtout à certains moments de vie individuelle, mais jamais au point évolué chez l'humain) cherche son expansion, au plus large et en tous sens. Etre isolé, mis à l'écart — de la nourriture, du plaisir sexuel, de la horde — est évidemment intolérable. On situe déjà ainsi ce que représentent la vieillesse et surtout la mort, pourtant inscrite dans la vie plus clairement que n'importe quoi d'autre. C'est pour cela que la folie d'immortalité, surtout dans ses expressions primitives et directes (d'abord et primitivement : le désir de ne pas mourir — alors qu'une évolution humaine notable et pourtant bien élémentaire est par exemple de souhaiter que des gens se souviennent de vous), est si évidemment une conséquence qu'on ne peut que sourire des prétextes et des devantures dont elle s'entoure si volontiers. Il y a longtemps que des animaux humains ou non meurent, et les majorités encore actuelles ne veulent pas en voir le caractère définitif et universel ! Est-il utile de poursuivre ? L'expérience des prêtres sait alors leur faire dire les contes qui sont les mieux reçus. C'est tout. Les raffinements — en promesses de paradis, et menaces particulièrement barbares d'enfer (il faut être monothéiste de rare perversion, pour inventer une punition éternelle contre des humains bien pauvrement réduits dans le temps et l'espace) — ne sont que surplus, littérature et films d'horreur.
En outre il y a une notion vitale, non vue par Gibbon, et qui est pourtant une cause aussi évidente que puissante de l'expansion chrétienne — en fait : monothéiste, mais pas aussi nettement dans le cas général —. C'est la forme matérielle la plus directe, la plus primitive et la plus claire des issues de l'expansivité éthologique : la délimitation puis l'extension du territoire autant que faire se peut, d'où "l'instinct" de propriété et ses édictions en "droit". Ce n'est pas une originalité chrétienne, mais le soin des "commandements" à respecter ce privilège des chefs et ce fondement du statut d'homme "libre" est très explicite, et ce "droit" est très facilement reçu comme trait humain général : les développements chrétiens tirent de là une autre source de succès. En vérité, peu de données aussi importantes, actuelles et anciennes ou antiques, reçoivent un éclairage aussi profond par l'éthologie : la propriété représente la réponse sociale la plus vite construite aux nécessités de stabilisation des expressions pratiques expansives ; elle est devenue fulgurante surtout depuis "la magie de l'argent", à savoir les formes d'accumulation-expansion, à partir des grands commerçants, puis banquiers, puis manufacturiers de la fin du Moyen-Age, à la suite des échanges considérables des Républiques italiennes lors des Croisades — illumination aussi rarement avouée que considérable !
Ce n'est en rien un hasard donc, si l'Eglise est l'un des deux premiers propriétaires fonciers de France — de loin le propriétaire le plus lourd économiquement par les affaires de banques ou de gestions de biens immobiliers —, et si la haine des "partageux" a été aussi aisément cultivée en terres chrétiennes. Mais s'agissant de schéma général, il est sans doute plus important de rappeler qu'après avoir mis si longtemps à se "révéler" aux pauvres de Chine, la "bonne nouvelle" évangélique est en train de se répandre à une allure invraisemblable sous la houlette du Parti "communiste" chinois — autre succès éclatant de la dialectique —. En effet, on est sûr qu'existent désormais des dizaines de millions de catholiques en Chine, et certains anxieux parlent de trois cents millions : vu la situation faite dans les villes-champignons de l'Empire du Milieu au sous-prolétariat de source paysanne (terrienne et donc facilement obnubilée par l'attachement agricole à la propriété), c'est tout à fait possible.


Conclusion ?
Bien provisoire, pour ce tome-ci et surtout parce que ce n'est plus histoire mais perspective : il faut poursuivre l'humanisation de l'humanité contre toutes les religions. Comme il a été dit ici même tant de fois, rien n'égale pour cela, en exactitude et en puissance, l'analyse éthologique.
Alors pour l'avenir, la première et plus importante revendication
est désormais de viser à ceci,
qu'aucun enseignement religieux
ne brise l'épanouissement des enfants du monde :
à ceux qui osent parler de "délit de blasphème", il faut sans cesse opposer la nécessité, pour la paix sur la Terre, que le plus rapidement possible aucun racontar ne puisse plus être imposé à des êtres avant un âge où ils soient assez instruits d'expérience propre et de connaissance, de culture humaine, pour juger de ce que valent les "agrégations" d'office en "communauté" — du genre intolérable du nouveau catéchisme : "pour nous chrétiens, la Bible est la parole de dieu" ! comment peut se défendre là-contre un enfant de six ou huit ans, mené par ses propres parents au prêcheur d'un tel mensonge, et quel avenir lui laisse-t-on alors de chercher plus juste, plus vrai, et plus fraternel en reconnaissance de ceux qui méritent pourtant pleinement, scientifiquement, humainement, d'être appelés ses semblables ?
La seule fois où un Pie XI a osé s'insurger nettement contre Mussolini, c'est à propos des écoles. Sous l'hystérie verbale de sa fameuse réponse à l'ambassadeur Commène, il y a évidemment, et très justement, une vision claire de ce que
la survie de l'Eglise,
installée d'abord par les crimes inquisitoriaux dix siècles durant,
ne peut se perpétuer que par le viol des âmes innocentes,
suprême outrage à la morale.
C'est le cœur actuel de la question. Cela n'épuise pas le sujet, cela en donne le point de vue le plus riche et le plus fécond aujourd'hui. Il faudra bien poursuivre par mille chemins, et démonter d'autres expressions absurdes du goût du pouvoir par le Verbe, toutes fausses philosophies cultivant, au profit de la logorrhée, la flemme d'étudier le vrai — structuralisme, existentialisme, cognitivisme font partie de ces non-sens prétentieux et maladifs. N'importe ici. Contre toutes les paresses, la vérité est scientifique-historique ou elle n'est pas. La part qu'on vient d'en dire est des plus importantes. C'est celle-là surtout qu'il faut laisser le temps de méditer — pour la transcrire ensuite à toutes les superstitions.

samedi 24 janvier 2015

Actuel 73 Intellectuels ?


Ils sont nombreux à souhaiter qu'on confonde intellectuels et intelligents. Or ce n'est en rien un signe qui importe, de ne pas se salir les mains ; ce n'est nullement un mérite, d'avoir eu des parents à même de payer des études ; et c'est humainement nul, d'être simplement universitaire, comme d'autres sont propriétaires — parce que des remous absurdes d'histoire et d'actualité vous ont poussé là, souvent avec un lot de compromissions ou tricheries —.

Ils sont organisés en corps de pouvoirs — en France par exemple X, ENA, ENS, et autres moindres, ou mandarins de "droit", de droite —. Parce qu'ils ont réussi à vingt ou trente ans à décrocher un titre ou un concours, aux programmes et préparations pervers ou franchement crapuleux, ils voudraient être à vie les seuls à représenter non seulement la compétence, mais l'intelligence. Certes, vu comme on gère les bibliothèques auxquelles ils ont seuls accès, on peut imaginer qu'ils se targuent de monopoles de cette "compétence"...

Ainsi Maurice Allais, aujourd'hui prix Nobel d'économie, faisait marquer dans une école d'application certains livres du signe "lambda", pour les faire réserver aux ingénieurs "du corps", et les interdire aux ingénieurs "civils". On pourrait citer mille tels traits du personnage et de ses pairs. Après quoi un François Ruffin bée devant...
Ainsi de même : un physicien envoie à une famosité normalienne, supposée communiste en plus, un texte très fouillé sur un article à juste titre célèbre. La famosité ne répond pas, évidemment — l'auteur de l'envoi n'étant nullement normalien —. Mais elle met en piste une thésarde, qui reprend le texte proposé, le complète par des sornettes (par exemple : au lieu d'une date donnée par l'année, elle précise le mois et le jour, ce que rend facile l'accès à une bibliothèque de richesse aussi énorme qu'accaparée, mais qui n'a aucun intérêt) ; puis elle le publie, avec son nom en tête, suivi de celui de sa thésarde. Celle-ci entame ainsi à son tour une carrière "brillante" : car on  compte les publications, signe objectif entre tous, pour "juger" de la valeur des gens, et comme on contrôle les revues, on peut d'une main censurer indéfiniment un auteur et de l'autre se plaindre de sa stérilité complète...
Ainsi encore : il est atroce de voir comment ont été dispersées ou "redistribuées" les plus belles bibliothèques de France, part considérable de mémoire de notre espèce...
Etc. ad infinitum.

Par de tels accaparements de savoir, l'ignoble se répand et se contagionne. Pour en rester toujours à la présente prétendue République (mais c'est pareil aux Cambridge des deux côtés de l'Atlantique, à Princeton ou à Oxford, et partout ailleurs), les universitaires qui veulent un poste sont stylés à respecter de telles corruptions tout comme les commerçants, artisans ou autres petits parasites sont stylés à respecter les plus gros propriétaires et à se prosterner devant les grandes fortunes, c'est-à-dire les plus grands crimes. C'est peut-être plus visible en lettres, avec aujourd'hui des vices puants allant de l'incroyable nullité de l'Académie Française aux journaleux de la honte : mais depuis que l'Académie des sciences est sous la coupe d'administrateurs, sans œuvre ni culture mais au service des "industriels", cela passe partout en structures — et par tant de pestes intermédiaires, si lourdement dans l'histoire, que cela vaut la peine de soulever quelques couvercles de ces poubelles. On va donc remonter à l'éducation ou prétendue telle : à la reproduction de ces dévoiements de génération en génération.

1. Plus particulièrement dans notre hexagone donc, le plus ancien moyen de sélection des enfants, de façon que ceux des riches aient pratiquement toutes les chances de se succéder aux postes de commande et de confort, c'est bien sûr la langue. Sous prétexte d'enseigner le français, on style et on formate : éventuellement au latin et au grec, mais surtout ("lettres modernes") au genre d'écriture des journaux de concours général, "le Monde" vaticanesque, ou "le Figaro" plus accessible aux petits-commerçants et semblables niveaux d'inculture.
Ensuite, le second poste-filtre de police et douane dressé contre les nouveaux venus en écoles, qui ne doivent à aucun prix être cultivés, ce sont les mathématiques (cf. ici le texte de ce mois-ci, Fond 8). Cela commence très tôt : on élimine des pans entiers de ceux qui pourraient s'instruire, par des programmes d'abêtissement et d'inversion mentale (en particulier en évitant tout contact à des réalités physiques, et en insistant lourdement au contraire sur des problèmes commerciaux à "bénéfices"). Voici deux générations, on alla jusqu'à l'affaire des "maths modernes", cette préciosité langagière honteuse des mathématiques, en large part issue du crime bourbakiste, qui encombrait de mots et interdisait les images fondamentales pour l'apprentissage, surtout au départ : mais le résultat fut tel que l'on vit presque disparaître des ingénieurs capables de quelque utilité en production industrielle, et il a fallu une reconversion déchirante. On a donc plus subtilement mis en place des "classes européennes" où il faut un solide arrière-plan familial (souvent des cours particuliers) pour suivre un rythme plus que rapide dans plusieurs disciplines en même temps, et on sélectionne à la fois
– par un investissement cérébral qui n'est pas souvent compatible avec l'âge, surtout sans milieu-bouillon de culture
– et par des professeurs (je n'écris pas : des enseignants) qui, dressés aussi bien par les programmes que par le flicage des inspecteurs, ne s'intéressent qu'à ceux qu'on sait destinés à suivre les études longues — en priorité desquelles bien sûr les "prépas", les préparations aux "Grandes Ecoles", X etc. cf. supra.
            Voici peu d'années, au temps des Terminales "C", le système produisait cinq (5) élèves de ces Terminales pour cent (100) entrés en maternelle : du cinq pour cent donc, de gens capables de suivre en même temps techniquement et culturellement une part assez large de l'évolution de leur siècle. C'est plus compliqué aujourd'hui, où on donne le bac à 80% des élèves, avec pour horizon des échecs et égarements d'abord au niveau universitaire et plus tard dans la recherche d'un emploi. Mais surtout, un baccalauréat aujourd'hui ne vaut pas en savoir un certificat d'études accordé voici trois générations : combien de fois n'ai-je vu, malgré mes cours bénévoles du samedi depuis un demi siècle, des gamins et des jeunes inaptes à calculer de simples additions d'épicerie ou, incapables des quatre opérations et de leur sens commun, appelant leurs parents au secours pour commander et payer les victuailles de leurs noces ! Par contre, tout le monde désormais sait s'abrutir devant un écran d'ordinateur : et c'est tout ce que demandent les gestionnaires de dévoiements sociaux capitalistes intitulés "entreprises"...

2. On devine, ou on sait, ou on peut bien voir, ce que cela devient chez ceux qui sont censés faire évoluer la culture, spécialement "intellectuels" et universitaires : c'est ce que nous allons à présent passer en revue.
Le principe en est aussi simple et clair que son application est universelle : pour être admis en "compétence", il faut accepter le système et ses "équipes" de "haut niveau" ; sinon, on n'a pas de poste — c'est-à-dire de moyens de gagner sa vie en tant qu'enseignant et chercheur, au sens universel dans l'histoire —. En France, ç'a été renforcé de façon plus spécialement infâme par la LRU de l'insuffisant mental Sarkozy, qui en était particulièrement "fier" (en fait il était surtout satisfait de sa revanche sur une institution qui, même dévoyée, n'a pu décemment lui accorder un titre supposant quelque capacité d'apprentissage culturel : et ça vous a supprimé l'histoire en Terminales scientifiques) ! Mais il y a un contexte mondial  : dont l'ordure, macérée dans son jus de poubelle et déversée depuis les centres financiers anglo-saxons, de la "Commission Européenne". Lisez :
« Le temps où, traditionnellement, les savoirs acquis dans l'espace académique constituaient un patrimoine ouvert, mis à la disposition de tous, appartient au passé. Dans le champ des connaissances, production rime aujourd'hui avec protection et exploitation »...
NON ! C'est la "Commission Européenne", auteur de ces lignes, qui "appartient au passé" d'ignarisme et d'obscurantisme de notre espèce, et qui s'imagine qu'elle pourra y faire revenir à son gré. Les savoirs ne seront jamais confinés, ni à "l'espace académique", ni aux intellectuels et putains mentales de la trahison anti-humaine. Il n'y a pas de simple "champ des connaissances", mais une nécessité impérieuse d'opérer la synthèse de celles-ci au service des gens, parce que c'est un des nœuds de l'aventure de notre espèce. Malgré les maffinanciers au pouvoir, la "production" des vraies richesses aura toujours la source de ses flamboiements dans l'élaboration de la science CONTRE la "protection" de la propriété financière par les "brevets industriels" du crime capitaliste, et contre "l'exploitation" par des artistes du vice et du dévoiement politiques. "Le temps" qui compte, ce n'est pas simplement le "traditionnellement", mais l'élan humain, indissolublement démocratique et scientifique : le temps qui compte est celui où les humains éprouveront toujours plus fort leur identité et leurs capacités à apprendre et savoir malgré les obscurantismes et leurs massacres. Ce temps-là ne risque pas de jamais "appartenir au passé", il est tout l'avenir, sauf si l'humanité entière est éliminée par les fous et pervers qui prétendent gouverner et ne savent que détruire : car le goût de comprendre comme celui d'aimer, ce besoin et cette reconnaissance de l'enrichissement par l'autre et le semblable, sont inscrits dans les chromosomes de notre espèce. Ce ne sont pas les "réformes" et la "modernité" des financiers "européens", sarkozystes ou autres — ni leurs universitaires — qui vont changer le fond humain de notre espèce et la faire revenir à l'animalité complète.

            2. 1. Ceci posé en général, voyons d'abord la physique ou ce qu'il en reste aujourd'hui. Pour être "compétent" ("moderne"), il faut être adepte de l'inquisition dite "interprétation de Copenhague" (ville natale de Niels Bohr) contre laquelle Einstein a lutté toute sa vie, ou au moins la considérer comme une thèse scientifiquement admissible : de façon éhontée ou hypocrite, il ne s'agit de rien de moins que de faire croire que c'est la conscience (d'abord celle des "physiciens" à la Bohr bien sûr) qui crée la réalité. Presque personne ne mesure l'horreur que cela représente. Car la physique, plus que toute autre science et pour cause, a été le départ de ce que des traîtres hegeliens ont dévié sous le nom de "matérialisme" : c'est elle qui définit, avec une incomparable netteté, par le cosmos dans son ensemble, la prise de conscience essentielle de la méthode expérimentale : "vraiment, il me semble qu'il serait ridicule de croire que les choses de la nature commencent d'exister quand nous commençons à les voir et à les entendre."

Ce sont les mots de Galilée : et c'est pour cela qu'il a été torturé et menacé de mort sur le bûcher, contrairement aux légendes sur les mouvements de la terre et du Soleil répandues perfidement par l'Eglise et les ignares, ou les intéressés à faire du théologien Hegel un maître de philosophie — alors que Hegel a détruit sur le plan philosophique l'élan expérimental, éclairé par Galilée d'abord, plus globalement ensuite par Diderot et son Encyclopédie.

Ce n'est pas sur des dialectiques, mais sur la physique et ses inimaginables succès (toute la mécanique d'abord, puis la thermodynamique, et donc les premières machines à moteur, puis l'optique, le microscope et l'extension énorme du monde notamment du vivant, puis l'électricité et les électroniques rebouleversant la chimie, la médecine et les industries — une paille !) que se sont appuyées les révolutions, des mentalités comme des moyens de production ou de soins, dans les potentialités de l'humain. Même les explorations et les observations de la géologie et de la paléontologie sont inimaginables sans les possibilités ouvertes aux voyages et aux analyses par les constructions dues aussi bien aux résultats des sciences, chimiques ou cristallographiques entre autres, qu'aux méthodes d'observation venues de l'entraînement galiléen sur les pierres des architectures ou sur les étoiles. Toutes les techniques ont été mille fois enrichies à partir de Galilée, Newton, Watt, Cavendish, Gauss, Faraday — et ainsi Darwin est impensable sans Galilée puis l'éveil géologique et paléontologique, puis biologique, venu par tant de Leeuwenhoek et des observations avec des principes et instruments révolutionnaires. Or c'est cela qu'a voulu faire oublier la convergence effroyable des théologiens classiques et des bureaucrates dialecticiens, derrière la physique "moderne" vue par Niels Bohr et ses comparses.

Ce sont en particulier les bourses distribuées par Bohr, fils de banquier et mystique plus ou moins kierkegaardien (si toutefois Bohr a jamais lu sérieusement quelqu'un d'autre que lui-même), qui ont trié les physiciens protestant de refus des dictatures mais en fait asservis aux Etats "forts" — surtout les vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale et spécialement les patrons anglo-saxons.

C'est par ces gens que sont passés les dévoiements en tenaille
– de techniques d'automatisation et facilités de production retournées en création de chômage, d'un côté
– et de l'autre côté, de l'entretien des délires de pensée "magique" avec la "résolution" des énigmes quantiques par la parapsychologie de la "mesure" (ce serait l'observateur qui créerait le résultat) !
Comment peut-on ne pas voir l'accueil, que ne pouvaient manquer de faire les théologiens classiques et les vendeurs d'horoscope ou de contes parapsy, aussi bien que les avides de pouvoir à priorité dialectique, à de telles illusions revenues des temps des cavernes ? comment peut-on oublier les enthousiasmes des "industriels" d'Outre-Atlantique sur l'élimination de la classe ouvrière par des robots jamais en grève, enthousiasmes publiés dans la revue Fortune des années tout de suite après 1945, au moment où les ouvriers blancs et noirs se révoltaient, d'avoir été employés à se faire tuer sauvagement aux fronts pour ensuite retourner à l'exploitation aussi sauvage ? comment peut-on ne pas saisir que les deux aspects
– aussi bien la férocité dans l'industrie, vidée d'employés et largement dévoyée en armements pour répandre partout dans le monde le chômage, la misère et la guerre
– que l'occasion de brandir une "science moderne" (en fait, les pseudo-théories et techniques vicieuses médiatisées partout par les financiers) permettant de "redonner sa place" à "la foi" (en fait, à tous les aveuglements, à tous les fanatismes, et donc à toutes les manipulations)
ont été exploités à fond par les plus barbares au pouvoir, tandis que les baratineurs pérennes de l'économanie pseudo-matérialiste s'entêtaient dans leurs clichés de plus en plus irréels ?
C'est se répéter, soit, cf.
Mais comment pourrait-on éviter de redire le savoir auquel on a voué sa vie, lorsqu'un bâillon sur la bouche vous a interdit de le diffuser durant plus d'un demi-siècle ? L'assassinat de la physique a porté les coups les plus rudes à tout ce qu'ont représenté des gens comme Galilée et Einstein, c'est-à-dire la capacité à éduquer les êtres et les peuples à une vision scientifique, éclairée, universellement humaine du monde et de l'histoire, à travers la compréhension de la priorité des évidences cosmiques sur les sentiments et les catéchismes. Or si on s'avise aujourd'hui en France de le redémontrer, si on veut publier ce qui est passé à travers Riemann, Einstein puis Eddington, de Broglie ou Hermann Weyl, le "ccsd" ("centre de communication scientifique directe", antiphrase du CNRS, contrôlé par des intégristes de l'Eglise catholique !) censure le texte ! et ce sont des syndicalistes qui vous donnent des leçons sur ce qu'il est convenable ou non de publier, sur le thème que "le système  est ce qu'il est" (vraiment ?) et que "bien entendu, si on en rajoute une couche sur la contestation" on est soi-même coupable, puisqu'on ne s'est pas autocensuré !
Qui mesurera jamais ce que la réaction politique doit, à l'organisation de l'obscurantisme religieux classique d'un côté, à son écho dialectique de l'autre, dans les déchéances d'un siècle de totalitarismes, à partir du meurtre de la mémoire des siècles pour tout ce qui est de la découverte de l'univers, de ses incidences philosophiques et de ses leçons universelles de méthode pour la pensée ?

2. 2. Mathématiques, avec s.
Les pourris de la bourbachique, prétendant trouver dans l'esprit pur la source unique des mathématiques, ont voulu leur arracher ce pluriel. Dieudonné le jésuite et Cartan le stalinien (reconverti en fin de parcours, comme tant d'autres : Dieudonné au contraire a été de plus en plus carrément "fidèle" à ses origines) ont dictaté l'enseignement et la recherche d'abord en France : mais la réaction se déchaînait partout sur la planète. J'ai dit cent fois (cf. en particulier ici Fond 8 de ce mois-ci, encore, mais  plus largement ce que j'ai pu rédiger toute ma vie) ce qu'a été ce crime contre l'humanité, et comment le contrôle plus particulièrement normalien (ENS) de cette "normalisation" a fait bien plus de mal que tous les étranglements des printemps de Prague ou du Caire :
– le pédantisme et l'abstractionnisme — les tics topologiques et linéaires, des EVT par exemple si chers à des Dieudonné et Grothendieck —
– leurs façons d'enfermer dans de fausses synthèses seulement branchées sur certaines lignes des intuitions acquises au lieu de laisser la pensée se renouveler globalement et toujours à l'émerveillement du monde
– les présentations comme les outils de la mécanique prétendue quantique comme les obsessions algébriques et analytiques systématisées en enseignement pour formater à une mentalité au lieu de désigner l'univers
bref la sélection de viciés en physique de Copenhague ou en mathématiques de Bourbaki, c'est trop évidemment la même chose pour que j'y insiste encore.

2. 3. "Sciences humaines".
Pendant surtout les derniers vingt et quelques siècles, on a su ou deviné beaucoup de l'essentiel humain. On a su le recours que représentait le sens de la cohérence, souvent appelé raison, contre les bouffées d'animalité. On a deviné, en élargissant le sens des mots relatifs à "humain", l'importance des capacités à l'empathie, ce sens ou sentiment commun si fort qu'il rend surtout intolérable la souffrance de l'autre, et souvent fait se réjouir de son juste bonheur. Mais d'un côté les tenants de la rigueur, ou de la science, ou de la raison, et de l'autre ceux qui criaient les urgences du sens ou sentiment commun, de l'empathie, ne parvenaient pas toujours à se comprendre. Plus triste encore, parfois dans le même être (Einstein par exemple ; mais aussi Marx hélas, se faisant une obligation stupide d'écarter les références à la morale en présentant le plus haut de sa synthèse), il arrivait souvent qu'on plaçait en domaines et actions séparés la science et la morale — tout en les ressentant comme des poussées intimes, parfois des devoirs, semblables —. Or le bouleversement éthologique, c'est avant tout, sur le plan intellectuel, la démonstration définitive de l'ampleur de l'identité humaine, dans ses aspects "d'humanité" au sens de généreuse empathie et dans ses aspects tout aussi humains de cohérence, de science, de raison éclairée : en heureuse synthèse, de rigueur, d'expérience et de passion — contre toutes les faussetés sur le thème que "le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas".
Alors, par exemple, un crétin universitaire, se réclamant justement de Pascal et de spiritualisme, a décidé à lui tout seul que l'agressivité des éthologistes (appellation erronée, mais moteur de comportement le plus énorme et très indéniable) n'existait pas. Il a été brandi, par d'autres imbéciles de sociologie, comme preuve que "tout cela est très discuté", comme si c'était discutable : comme si tout au long des sciences et de l'histoire, les évidences les plus incontestables n'avaient pas été écartées par les abrutis et aveugles de "foi". L'argumentation de ce crétin mérite un détour. Car ce pascalien et spiritualiste découvre tout à coup le matérialisme pour affirmer qu'il y a des hormones typiques de la sexualité, et rien de tel en affaires d'agressivité : "donc" celle-ci n'existerait pas dans le comportement humain ! On pourrait emmener ce digne professeur sur un stade de fotbal ou lui faire visiter l'histoire politique, dont les guerres : mais sans doute tout cela lui paraît-il simple expression de la volonté de "dieu", comme ces gens aiment si souvent à dire au lieu de pouvoir(s). Je propose plutôt ici à ceux pour qui les enfants représentent de grandes choses, dont l'avenir, de songer au test suivant, que beaucoup d'entre nous ont pratiqué ou vu pratiquer dans des circonstances fort émouvantes.
On place un petit humain qui vient de naître, en le soutenant soigneusement, de façon que ses pieds touchent une surface (douce et point froide) horizontale. Et le petit humain fait mine de se carapater : il "veut" marcher déjà. Je demande alors où est l'hormone du carapatage, ô crétin universitaire !
Une part considérable de ce blog-ci étant consacré à la défense et illustration de l'éthologie, je n'en dis pas plus ici. J'ajoute seulement ceci.
Le professeur Bourdieu s'est réclamé lui aussi de pascalianisme plutôt que de marxisme (il y aura toujours des gens pour choisir entre la peste et le choléra). Mais il explique, lui, les constructions d'inconscient en déclarant que c'est une question... d'habitus dans la doxa. Eh ? C'est-y pas que des mots comme ça vous posent un homme ? De mauvais esprits y verront une nouvelle manifestation du nominalisme idiot qui a peuplé le Moyen-Age de vertus dormitives pour expliquer les effets de l'opium,
Mihi a docto doctore // domandatur causam et rationem quare // opium facit dormire. // A quoi respondeo // quia est in eo // virtus dormitiva // cujus est natura // sensus assoupire c'est dans "le Malade imaginaire", la parodie finale —
bref Molière se moquait déjà de Bourdieu...
Si l'on reste un peu sérieux sur des sujets si essentiels, il faut comprendre comment évoluent les préprogrammes inscrits dans nos chromosomes pour devenir des programmes complets, largement inconscients dès leurs constructions mais aussi dans leurs résultats. Cette élaboration lente et fort peu maîtrisée se passe tout au long de la vie dans chaque être humain : c'est le cas pour la marche à partir du carapatage après formation d'un sens affiné de la verticale, c'est le cas pour le sourire (universal humain essentiel) et son usage social par exemple dans la séduction, c'est le cas pour les goûts de contacts à partir des réflexes de succion de mammifère puis de préhension, puis c'est le cas pour tout ce qui donne enfin l'épanouissement ou au contraire l'avortement en fanatisme et barbarie de domination, en somme tout l'inconscient que Darwin, Freud et enfin, last but not least, Lorenz éclairent comme on n'a pas osé le rêver depuis la terrible aube humaine — et tout cela, aux yeux des crétins universitaires, de Marx même (avec des excuses) puis de Bourdieu et ses suiveurs (sans pardon), c'est de l'habitus dans la doxa ou ça n'existe pas !
Ainsi, pourvu qu'on compte sur Kant ou sur d'autres nuls pour "fonder l'anthropologie", et qu'on souscrit aux conneries de péché que le savoir — ici éthologique — est fruit défendu sur l'arbre de la connaissance, la voie est libre pour la carrière universitaire "brillante" déjà si souvent rencontrée ci-dessus. L'Eglise ne s'y opposera pas : qu'en pensez-vous ?

2. 4. Philosophie.
Il n'est d'autre philosophie que la connaissance de l'expérience et de l'histoire, toujours mieux saisie en savoir et synthèse. Cela plonge ses racines au moins dès Thalès, Thucydide et Archimède ; cela recommence à Galilée et Diderot ; ce fut assassiné une nouvelle fois par Hegel après l'Ecole aristotélicienne ; cela ne peut que renaître et se développer aussi longtemps que l'humanité vivra. C'est ce qu'ont en horreur tous les pouvoirs, et que tous les théologiens et dialecticiens s'efforcent aujourd'hui comme toujours d'étouffer. Bref c'est ce que les enseignements officiels interdisent le plus férocement de voir, quitte à laisser passer assez tôt, mais sous des formes étriquées en vue des techniques, un peu de leçons sur la Terre et le soleil, les astres et les choses.
C'est ainsi qu'au lieu de la saine philosophie, sens et goût du savoir, on n'enseigne vicieusement, partout dans les Etats-pouvoirs du monde, que le sens et le goût du pouvoir, la cratophilie. C'est ainsi que la plus grande trahison des universitaires et tous faux intellectuels est de baptiser philosophie ce qui dégoûte le peuple à force de verbiages, en prétendant qu'ainsi seulement on peut accéder aux affaires les plus gravement humaines.
Mais d'abord ce blog doit bientôt recevoir le schéma d'ensemble des mensonges agréables aux pouvoirs, notamment les fausses philosophies ou cratophilies, ensuite même un lecteur endurant doit trouver que ces pages commencent à être longues : donc on promet pour le plus tôt possible une histoire générale des religions — monothéistes et autres classiques, aussi bien que dialectiques et "existentialistes" — mais sur les "intellectuels"on va ici conclure.

Il ne faut jamais dire "les", mais "des", intellectuels en particulier, d'accord. Seulement quand ils sont placés comme énormément majoritaires dans les possibilités de diffusions, on a le droit de dire sa colère et d'inciter à la révolte contre de tels "experts", "spécialistes" et "compétents". Quand on en est à voir se présenter comme économistes de vulgaires gérants de capital, ou comme historiens des sciences des fervents de Koyré sur Galilée (c'est de même niveau), il est clair qu'on ne remettra pas ces tarés à leur place sans les explosions qu'ils auront rendues inévitables : et nous venons de voir qu'il en est ainsi partout, et spécialement où c'est le plus nauséabond. Il faut donc démontrer et faire savoir, aussi largement qu'on le peut, que l'écrasante majorité parmi les intellectuels de ce temps, et bien plus encore parmi ceux à qui on laisse des moyens de se faire entendre, censurent les évidences historiques et scientifiques qui rendraient les plus grands services au progrès humain, aux gens, aux foules opprimées. Il faut voir et faire voir le plus considérable de ce qui concerne aussi bien les mensonges éhontés des media que les programmes édictés par les ministères ou ce que représentent des médaillés et primés de jurys institués par des pouvoirs :
jamais dans l'histoire des tribunes aussi puissantes n'ont été aussi rigoureusement déviées de façon que ceux, qui se sont voués à la diffusion auprès des citoyens du démocratiquement vital des connaissances, se voient interdire ces tribunes,
et partout, ce sont la réaction politique et ses obscurantismes qui dégoisent,
dans les trahisons universitaires autant que dans les haut-parleurs des media ;
tant qu'enfin cette inertie fait, de presque tous les intellectuels de notre temps,
sur le plan culturel : des ignares,
sur le plan mental : des imbéciles,
et sur le plan moral : des lâches.