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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


dimanche 16 août 2015

Act90 Economie


Il y a incompatibilité radicale entre monnaie-argent et démocratie "liberté" de marché = "liberté" de circulation des oppressions et c'est d'autant plus vrai que l'action financière est indépendante du contrôle des citoyens. Par exemple, en France en 2015, la Banque de France est (re)privatisée, ce qui suffit à démontrer que nous ne vivons pas en démocratie. En fait, il s'y surajoute pour la monnaie courante la dictature transnationale par la Banque Centrale Européenne, celle-ci hors de contrôle même des Etats européens, même au titre du simple "suffrage" électoral (pourtant entièrement soumis aux partis de la finance). Ainsi l'ensemble revient à l'échelle mondiale à la tyrannie totalitaire des grandes banques anglo-saxonnes — bercée dans les brumes de narcose incessante des media, dont propagande-publicité, dressages nationaux et catéchismes.
Une première analyse de l'incompatibilité, entre monnaies historiques et démocratie, peut être trouvée dans la revue V&L en particulier n° 16, Dossier Economie, cf. lien a.avramesco sur la page d'accueil de ce blog. Des données plus complètes, à partir du cadre imposé par la sauvagerie politique naturelle, figurent au chapitre 0 dans les "Hordes de l'ordre". J'y rappelle les attitudes politiques fondatrices des expressions économiques dans les lignées 1) valeur-travail classique, 2) sinuosités keynesiennes et 3) procédés de calcul de l'école positiviste, jusqu'à Baran et Sweezy, Galbraith et Leontieff. L'œuvre fondamentale de J. Robinson y est également évoquée.
Ceci pour marquer encore que les longues études qui s'expriment dans ce blog n'ont jamais été de pure éthologie politique : c'est seulement après avoir reconnu l'extrême importance actuelle de cette part de science que je me suis résolu à centrer sur elle mes présentations. Cependant demeure, sinistrement, le refus d'expériences historiques exprimé par l'aveuglement économaniaque — en particulier à travers le figeage marxiste — : il a beau y avoir au moins deux générations dans le cas de la Russie, au moins une dans le cas de la Chine, que le retour au capitalisme par le rouble ou le yuan est affaire démontrée et incontestable, rien n'arrête ni n'arrêtera les refoulements et obsessions de type religieux qui perpétuent l'égarement des progressistes en ratiocination monétaire.
Il faut donc bien résumer une fois de plus d'une part les réalités patentes qui ne cessent de faire saillir cette absurdité en notre temps, d'autre part la nécessité de saisir les mouvements politiques qui en ont établi les formes, et qui transcendent complètement l'économie. C'est à ce résumé qu'est consacré le présent "Actuel".

La création de richesse se fait par contribution sociale positive, dont le temps de travail socialisé pourrait être une mesure au moins primitive. Mais nul ne songe à nier qu'un commercial, par exemple un publicitaire, ou un gros financier, travaillent aussi : or cette contribution est négative, largement dans le cas du commercial ou publicitaire, absolument et monstrueusement dans le cas du financier. La perpétuation du système d'argent se fait alors par automatisation à outrance de la production et appât du gain à des commerciaux, qui préfèrent et pour cause leur mode de vie à celui du travail en usine, et se transforment ainsi en bons soldats de la police politique antidémocratique — malédiction particulière dite "classes moyennes", vivier premier et pérenne du fascisme.
Là-dessus on sait que tout résumé très bref est approximation grossière, donc insuffisante : il est alors facile à la critique de souligner les zones de distances, au lieu des considérables points d'appui, au réel. Supposant ici une lecture de bonne foi, ou comme on dit scientifique, il est cependant aussi facile d'élaborer plus loin.

La monnaie au sens classique, associée au droit illimité de propriété, évalue toutes les richesses en symboles vite et inévitablement détachés de leur création, qui est la contribution sociale positive. La répartition des richesses se fait alors par ces symboles et non par réalités scientifiques-démocratiques, et ce n'est qu'un cas particulier de remarquer que le travail positif (il faut le formuler clairement comme tel), accumulé, se transforme par ce biais criminel et politique en capital. L'incompréhension de ces évidences premières — avec la lourdeur écrasante des analyses de Marx enfermées dans les circuits monétaires, les illusions réformistes keynesiennes ou la restriction à des parts calculables d'éléments de la production, au lieu du dégagement des forces d'abord politiques essentielles — constitue la base explicative des échecs progressistes par aberrations hors science, entamées dès le début du XIXe siècle.
Pour le comprendre sans remonter au XIVe ou XVIIe prenons au moins, après Smith et Ricardo, un nœud du débat au long du XIXe : le travail de Gray (John, cité par Marx au début des Grundrisse) cherchait à formuler clairement que
le seul échange libre au niveau individuel doit être réduit à des cartes
où ne peut figurer une fortune
supérieure à une vie de travail-contribution sociale positive.
Gray pensait, et les staliniens ont repris mais seulement pour fliquer vicieusement, "livrets de travail" : nous avons aujourd'hui bien mieux pour concrétiser ce dont rêvait Gray, nous avons tous pour nos achats personnels une carte magnétique.
Il faut ici insister, en souhaitant qu'on ne perde pas le fil d'Ariane : la contribution sociale positive. D'abord tout être humain doit se nourrir et se loger : donc de ce qu'il a contribué à produire, il n'a pu tout conserver comme sa part. Ensuite et de même, il doit utiliser des routes, des écoles et des hôpitaux : même en système capitaliste, il est impensable qu'il paye à chaque instant — il faut des établissements publics, et qui ne peuvent être que publics et sociaux en démocratie (routes ou autoroutes comme écoles et hôpitaux) : leur étranglement par le totalitarisme financier est un ensemble de scandales, mais ce n'est encore qu'un petit coin de l'horreur monétaire —. Gray a saisi l'essentiel relatif à la disposition individuelle et, s'il n'imaginait pas la simplicité avec laquelle l'électronique peut le mettre en œuvre, le fond de sa découverte demeure : en vue de l'établissement d'une démocratie, l'avantage considérable du contrôle par carte est que
la part de richesse immédiatement disponible pour un citoyen
ne risque pas de devenir un moyen de pouvoir — par exemple un capital — :
car seulement alors, tout investissement social, bâtiment ou institut de production, gestion, instruction ou soins, surtout public, a des chances de ne plus avoir lieu que sous contrôle de tous les citoyens, et non par forme de possession individuelle.
Si au contraire c'est une banque — ou une bureaucratie plus abstraitement partisane, mais avec Gosbank à l'appui — qui gère dans le secret (bancaire) les richesses, la démocratie est impossible. C'est plus particulièrement vrai si la bureaucratie est financière (admettant par principe trafic et spéculation), qu'elle se présente ou non au départ comme nationale : et on retrouve ainsi l'horreur de rouble et yuan comme d'euro, c'est-à-dire l'abjection et finalement le dollar, monnaie-diktat planétaire mais non pas universellement humaine — au contraire : inhumaine par les guerres et dictatures qu'elle ne peut manquer d'engendrer.
Sur ce thème de la maîtrise des images de richesses, Proudhon a rêvassé banque populaire, Marx en furie a rétorqué délégation politique du prolétariat : toutes contradictions dans les termes sur lesquelles nous n'avons pas à revenir. Aujourd'hui en effet, en face de la carte magnétique donnant seulement la disposition de la fortune personnelle, il nous est facile de penser à une autre carte magnétique, permettant par télématique socialisée le contrôle politique au choix et au temps des citoyens. Ainsi idéalement, chacun pourrait, et fréquemment, indiquer ses choix de programmes de production et répartition des richesses — programmes, et certes jamais délégation de décision à des sous-potentats, vers d'autres potentats vite invisibles —. Mais bien sûr, en attendant que l'on puisse instruire-informer tous les citoyens de façon assez complète pour que leur reviennent les grandes décisions et les corrections nécessaires d'après l'expérience, il faudra que certains citoyens proposent : c'est déjà un très dangereux risque de prise de pouvoir, de pente naturellement oppressive. La solution est alors, toujours grâce à la télématique socialisée, que certains citoyens désignés par l'estime des autres pour leur savoir et leur sens moral-social (à partir de relations et connaissances personnelles et jamais en partis) se chargent de restreindre les choix à ceux de quelques programmes sur lesquels tous s'exprimeront : autrement dit, la pyramide du pouvoir intermédiaire, inévitable tant que la plupart des gens sont maintenus dans l'ignorance, doit être maintenue de pente aussi faible que possible, et il est indispensable que chaque personne sociale ait accès simple et rapide à se faire entendre — sauf s'il est avéré qu'elle cherche surtout à se faire entendre.
On retrouve ainsi les inévitables manifestations de tendances à la parade et à la domination ("agressivité" éthologique) auxquelles l'humanité aura longtemps encore à faire face, si elle survit aux suragressifs psychotiques tels que par exemple la quasi-totalité des gouvernants — en particulier les saltimbanques actuellement candidats au cirque présidentiel aux Etats-Unis — : autrement dit on perçoit ainsi, comme on doit, la politique comme prioritaire et l'économie comme seconde, et il serait temps déjà de renvoyer au condensé d'éthologie politique de ce blog.

Mais quand on a un peu cherché à comprendre les paragraphes ci-dessus, on dispose aussi d'assez d'éclairages pour se repérer par exemple contre bien des sottises qui s'écrivent en ce moment. Ainsi de hardis donneurs de leçons, aussi variés que contradictoires et nombreux, imprégnés de sens grégaires au lieu de science, déclament ce que devrait faire, ce que ne devrait pas faire, ce qu'aurait dû faire et ce qu'a eu tort de faire le gouvernement grec, et négligent de façon aussi idiote qu'insolente ce que peut représenter la présence dans ce gouvernement d'un ministre de la "Défense" empressé à diriger des manœuvres communes des troupes grecques et des autres nationalités de l'OTAN (organisation dont l'orientation en affaires de progrès n'est plus à situer : ces manœuvres avaient donc sûrement pour but d'entraîner à la "défense" de la démocratie en Grèce !) et à signer un pacte d'alliance entre son pays et Israël (autre notoriété progressiste de la région).
De même une autre perle de ratiocinations économaniaques, avec inconscience absolue des réalités de pouvoir, peut être trouvée dans un long article de délire universitaire ("expert") sur l'affaire grecque, d'après lequel il y aurait en économie générale égalité de l'épargne et de l'investissement. Pensez là-dessus aux comptes en Suisse des gros richards, grecs par exemple, ou bien songez à la troisième attribution officielle de femelle à Donald Trump (en tête des sondages comme candidat président US 2016 "Républicain") : robe de mariée à N mille dollars, cake de cinq pieds de haut offert aux invités  — dont le couple Clinton, "Démocrate" : au fait, Monica Lewinski était-elle aussi dans la galante assistance ?...
Quelle épargne sociale que l'OTAN, l'élévation des milliardaires en dollars, la misère pour euro-"Europe", l'ascension du franc helvète ! quels investissements que le gaspillage des richesses en énormes riches et vils laquais !
De telles fascinations animales pour la domination, explosions d'anti-raison aussi bien chez les victimes que chez les plus malades eux-mêmes, c'est de l'économie ? Cependant les "analystes" économaniaques de ce système se posent en juges et guides d'expériences historiques  : ils ne sont pas seulement foutus de lire les guerres et esclavages pérennes dans la stricte lignée et le pesant héritage des comportements de primates, des dizaines de millénaires avant la monnaie et le capital mais simplement ivres eux aussi de parader, ces ignares se targuent de penser : et politique, et économie, et rapports de politique et d'économie !

Un condensé d'éthologie politique figure sur ce blog en Actuels de mai 2015.