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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 27 avril 2016

Actuel 99 Nuit debout

                                    Lecteur pressé, adieu.
                  Pour qui sait au contraire ce qu'est écrire et lire et pour tenter d'être juste, d'abord quelques rappels — il les faut parfois, ne serait-ce que pour repousser les excités qui croient tout savoir et sont nés las de tout apprentissage sous prétexte d'"action" —. On aura besoin de ces rappels pour juger.

                                    En affaires de luttes politiques — pour ou contre pouvoir —, on connaissait de longue date les neutres (en marais), les méfiants, les pour, les ultra-pour, les contre, les extrêmes contre, et les plus malins que tous les autres (en surabondance). Parmi les plus organisés, il y a toujours bien entendu les profonds penseurs accrochés à une foi dont le Verbe divin ou dialectique est LE guide ferme et fort, et dont ils sont les demeurés, fidèles. Mais outre tout cela, il y a un apport spécial  de notre temps dans des ambigus et surambigus, anti-contre ou anti-anti-contre, tous ensemble, à la fois et en sens contraire, évidemment ennemis jurés des confusionnistes, complotistes, conspirationnistes, les uns des autres et réciproquement.
                  C'est marrant — en un certain sens —. Plus l'ignorance, la sottise, la paresse, la lâcheté et les autres formes de vice ou d'inertie se conjuguent pour empêcher de lire et de communiquer dans ce qui compte au présent, moins apparaît la référence au savoir et à sa diffusion. Nous sommes dans un vacarme de sonos interférentes et de fatras en jungle, où les plus proches ne sont pas les moins enclins à s'envoyer des croche-pieds, et c'est dans ce foutoir qu'il faut rappeler l'existence de boussoles, de repères et d'éclairages.
                  Or il existe une façon systématisée de faire appel à l'ensemble des expériences, science et histoire. Cela s'appelle la méthode expérimentale. Cela enseigne à s'efforcer de trier le plus important en s'aidant des meilleurs exemples, et à faire passer en priorité le progrès du plus grand nombre possible — au lieu d'aligner des faits pris au hasard ou astucieusement choisis pour "démontrer" n'importe quoi —. Cela désigne comme ennemi principal les accapareurs de tout poil, que ce soit en parade ou autre folie de domination venue des hordes de primates. Cela fait aussi comprendre que ces accapareurs sont facilement admirés, quand ce n'est pas adorés, dans des comportements de foules trop souvent et aisément ramenées à l'animalité, expression ardente de passion au lieu d'étude et de raison.
                  Il faut en somme dégager une "symphonie (pour un) nouveau monde"... au milieu des cacophonies. Le travail en cause est simplement, dans les excitations et les bruits du jour, un peu plus difficile encore qu'à l'habitude.

                       Donc, il y a eu tout à coup projection d'un film de même titre qu'une chanson — "Merci patron", sans grands contenus ni audaces, c'est encore bien gentiment dire —. Puis il y a eu tout aussi subito, et on est loin d'en parler comme il faudrait, une loi d'une insolence rare contre les véritables créateurs de richesses — que ceux-ci soient ouvriers, personnels de soins et enseignement, ou employés à des rôles plus ou moins orientés vers un juste partage des biens sociaux : ce dont on est plus loin encore de parler comme il faudrait.
            En tout : d'un côté, de justes colères de citoyens ordinaires couvent, de longtemps ; de l'autre côté, un véritable crime juridique est offert en prétexte à exprimer les colères anciennes. Qu'on pense alors à ce que peut être la stratégie des criminels ou, comme on dit, des pouvoirs.
            Pour nous progressistes, il n'est pas question de s'en prendre aux colères et aux citoyens. Mais ceci posé, la suite est moins simple, car on ne perçoit pas forcément et immédiatement vers qui et quoi se tourner, pour ne pas se faire voler son sentiment du juste. En rêve, il faudrait d'abord qu'un enseignement obligé s'occupe de diffuser pour tous ce qu'on sait de la manipulation des foules (surtout au siècle de télé et autres) et des férocités et sadismes des dirigeants et laquais : c'est-à-dire qu'il faudrait faire prendre clairement conscience de ce que pouvoir signifie. A défaut cependant on peut, dans cette ligne, éclairer le plus urgent et le plus long terme.

                       Essentiellement : les caractères de déclenchement volontaire et conscient d'un évènement, que ce soit de la part des tyrans ou des victimes, ont moins d'importance que l'occasion offerte et ce qu'on peut en tirer. En ce moment, il y a certes trop et bien davantage d'hésitations, de contraintes, et d'étiquettes infâmes de "démocratie" — en fait démagogie de rues et de places — : mais il y a aussi des foules incontestables de gens qui cherchent à échanger et forger l'indispensable utopie. Il est certes lamentable que des salopards et des imbéciles fassent croire qu'on peut partir de rien pour élaborer et construire : mais si personne ne parvient à rappeler les splendeurs de l'héritage des Lumières passées, des tentatives révolutionnaires plus ou moins abouties, des acquis et des erreurs, ce n'est pas la faute de ceux qui cherchent à échanger et forger. Il revient donc à ceux qui savent quelque chose de ne pas se laisser arrêter par des attributeurs de parole aléatoires et ridicules.
            Il n'est pas difficile de commencer par dire que la révolte contre un pouvoir totalitaire a connu déjà quelques épisodes. Il faut sans doute aller plus lentement pour rappeler que divers installés de la "révolution permanente" ne valent pas plus cher que les installés des violences d'argent. On propose ici quelques données pour aller, de là, aussi loin que possible.

                        Plusieurs articles furibards contre les mouvements actuels en France ont été publiés sur le Réseau Voltaire et globalresearch ou mondialisation.ca. Il y a du méditable, du délirant et du sale. Il faut faire la part de chacun de ces éléments.
            Sur le Réseau Voltaire, Meyssan en particulier voit la même main (les manipulateurs du CANVAS : en fait les services secrets d'Outre-Atlantique) derrière les mouvements français  et derrière ceux des printemps arabes ou de l'Ukraine entre autres, avec les renversements et mises en place de dictatures correspondants. Quand on se souvient du merveilleux "Z" de Costa-Gavras (où il est dit : « Il faut toujours s'en prendre aux [services secrets] américains — si tu ne sais pas pourquoi, eux savent »), on n'est guère choqué par des accusations contre Washington. De là à s'en prendre assez indistinctement aux gens et aux meneurs, il y a un plongeon de sottise — ou un besoin urgent de fonds venus de concurrents de la CIA (RT), et qui n'ont pas forcément meilleure odeur... Mais voyons.
            Il y a, c'est vrai, parmi les gens (mis) en vue du mouvement, des douteux — au moins —. Sur ce site-ci, et depuis longtemps, on a cherché à remettre à leur juste place des affaires comme ATTAC et le Monde Diplomatique : toutes gens qui ont pour culture philosophique celle qui est enracinée en université, et qui donc ignorent parfois bêtement et parfois ignoblement l'inséparabilité de science, histoire et philosophie. Il y a d'abord le plus énorme : l'infamie de base du Diplo dans ses mutismes sur les évidences acquises à propos des crimes du 11/9/2001. Mais ce nœud historique est inséparable d'attitudes en science, et il est instructif de lire ce qui figure dans les archives du Diplo sur l'éthologie, ramenée à un "racisme scientifique", ou sur les théories du cerveau ; il est éclairant d'y voir la place réservée aux débats sur le plus grand physicien de l'histoire, Einstein, et sur sa lutte pour un socialisme humaniste à travers les cyclones d'automatisation et miniaturisation ; il est significatif d'y suivre l'absence de prise en compte des progrès sur la notion de valeur en économie après les tentatives marxistes et anarchistes, puis les réactions des écoles keynésienne et positiviste.
            De même cela vaut la peine d'un côté, dans l'héritage récupéré de Maspero par les éditions de La Découverte, dites Diplo bis, ou dans les archives du journal, de rechercher les analyses sur le livre-monument de Baran et Sweezy, puis de retrouver ce qu'ont fait, en face et en symbiose, les petits copains staliniens (et trotzkystes), de constater qu'il y a encore des abrutis pour regretter Thorez, Marchais et les autres stérilisateurs de progrès tous azimuths — tout cela en parallèle aux étrangleurs résiduels althussériens qui vont chercher l'universalisme dans Saint Paul de Tarse...
            C'est comme ça depuis Hegel, et quand on sait à quel point Hegel est un théologien ce n'est rien qui doive surprendre : une sorte de haine  respectueuse unit en pratique chrétiens et marxistes dans la psychose hallucinant qu'ils sont seuls à valoir qu'on parle d'eux, et ce ne sont pas des "liens qui libèrent" qui changeront le recours à une foi et l'insuffisance de fond sur la mise à jour du savoir...

                        Cependant cohérence, c'est cohérence.
            D'un côté, il est impardonnable que les gens du Diplo aident à faire silence sur les monstruosités du 11 septembre 2001, aussi impardonnable que leurs infamies sur la science : car ce qu'ils font voir ainsi, c'est que leur préoccupation est de parvenir à leur tribune dans le système, bien davantage que de vérité pour tous. Ceux qui couvrent Lorenz d'opprobre à partir de ses fautes et de ses crimes devraient aussi dire l'immensité de ses apports, comme ils devraient laisser les êtres et les peuples accéder à tout le vrai, historique et scientifique, au lieu de naviguer pour se placer et de prétendre décider ce que les êtres et les peuples doivent savoir.
            Mais de l'autre côté quand, comme Meyssan, on laisse en exhibition des semaines durant les saletés rédigées sous la signature de Diana Johnstone à propos de Dieudonné ou quand, comme Meyssan, on se vante de ses accointances avec des ayatollahs du délire iranien (voire avec Soral sous prétexte d'anti-impérialisme), on perd le droit de critiquer le Diplo et on se range parmi les trop nombreux auteurs qui ne disent une part de vérité que pour en dissimuler d'autres :
c'est-à-dire que tous étranglent LA vérité — la seule : la GLOBALE.

                       En résumé, il y a des manipulateurs dans un sens, et puis dans un autre — et en fait bien d'autres qui cherchent à parvenir dans ces tourbillons (Varoufakis). Il faut se moquer d'eux, qu'ils soient du bord qui trouve astucieux de ménager les plus gros criminels (dirigeants des Etats-Unis, CIA-Vatican et "atlantisme") ou qu'ils soient du bord qui espère un appui progressiste du côté des tares héritées des marxismes — milliardaires russes et chinois —. L'important, c'est de pousser à ce que des gens de tous âges et de toutes origines sociales se parlent de plus en plus, et découvrent au plus vite la relecture de l'expérience acquise comme leur plus urgent besoin. Le plus sûr de la science et de l'histoire, tant de fois repris ici, peut être présenté d'autant plus simplement qu'avec le temps cela s'épanouit et se synthétise de mieux en mieux. Ce n'est d'aucun bord : c'est le bien de tous — sauf des psychotiques du pouvoir, et c'est tant mieux —.
            Le malheur inévitable, c'est d'abord la crainte du vrai — le refoulement qui fait qu'on oublie le dressage religieux ou national de son enfance, le refoulement de la raison au profit de réactions inconscientes et incontrôlées —, ensuite qu'on s'empresse de se dégoûter de la politique parce qu'on y voit trop de manipulateurs. Aux progressistes de faire surmonter les refoulements et les dégoûts. Tout ce blog — au fait : accessible depuis un simple smartphone — ne cesse d'en rappeler des moyens. Certes il faut faire mieux, plus direct et plus court.
            On vient de le retenter. On y retourne ailleurs — là où "ça parle".