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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 28 juin 2016

Actuel 100 "Casseurs"

                       En trois mois bientôt de colères incessantes dans la rue contre la "loi travail" (et ça pouvait se faire avant, en bien d'autres occasions), personne n'a fait entendre ce mot-ci : provocateur. Son existence est pourtant attestée par tous les dictionnaires — des références anglo-saxonnes précisent même, en littérature et histoire : agent provocateur, ce qui est drôle avec l'accent d'Outre-Manche...
            De la part des media de la finance, on comprend l'évitement du terme : il ne faudrait surtout pas, de leur point de vue, que le bon peuple se souvienne de l'ancienneté de tels procédés du pouvoir — par exemple déjà utilisés pour égarer la plèbe par les patriciens de Rome —, ni que les gens du commun y reconnaissent des techniques devenues systématiques dans les raffinements des pouvoirs bourgeois.
            Mais pourquoi diable même la CGT (qui à de certains moments a semblé se souvenir de la tradition qu'elle revendique), pourquoi même les gens de Solidaire (qui ont osé des remarques ironiques sur les cagoulés se préparant en ordre de marche derrière des rideaux de hordes de l'ordre), pourquoi enfin tant et tant de reportages, vidéos, discours, interventions, censément en faveur de la colère populaire, n'ont jamais osé dire l'évidence ?

                        Cependant, on entend susurrer, sous bien des formes, les volontés de voiler le centre et le cœur de la question.
            On dit ainsi que, parmi les cagoulés, il y a des enragés devenus incapables d'orienter leur fureur, et qu'il est très facile d'inciter (de provoquer) à peu près à n'importe quoi. C'est vrai. Mais qui se donne le mal de montrer que la rage, alliée à la consommation de substances fort dangereuses dont l'alcool, n'est pas combattue mais encouragée par le système en place ? En particulier, qui ne veut parler que d'"inégalités" au lieu de laisser dire des injustices plus qu'absurdes, enflant les comptes en Suisse de précautionneux pendant qu'on crève de toutes les misères dans les "quartiers" ? qui fait que les techniques écrasent de chômage au lieu de libérer le travail ? S'il y a alors des enragés, est-ce leur maladie qui leur fait choisir pour cible des vitres d'hôpital, ou au contraire est-ce le professionalisme de connaisseurs, qui préparent l'exploitation médiatique de telles folies ?
            On entend de même, et c'est encore plus drôle, déclarer inimaginable que des flics déguisés s'attaquent à leurs confrères en uniforme officiel. Sans blague ! Les archives, par exemple de Là-bas si j'y suis, sur les combats organisés à l'intérieur des camps d'entraînement, entre CRS, ne sont-elles plus publiques ?

                       Il y a ainsi des temps où, à force de terreur (clairement ressentie ou non), beaucoup deviennent incapable de dire, et de penser, net. Il y a ainsi des gens qui, pour ne pas risquer l'accusation de "complotiste", sont capables de tourner indéfiniment autour de tous les pots au lieu de faire saillir les forces et les faits.
            C'est effroyable. Les pouvoirs — dont les Etats — du monde manient avec toujours plus de dextérité les manipulations de foules, tandis qu'en face ceux qui se disent et parfois se veulent au service de l'humanité perpétuent l'ignorance, le refoulement des données d'histoire et de science. Déjà en soi, le refoulement est très difficile à combattre : mais il est impardonnable d'y ajouter le délaissement des données et des mots qui permettent la lutte et la victoire contre les obscurités et les égarements. C'est en ce moment que la nécessité sans cesse plus éclatante est de savoir dénoncer les crimes et mensonges des pouvoirs — rappeler l'ancienneté des tromperies contre les révoltes de pauvres depuis Rome, puis les astuces des polices bourgeoises contre les revendications étiquetées subversions et désordres ; dire et démonter les facilités de perversion de réactions profondes étiquetées instincts.
            Il y a eu encore ces jours derniers, sur France-Culture, des déviants allant chercher chez un de leurs confrères (Georges Bataille) la solution à l'aveuglement marxiste sur le fonctionnement psychique et les régressions grégaires en politique. Or les études de Darwin et Freud sur l'enracinement animal du comportement et du psychisme humains ont plus d'un siècle — et les pages admirables de Lorenz plus d'un demi siècle (cf. encore et toujours le "condensé d'éthologie politique" proposé ici en mai 2015).


                        Combien de temps faudra-t-il encore pour que les progressistes s'en saisissent ?