bienvenue, welcome, welkome,etc

Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 27 février 2017

Actuel 109 Sites et propagandes (février 17)

                       On avait déjà post-industriel et post-moderne, il paraît qu'on a post-vérité : en effet, on n'arrêtera pas nos Göbbels dans leurs propagandes, et tout est seulement un peu pire depuis les derniers Actuels sur le sujet (75 et 91).

                       1. Ainsi depuis Trump, beaucoup se perdent à tenter de trouver une cohérence dans la politique des Etats-Unis : dans les luttes enchevêtrées des clans les plus puissants outre-Atlantique, cela semble pour le moment passablement vain. Par contre on peut contribuer à égarer davantage : un récent article du Réseau Voltaire soutenait hardiment que Trump et Fillon étaient victimes parallèles de lynchage médiatique pour leur lutte anti-impérialiste...
            Incroyable mais vrai. On se demande en pareil cas ce qui peut se passer dans la tête de tels propagandistes (en l'occurrence poutinistes). Quelle y est la part d'aveuglement, et la part de désir de pousser toujours plus loin l'absurdité, comme en pub, pour parvenir à abrutir et faire abdiquer toute rationalité ?

                        2. On assiste en France en ce moment à quelque chose d'analogue en foutoir électoral. Le cumul de scandales, parodies, palinodies et pantalonnades en série n'a pas encore éclairé tout le monde, au contraire : ce serait plutôt le triomphe du délire. Là-contre, la seule réaction juste demeure le vote blanc, comme on a dit et comme on redira. A ce propos, viennent de sortir de bons textes sur la rage des Cons-Cons (Conseil Constitutionnel) & Cie : car les pros du juridisme, mesurant le danger pour eux de cette manifestation du dédain populaire, tentent de la stigmatiser, de faire un tabou du refus légal, simple, actif, efficace et explicite du guignol des urnes. Répétons donc que, contrairement aux affirmations de trompeurs et  récupérateurs (il y en a là comme sur tous les sujets)
            – d'abord il est inutile de préparer un bulletin, il suffit de remettre une enveloppe vide : elle est au moins assimilée légalement au vote blanc
            – ensuite c'est par une entourloupe tardive que ce vote n'est plus décompté dans les suffrages dits exprimés : c'est qu'il a été perçu par les juristes tel qu'il est, c'est-à-dire la signification d'un refus de tous les candidats, aucun n'étant considéré comme apte à traduire la volonté populaire ; laissez donc tricher les juristes et songez à ce que serait un "élu"... par 10% des inscrits !

                       3. Sous le titre "Loi relative à la sécurité publique : Un Gouvernement prêt à tout pour satisfaire les forces de l’ordre !", la Commission Nationale Consultative (CNC) des droits de l'homme a publié un communiqué de presse où l'on peut lire :
Paris, le 23 février 2017 – Hermétique aux manifestations contre les violences policières, le Parlement a adopté la loi relative à la sécurité publique, un texte inacceptable dénoncé par la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
« Pendant plusieurs mois, notre pays a fait face à la colère des policiers. Parallèlement, des manifestations se multiplient un peu partout en France pour dénoncer le comportement des forces de l’ordre et l’impunité de certains fonctionnaires auteurs de violence. Dans un tel contexte, s’insurge Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, la Commission dénonce un texte, qui vise à apaiser le malaise des forces de l’ordre, mais qui va surtout renforcer la défiance de la population à leur encontre, attiser les tensions et contribuer à fragiliser encore un peu plus la cohésion nationale. » (la mise en gras des derniers mots a été ajoutée ici, NdA).
            Il est vrai que la CNC est née dans l'élan de la Libération (1947), mais on se demande comment, en Cinquième République, une instance officielle peut encore publier pareil texte !
            N'importe : le fond est que le gouvernement, comme il est plus que fréquent en histoire, s'occupe de pousser aux tensions, voire à la guerre civile, pour mettre à l'abri des privilèges délirants, pour détourner de la lutte contre les insanités que ces privilèges ne cessent de provoquer. Une note de la CNC (à la fin du paragraphe recopié ci-dessus) donne pour exemple de ces tensions les "contrôles" dans les zones dites de non-droit, dans les quartiers les plus pauvres : mais on en a vu bien d'autres, loi-travail etc. C'est à de tels propos que se déchaînent des propagandes tendant à scissionner en camps hostiles, les uns et les autres aussi pleins d'incohérence et d'inhumanité que possible : mais c'est un cas misérablement particulier, encore une fois, des procédés de pouvoir partout et toujours. Ce sont ces procédés qu'il est important d'analyser.

                       4. Un rappel d'abord à propos de l'affaire Théo (qui faisait l'objet du précédent Actuel). Le crime commis n'est pas ouvertement nié : mais dans leur propagande, des sources de mass media très françaises (et très liées au totalitarisme financier y relatif) se sont complues à insister sur la délinquance hélas fréquente dans les zones urbaines misérables, et sur le fait que la famille de Théo ne comporte pas que des "tendres" et des "enfants de chœur". C'est ensuite mis en avant pour justifier des qualifications de "litigieuse" pour l'affaire, ou "douteux" pour les personnages constituant les victimes les plus évidentes.
            Il faut être net : si on considère que la torture peut être appliquée sur appréciation policière, qu'on le dise. Sinon, qu'on se souvienne et qu'on raisonne.
            A la fin de la guerre d'Algérie par exemple, la torture qui avait été utilisée contre le FLN fut appliquée à des membres de l'OAS. Vidal-Naquet avait fait preuve aux pires moments de courage contre des policiers et l'extrême droite français : il se mit à dénoncer les nouvelles horreurs, dont cette fois une part de l'extrême droite était victime, comme il avait dénoncé les anciennes, "au grand scandale", disait-il, "de mon organisation".
            Il ne s'agit pas de faire de qui que ce soit une autorité morale ne varietur, et quand on s'est parfois heurté à la difficulté de faire entendre à Vidal-Naquet la moindre critique, on ne peut le brandir comme un absolu de justesse : mais ses mots, dans l'acte en cause, ont l'immense mérite de situer avec clarté le cœur de la question. Car un humaniste n'a pas, contrairement à ce que recherchent toutes les brutes de pouvoir, à "choisir son camp" lorsque deux incohérences inhumaines se heurtent : il a à rappeler la proscription de la guerre agressive et de tout traitement inhumain ou dégradant. La torture n'est pas à autoriser contre qui que ce soit, encore moins à la discrétion de policiers qui ne sont pas toujours étrangers à des répressions politiques révoltantes et ennemies de tout principe démocratique. De là, il n'y a pas à accepter le "terrorisme" qui tue des policiers chez eux ni l'incendie de leurs voitures, comme il est faux que les gens les plus haineux et dangereux se trouvent parmi des misérables : souvent, ceux-ci ont été lentement et sûrement déchaînés, hors toute instruction civique, en mafieux qui finalement servent le pouvoir (et parfois s'y agrègent), comme les policiers les plus déchaînés ont été incités à leur psychose par des "formations" et des laxismes criminels. Les plus dangereux, les plus haineux, les plus psychotiquement et incurablement inhumains, ce sont ceux qui jouent de l'agressivité entre incultes et opprimés pour fomenter toutes les guerres civiles et étrangères. C'est le témoignage universel en temps et espace qui crie cette leçon-là.
            Tout ce qui va dans le sens du mépris systématisé, totalitarisé pour un des "camps" — en tentant d'agréger à un autre des citoyens préoccupés en fait de vivre en paix, mais soigneusement incités à la haine par désinformation en martèlement —, toutes ces propagandes sont des crimes contre l'humanité. D'autant plus qu'elles sont manipulées avec une effroyable efficacité : on en serait à 50% de policiers militant pour le F-Haine (contre deux fois moins voici quelques années), et en face les taches hideuses de trafiquants de drogue et autres escrocs ont dû croître dans des proportions comparables.

                       Cependant, face à ces "succès", il y a des gens qui demandent quoi faire... et attendent en réalité qu'on leur dise pour qui voter !!!
            Essentiellement : faire, c'est le contraire de voter. C'est par exemple voir, et faire voir pour les dénoncer, d'abord toutes les propagandes, puis plus encore leurs manipulateurs uniquement préoccupés d'accaparer les richesses, et prêts pour cela à répandre et propager toutes les misères, toutes les haines et toutes les guerres.

            Accessoirement : pour montrer que vous n'êtes pas pris dans le cirque grossier où ne parle que l'instinct grégaire, votez blanc.

lundi 20 février 2017

Actuel 108 Pour Théo (et d'autres)

                       Dans le récent crime d'Aulnay-sous-bois, Théo a été héroïque. Car, contre les exactions des pouvoirs, le simple témoignage de ce qu'on a subi devient admirable : il redémontre en actualité les procédés de maintien des privilèges, que les privilégiés ne peuvent toujours cacher. C'est dans cet éclairage qu'il faut donner son sens à l'affaire, parce qu'ainsi on peut comprendre et combattre la peur, parfois l'abjection, de foules rangées à l'ombre de bêtes féroces victorieuses, foules qui souvent se plient et acceptent l'infamie des fauves.
            C'est pour donner toute sa force à cet éclairage qu'il faut le projeter en perspective, et c'est ce qu'on veut ici.

                       Quant aux faits mêmes de violences policières il n'y a plus, pour tenter d'entretenir le doute, que l'IGPN et la droite, puante et revendiquée. Sur ce thème, on peut penser d'abord à de récentes séances au Palais-Bourbon et à ses parlementaires de carrière, très majoritairement fidèles et constants courtiers vendus aux partis subventionnés par la finance (ça écorche les oreilles d'entendre appeler ça Représentation, Assemblée, Nationale !). Or on a pu suivre à la radio la retransmission des hurlements échangés entre Bernard Cazeneuve et aboyeurs déchaînés en défenseurs des pauvres "forces de l'ordre" vierges et martyres — ministre et députés unanimes devant les "réussites" de flics programmés en tortionnaires sadiques.
            Ce n'est hélas, dans la montée des fureurs populaires, que l'un des derniers exemples de la convergence entre mobilisation policière de l'armée et répression flicarde, et l'on voit donc celle-ci systématiser les procédés depuis longtemps chers aux dictatures du Tiers-Monde : les zones sensibles, dont les muqueuses sexuelles, sont cibles très utilisées de chocs mécaniques ou électriques. Voilà ce qu'il faut comprendre dans toute sa portée — pas seulement pour Théo.

                       Ce sont les procédés inévitables de la terreur : même des citoyens véritables, qui seraient prêts à risquer leur vie pour un idéal démocratique, reculent devant de tels raffinements de barbarie. En face d'eux, sachant cela, les Etats se déchaînent en terroristes, réels et bien organisés. Bien entendu, ils se posent en même temps en "sécuritaires" protecteurs de leurs citoyens : c'est ainsi qu'au plus haut niveau de la République et de ses pouvoirs, patronaux notamment, d'un côté on trafique avec des monstres en matière de droits de l'homme, du genre de l'Arabie Saoudite (financier en chef de "l'Etat" islamique), et de l'autre c'est la CGT qu'on accuse, par l'extrême Pierre Gattaz, de terrorisme... Là encore, la conscience des citoyens n'est pas assez éveillée et entretenue. Quand on songe
            – au traitement réservé à la démocratie dans l'entreprise capitaliste
            – aux licenciements secs pour "discipline générale"
            – à la terreur perpétuelle du burn out, des benchmarking et évaluations à 360°
            – à l'abus incessant des législations "européennes", du racisme et des "sans-papiers", pour baisser à toute force les salaires
            bref à tous les crimes quotidiens couverts par la "liberté du marché",
cette affaire Gattaz a de quoi faire voir loin et fort : en particulier, Monsieur Gattaz, accusé sur plainte syndicale de dire ce qu'il a dit, a été relaxé par l'institution judiciaire. Après quoi celle-ci veut qu'on l'appelle Justice...
            Mots renversés à contre-sens, vocabulaire de la violence : puis on accuse de comploto-conspirationnisme des sites de la Toile et en général les gens qui prétendent à des restes de liberté de la presse — "liberté exécrable", source d'horreur démocratique qui faisait déjà "couler les larmes" de S. S. le pape : mais si, mais si, relisez de Grégoire XVI, assassin en chef des républicains d'Italie par soldats Autrichiens et Français interposés, l'Encyclique Mirari vos, concoctée en 1832...
            Qui sait simplement, parmi ceux qui veulent (ou s'arrangent pour) retenir du catholicisme tout autre chose que les crimes papaux, un peu d'histoire réelle des rapports entre Eglise, République et Déclarations des Droits ? Plus largement qui, parmi les religieux, sait l'histoire et non l'hagiographie de sa religion ? Qui est capable de faire la différence entre la réalité d'expérience universelle et les racontars brandis totalitairement en textes sacrés, en abusant des enfants et de leur ignorance pour inculquer des faussetés comme vérité, et en préparant ainsi les guerres de religion ? Qui sait par quelles terreurs, toujours bien semblables et toujours bien cachées des manuels officiels, on a "converti" aux diverses "fois", comme on a forgé les autres prétextes de massacres, divisions, frontières et nations ?
            De ces responsabilités premières il est facile de descendre aux autres. Comme le répète ce blog chaque fois qu'on a l'occasion de remonter à l'essentielle éthologie politique (et c'est souvent) : si l'agressivité peut donner les structures de pouvoir, c'est parce qu'il y a de l'animalité dans l'humain, et que cette animalité peut rester brute, inculte, étanche à la raison et au savoir qui eux caractérisent notre espèce. Théo est humain, et très humain : le flic qui l'a torturé est demeuré semblable aux tortionnaires et Inquisiteurs des Frères prêcheurs, KGB, S. S., PIDE, DINA, SAVAK, colonels des guerres coloniales et adeptes de Kitson comme de CIA ou MI5 & 6, etc.

            Il n'y a certes pas à cultiver l'affection pour de tels bourreaux, évidents et directs (ce qu'ont pourtant fait les députés français cités plus haut). Mais qui ose, bien au delà,  lever le regard vers les pouvoirs mêmes, formateurs et organisateurs de ces bourreaux ?