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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 31 mars 2017

Actuel 111 Urnes et cendres

                       C'est sinistre, mais c'est comme ça : la paralysie oculaire et mentale est aujourd'hui telle qu'on doit souvent conclure avant d'expliquer. Il faut ce renversement logique, pour espérer qu'au moins certains points sur certains i réveilleront quelques-uns de la narcose médiatisée. Peut-être alors une question, une seule, est-elle intéressante à poser fin mars 2017, même à ceux que qualifiait si justement Daladier à son retour de Munich, en septembre 1938...
            Redisons vite d'abord cette affaire, que Sartre ou Cassou ont déjà décrite en phrases de feu. Daladier s'attendait à être écharpé à sa descente d'avion à Paris : comme le cryptonazi Chamberlain, il savait qu'il venait de laisser les mains libres à Hitler, pour que celui-ci achève sa préparation à la guerre puis écrase l'Europe entière sous sa botte. Or au lieu du lynchage qu'il redoutait, il trouva une foule enthousiaste qui le porta en triomphe à l'Etoile et le félicita... de la paix !!! Pour l'histoire, il n'eut qu'à dire simplement : "Les cons !"
            Eh bien, une seule question aux cons du temps présent. En ce printemps ça parle, et ne parle que, de l'élection présidentielle. Or même les cons devraient garder quelque conscience qu'il y a ensuite des législatives, et en France éternelle une droite qui fut maurrassienne avant d'être vichyssoise, puante, abjecte comme même Balzac n'a pas voulu assez complètement la décrire dans sa catholicité de devanture et sa réalité de pourriture de fric à n'importe quel prix, ses goûts et illusions du pouvoir sans ses risques et dans le refuge du terrier. Le racoleur (en fait manipulateur) de cette droite immonde et toujours du côté de la trahison de la France, droite ultramontaine pendant l'Ancien Régime, émigrée à Coblence pendant la Révolution, collabo pendant le nazisme, Pinay-atlantiste ensuite, bref Fillon peut, lui, avoir une majorité parlementaire s'il est élu. Or actuellement, ce n'est pas le plus probable. Alors ?
            Car si ce n'est pas Fillon et le retour de sa mafia, avec qui voulez-vous que gouverne un Macron ? Avec qui voulez-vous que gouverne une Le Pen ? Avec qui voulez-vous que gouverne un surnul Hamon, qui n'est là que pour bouffer quelques voix à l'impuissance, basse continue de la gauche réformiste et de Mélenchon réunis ? Alors ? Uniquement des vendus au système d'abonnés à la soupe parlementaire, et le foutoir genre IVe, préparant au coup d'Etat militaire ?
            Soit dit en passant, encore une fois : depuis cinq ans Le Drian (récent Macroniste) a tout sacrifié à la mobilisation policière de l'armée...

                       En somme : il reste une majorité d'électeurs de France pour de nouveau enterrer la démocratie, suivant ainsi d'autres ratés de par le monde, et en conformité avec leur propre inertie en actes et leur propre capitulation en votes depuis un demi-siècle. Contre ça, il faut ici prendre date, et pouvoir dire le moment venu qu'ils n'ont pas d'excuse. Il faut prévenir et insister : avant d'être écrasés et massacrés, que ce soit très bientôt ou dans quelques années, ils en auront leur bonne part de responsabilité
            – par leur acharnement dans la naïveté, surfant sur des propagandes sans jamais tester la validité des sources, et comptant seulement sur leur intuition pure, comme en général par leur complaisance dans l'ignorance, depuis leurs manuels scolaires, rarement entrouverts même en temps et lieu, et jamais contrés ensuite par un peu d'initiative et de recherche personnelle
            – par leur mépris des autres peuples, notamment des plus pauvres
            – par leur paresse à apprendre les fondements de l'aventure de France, et leur abdication systématisée de ce que ce pays a représenté pour l'histoire et le monde, comme on l'a revu malgré des sursauts avec la loi "travail", loi de misère imposée alors qu'il n'est presque plus besoin de travail pour produire.
            Jean Cassou disait encore généreusement : la mémoire courte. Ce n'est même plus cela. Trop de Français n'ont plus de mémoire du tout. Or quelques repères d'histoire sont une condition initiale de la compréhension, et parce que la fameuse droite n'a jamais, elle, reculé devant toutes les violences — y compris tortures, assassinats et autres crimes —, ce peuple où éclatèrent les Lumières n'est plus que le cadavre du culte d'individualité, d'humanité que furent sa Révolution, ses Trois Glorieuses, sa Commune, sa Sociale et sa Résistance. Ce n'est plus qu'une masse, électorale, aux temps et ordres de manipulateurs dont elle n'a même pas idée, même pas pour ce qui se passe ici, encore moins pour ce qui vient de l'OTAN et du Vatican — comme le groupe de Bilderberg.

                        Point n'est besoin d'une "enquête sociologique", c'est une évidence confortée par mille tests : parlez autour de vous du groupe de Bilderberg, nul ne sait seulement ce que c'est. Proposez de vérifier sur la Toile que les principaux invités français aux réunions de cette nasse venimeuse se sont appelés respectivement en 2013, 2014 et 2015 : Fillon, Macron et Juppé. Commencez à expliquer comment la subite reconversion à Fillon lors de la primaire de droite est due à certains efforts de ce personnage pour faire passer les lois du marché européen jusque dans les domaines d'assurance encore réservés à sécurité sociale, et que ce brigandage a entraîné l'adhésion enthousiaste du président français des réunions en cause, Monsieur Henri de Lacroix de Castries, digne héritier d'un autre catholique intégriste, Claude Bébéar, à la tête du principal groupe d'assurance privé français, Axa...
            Arrêtez, ils ne comprennent déjà plus rien. Car ils ignorent tout du recouvrement des banques et des assurances, tout des principes de pantouflage qui, même dans les instances nationales et nationalisées, étranglent les contrôles d'Etat trop proches d'instances électives, et font le jeu des groupes capitalistes mondiaux ; ils ignorent tout de la réalité financière ; ils ignorent tout de la réalité ; ils ignorent tout de tout. Ils se contentent de voter, et ils rêvent qu'ils décident.
            Les financiers — les décideurs véritables — vivent, eux, dans le rapport intime et au moins partiellement cohérent de leurs informations et de leurs actes. Les électeurs au contraire se laissent bercer, et se font berner, dans l'incohérence totale de leurs croyances et de leurs affects : le propre de l'humain, ressentir et expérience raisonnés, leur est aussi étranger qu'à un automate, et enfin la question se (re)pose de savoir si même les bêtes ne sont pas plus conséquentes qu'eux.

                       Là-dessus il se trouve des avocats qui redoutent par-dessus tout d'être accusés de mépris du peuple (accusation favorite des staliniens contre les dissidents), et qui se raccrochent à toutes sortes d'excuses pour ne pas condamner l'impardonnable. Alors que tant de gens ne savent plus lire (la lecture vraie se fait plume en main, avec tri et méditation chaque fois qu'il faut : temps d'arrêt souvent nécessaire si ce qu'on lit vaut quelque chose, cas fort rare et qui fait qu'il y a toujours peu à lire), leurs excuseurs prétendent que c'est seulement la faute de l'école — ce n'est jamais la faute de la facilité imbécile qui préfère les images toutes cuites pour ingérer et digérer les cancers mentaux, les spectacles de pornographie, d'abaissement du corps, du sport et du reste...
            A toutes ces lâchetés il faut enfin crier : non ! Qu'on relise les auteurs au service des peuples — de tous pays, les Résistants d'Allemagne assassinés par le nazisme comme ceux d'Espagne assassinés par Franco, ou ceux de l'autre sœur Italie par les sbires du Duce —. On reverra alors comment au début de la Résistance ici, il n'y avait rien, et surtout pas le Parti prétendu communiste. Sans aucune aide de science, presque sans exemple historique, les premiers à comprendre que la lutte contre des brigands à chars et mitraillettes ne pouvait se passer de quelque audace, ces premiers n'avaient rien, pas une trique, pas un bégaiement d'organisation. Pierre Brossolette, contacté en 40 dans son échoppe où il vendait des crayons et des gommes aux lycéens de Janson, déclara d'abord tout foutu — et puis il s'engagea et devint Brossolette...
            ... dont les électeurs de 2017 ignorent tout aussi.

            Tant pis. On continuera quand même, et on repartira sur les cadavres gaspillés des premiers à comprendre, avec d'abord quelques autres enfin réveillés.

mercredi 15 mars 2017

Actuel 110 De l'abattoir électoral

                        1. Condorcet, le plus notable héritier de Diderot, méditait déjà les risques de manipulation du suffrage universel à une époque où il n'existait pas encore (cf. Actuel 107). Le détail de son fameux "paradoxe" peut être compliqué à plaisir, mais l'idée de base est bien simple : on va l'actualiser ci-après, il faut seulement un paragraphe de préliminaires.
            On ne cesse de dire et redire ici la farce qu'est le vote sous contrôle et fraude des media, sondages et ordinateurs. Ce qui rend cette farce possible, c'est qu'il est bien plus facile de persister dans l'ignorance que de chercher par soi-même
            – d'abord l'instruction que l'école de la République interdit
            – et ensuite l'information dont le pouvoir veut à tout prix écarter
comme il est bien plus facile de discutailler à perte de vue pour placer des pensées qu'on croit profondes ou étaler des données qu'on croit originales, que d'enfin saisir et diffuser ce que les penseurs de la grande Révolution française avaient déjà vu.
            Certes, c'est la facilité qui a (d'abord) du succès.

                       2. Ceci posé, voici la critique due à Condorcet, revue au présent. Il faut surtout comprendre que le brigandage électoral doit, au lieu de programmes précis et d'engagements contrôlables, comporter
            un éventail de candidats à un même poste de pouvoir
            – et de nombreux critères de choix — car en affaires politiques, il est très simple de faire saillir bien des sujets sur lesquels un accord global est rare ou très rare ; on peut ainsi diviser et faire aller où on veut : il suffit de laisser de côté l'essentiel, les critères positifs sur lesquels on pourrait cultiver et mesurer l'accord (justice dans la répartition des richesses, vérité dans l'information) et d'insister au contraire sur des critères négatifs, de rejet, par exemple le "ah ! ceux-là jamais" de bien des traditions familiales d'intolérance, ou des critères mal ou non définis comme "la" France (peuple, pays, ou au contraire dominants ?), "nos" valeurs, etc.
            A partir de là, la tricherie consiste à mettre en lice certains candidats par "parrainages", et à imposer des critères de choix délimités par les media total-financiers avec martèlement de "débats" où les questions, grossièretés et interruptions sont l'affaire de journaleux prostitués. En outre, les règles du jeu sont perpétuellement réajustées par le pouvoir : nombre de tours, astuces et pressions pour le maintien des candidats d'un tour à l'autre, découpages de circonscriptions, etc. Il est alors facile de pousser le pantin ou la marionnette de plus grande commodité pour le totalitarisme établi. On peut même se payer le luxe de laisser à l'étalage un mariole et quelques clowns : ça ne change rien au résultat, mais peut être utile pour maintenir une vague apparence de "choix par les citoyens eux-mêmes" — en fait, on sait parfaitement comment ceux-ci vont encore s'égarer à tenter de trouver un impossible équilibre entre votes "de protestation" et tradition populaire plus ou moins élaborée pour toujours finir en abdication sous prétexte de "vote efficace" et acceptation du seul pouvoir réel sous l'une ou l'autre de ses diverses étiquettes dites partis de gouvernement
            et c'est au bout de ces circonvolutions ignobles que, quel que soit le pantin qui "triomphe", il se pose chaque fois en président "de tous" !

                        3. Les détails de tactique à opposer à ce brigandage dépendent en partie des contraintes locales, et on en a déjà assez écrit : rester chez soi, aller voter blanc ou nul, surtout lutter autrement, fort, partout et tout le temps contre le vote. En ce sens, d'abord
            – il est déjà capitulard de voter pour un individu, toujours plus ou moins douteux, sous prétexte qu'il sait pratiquer le discours racoleur à gauche
            – c'est aider à assassiner la démocratie que de s'abaisser à voter pour qui que ce soit parmi les mieux établis et financés
            – il est fou, suicidaire, et enfin criminel d'ânonner des stupidités du genre FN pour "changer" — ni Hitler, ni Le Pen, à l'évidence au service de la grosse finance, et qu'on voit toujours frétiller devant les flics chargés de faire passer par toutes violences des lois scélérates de travail forcé, ne sont un "changement" souhaitable !

                       4. Ensuite, s'il y a encore des millions de victimes pour se précipiter à l'abattoir électoral, c'est la preuve de l'efficacité des manipulateurs et de l'ignorance des manipulés — la preuve de la détermination des brutes et de l'inertie grégaire des foules —. Mais rien n'interdit, à chacun et à n'importe qui, de s'informer pour le voir, le faire voir et en sortir. Il y faut, certes, du courage, du travail et de la bonne foi au lieu de la lâcheté, de la paresse et de la crispation têtue et agressive soigneusement cultivées par les mass merdia du MERDEF et de ses épigones. De là résulte un principe d'action général, effrayant pour le totalitarisme ambiant et déjà pratiqué de plus en plus volontiers, mais pas assez consciemment, par les électorats : le refus de participer à cette mise en scène.
            On l'a dit (Actuels 103, 107, 109), on le répète et c'est de plus en plus vrai :
faire, c'est le contraire de voter.
Donc encore une fois il faut, non seulement ne pas voter, mais s'opposer au vote autant qu'on peut, susciter des réunions pour informer sur la réalité comme sur les tricheries du pouvoir, insister sur les promesses jamais tenues, rappeler sans cesse les échecs populaires perpétuels qui ont toujours suivi les élections :

            l'histoire depuis plus d'un siècle montre comment l'entrée dans l'arène électorale a mené aux fascismes et nazismes et à leurs conséquences guerrières, dans l'impuissance et le désastre pour les pauvres et les justes.