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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 22 janvier 2016

Actuel 95 Punk Charlie

                       Souvenir pour des anciens, et peut-être quelques autres.
            Vers la fin des années 1970, une mode spécialement infâme pourrissait l'esprit de nombreux jeunes : "punk". Complaisance dans toutes les formes de saleté physique et mentale, elle accompagnait, contre les espérances des années 50 et 60, un temps de réaction avec la mise en place du chômage à l'échelle du monde — à ce propos, déjà le sieur Giscard prétendait qu'on "voyait le bout du tunnel" : quarante ans plus tard cela constitue toujours un fonds électoral, dans le dévoiement de la volonté des citoyens —. En fait, dès cette époque tout le monde pouvait savoir que les révolutions techniques, en particulier les miniaturisations d'automatismes, menaient à des sociétés où le plus pénible du travail productif pouvait être à peu près supprimé. Mais les cervelles momifiées de marxistes s'enferraient dans l'espoir de prendre le pouvoir en enjôlant un prolétariat de plus en plus évidemment inexistant : de moins en moins structuré, de moins en moins important numériquement et politiquement. Avec leur ferme soutien, les habitués de la manipulation des foules installaient la concurrence féroce entre esclaves, et ainsi déchaînaient un accaparement des richesses qui ramenait des siècles ou des millénaires en arrière. Aveuglement des marxistes comme inimaginable barbarie des vampires, l'affaire dure toujours. Revenons à la mode accompagnatrice.

                       Punk, donc. Dans les années ainsi cataloguées paraissaient des B. D. vicieuses, comme une séquence où l'on trouvait les images de flirt ci-après :
            – sur le premier dessin, un gars admire une fille aux profils très soulignés, se demandant comment la conquérir
            – dessin suivant, il l'aborde en brandissant un vague ver ou serpent, aussi laid et sale que lui et que le gros trait noir du caricaturiste peut le faire voir, et en disant à sa dulcinée-to-be : "regarde ce que j'ai trouvé ce matin dans mes selles"
            – images suivantes, il déclare en ouvrant vers le ver une bouche avide : "je vais le rendre à sa mère", puis "gloup"
            – sur la dernière image, on voit le couple s'éloigner enlacé, tandis que s'échappe de la tête du mec une bulle enchantée où l'on peut lire "ça marche !"

                        Pour égarer politiquement, égarez moralement. Simplement change, à la surface, le vent : suivant celui qu'ils croient utile, les pouvoirs prétendent plus ou moins se référer à des valeurs humaines, ou au contraire se dévergondent dans l'immonde. C'est dans ce dernier sens que Charlie Hebdo publie, depuis des années à présent, des saloperies indistinctes contre tout et n'importe quoi : cela permet aux navigateurs de ce torchon de faire sourire de quelques caricatures sur l'Eglise ou le nazisme, tout en réservant leurs puanteurs les plus nauséabondes contre l'Islam — bons soldats de la "guerre des civilisations" chère aux néocons depuis le professeur Huntington.
            Ainsi Charlie a vendu ces jours-ci des ordures sur des images d'un tout-petit, noyé en Méditerranée avec ses parents fuyant les guerres de l'OTAN. Je n'ai pas regardé les détails, et peu importe. Je me souviens d'une autre horreur récente : il s'agissait de faire oublier l'assassinat de plus de deux cents civils russes dans un Airbus, et d'éviter qu'on perçoive dans son énormité le crime qui entraînait la mort de deux dizaines ou douzaines d'enfants. Charlie avait alors étalé un dessin où on voyait un terroriste aux traits racistement caricaturés, cherchant à s'abriter : dans une pluie de débris et cadavres tombés de l'avion russe figuraient en bonne place les cadavres de gosses. C'est typique de ce qu'un des journaleux du périodique appelait d'un ton illuminé de "l'humour" — certain, déclarait-il, que les musulmans en étaient aussi capables que les autres... —.
            C'est typique de punk. Rien n'est plus confortable que d'oublier ce qui se passe dans le monde pour prétendre taper indistinctement sur les victimes et les bourreaux : cela ne peut manquer de conforter les bourreaux, et d'égarer beaucoup de gens dans des débats sans plus aucune cohérence. Je tentais de rappeler, au début de mon histoire des religions (Actuel 74 pour ceux qui veulent voir), ce que l'Europe doit aux pays d'Islam, par des soldats en 39-45 et par le surtravail d'immigrés après 1945. Ce rappel n'est pas de l'islamophilie, c'est une part essentielle de vérité. Et il y a des sous-êtres assez avortés humainement pour accuser les tenants de cette vérité de se ranger à "une mode" : rétroprojection comme j'aime à dire, inversion mentale complète qui fait que le parti de mafieux et assassins se pose en victime, et range ses ennemis en accusés des fautes les plus lâches qu'il commet lui-même. Punk.
            On peut pousser plus loin. Dans le choix de victimes du 7 janvier 2015 — et ne parlons pas du 13 novembre — ce sont des innocents ou des Cabu et Bernard Maris, indéniablement marqués à gauche, qui ont été exécutés. D'autres, du journal en cause, sont bien vivants, soyez tranquille. Voilà pourquoi il n'y a plus à se gêner : on peut s'amuser franchement des procès que s'intentent entre eux les plumitifs sélectionnés pour survivre — ils se disputent les millions d'euros de dons qu'on leur a fait après les attentats, en déclarant, parbleu, que "l'argent ne les intéresse pas"...


                       Charlie immonde. Punk Charlie.