bienvenue, welcome, welkome,etc

Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


dimanche 29 septembre 2013

Actuel 54 Frémissements ?


La perspective de frappes aériennes sur la Syrie s'éloigne pour le moment. On sait que, même "chirurgicales" (vocabulaire OTAN-CIA), de telles frappes provoquent des "dommages collatéraux" (idem) : si alors on concrétise en humaniste ce que cela veut dire, on peut comprendre un certain soulagement actuel à voir repoussée la guerre impériale ouverte. Mieux encore et à propos de la même région du monde, il paraît que les barbares impérialistes des Etats-Unis vont rencontrer les barbares intégristes iraniens, alors que jusqu'ici les uns s'opposaient très farouchement aux autres : autre danger de confrontation militaire diminué.
Toutefois à vrai dire, il reste des problèmes : en Iran en particulier, on ne voit pas pourquoi les dictateurs de l'espèce ayatollah seraient moins corruptibles et moins manœuvrables que tant d'autres, en Arabie Saoudite, au Qatar, en Egypte et ailleurs — après tout, ce sont des religieux comme les autres, et s'ils peuvent s'engraisser et perpétuer leur pouvoir en laissant crever leur peuple on comprend qu'ils soient ouverts à la négociation avec le grand Satan d'hier. Mais dans de telles conditions, on a la paix entre les puissants dans la guerre universelle contre les pauvres, et ce n'est pas le plus sage garant de la stabilité du monde.
C'est de quoi songer sur les apaisements provisoires. Songeons.

Voici trois quarts de siècle (comme le temps, sinon certaines attitudes, passe), une célèbre rencontre avait lieu, à Munich, entre Monsieur le Chancelier Hitler, le Premier britannique Chamberlain et le Premier français Daladier. Ce fut pour avaliser le démembrement de la Tchécoslovaquie, en attendant mieux, par les nazis. A son retour Daladier, acclamé à Paris par une foule en délire de pacifistes et autres non-violents, marmonnait sinistrement : "les cons !" De son côté à Londres, Chamberlain attendait un peu ; puis, le bon Adolf laissant, sans broncher, déchirer encore un peu la Tchécoslovaquie par les gouvernants de Hongrie et de Pologne, il en remettait que "Monsieur Hitler est un gentleman".
Cependant il y avait aussi Churchill — et d'autres, en France notamment, sans attendre de Gaulle ; mais écoutons juste Churchill, parce que son mot est bien frappé et qu'il le dit tout de suite, en 1938 :
"You were given the choice between war and dishonour.
You chose dishonour
and you will have war."
("On vous a donné le choix entre la guerre et le déshonneur.
Vous avez choisi le déshonneur
et vous aurez la guerre.")

On n'oublie pas ici que Churchill était l'homme de la répression féroce contre l'Irlande comme contre l'Inde, et le décideur des "lois sadiques" entretenant la déflation dans la misère noire des ouvriers anglais ; on n'oublie pas que c'était aussi le tigre avertissant que tout soutien à la République espagnole serait motif de condamnation et rétorsion britanniques (cher Río Tinto, chère Peñarroya, chers intérêts miniers capitalistes anglais en Espagne, chers soutiens en armes vendues à bas prix à Franco) — curieusement toutefois, ce ne sont pas toujours ces motifs qui sont invoqués contre Churchill... —
Mais bref, brute ou pas, Churchill était tout sauf un aveugle ou un lâche. C'est cela qui fait l'utilité de le méditer contre les non-violents et pacifistes d'aujourd'hui.

Il ne s'agit pas d'amalgamer des situations très différentes. Il s'agit de repérer ce qu'il y a de commun entre la montée du nazisme dans les années 1930 et celle des maffinanciers depuis un grand demi-siècle : la folie de pouvoir et le nombre de victimes innocentes, par millions. Cependant, aussitôt qu'on a le malheur de rendre trop claires les similitudes de sauvagerie totalitaire entre le déchaînement des pires pouvoirs dans les années 1930, et un système qui invertit les plus puissants moyens techniques de l'histoire de façon à susciter le chômage, la guerre et la pauvreté dans la dévastation générale de la planète, il y aura toujours dans l'assistance un orateur pour faire un cours sur la pente facile à traiter de nazi un pouvoir-violence quelconque.
Eh bien soit, l'En-pire anglo-saxon n'est pas nazi. On y a trop bien compris les vertus et leçons de l'hypocrisie chrétienne et spécialement catholique : on sait toujours se référer, pareillement, à des valeurs suprêmes strictement contraires à l'inquisition et aux crimes qu'on ne cesse de pratiquer. Les nazis étaient bêtes. Obama après Bush, Cameron après Blair (et Hollande-Valls après Sarkozy) font beaucoup mieux.
En outre, il y a une autre différence entre la prévision de guerre de Churchill en 1938 et la situation d'automne 2013 : c'est que, par attentats et invasions, par flicages et par tortures, en Syrie gangrenée par les commandos venus d'Israël ou de Turquie, en Libye sanglante et réduite au chaos, en Irak ramené à l'âge de pierre, en Afghanistan, dans toutes les bases de l'OTAN, dans tous les Guantánamo d'Afrique, d'Amérique du Sud et du reste du monde, dans toutes les usines délocalisées puis remontées là où les salaires sont une honte, dans tous les serveurs auxquels sont connectés tous les ordinateurs, de par la NSA, la CIA et les autres, LA GUERRE EST DÉJÀ LÀ, visible, tangible, partout...

... sauf, pour le moment, là où les hypocrites, les non-violents, les pacifistes et d'autres traîtres, aveugles ou lâches la voilent de leur mieux.