bienvenue, welcome, welkome,etc

Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 20 avril 2012

Echange 4

Reçu le 15 avril 2012 de Denis :

Je ne sais encore pas si j'irai voter dimanche prochain, n'ayant aucune illusion sur la réelle portée de mon suffrage. La démocrature représentative nous abîme sérieusement le portrait. Au cirque électoral, je balance entre divers renvois gastriques, des indignations conséquentes et un détachement teinté d'inquiétude qui me surprend régulièrement.
Que je contribue ou non, à remplir les urnes avec les cendres froides de mon bulletin, j'ai bien envie, avec d'autres, au premier soir de liesse électorale de partir en cortège revendicatif et vindicatif, histoire de ne pas oublier que les vrais rapports de force se construisent dans la rue, sur les lieux de travail, enfin là où se situent nos vies, ici et maintenant.



Reçu le 21 avril 2012 de Caro :

Les élections c'est pour demain : contrairement à Denis, j'irai voter et je souhaiterai que tout le monde vote. Je ne fais pas mystère de mon opinion politique : je voterai "BLANC". Mon souhait le plus cher est qu'une grande majorité fasse comme moi. Bien sûr, je sais très bien que le vote blanc est considéré comme un bulletin "NUL", mais si on considère bien le pb les gents qui votent "blanc" donnent leur choix : "NI LUI, NI AUCUN AUTRE DE LA LISTE". Et dans ce cas beaucoup se réveilleraient avec le sentiment que ces messieurs/dames se foutent de nous dans les grandes (et petites) largeurs.
Un tel réveil pourrait entraîner une vraie contestation et ALORS.......... Ouske s'arrêtera ???????????
peut-être à un printemps arabe.  

jeudi 12 avril 2012

Echange 3

Redire a reçu de Suffrageon le mel suivant en date du 8 avril 2012 :
Vote, votez, votons !
Pour le vote et pourquoi ? Voilà quelques raisons :
L’abstention n’a jamais été aussi élevée et l’adhésion des gens aussi faible à  la mascarade des prétendants et pourtant les « gentils organisateurs » s’en foutent et ne font rien contre ; au contraire ces jours de vote tombent en pleine période de vacances et autres ponts (ce qui diminuera la participation) et  n’ont pas été déplacés !  Visiblement comme chez leurs modèles américains un président élu par moins d’un tiers des inscrits leur va très bien.
Ils ne maitrisent pas tant que ça les opérations : pour rappel 2002 avec un Le Pen non prévu au 2ème tour et surtout le fameux referendum en 2005 pour le traité européen pour lequel quasiment toutes les forces (médias en tête) ont été mises en œuvre pour nous arracher un « oui » et nous avons pourtant répondu « NON ! » : ils s’en sont foutus et sont passés outre comme nous le savons tous……mais cela a créé un précédent dans nos têtes à tous……et cela nous servira….
Et puis les « salauds » de capitalistes sociaux-démocrates sont un peu plus gentils avec les plus faibles d’entre nous que les « salauds » de capitalistes libéraux : un peu plus d’allocs RMI ( je sais car j’y suis passé) et autres minima sociaux …et même les flics osent moins taper sur les pauvres. Et aussi on leur doit les RTT (environ 10 jours par an) qui nous permettent encore d’aller participer aux manifs car, comme chacun sait, nous n’avons plus le droit de grève dans le ‘privé’ ; a contrario un certain Raffarin nous a piqué un jour férié — la fameuse pentecôte qui nous a rendu la pente plus raide… ;o) 
Voilà donc un petit plaidoyer pour le vote et j’ajouterai que je souhaite rester anonyme sur internet car je veux garder mon boulot (c’est le premier des combats) : Faites gaffe à internet ! Dans mon boulot d’informaticien lorsqu’un nouveau venu arrive dans l’entreprise c’est l’endroit où l’on va y trouver sans efforts son pedigree...


Redire a répondu le même 8 avril :
Sartre a déjà répondu (cf. Echange 2)… Je réponds à mon tour ! En alignant sur tes paragraphes :
– On est ici très loin de la dépolitisation votive et non-votive des USA : les manipulateurs d’électorat français n’aiment pas du tout qu’on se place hors de leurs nasses ; chaque fois que l’abstention est basse leurs cris de triomphe, par exemple dans le journal qui s’intitule le Monde, en sont un bon témoignage.
– Le coup du Penochet en 2002 : comment es-tu sûr que ça s’est fait malgré eux ?
– Le NON à l’Europe, d’accord ça a laissé des traces, mais justement : la conclusion est-elle de retourner au « jeu de cons » (Sartre dixit) ?
– Oui, ça tape parfois moins dur en période Mitterrand, et même parfois en période Jospin-la-honte : mais pour avoir qui ensuite ? et qui après ? Voyons les choses comme il faut, donc à long terme : si c’est pour ravoir la retraite à soixante ans avec Hollande, JE VAIS VOTER HOLLANDE, et tout de suite, mais… tu y crois, toi ? Ça vaut-y la peine de se payer un jour de congé pour être ensuite emprisonné trente ans ?
Enfin pour ce qui concerne les brigands, voleurs de droits à la vie privée et autres indics infects de la Toile :
que les RG,
les IG (informations Générales, le nouveau sigle des anciens RG : ne pas omettre de prononcer “les zig”),
les flicaillons et voyeurs d’Echelon & Cie (cadeau de Jospin)
et toute la racaille abjecte de sous-êtres, laquais et délateurs au service de capitalistes-mafieux, espions et voyeurs pour tenter de terroriser les citoyens dignes de l’être
que tous ces pourris puants soient maudits en gros et en détail, en long, en large et en travers, et punis un jour par l’obligation de prendre conscience de la merde qu’ils sont intérieurement et extérieurement — ou à défaut et moins sévèrement : qu’ils soient guillotinés en place publique au nom du peuple français…
et des autres .
Mot de la fin de Suffrageon le 9 avril 2012 :

Je suis déjà très content d’avoir déclenché ces réponses pleines d’enseignements. Merci !
J’espère sincèrement que ton blog participera à la relance de débats parmi nous ! 
Mais j’ai une remarque : ne crains-tu pas que le fait d’annoncer des guillotines et de plus publiques (quels spectacles ! et pour qui ?) ne fasse s’éloigner plus d’un de la lecture de tes textes ?

Echange 2

Redire a reçu de J.-C. Ruscot le 4 avril 2012 le mel suivant :
Après avoir lu le premier "échange" sur ton blog, j'ai voulu moi aussi prendre mon clavier pour te dire que malgré de nombreuses accointances avec tes idées, il se  trouve que j' ai pris la lourde décision de voter à l'élection présidentielle de 2012.
(Ne trompons pas les lecteurs informatiques de tes textes : même si nous ne sommes pas des amis de trente ans comme les médias les aiment dans la politique, nous  nous connaissons très bien.)
Je sais que comme dans le conte de l'enfant qui criait aux loups, tu le faisais toi aussi, à chaque élection, sauf que contrairement à ce conte, tu ne mentais pas, les loups  étaient là dès le premier appel, second ou troisième (législatives).
Toutefois, malgré ces appels répétés, j'ai pris la décision de voter, afin de choisir le loup qui dévorera ma famille et moi-même, car l'horreur me paraîtra certainement  plus douce. Et si pour une fois, ce loup pouvait être de gauche, je pense que j'en supporterai mieux la morsure.
Bon amusement


Réponse le 8 avril 2012 :
Plutôt que fatiguer de ma prose, j'ai choisi des extraits d'un esprit puissant, cœur généreux, ou comme on dit vulgairement : une grande âme. Ecoute :
« En votant demain, nous allons, une fois de plus, substituer le pouvoir légal au pouvoir légitime — encore embryonnaire, vaste mouvement antihiérarchique et libertaire qu'on rencontre partout mais qui n'est point encore organisé. En face se dressent des groupes ou partis qui sollicitent les voix [des citoyens]. On leur dit qu'ils vont déléguer leur pouvoir. Mais pour "déléguer son pouvoir", il faudrait qu'on en possédât au moins une parcelle. Or ces citoyens identiques et fabriqués par la loi, désarmés, séparés, conscients de leur impuissance, ne peuvent en aucun cas constituer ce groupe souverain dont on nous dit qu'émanent tous les pouvoirs : le Peuple.
En un mot, quand je vote, j'abdique mon pouvoir. Voter, c'est surtout voter pour le vote, c'est-à-dire l'impuissance. Le mode de scrutin, toujours choisi par les groupes de l'Assemblée et jamais par les électeurs, aggrave les choses. Il n'y a rien à dire si l'on accepte les règles de ce jeu de cons : la majorité en place ne se gêne pas pour tailler, couper et manipuler le corps électoral, avantageant les campagnes et les villes qui "votent bien" aux dépens des banlieues et faubourgs qui "votent mal".
Pourquoi voterai-je ? C'est le contraire d'un acte. La démocratie indirecte est une mystification. L'imbécillité des mass media, les déclarations du gouvernement, la manière partiale ou tronquée dont les journaux reflètent les évènements, tout cela nous leste d'idées de pierres.
Il en est pourtant qui voteront, comme ils disent, "pour changer de crapules", ce qui veut dire qu'à leurs yeux le renversement de la majorité a priorité absolue — et je reconnais qu'il serait beau de jeter par terre ces politiciens véreux. Mais a-t-on réfléchi qu'on doit, pour les renverser, mettre à leur place une autre majorité qui conservera les mêmes principes ? Y a-t-il tant d'avantages à changer ? De toutes manières, on noiera la Révolution dans les urnes : elles sont faites pour cela.
Quoi qu'on fasse, on n'aura rien fait si l'on ne lutte, dès aujourd'hui, contre le système de la démocratie indirecte qui nous réduit délibérément à l'impuissance, en tentant, chacun selon ses ressources, d'organiser le vaste mouvement antihiérarchique qui conteste partout les institutions. »
A mon très vif regret j'ai tronqué, en tâchant de rester fidèle à son esprit, ce texte admirable de Sartre pour lequel il avait choisi le titre "Elections, piège à cons", slogan de mai 68... Ecrit le 5 janvier 1973, il parut d'abord dans les "Temps modernes" (n° 318)  de ce même mois, puis a été réédité en particulier dans "Politique et autobiographie — Situations, X" chez Gallimard en janvier 1976. En l'abrégeant, j'ai voulu aider à le lire, non le tirer à moi : qu'on s'y réfère donc.
Mot de la fin de J.-C. Ruscot le 12/4/2012 :
Tu n'aurais pu mieux choisir que de citer Sartre comme contradicteur à mon souhait de voter : toutefois malgré le respect que je voue à l'homme, je pense qu'il aurait lui aussi reconnu (tactique très politicienne de faire parler les morts) qu'au moins au premier tour, il existe une candidate qui a prouvé à de nombreuses reprises son courage et son honnêteté dans les sombres bureaux des palais de justice de la République. Hé oui, je voterai donc Eva Joly ! Quant au deuxième tour, et même si je ne fais pas la fête, je me contenterai d’avoir participé à la défaite du candidat-président.

lundi 2 avril 2012

Echange 1


Redire a reçu le 23 mars 2012 de Robert Dalès le mel suivant :
Pour des raisons que j'ai déjà eu l'occasion de t'exposer, j'irai voter dans un mois, sans illusions.
Pourquoi ?
En résumé, pour un motif d'un simplisme affligeant : je n'en peux plus de Sarkozy et de ses affidés. J'ai depuis longtemps largement dépassé le niveau de ce que je peux supporter. Je n'ai pas touché le fond, j'ai commencé à creuser au risque de trouver du pétrole ! Bref : TSS — tout sauf Sarkozy... (et Le Pen, bien sûr)...
Toutefois, je me suis fait un serment : si Sarkozy est à nouveau élu, j'aurai voté pour la dernière fois, persuadé que la connerie des Français est irrémédiable.
Je voterai pour une personne qui a fait preuve de son honnêteté tout au long de sa carrière de magistrate : Eva Joly. La seule, avec Van Ruymbeke, à s'être battue bec et ongles pour traquer les voyous de la République. Il lui a fallu encore bien du courage pour, lors des primaires de son parti, résister au savonnage de planche que ses bons amis écolos, faux-culs comme pas deux, ont pratiqué et continuent de pratiquer. Outre d'ambitions forcenées, je les soupçonne d'un brin de racisme que j'espère inconscient. (Tu vois, je deviens parano !) 
De plus, je veux, même symboliquement, ne pas être complice de ceux qui ont ravagé, ravagent et ravageront la planète au point que je suis très inquiet, à la limite là encore du désespoir, pour mes petits-enfants.
Je sais que tu as raison : voter, c'est fournir la vaseline pour se faire empapaouter, mais alors, ne pas voter n'est-ce pas se faire empapaouter à sec ? Est-ce moins douloureux ? Pour ne jamais avoir essayé, je n'en sais rien  mais je présume que non.


Réponse au 26 mars 2012 :
Le motif TSS est plus que compréhensible. Mais
1) Prévision facile :
Le 22 avril au soir, on constate que Sarko est battable : mobilisation générale. Le 6 mai au soir, Sarko est battu : liesse.
Premières nominations, espérances. Toutefois dès l'automne, le premier ministre déclare que la dette de la France etc. Aussitôt, avec l'aval de la majorité pseudo-socialiste, on rediminue les crédits des établissements de soins et d'éducation. Le peuple recommence à être écœuré, et la cote de Marine Le Pen remonte fortement. On change de premier ministre "puisque la gauche gauche ne marche pas", et on institue une CRD (Contribution au Remboursement de la Dette) qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres : pour les autres détails, revoir l'histoire des septennats de Mitterrand et les retours de droite de plus en plus féroce et dévergondée, avec inévitablement d'éternels regrets par comparaison au stade précédent.
Là-dessus, Marine Le Pen est nommée ministre des affaires étrangères : elle sera chargée de défendre amicalement auprès des Etats-Unis le droit de la Françafrique à resurexploiter son pré carré, au prix d'un renouveau de la soumission des troupes françaises partout dans le monde à l'OTAN et à toutes les guerres néocoloniales.
2) A tout cela, NON = PAS DE VOTE :
– il n'y a pas à craindre cette fois le coup de 2002
– aucun progressiste ne peut souhaiter l'enfermement dans le système du gros capital
– l'abstention ou le vote blanc sont les seules armes non-violentes contre ce système ; elles ne suffiront pas, et certes il faut du courage pour voir plus loin et défendre les enfants et petits-enfants du monde ; mais seulement quelques pour cent de refus des urnes feront beaucoup réfléchir, autant les saligauds que les gens bien : c'est une  préparation indispensable à l'action plus directement progressiste, et rien que son idée terrorise les fumiers de la finance.
3) La lutte paiera ; au contraire, dire que voter ou ne pas voter revient à se faire refaire avec ou sans vaseline, c'est se voir de toutes façons vaincu.


Commentaire de R. D. le 26 mars 2012 :
Je redoute moins, après m'être exprimé, d'être vaincu par plus cons que moi que de l'être en spectateur passif... 
Je te le répète, je suis sans illusions quant au succès de ce que je souhaite mais je sais très bien ce que je ne veux pas... TSS encore.
Errare humanum est, perseverare diabolicum, je sais. Tant pis, j'irai voter. Un peu plus un peu moins en enfer...