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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


dimanche 1 octobre 2017

Actuel 118 Affaire Méric — plus de quatre ans après

Une circonstance essentielle à la justice que l'on doit aux autres,
c'est de la faire promptement et sans différer :
la faire attendre, c'est injustice.
La Bruyère, Caractères (XII, 81)

                       Alors que la mort de Clément Méric sous les coups d'un fasciste remonte à début juin 2013, la parodie en vue du procès traîne encore en septembre 2017. Il faut certes un premier effort, pour surmonter la simple révolte contre des brutes : mais il importe d'aller au delà, et de souligner que l'essentiel est la responsabilité des gouvernants, de l'Etat. C'est lui qui fomente et utilise de tels crimes pour égarer la sensibilité, empêcher la prise de conscience populaire, et ainsi maintenir les privilèges insensés de sadiques et d'accapareurs.

                        Derrière l'écran des pressions politiques et de leurs tricheries policières, judiciaires et médiatiques, le schéma du meurtre en cause est le suivant.
            Primo quant aux faits : il y a eu rencontre d'un groupe de bandits, affichant leur appartenance à des mouvances fascistes, avec des jeunes gens révoltés par ces mouvances et leurs étalages éhontés. Une convergence sans équivoque de témoignages permet d'affirmer d'abord qu'il y a eu, chez un et peut-être plusieurs fascistes, port d'arme — "poing américain" classique ou bague équivalente sans pointe — : d'autres de même type ont été retrouvées au domicile d'Esteban Morillo, qui est le plus clairement accusé de la responsabilité de la mort. Ensuite, lors des coups portés à Méric, il est tout aussi avéré que cette arme a été utilisée. Enfin, d'après au moins un témoignage sur l'attitude du meurtrier — publié tout de suite après le crime, mais apparemment disparu depuis dans les circonstances devenues habituelles sur Google —, "le gars s'est marré, et puis il s'est barré" : en tout cas les cris de triomphe de l'assassin ne font aucun doute ("One shot !" s'est-il écrié).
            Secundo quant aux comptes rendus judiciaires ou journalistiques médiatisés : le plus clair est un renversement des accusations au cours du temps. On est passé de la reconnaissance — bien difficile à éviter — de la brutalité des coups mortels, à une palinodie de faussetés sur l'agressivité de la victime, à partir d'une vidéo où l'on ne voit à peu près rien. C'est là-dessus que se sont appuyées la libération des bandits, et la préparation de l'opinion à un jugement de clémence et d'étouffement, mais :
            – il est incroyable que l'autopsie et les données concernant les traces de coups ne permettent pas de décider du port d'arme
            – il est évident que le pouvoir s'est efforcé d'interdire l'accès à des preuves voyantes de son étrange tolérance pour des héritiers directs du nazisme.
Qui peut contester que l'exhibition d'insignes à la gloire de crimes contre l'humanité soit une provocation ? qui peut contester que le totalitarisme financier ait intérêt, pour empêcher l'expression de la colère populaire, à ménager les terroristes réactionnaires chargés d'éliminer les porteurs de révolte progressiste, de la même façon et pour les mêmes raisons qu'il manipule d'autres terroristes ?

                       Dans cette perspective, l'affaire Méric prend sa place parmi des séquences denses de scandales : spéculations, blanchiments d'argent sale ou infect, extensions maladives du droit de propriété à des automates que leurs possesseurs sont incapables de comprendre ou seulement de gérer, fabrications de chômeurs, licenciements abusifs et autres "lois-travail", espionnage et sanction des citoyens les plus honnêtes tandis qu'on tolère "libéralement" des crapules. Dans de telles conditions, le pouvoir des accapareurs ne peut tenir sans le dévoiement d'agressivité à l'intérieur de la population elle-même. C'est la base de l'entretien du terrorisme fasciste comme des autres. Cela permet, sous prétexte de protection, d'accoutumer à l'omniprésence de militaires mobilisés à des tâches policières, en attendant le coup d'Etat et les combats de rues pour lesquels des sites sont activement préparés par l'OTAN (la ville artificielle de Schnöggersburg devrait être prête pour ce genre d'entraînement en 2018, qui n'est plus très loin). C'est aussi dans cette ligne que le pouvoir se révèle comme totalitarisme par l'intolérable action directe de l'exécutif sur les tribunaux et les juges, comme sur la presse officielle, les élections et la "majorité" parlementaire. En tout, il ne se maintient que par des menaces mafieuses dont il tire les ficelles dans l'ombre ; et il repousse l'inévitable confrontation à la révolte, dans l'espoir de s'y préparer assez efficacement et d'y triompher rapidement.
            Donc peu importent la fréquence et les bavures d'attentats dont le pouvoir lui-même sait mieux que personne les origines, et de même peu importent les détails du meurtre de Méric : le fond qu'il faut saisir, c'est que les manipulations
            – de nazis contre des militants déjà imprégnés de quelque compréhension des crimes d'Etat
            – ou de malheureux rendus fous, drogués, contre de parfaits innocents
ne sont que la préparation à la guerre civile ouverte, reconnue désormais comme nécessaire par le "comité de gestion en propriété privée" qu'est cet Etat criminel : il ne cessera plus d'y pousser par toutes les provocations.
            Les injures du président actuel contre les Français refusant les "réformes", ou contre les "fainéants" refusant la surexploitation, ne sont que les plus récents dévergondages de telles provocations.