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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 28 mars 2014

Actuel 62 Rappel : ce que PUTA veut dire


   L'occasion est peu de chose, mais bien actuelle : en France ces jours-ci, la partie droite des PUTAïens — militants du Parti Unique Tenu pour Alternance —, bref l'UMP, exerce un recours devant le Conseil Constitutionnel à propos de la loi sur le logement (ALUR, loi "pour l'accès au logement et à un urbanisme rénové"). Cela vaut un rappel de données aussi importantes que constamment absentes des torrents de presse financière.

Nos "socialistes", cherchant à conserver quelque électorat, ont poussé timidement un texte législatif en vue de limiter la folie des loyers — qui permet par exemple, à Paris, de faire payer 900 € par mois le "droit" de disposer d'un cagibi étendu à 14 m2 et à peine éclairé —. En fait, il s'agit de stabiliser un peu une société démente où des couches et croûtes de parasites abusent d'un héritage sans être le moins du monde capables de participer à la production de richesses.
Pour le comprendre, soit l'exemple de rejetons d'artisans proches du bâtiment. Leurs anciens ont rénové des appartements, durant les loisirs permis par leurs tarifs exorbitants. Les descendants ont, à vie, une source de revenus énorme et injustifiable — c'est le genre de "classes moyennes" que le sieur Giscard (toujours membre du Conseil Constitutionnel) avait préparé dans les années 1970 sous le nom de "réhabilitation du travail manuel" : encouragement et entretien des cancres —. Alors, de par la loi bourgeoise, le fruit du travail actuel revient en priorité à un "propriétaire" inapte à quoi que ce soit : car celui-ci a le "droit" de bouffer les trois quarts ou la quasi-totalité du salaire d'un malheureux, forcé de se trouver un toit raisonnablement proche de son emploi — c'est terrible en période où la fameuse "flexibilité" permet des horaires strictement inhumains, rendant les problèmes de transport au lieu de travail cent fois plus pesants.
Dans ce contexte, l'UMP déclare la loi ALUR contraire à la Constitution, comme portant atteinte au central "droit de propriété". En réalité, et ça vous pouvez être tranquille que l'UMP ne vous le dira pas, la question est de savoir s'il y a ou non droit illimité à la propriété, c'est-à-dire par exemple si un seul citoyen peut ou non posséder toute la propriété nationale, ce qui semblerait imposer quelque limite au droit des autres...
Il faut voir ça de haut.

Jusqu'aujourd'hui dans l'histoire, tout système de lois établi est codification, légalisation de privilège, c'est-à-dire de brigandage. Pour le saisir dans notre cas, il faut bien sûr traverser les juridismes des PUTAïens de nos régions "industrialisées"-embourgeoisées de longue date : mais aussi les juridismes des milliardaires chinois se disant membres d'un Parti Communiste. Il est alors facile de voir que les pseudo-justifications, les mots-clefs des violences en 2014 au droit des gens, se regroupent bien autour du vol enregistré en "droit" de propriété. En réalité,  c'est là seulement le prétexte à l'exercice de la violence légale : ce n'est qu'une devanture "positive", en vue de régenter la production et surtout la répartition des richesses ; en fait, il s'agit de faire respecter l'exercice du pouvoir, l'agression en domination violente — mais en jetant poudre et poussière des lois aux yeux de misérables qui n'ont pas les moyens ni le temps, et surtout pas l'éducation et l'instruction, qu'il faut pour y réfléchir.
Ainsi d'abord le crétin, qui a hérité d'un appartement et du droit de le louer au prix qu'il veut, est une bonne représentation de l'inapte social : la plupart du temps il ne serait même pas capable d'exercer le métier de PMI ou PME de son père ou grand-père ; mais il a été rodé très tôt à la "gestion" du bien en cause par mille canaux, en général familiaux plutôt que d'école : par exemple il sait un peu où et comment faire passer une annonce, parfois il est plus ou moins lié à un notaire qui l'aide. C'est typique de ce qui, plus largement, fait le monde des petits-commerçants-artisans, vivier fasciste pérenne avec tous ses faillis, et ceux qui gravitent autour par voisinage et tradition. Les revenus en sont largement écornés par l'Etat gros-bourgeois : ce qui est occasion aux classes médiocres de haïr... les syndicats, suivant la règle d'abjection qui fait tourner la colère contre les innocents, plus faibles, au lieu de s'en prendre aux coupables, plus forts et dominants.
Parenthèse, mais importante : même chez les animaux, ce réflexe de base fasciste n'est pas toujours admis. On voit en particulier, dans de nombreuses espèces, des femelles s'en prendre hardiment aux mâles qui prétendent brimer trop insolemment des jeunes. Il faut retenir que c'est un raffinement vicieux typique de l'humain, que s'étalent la systématisation et l'organisation de l'attaque des plus faibles par des groupes et troupes d'assaut — par exemple contre les ouvriers ou les "races" déclarées inférieures, tels les Roms en ce moment —.
C'est là que la tradition économaniaque est purement et simplement folle. Elle ne veut voir dans de tels comportements qu'intérêt économique "de classe" : c'est risible, d'abord parce que les insuffisants mentaux sont dans des ensembles peu structurés (donc pas vraiment des classes) ; ensuite parce qu'ils sont largement incapables de voir ce qui est leur intérêt économique (il suffit d'entendre leur insatisfaction perpétuelle exhalée dans leurs gémissements) ; enfin et surtout, leur motivation la plus profonde — rendue évidente chez les plus pauvres de ces groupes mêmes — est de s'agréger en illusion qu'ils sont les "vrais", les "purs", les "de bonne race", partisans de l'Ordre : tels qu'en années 1930 puis 1940 les concierges piétinés par les propriétaires bourgeois et trop heureux de cracher sur les locataires juifs, entre tant et tant d'autres exemples. Pour ces raisons, Mao Tsé-toung tentait de distinguer l'origine de classe, puis la position, l'attitude et l'étude de classe : mais ce vocabulaire typique de la scolastique, outre qu'il se rattache à des structures irréelles (classes), laisse dans l'ombre l'essentiel, à savoir le déterminisme qui fait que tel individu se range à tel type de relation avec ses concitoyens.

Au lieu de nous en tenir à ces ornières, écoutons l'éthologie. Suivant les échanges affectifs passés — où, surtout dans l'espèce humaine, l'enfance et l'adolescence jouent un rôle énorme et toujours inconscient sauf éducation éthologique —, l'être-agressif noue préférentiellement ses liens sociaux de façon à trouver son équilibre dans la horde : il cherche à plus ou moins long terme à se placer au plus haut statut, ou du moins au plus haut sentiment de statut, possible. Insistance : horde, et non société, car le véritable sentiment de société est rarement net, tandis qu'au contraire les congénères vus régulièrement constituent en pratique et en effet la horde de référence. Bien noter : il est en 2014 très important de savoir constater comment cette horde inclut peu à peu... le présentateur de télé dont le moindre rhume devient un drame public et une occasion d'épanchement affectif, chez les nombreux faibles d'esprit (qu'ils le soient par leur faute ou non n'est pas la question). Qu'on mesure ce que l'héritage de Marx peut aider à comprendre de ces phénomènes aujourd'hui vitaux — ou létaux !
L'explication par l'agressivité, elle, éclaire d'abord le déterminisme social : on a vu tout à l'heure comment des héritiers propriétaires forment, très familialement, courroie de transmission de la mentalité bourgeoise. Ces arriérés mentaux restent en milieu clos. Etanches à toute culture, abonnés aux play-stations et aux écrans en général, ils sont des proies faciles pour l'intégration intime des réflexes d'agressivité de primates dans la forme monétaire de société : ils visent la pure accumulation, expression primaire du statut — non le pouvoir que les féodaux installés depuis longtemps ont appris à exercer en jouissance aussi perverse qu'intense —. Minables de base, ils sont demeurés au stade de certains monstres balzaciens : le père Grandet ne songe pas une minute à avoir des palais et des domestiques, pour lire dans les yeux d'autres êtres l'envie ou la soumission ; ce serait élaboration politique ; il veut de l'or, de l'or, de l'or, pour l'or et plus rien d'autre. Il peut être riche à millions : chez lui, la traduction en goût de parade et violence directe restera presque inexistante. Poussé là très loin, voilà bien le type de recherche poujadiste du statut et de la richesse. On dit donc fort mal "petit-bourgeois" : c'est oublier ce qui se passe dans les têtes. Il faut des circonstances extérieures particulières, ou des manipulateurs très instruits, pour que cela devienne pouvoir, donc parade et violence — S.A., S.S. et milices de Darnand hier, ou aujourd'hui voyous vendus aux agents de la CIA comme on en trouve à Paris ou à Kiev, Damas ou Caracas.
Ensuite — et c'est bien plus large et plus grave encore, et cela ridiculise encore mieux l'économanie —, il faut penser aux masses de gens pervertis parmi les plus misérables eux-mêmes. Pourquoi et comment trouve-t-on des mouchards, des mouches à merde comme disent les ouvriers, dans les chaînes de production ? D'où sortent les régiments d'administrateurs vicieux qui par exemple dans l'Education Nationale font carrière d'emmerder les enseignants et d'abord ceux qui font le mieux leur métier ? Quelle délimitation "de classe" fait d'un bureaucrate puant le chef de service idéal pour menacer de mise à la porte tout ce qui ne s'avère pas assez "rentable", en fait inséré dans la mentalité de barbarie ? De quoi vit et s'étend autour de nous le fameux "système" qui fait contagion de hargne ? Si la solidarité peut être détruite, si on parvient au moment le plus fou à enfermer les victimes de l'individualisme dans l'individualisme, c'est par quoi ? Quand cessera-t-on de discourir de citoyens "atomisés", "sérialisés" et autres pseudo-explications par certains mots au lieu d'autres, pour enfin saisir l'évidence éthologique, le fonctionnement et les répercussions de l'agressivité humaine ? Ceux qui sont victimes des adjudants agressifs les appellent souvent des "mal baisés". Certes c'est la même erreur que celle d'Orwell, la croyance qu'au fond c'est la sexualité qui mène le monde : mais au moins ça tape où il faut, aux instincts de base vilement développés.
Partout ainsi, non seulement l'éthologie fait voir clair, mais elle sait montrer et rendre méprisables les réflexes d'agrégation aux plus forts et aux plus violents du moment : c'est l'instinct, abject, de rangement dans la hiérarchie présente de horde au contraire de la morale et de l'équilibre par défense des faibles — dont, encore une fois, même des animaux sont capables —. Ce n'est donc pas assez de dire que les "a-istes" (fascistes, racistes, machistes) sont animaux en un sens profond : primitivement, bêtes. Car ils sont pires, à la fois lâches et semblables aux plus vils individus d'espèces zoologiques de moindre cortex. Les ivrognes rigolards et se sentant forts d'être plusieurs qui insultent un passant surtout isolé, les simples mufles qui font pareil sans même avoir besoin d'alcool, les anciens combattants de guerres coloniales crachant sur les travailleurs qui ont donné leur sang pour délivrer le pays et leur sueur pour le reconstruire, tous ces avortés des possibles épanouissements humains sont de cette engeance. Les "ténors" d'UMPS-F-Haine aussi. Ce n'est pas avec de la simple propagande, encore moins des schémas économiques désormais sans consistance qu'on les fera se terrer un peu. C'est de plus en plus évident. Il est de plus en plus grand temps d'en tenir compte.


Annexe juridique

La revue V&L n° 10 tentait en févier 98 une analyse des limites au pouvoir, à travers la Constitution actuelle de la République, et surtout ce qu'en fait le trop fameux Conseil dit Constitutionnel (c'est facile à consulter sur le site a.avramesco, cf. liens du présent blog, tout à droite de la page web). On va reprendre cette analyse à l'occasion de la loi ALUR.
En résumé, à travers toutes sortes de fluctuations et luttes politiques, le Conseil Constitutionnel a tant qu’il a pu arbitré en faveur de la propriété établie, contre la solidarité nationale.
Le principe de cet arbitrage est bien simple : plus le temps passe, plus les jugements du Conseil sont à droite et, pour aller plus vite dans ce sens, ledit Conseil a inventé d’intégrer aux textes de base une étrange nébuleuse, les “PFRLR”, “Principes Fondamentaux Reconnus par les Lois de la République” (déjà mis en avant de façon semblable par les constituants MRP de 1946 pour constitutionnaliser l’école catholique...) : noble cause, noble chose, non ? Quoi c’est, ces principes ? pour l’essentiel, les jugements rendus par le Conseil lui-même ! Ainsi pas à pas (mais pas de géant parfois), l'esprit essentiel explicité dans le Préambule de la Constitution, concédé sous la menace des fusils de la Résistance, disparaît sous les juridismes honteux accumulés par le dictatorial Conseil et ses privilégiés rapaces...
Nos lecteurs pourront suivre s'ils le veulent comment, par inlassables bassesse et férocité, la violence réactionnaire a régulièrement triomphé de toutes les pressions et tentatives populaires : les grandes décisions sont recueillies dans l’ouvrage de Favoreu et Philip (chez Sirey, N remises à jour), véritable litanie de ce déplacement droitier. Toutefois, souvenir : le Préambule à la Constitution de 1946 était donc issu du Programme de la Résistance ; il a été repris pour la Cinquième République en 1958 ; il proclame au nom du peuple français, comme « particulièrement nécessaires à notre temps »
l’égalité de la femme, le droit d’asile, le droit de grève, le droit à l’emploi, le droit syndical, le principe de non-discrimination, la participation à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises, le devoir de nationaliser certains biens, le droit à la protection de la santé ; la sécurité matérielle, le repos et les loisirs garantis à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture, l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïc à tous les degrés
(qu’on songe, à ce dernier propos, aux grandes écoles privées et aux formations spéciales très payantes sans lesquelles il est de plus en plus difficile voire impossible d’accéder à Sciences Po, voire à une deuxième année de médecine, et ne parlons pas des écoles de commerce)
etc. !
C'est ce Préambule, cette proclamation solennelle, qu'on voit ranger, cataloguer comme “archaïsmes” par les prostitués exaltés en “experts” par nos journaleux — des "professeurs" de la honte et du déshonneur, en particulière abondance dans les instituts de gestion et commerce, ainsi qu'au machin dit Conservatoire National des Arts et Métiers —. A l'opposé, ce qui est déclaré “moderne”, c’est la "dérégulation" anti-sociale, l’ultra-droite. Ainsi tout l’acquis de la Résistance est battu en brèche au profit d’un seul droit, encore interprété au plus dur : le droit de propriété. Ça vaut quelques réflexions de plus.

Dans l’esprit et la réalité de 1789-93, Déclarations-références admises des juristes même actuels, le droit de propriété était essentiellement demeuré foncier : pour protéger l’être, on protégeait d’abord l’habitat, ensuite le champ, cultivé pour la subsistance. Dans ce contexte de France et de monde paysans à 90 % et plus, faire des citoyens revenait presque à faire des propriétaires, et la Révolution en a fait : des millions. On pensait, ou on voulait croire, que le reste suivrait. Le risque de possession, surtout illimitée, du travail industriel, était une prise de conscience de rarissimes théoriciens — et hélas aussi de quelques crapules —. Bien sûr, il apparaissait déjà dangereux qu’un seigneur puisse être chez lui sur des kilomètres carrés, et qu’un travailleur ne puisse même pas reconnaître pour sien son propre toit : mais, les loyers étant faibles et forte la menace sur les titres féodaux, on espérait faire aller mieux, petit à petit. Il était à ce compte hautement raisonnable d’insister sur la possession matérielle pour ancrer le respect du droit naturel, à savoir essentiellement la “vie privée” et la liberté (au moins dans un certain espace) de l’individu — et c’est bien à cela que pensent encore aujourd’hui les Français quand ils cherchent un logement qui soit “leur” —. En outre, une fois cet accès à la propriété largement reconnu et soutenu, qu’importait une minorité d’avides désireux d’avoir des palais au lieu de chaumières ?
On saisit ainsi pourquoi la question de limites au droit de propriété pouvait paraître marginale : qu’il y ait des possédants énormes, tant pis, pourvu que chacun possède de quoi se protéger de la pluie et de la faim, ce qui n’était pas bien considérable en territoire. C’est dans cet esprit et cet environnement que le droit de propriété pouvait paraître raisonnable : dans un monde avant tout agricole.
A partir du moment au contraire où la production est de plus en plus socialisée — c’est-à-dire où les outils nécessaires à la vie devenue normale sont industriels, fabriqués collectivement (qui peut aujourd’hui se fabriquer son propre frigidaire, sa propre électricité, etc. ?) —, la question des limites au droit de propriété devient vitale : car ce qui permet de produire pour la vie quotidienne peut être concentré entre les mains d’un tout petit nombre. Ce n’était rien de posséder une pelle, et peu importait que certains possédassent cent mille pelles : qu’en feraient-ils si les échanges sont relativement faibles ? Au contraire si tout, même le travail, se passe en échange, et de plus en plus vite, si de par l'histoire la souple monnaie devient passage obligé pour tout, que suis-je si je n’ai guère de monnaie ? Et quand on dit "de plus en plus vite" : les transactions financières aujourd’hui (bourses électroniques et autres gadgets) correspondent à des valeurs monétaires plusieurs dizaines de fois supérieures aux échanges matériels de biens et marchandises dont nous vivons tous. La confusion entre droit d’être propriétaire matériel, donc abrité, et droit de posséder abstraitement, donc d’être exploiteur, est devenue dès le XIXe mortelle, et c'est l'un des dangers perçus par les théoriciens du socialisme, dont Marx.
On se doute alors de ce qu’est la position (la posture), du Conseil Constitutionnel sur la question :
1) le droit “d’entreprendre”, en pratique le droit de faire travailler d’autres à son profit, est considéré comme “un corollaire” du vieux droit de propriété — ce qui revient à considérer que l’usine capitaliste est “un corollaire” de la propriété féodale : pour des juristes accoutumés à pinailler sur d’inimaginables précisions de vocabulaire, le dérapage est proprement vertigineux —
2) le droit de (cette) propriété est prioritaire sur tous les autres, en toutes occurrences.
Qu’on juge alors. Sur le plan des principes (passage de la terre agricole à l'usine comme on vient de voir), le fond de la question est bien
le déplacement de la propriété immobile, foncière,
à la propriété mobile, celle du travail d’autrui au cours des échanges.
Dans ces conditions, l'affirmation prioritaire du droit de propriété revient à ranger au musée des “archaïsmes” tout ce qui s’oppose à cette « priorité privée », et d’abord les conquêtes de la solidarité sociale. Il suffit d'écouter nos "sages" constitutionnalistes conseillers : « si, postérieurement à 1789 et jusqu’à nos jours, les finalités et les conditions du droit de propriété ont subi une évolution caractérisée à la fois par une notable extension de son champ d’application [...] et par des limitations exigées par l’intérêt général, les principes mêmes énoncés par la Déclaration ont pleine valeur constitutionnelle tant en ce qui concerne le caractère fondamental du droit de propriété [...] qu’en ce qui concerne les garanties données aux titulaires de ce droit ».
Ce serait, sur choses moins terribles, de quoi rire. Car enfin :
– d’abord, les pères fondateurs de 89 ne prévoyaient guère la propriété par actions et les moyens de contrôle de toute la production par la finance : autrement dit, la notion même de propriété a subi une inimaginable « extension » ; eh bien, n'importe, disent les cons-cons : le texte de la Déclaration a toujours « pleine valeur constitutionnelle » alors que les mots ne veulent plus dire la même chose
– ensuite, il y a eu dans un passé récent des drames tels (fascismes et Guerres Mondiales) que les gangsters et banksters ont dû parfois admettre des nationalisations, des « limitations exigées par l’intérêt général » ; n'importe encore : “le” droit de propriété qui n’est plus le même reste déclaré « fondamental », au même titre que les « garanties données aux titulaires de ce droit » — les non-titulaires, eux, n’ont qu’à aller se faire cuire un œuf aux restos du cœur, en fredonnant que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » : surtout pas en fait...
Sur quoi compter alors ? les syndicats ? des rêves et contes bleus de "classe ouvrière internationale", dont le principal mais rédhibitoire défaut est de ne pas exister ? ou faut-il penser parfois aux dressages et accoutumances qui rangent tant de gens à l'Ordre, au désordre établi, et aux exemples historiques de répliques ? 

vendredi 21 mars 2014

Actuel 61 Ukraine, media, inerties


En ce tournant d'hiver à printemps 2014, le courant d'ensemble demeure le même : mais les tourbillons sur le plan international sont plus violents, tandis que les "affaires" intérieures sont marquées par un niveau de nausées dépolitisantes encore jamais atteint — surtout, et c'est très grave, chez les jeunes gens. On n'a pas cessé de montrer ici comment l'égarement marxiste est en train d'être payé. Mais il faut toujours préciser — redire.
D'abord l'idiotie déjà trop répandue s'étale de plus en plus, qui pour mieux dépolitiser ne sait que baver du mépris pour la vue d'ensemble à partir de l'expérience : pour les indispensables repères communs en tout ce qui mérite d'être appelé proprement humain et rationnel. Cet écœurement du travail vital de synthèse est séquelle inévitable après la "raison" dialectique. On en arrive ainsi à voir un Thierry Meyssan, du Réseau Voltaire, parler amicalement (quoi qu'il dise) avec Soral, puis laisser en ligne comme "article populaire", des semaines durant, l'article honteux de Diana Johnstone en faveur de Dieudonné — il faut revoir sur Youtube la vidéo de ce misérable histrion avec le négationniste Faurisson, qu'il a aussi fait applaudir en "standing ovation" : c'est une bonne occasion de relire, sur les crypto-nazis, les pages de Vidal-Naquet dans Les assassins de la mémoire.
Ensuite, tant de gens ayant vu dans les idées marxisantes une ouverture vers le socialisme, et s'y étant rangés pour tenter quelque action politique, le découragement est aujourd'hui très répandu : car il est bien plus direct de tout lâcher que de tenter de construire plus loin et mieux en analysant les fautes passées.
Tout cela va dans le sens des pesanteurs et des flemmes, qui ont toujours eu leur part dans les temps de réaction et même d'autres. Il n'est sans doute pas utile d'ajouter que lorsqu'on suit les champs de forces, comme les media et particulièrement les pires, on a plus de facilité que lorsqu'on lutte contre.
Parmi les inerties encore, il en est d'acquisition plus récente : on peut continuer à ne pas penser, et à écouter "l'actualité", simplement parce c'est comme ça qu'on fait depuis très longtemps. Des gens, en quantité étonnante, disposent d'Internet ; on peut et doit les mettre devant les sites alternatifs pour tenter de les éveiller à autre chose que leurs drogues habituelles : jamais ensuite ils ne regardent ni n'écoutent ces journaux vrais — "par méfiance", qu'ils disent : en vérité, leurs sources quotidiennes de narcose n'éveillent plus chez eux aucun sens critique sauf sur des points risibles, et ils n'envisagent pas de chercher ailleurs. Car ils ne retrouvent pas, en information véritable, les bruitages de pseudo-musique, pub et affaires de mode qui leur sont devenues une seconde et épouvantable nature, et puis ils sont sincèrement choqués qu'on fasse appel à leurs facultés cérébrales au lieu qu'on leur dise, simplement, "ce qu'il faut penser" — formule devenue rituelle.
C'est comme ça, et il faut la constatation au début de la réflexion et de l'action : au début de la réflexion, c'est évident, mais de l'action aussi aujourd'hui ; car cela implique qu'on doit, pour commencer, se repérer sur des minorités et non directement en vue de l'action de masse. Ce n'est pas facile à accepter pour des démocrates. Mais s'adresser d'abord à de petits nombres n'implique nullement le renoncement à recruter incomparablement plus large : simplement, pas tout de suite. Ce sont de grands risques, dira-t-on : oui-da, mais quelle action en ce moment est sans risques ? et quelle inaction ?

A partir de là, les infamies médiatiques osées autour de l'Ukraine sont une bonne occasion de démonter à quel point la haine est plus facile à déclencher que la raison. Les néo-nazis soutenus par des professionnels de la subversion (dont des Israëliens, ce qui est remarquable) se sont permis à Kiev ce qu'aucun mouvement de masse ne parviendrait à mettre en branle en France ou en Grèce : on a vu, devant une police inerte et désarmée, des fascistes lancer des cocktails Molotov, et des snipers abattre indistinctement des manifestants et des agents — en vrais professionnels : pas un seul blessé aux jambes ou aux bras, seulement des morts atteints au cœur ou à la tête —. On a trouvé là, aussi, des prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, FSSPX : ces gens (qui durant plus de quarante ans ont caché et aidé Paul Touvier, le Kollabo de Barbie à Lyon) vont faire à Kiev, au service du Vatican, ce que les nonces ne peuvent se permettre officiellement, pour tenter de ramener les chrétiens locaux (uniates) au pape et à l'Eglise romaine. Il y a eu encore les visites de John McCain et de Victoria Nuland, néocons des Etats-Unis, avec leur insolence dans le soutien aux héritiers directs et revendiqués des troupes de Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Et puis les minables essais de concurrence de la finance européenne par intervention conjointe des ministres des affaires étrangères de Pologne, Allemagne et France...
On n'en finirait pas, et on pourrait étaler l'action pérenne de Washington
– au Venezuela et dans toute l'Amérique Latine
– en Syrie et dans tout le monde dit arabe
– parallèlement à l'Ukraine et à tous les anciens pays de l'Est.
C'est de cette façon que l'hystérie de pouvoir des gouvernants des Etats-Unis serait le mieux éclairée : mais d'abord cela demande un peu de temps, ensuite des sites comme ceux qui sont proposés en lien depuis ce blog l'ont largement accompli (même si c'est parfois trop développé, au lieu que soit nettement clarifiée la ligne d'ensemble) — et puis c'est en somme évident si on ouvre les yeux.
Il est peut-être plus tentant de s'attacher à ce que fait pour Kiev, et ce que ferait pour Paris, le gouvernement français actuel.

Le schéma d'abord en deux mots : suivisme atlantiste.
Imaginons donc que la Bretagne, retrouvant l'exemple de ses autonomistes du temps d'Hitler — époque en "Ukraine" des pires pogroms antisémites et anti-russes —, réclame son indépendance à grand renfort de néo-nazis embrigadés par l'Armée Invisible des Capitalistes (Capitalists' Invisible Army : en sigle CIA, et en histoire "stay-behind", voyez le livre de D. Ganser ; en Italie "l'affaire Gladio", voyez le livre de J.-F. Brozzu-Gentile ; etc., depuis l'Iran de Mossadegh jusqu'aux soubresauts perpétuels d'Amérique Latine en passant par l'Irak, l'Afghanistan, le printemps arabe et quelques dizaines d'autres cas du Viet-Nam à Haïti).
Donc des voyous, émeutiers et casseurs sont découverts à Rennes, à Brest (pas à Notre-Dame-des-Landes...) et tout soudain présentés par les media de la finance comme purs démocrates — alors que le quart du début du commencement d'une action réellement populaire violente serait prétexte à massacrer ou au moins arrêter des centaines de "gauchistes" pour atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat —. Mais comme les gangsters se réclament d'une étrange volonté "européenne" qui pue Washington à mille lieues, on ne leur envoie qu'une police désarmée. En outre, pour mieux enflammer les foules, d'habiles snipers tirent indistinctement sur les hordes de l'ordre et sur les plus innocents des manifestants, repérables à leur absence de battle-dress : cela fait des morts, et l'occasion de souffler la révolte contre l'impérialisme français non plus seulement en Bretagne, mais aussi en Corse avec ses mafieux à bon marché, et puis par contagion en Alsace et Lorraine où il est facile de faire brandir des pancartes en faveur de "la" population "locale", en pays basque etc. Alors, avec l'énergie qui le caractérise, Monsieur le Président de la République, chef de l'Etat, chef des armées, martèlerait puissamment qu'il se tient informé de la situation heure par heure, puis minute par minute...
C'est en faveur d'une telle situation, à Paris au lieu de Kiev, que Monsieur Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères (la meilleure place pour l'exportation du sang contaminé), s'allierait à ses homologues allemand, italien et britannique pour mieux aider à l'OTANomie (allemande) de l'Alsace et de la Lorraine, l'OTANomie (italienne) de la Corse, l'OTANomie (espagnole) du pays basque, la super-OTANomie de la Vendée et des anciennes provinces voisines sous l'Albion que vous savez (souvenir du temps de la Convention)... Il n'y aura plus de raison de s'arrêter : les "gaullistes" pourront être plus fiers que jamais d'avoir mis en place le régime qui a permis à un agent de la CIA d'agir officiellement comme Président de la République de 2007 à 2012. Ici comme ailleurs, ce sera la fin de la nation au profit de l'En-pire et, au profit des privatisations, la fin d'un Etat coupable de quelque providence en éducation et en soins. Vivent les OTAN-"autonomies" toujours plus asservies à Wall Street et à sa succursale la City, par l'intermédiaire des "nationalistes" milliardaires locaux ! Honte aux peuples tendant à s'ouvrir les uns aux autres, honte à la prise de conscience de l'humanité universelle...