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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


vendredi 24 février 2012

Actuel 6 : 2 exemples ( deuxième partie )

Abord des rapports entre économie et politique :
deux exemples en 2011-2012
(deuxième partie)
La première partie de cette recension s'efforçait de situer, dans la philosophie générale du blog, la brochure sur "Le casse du siècle" des éditions du Monde Diplomatique. On va cette fois parler du travail — du « labeur » disent les auteurs, et ils ont raison — accompli par Michel et Monique Pinçon sur "Le président des riches", aux éditions sœurs, La découverte.
Pour dégager l'axe de vue adopté ici, un exemple tiré du début de l'étude proprement dite, chapitre 2.
Les auteurs font une analyse serrée de législation, qui démontre sans conteste la brutalité avec laquelle la "majorité" UMP — majorité issue des urnes sous matraquage médiatique — vole les pauvres et facilite aux riches des diminutions perpétuelles d'impôts. Ainsi, côté pauvres, on fait basculer dans les revenus les indemnités versées aux accidentés du travail, et on leur arrache 230 millions €. Côté riches, on ne cesse de faciliter l'évasion fiscale, mais pour répondre (sur les media) au tollé venu de la mesure qu'on vient de voir, on fait passer les prélèvements sur la tranche supérieure de l'impôt de 40 à... 41% — contre 45% en Allemagne, 50% en Grande-Bretagne — : c'est bien calculé, ça donne aussi 230 millions €, et "donc" (pour les media) on prélève autant sur les riches que sur les pauvres ! Sauf que d'un côté, c'est la quantité de pain quotidien qui est diminuée,  alors que de l'autre on va devoir réduire un tout petit peu les aménagements de châteaux et résidences secondaires, tertiaires, quaternaires etc. De même, côté anti-pauvres, on multiplie vicieusement les impôts à la source et les taxes sur achats vitaux de tous les jours, tandis que, côté pro-riches, on opère des astuces et combines enchevêtrant les impôts IPP, ISF et les autres pour alléger encore et toujours le retour de richesse, à travers l'Etat, aux citoyens véritables : ceux qui contribuent à la création  de toute richesse, et non au parasitisme et aux nuisances de pouvoir...
On parvient ainsi à augmenter toujours la misère, et à aboutir en faveur des patrimoines et revenus déjà obèses et obscènes à des chèques énormes de "restitutions" et autres "trop-perçus" (30 millions de cette sorte d'allègements pour Madame Bettencourt, cf. p. 27 du livre pour ceux qui n'y croiraient pas) — sans parler des énormes évasions ou fraudes fiscales... 
L’analyse de nos auteurs est souvent ainsi remarquable de soin et de précision. Mieux, ils parviennent (p. 28) à la vraie question : et si les susdits obèses et obscènes n'étaient, tout simplement « de manière incurable, à la poursuite du toujours plus » ?
Or c'est cette poursuite pathologique du "toujours plus" qui éclaire tout, sans qu'il y ait nécessité de passer par des détails comme les surdépassements perpétuels de tricherie législative. En combien d'occurrences encore faudra-t-il souligner, à propos de faits et d'excellentes études qui les mettent au jour, que ce sont simplement des expressions politiques d'agressivité en fixation primitive, et de là perverse et contraire à l'épanouissement social ? Le livre des Pinçon n'est pas un hasard dans les circonstances de la "mondialisation", il n'est pas non plus choisi ici pour redire qu'au fond de tout il y a la volonté folle de pouvoir. Au contraire, il est simplement une occasion de plus de saisir la clef de compréhension globale : tout ce qui se publie de valable et de remarquable tourne autour de cette folie, et pourtant bien peu, en vérité bien peu d'auteurs et de lecteurs osent l'analyse de celle-ci dans les termes qui permettraient de l'attaquer le plus radicalement.
Toute la critique de l'ouvrage en question peut être ramenée à ce refrain. Bien sûr, c'est déjà beaucoup de se référer au plus remarquable de Marx, et de faire saisir à travers mille exemples le déséquilibre de fond : l'incitation sociale est déviée de la contribution au bien-être général, en faveur de l'accaparement individuel et fondamentalement oppressif. Mais il manque cruellement le complément concernant d'un côté la maladie des oppresseurs (et des opprimés), de l'autre tout ce qui est perdu par là de développement général et progrès, de culture humaine.

Une fois cela dit, il reste à faire au moins partiellement la liste —impressionnante — de tous les éléments rendus accessibles par ce bon ouvrage. En vrac, alternant crimes sous-terrains et paillettes de devantures, on peut citer : niches fiscales anti-impôts ; décorations et honneurs pour les accapareurs ; aboutissements en médicaments mortels de laboratoires réduits à la recherche du profit ; utilisation des mises en scène en hippodromes ou en cafés de Flore pour enfler les outres qui finissent par se croire quelqu'un ; lotissements insolents étalés, érigés en domaines réservés, étouffant le voisinage ("pas de HLM près de chez nous") ; magistrats incités à consacrer leur temps à des dîners affairistes, et au contraire brimés s'ils s'occupent plutôt de faire simplement respecter les lois (pourtant peu imbibées de socialisme) ; multiplicité, pour quelques ogres, des sièges en conseils d'administration des transnationales et en cabinets ministériels ; passage en force des lois favorables aux oligarques, contre tout débat même seulement intérieur à l'UMP ; dureté croissante et application de plus en plus dure des punitions contre les pauvres, dépénalisation de la délinquance financière et laxisme dans l'application de ce qui reste de légalité contre elle ; banques renflouées de leur gestion inhumaine par l'argent du peuple, puis prêtant à l'Etat ce même argent à des taux qui font exploser la "dette publique" ; agences "de notation" se réservant le jugement... des banques qui en sont actionnaires ; prévisions plus qu'optimistes des experts quelques instants avant la "crise" — le krach financier le plus terrible depuis 1929 —. Ce n'est qu'un aperçu des éléments du livre, chaque fois traités documents à l'appui et rattachés au sujet principal. Beau boulot !

Qu'on se propose toutefois de voir ce que dit de plus l'analyse du psychisme des dominants. Un seul exemple, toujours tiré de ce remarquable travail, mène loin : c'est le tableau que font ses auteurs de la parole à la Sarkozy. Car celui-ci fait des discours accablant mai 68 du cynisme capitaliste (le XIXe entre autres n'a donc pas existé !) ; il s'indigne vertueusement des parvenus en tout genre issus de cette immoralité, lui l'irréprochable entre tous les Pasqua-parrains ; il assure que « les paradis fiscaux, c'est ter-mi-né » alors qu'ils sont simplement déclarés... ne plus être des paradis fiscaux ; il promet des primes pour les plus misérables et s'arrête à l'effet de cette annonce, qu'on constate ensuite honteusement mensongère ; il parle en termes de "réforme", comme si c'était progrès, d'une mise en œuvre réactionnaire toujours plus violente...
Les auteurs soulignent eux-mêmes que leur mise en cause ne concerne évidemment pas un homme seul : il y a tout un ensemble de dévoyés abusant du vent de l'histoire. De leurs exemples, on peut choisir celui-ci : il y a eu un vrai début de révolte d'ouvriers chez Continental, à Clairoix dans l'Oise, après qu'en leur annonçant leur licenciement en France, on ait osé leur proposer comme reconversion un Eldorado de 137 € par mois en Tunisie. Et voilà à partir de quelles "offres", comme si ce n'était pas déjà plus qu'indécent, on injurie encore les travailleurs en les accusant d'archaïsme s'ils cherchent à maintenir quelque défense, quelque sécurité sociale !

Hypocrisie alors ? Non. Pas seulement. Ce qui fait le moteur et l'efficacité de telles brutalités est plus profond, et revoilà la pathologie : c'est le propre du psychotique de projeter sa maladie sur les autres, de déclarer les autres anormaux et de se poser en exemple de développement et épanouissement naturels, tout en jouissant plus ou moins obscurément de faire de la provocation
Ce n'est ni exceptionnel ni simplement imprudent : c'est de la pure compulsion. Les dominants, pathologiquement, et surtout les récents parvenus, ne peuvent se priver de ce télescopage incohérent : tartuferie en profondeur, dissimulation en même temps qu'insolence. C'est un coup bas sur le plan moral et logique, mais c'est efficace : devant la parade du "vous voudriez bien être à ma place", les victimes populaires ne peuvent s'empêcher de reconnaître en elles-mêmes les origines lointaines de ces compulsions, mais elles ne peuvent en analyser — surtout à court terme — la perversion chez ceux qui ont "réussi" ; alors elles cèdent tantôt à la rage, peu éclairante, tantôt au découragement : bonne affaire pour le pouvoir. Il faut donc adjoindre à l'analyse de la maladie du côté des sadiques son miroir chez les opprimés.

On fera dans d'autres pages ce genre d'analyse. En attendant, tout ce qu'on a déjà tiré ici du livre des Pinçon le fait vigoureusement recommander — comme "Le casse du siècle" étudié en premier exemple de ce titre-ci, et comme la superbe synthèse de François Ruffin parue voici quatre ans dans le Diplo ("Le partage des richesses", sur la Toile http://www.monde-diplomatique.fr/2008/01/RUFFIN/15507) —.

mardi 21 février 2012

Actuel 5 : "Elections, piège à cons" 2012 (deuxième partie)

On peut, comme nos media du capital, se moquer du monde par de fausses précisions sur des sondages biaisés : cela permet une mise en condition souvent efficace. Mais on peut au contraire tâcher d'éclairer les citoyens par une vue d'ensemble bien plus claire que des "x, y %" de supposées « intentions de vote » : alors le corps électoral en France peut être simplement dégrossi en
– un quart de droite, partisans avoués de la finance, comprenant tous ceux qui profitent ou croient profiter du système, des hôteliers-restaurateurs aux demeurés qui se croient gaullistes, soit 25% (Sarkozy)
– un quart de partisans de "réformisme dans la conservation", craintifs, timorés et par réflexe terrifiés à l'idée de tout changement important, en outre aveugles sur le passé des Pseudo-Socialistes, soit encore 25% (Hollande)
– un quart de déclarés furieux, ignares au point de n'avoir aucun recul vis-à-vis du matraquage médiatisé, et dont l'audace ne va pas plus loin qu'un bulletin dont ils savent au fond qu'il sera sans effet, toujours 25% (Le Pen)
– un dernier quart découpé en deux parties à peu près égales, 
le premier morceau accroché à la tradition et au prêche démoniaques-chrétiens, malgré cent ans et plus d'expérience de rangement des tartufes correspondants à la droite plus dévergondée (15-10%)
le second morceau assez instruit et informé pour chercher à tâtons un candidat au service d'une démocratie réelle (10-15%).
Le schéma est déjà limpide : tout est dans la maîtrise et la culture de cette classification et dispersion. Ce n'est donc que complément si on examine la scission supplémentaire en deux du dernier huitième, entre Joly et Mélenchon : c'est-à-dire que le résidu de conscience démocratique n'est même pas suffisant pour aboutir à une candidature unique, représentant au moins la menace d'une action organisée commune.

Qu'on se mette alors à la place des manipulateurs de grands media, sachant que seuls deux candidats parviendront au second tour de 2012. Pour celui-ci, on peut écarter immédiatement Bayrou, trop en demi-teinte dans une ambiance survoltée, et se contenter de hausser les épaules devant l'hypothèse de présence des derniers  cités (même si le discours correspondant est parfois gênant pour les installés). Restent les trois premiers candidats, de poids très comparable, et dont seuls deux ont des chances d'être acceptés par les votants : tout le monde le sait, personne presque n'en tient compte pour raisonner au delà.
Supposons que nos professionnels de la manipulation, sur ordre des financiers, décident de faire passer Hollande : c'est le plus tranquille pour visser les résutats des "réformes" du dernier quinquennat, car il sera facile de s'appuyer sur "les agences de notation" et de prétexter que ce qui est fait ne peut plus être défait ; et ça va calmer un peu la fureur populaire. Alors il faut utiliser à fond la possible dispersion des voix de droite : ronger les voix de l'UMP en gonflant Bayrou et en laissant passer quelques notifications de scandales éclaboussant Sarkozy — éventuellement en faisant paraître dans le "Canard enchaîné" quelques preuves de dons au FN d'industriels, connus comme peu généreux envers leurs employés (ç'a déjà été fait).
Supposons au contraire que nos manipulateurs croient avoir l'assurance que les citoyens ont pris l'habitude de l'esclave et de baisser la tête. Ils décident donc de remettre une louche de sauce Sarkozy pour les cinq prochaines années. Le lecteur devinera sans peine mille moyens : c'est par exemple une piste de déconsidérer Hollande en publiant haut et fort ses constantes, anciennes et nombreuses connexions au monde du patronat et du fric en général.
De toutes façons l'expression démocratique (la « volonté générale ») est hors jeu. C'est déjà très grave, et doit suffire à mener campagne contre les media et pour des abstentions-blancs-nuls en masses, seule menace non-violente capable d'alarmer une classe politique qui redoute par-dessus tout le rejet des urnes : et qu'on laisse crier que ce n'est pas un « mot d'ordre mobilisateur ». Ce refus des suffrages sous chapiteau électoral doit en outre être accompagné de tracts expliquant l'état des affaires, dénonçant personnellement financiers et médiateurs, et décrivant les profits tirés du déclenchement des crises, bref en informant. La lutte pour l'abstention doit ainsi aller aussi loin que possible : jusqu'aux isoloirs...
En tout cas on voit mal qu'on se présente en élu potentiel d'un côté, et de l'autre en opposant aux urnes-en-l'état-actuel : si un candidat choisit de se servir des haut-parleurs, il est paralysé et paralysant — trop de gens se satisferont d'entendre depuis leur fauteuil ce qui devrait les inciter à s'en tirer. Le cas d'Eva Joly est intéressant à cet égard, pour montrer encore la faiblesse du poids des bulletins. Car pour se faire entendre assez fort, la candidate a dû mêler dénonciation de la mafia financière, imparable, et références écologiques inévitablement ambiguës dans l'éventail électoral : alors il suffit de se souvenir de l'effet Hulot (et des rancœurs qu'il a laissées) pour saisir qu'il sera facile, au printemps prochain, de parachuter un Lalonde ou un Waechter nouveau et de faire éclater si nécessaire le pénible et instable rassemblement EELV.
Ce parti n'est pas le seul à être scissionnable, et il est sans doute inutile d'y insister : partout de possibles scandales médiatisés, fondés ou non, peuvent faire taire au "bon" moment qui on veut. Bref les manipulateurs feront ce qu'ils voudront au niveau des suffrages exprimés sous influence médiatique. Il n'en peut être de même du rejet des suffrages, surtout en augmentation brutale.
Et de toutes façons — répétition — le contre-pouvoir fondamental ne renaîtra pas autour des urnes.

mercredi 15 février 2012

Actuel 4 : 2 exemples

Abord des rapports entre économie et politique :
deux exemples en 2011-2012
(première partie)
Par exemple dans "Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte", Marx mêlait déjà précisément la dénonciation de personnalités et le système de pouvoir par l'argent. Voici un siècle, quoique s'en tenant à moins de détails sur les personnes, Hilferding puis Lénine s'occupaient de désigner les institutions ou au moins les structures par lesquelles s'exprime en pratique le capitalisme. Il y a quarante ans, quelques camarades de l'UJCML comprenaient à leur tour qu'il fallait concrétiser les relations de groupes à fric jusqu'à des êtres de chair et d'os, derrière les étiquettes anonymes médiatisées en sigles de partis. Aujourd'hui enfin, il est courant de lire des précisions individualisées sur les gangs politiques de la finance...
En tout c'est très bien, mais décidément les choses avancent parfois avec de déplorables lenteurs. De plus, si les gens de progrès veulent reprendre l'initiative, ce ne serait pas mal de dépasser, sur ces sujets et d'autres, les expressions monétaires — fortunes, sièges en conseils d'administrations, participations de capitaux, profits, salaires et autres — pour démonter les mécanismes de pouvoir eux-mêmes : hiérarchies et polices de répression d'un côté, soumission grégaire de l'autre. Il suffit, pour aller ainsi tout de suite beaucoup plus loin vers une société plus juste, de se servir de tout ce qu'a fait éclater le XXe siècle. Mais on acceptera pour cette page-ci de ne pas trop anticiper...

Si on se restreint donc aux nombreuses références sur la forme actuelle, monétaire, de pouvoir, la proximité des présidentielles des deux côtés de l'Atlantique donne en ce moment de bonnes occasions d'éclairage. Chez les financiers, l'efficacité de la dissimulation et les mensonges publics n'empêchent pas l'arrogance en cercles restreints, et il ne faut qu'un peu de temps et la volonté de s'informer pour lire les coups de banques derrière les ficelles de guignol électoral et autres devantures politico-médiatiques. En face, parmi les peuples, on se heurte trop souvent à des ensembles se laissant happer par des démagogies abjectes pour éviter la lutte ouverte et hardie et, peut-être plus encore, déviant vers le laisser-aller affectif, contre l'effort de réflexion.
Ce n'est pas toujours plaisant à voir : mais les plus beaux succès de la méthode expérimentale commencent à la constatation. Ce n'est donc pas pécher contre l'humanité que de chercher à constater. Les sites proposés en tête du présent blog ont largement cette qualité d'observation, de voir et faire voir ce que finance veut dire. A partir de tels travaux, il est possible et nécessaire de retrouver l'essentiel et le plus sûr des tentatives pérennes de démocratie, d'humanisation de l'histoire. Deux nouvelles et récentes publications vont dans ce très bon sens : le recueil d'articles "Manière de voir" n° 119, intitulé "Le casse du siècle", aux éditions du Monde diplomatique (novembre 2011), et l'édition du "Président des riches" de Maurice Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, chez La découverte, revue et augmentée en septembre 2011.
Il faut d'abord répéter : la première qualité de tels ensembles de données est de remplacer la langue de bois sur le thème "luttdéklass" par des démonstrations précises ; notamment, on y voit clair dans l'identité de fond entre "majorités" et "oppositions", en coulisses de la mise en scène "démocratie"-alternance bourgeoise, et dans la guerre que mènent les gros capitalistes. Avec les élus présentés à gauche, comme Obama, ou à droite, comme Sarkozy, ce sont les mêmes conseillers financiers, les mêmes « gouvernements invisibles » et le même objectif : maintien et renfort du pouvoir actuel à l'échelle des nations et du monde. Il y a, et on étale, de petites différences dans les formes d'hypocrisie ou dans l'appréciation des risques d'une oppression trop insolente : mais ce ne sont que des disputes de tactique. Pour 2012, Gingritch ou Obama, Sarkozy ou Hollande, détails de costume habillant la même férocité. Il faut toujours en revenir là, d'abord.
Ensuite les détails.

*

« Le casse du siècle » part des années 70 et de la « réorganisation des rapports financiers entre public et privé » : concrétiser suppose en effet la référence à l'histoire, en voilà, c'est bien. Mais ne peut-on davantage ? pourquoi cette réorganisation a-t-elle pu se faire ?  grâce à quelles explosions de développements techniques, grâce à quelle appropriation-orientation sournoise de l'automatisation, les banquiers, industriels et propriétaires ont-ils pu écraser les grèves et les menaces accumulées tout au long des années 60 contre les injustices sociales ? quel est le lien entre les techniques nouvelles et le renouveau du pouvoir patronal puis capitaliste en général, et comment la manie de reprivatisation (spécialement incroyable pour la banque de France) a-t-elle pu être acceptée, malgré les exigences du programme du Conseil national de la Résistance sur la propriété publique de tout ce qui est d'intérêt général, national, exigences reportées en préambule de l'actuelle Loi Fondamentale de la République ?
D'emblée se trouve ainsi posé le problème de fond : ce bon numéro de "Manière de voir" s'en tient à la compréhension dans les termes capitalistes. La volonté de pouvoir sous-jacente, et les astuces énormes de fabrication-robotique que cette volonté n'a cessé de susciter et guider, ne seront pas abordées.
Bien sûr cette restriction n'empêche pas de bons éclairages quant au renouveau des formes de propriété et accaparement : on a eu en effet des vagues de parvenus, parfois en toute légalité (même si, en réalité, le trafic officiellement condamné fonctionne partout, drogue et autres : car le pouvoir des banques suppose les considérables profits de blanchiment d'argent sale). La brochure du Diplo dit très bien comment de simples voyous de rue, distingués d'abord par le genre de combat correspondant (street fighting), ont pu parcourir tout le chemin d'une pauvreté indéniable à une fortune insolente, sans apparemment se mêler directement aux mafias cataloguées comme telles : le cas d'émergence de Soros est à méditer. Mieux encore, on peut lire l'explication historique des succès de grandes banques : la Hong-Kong & Shangai Banking Corporation (HSBC), aujourd'hui à classer parmi les grands pouvoirs mondiaux, est directement issue des trafics anglo-saxons et des guerres de l'opium contre la Chine alors arriérée et très pauvre...
Ainsi d'une façon ou d'une autre, de façon actuelle ou en passant par le long terme, on voit à l'échelle de la mondialisation ce que signifient les termes d'accumulation préalable ou primitive : il y a eu le brigandage, en particulier des colons, avant l'affichage de respectabilité des héritiers. Vaste fresque. Avec des détails soignés : dans la brochure toujours, un remarquable schéma sur production et spéculation montre comment les profits s'évaluent en dizaines de milliards de dollars pour la production d'ensemble dans le monde, et en centaines des mêmes milliards par jeux de Bourses ou spéculations pures.
Peut-être que tout cela serait encore plus fort si on désignait le gros tiers restant de profits (ceux qui entrent dans le schéma ne représentent, bon an mal an, "que" 40 à 65 % de la totalité), et si on explicitait comment la multiplication de jeux monétaires revient à diminuer toujours la part consommée par les peuples, et donc à diminuer toujours leur poids politique. Le lecteur connaît-il bien ces mécanismes ?
En tout cas il y a beaucoup, beaucoup de bonnes choses, et de bonnes sources pour l'approfondissement, tout au long de ce rassemblement d'articles du Diplo. On recommandera donc ici de revenir à ces sources, mais on peut sans déflorer leurs richesses d'information allécher par quelques exemples :
– il y a des indications précises et parlantes de financiers "bien réussis", échangés dans un sens ou dans l'autre entre haut- (très haut-)fonctionnaires et consultants ou administrateurs à rémunérations incroyables — Anthony Blair est désigné directement ; notre discret Michel Pébereau, trop mal connu chez nous dans les foules, est mis à sa place ; Clinton n'est pas cité dans la liste donnée, mais il l'est dans un des articles, comme bien d'autres, de Goldman Sachs à Commission Européenne
– il y a des rapprochements éblouissants, ainsi : 1) ceux qui mettent face à face la large tolérance de la "justice" (l'institution judiciaire capitaliste) pour les énormes délinquants de la finance, et la barbarie des mêmes magistrats pour les pauvres "voleurs" de pain quotidien — ces choses sont criées depuis Hugo ou Chaplin, mais c'est bien de remettre au présent — ; 2) ceux qui font liste des pays livrés sans contrôle au "néolibéralisme" en l'an n, et en faillite l'année f, exemples : a) Chili, n = 1974, crise en = 1981, b) Argentine, n = 1976 avec f = 1980, c)  Bolivie, n = 1985 et f = 1987, d) Venezuela n = 1989 et f = 1993-94... — et bientôt la France, de "note" déjà "dégradée" ?
D'autres lecteurs préfèreront passer du temps à méditer sur des informatiques boursières qui permettent de noyer des profits dans la rapidité d'échanges (27.000 en quatorze secondes : remarquable concrétisation de ce qui est rédigé sur ce blog-ci, page "Financiers anglo-saxons, vampires du monde" à propos de la transformation en puissance de la vitesse d'échange en système capitaliste) ; d'autres encore sauront mieux susciter la révolte à partir des informations données sur la Banque Riggs et son "Cher général Pinochet"... Mais pour le moment, suffit, car ce qui précède entraîne une conclusion bien nette : la nécessité de prendre connaissance d'aussi pertinentes données, et de les diffuser tant qu'on peut — on a voulu ici apporter sa part à ce travail.

(à suivre)

mardi 14 février 2012

Archive 1 : Vampires du Monde




Financiers

anglo-saxons



Un crime organisé dévaste la planète et menace toute vie. Pour le combattre ce n'est pas assez que le courage : il faut y joindre le savoir et l'exigence de justice. Cet essentiel est en ce moment paralysé, parce qu'agir en politique exige d'unir des gens pour unir des forces, et qu'on manque de la base pour rassembler : une vue commune des choses, un sens commun à tous les démocrates.

La première condition pour voir ainsi net et de haut, c'est de lire les leçons du passé à une bien autre échelle que dix mois ou dix ans. Or par exemple, quand on parle de septembre 2001, on ne fait guère le rapprochement avec l'assassinat du président Kennedy. Pourtant ce meurtre a été un pivot dans le basculement du pouvoir vers l'actuelle mafia : on doit reconnaître dans ce début, dans les obsédés de pouvoir du temps de la guerre froide, la même mentalité et les mêmes profiteurs que leurs héritiers de la "guerre des civilisations". Tout au contraire, la mode détourne l'attention de cette identité et grossit, autant qu'elle peut, le fait que le clan Kennedy n'était pas composé d'anges.
Procédé exemplaire de mélange criminel et médiatique. Car d'abord Kennedy était loin d'être aussi hystérique de domination que les antidémocrates qui l'ont tué. Ensuite ce n'est sûrement pas pour ses mauvais côtés qu'il a été éliminé — c'est peu dire —. Enfin et surtout, c'est après cet assassinat que les fauteurs de guerres victorieux ont pu se croire tout permis : de plus en plus déterminés, ils ont réussi ce qu'ils voulaient, contre Kennedy. Ils ont pu "mondialiser", déchaîner la violence d'abord en Asie du Sud-Est, puis partout ; ils ont pu mener la course aux armements et le redoublement des violences coloniales ; ils ont pu s'allier aux apparatchki traîtres à la Eltsine pour vassaliser l'Europe de l'Est, avec la compréhension méfiante mais réelle de maoïstes reconvertis en milliardaires chinois. Enfin ce beau monde a assuré son pouvoir comme l'ont permis en tout temps les trafics, notamment d'armes et d'esclaves, avec leur accompagnement d'horreurs.

Les brutes ont bien saisi la leçon de leur triomphe : leur oligarchie sait associer partout désormais la barbarie patente et l'acharnement proportionnel de propagandes et mensonges. Entre cent exemples : le génocide contre l'Irak avec, outre le massacre général, les attentats de provocation à la haine entre chiites et sunnites par des soldats occidentaux. Qu'en dit-on ici autour ? Non seulement cela devient, dans les discours d'ambassadeurs et les journaux asservis à USA-UK, un sacrifice chrétien de GI's pour la liberté, mais c'est l'Islam qui est accusé, avec le soutien du Vatican, de violence, interne et contre les chrétiens. Inversion mentale menée en gros et en détail : pareillement, les Folamour de Washington ou de Londres, brûlant de presser des boutons rouges d'apocalypse, ont accusé l'Irak de détenir des armes de destruction massive...

Ces procédés sont caractéristiques de l'hypocrisie dévergondée, devenue seconde nature chez les potentats qui règnent  en ce moment. La faute politique des nazis, l'erreur répétée des fanatiques, c'est d'imaginer que déchaîner témérité et violence pourrait suffire à établir une oppression. Folie. Les Anglo-Saxons, eux, n'ont pas manqué de compléter la violence par la tricherie : nul comme eux, sauf les papes et encore, n'a su couvrir le pire sous des broderies peintes du meilleur. Il a fallu cela pour vampiriser le monde. De tout ce qu'il y a à dénoncer, le cœur bat là.
En arrière-plan seulement, il y a le relais satisfait de gens assez gâtés pour ne pas s'informer : ceux-là se laissent confortablement fasciner, flatter par des contes où ils sont exaltés comme seuls porteurs de civilisation — obstacles intimes mais massifs à la vérité qui font le principe même des "démocraties" d'Occident —. En cette marche du monde, d'un côté on saoule de sornettes, de l'autre on détruit ceux qui osent chercher à vivre libres. On endort, et on fait peur : alors même qu'on nie officiellement le crime, on en laisse bien assez paraître pour que les gens sachent, mais mal, c'est-à-dire en fuyant ; on charge des laquais d'établir et contrôler des versions de faits utiles au pouvoir, et puis on étale par ailleurs assez de traces pour qu'à la désinformation des foules soit jointe la terreur contre ceux qui réfléchissent. Enfin on tue, chaque fois qu'il faut : dès qu'un homme politique est un peu écouté et qu'il ose dénoncer les plus gros banquiers et leurs larbins, il est menacé de mort et, s'il persévère, victime d'attentats répétés et en général finalement exécuté — partout est menée aussi loin que possible l'élimination de quelque légitimité nationale ou sociale que ce soit .

Ainsi de crime en crime se maintiennent les régents du temps présent. Dès l'affaire Kennedy, les assassins ont su faire tomber le silence pour soixante-quinze ans, sous couvert de National Security, sur les documents prouvant leur participation au meurtre — et ils ont couvert d'ordure ceux qui luttaient pour qu'on sache : les Dulles-de Ménil, CIA-Schlumberger, transnationales et services secrets ont pu, politiquement, éliminer JFK comme de Gaulle, ils ont agi aussi fort contre une ouverture relative des Etats-Unis à la démocratie que contre un renouveau pourtant timide de l'indépendance française. Pareillement depuis, c'est à travers l'infiltration par la CIA des Brigades Rouges qu'ont été arrachées au peuple italien ses chances d'un gouvernement enfin national avec Aldo Moro ; c'est contre la richesse et la puissance potentiellement retrouvées du peuple allemand réunifié qu'on a fait assassiner Rohwedder "par la Fraction Armée Rouge", morte en réalité depuis dix ans...
Si on passe aux pays pauvres, quelle liste se poursuit encore aujourd'hui, de ces meurtres d'êtres et de peuples qui ont tenté d'échapper au système !
Le tout pour les inhumanistes est que cela ne se voie pas tout de suite : il faut qu'une ou deux générations passent, et que commencent à être connues les études de rares chercheurs ; alors on avoue en entrefilets que les aïeux des brigands actuels faisaient ce qu'on cache de leurs descendants. Voilà leur "liberté" d'enseignement et de presse : pourvu que ce soit avec assez de retard, on peut dire beaucoup sur attentats et guerres du passé — mais pour le présent, les travaux soignés de médiatisation rendent énormément plus facile de voir des bons et des méchants d'après le journal habituel : équilibre dosé entre stratégie de terreur et propagande de mensonge.

Dans ce contexte le brigandage peut continuer, à partir des ressources de toute l'humanité, au seul bénéfice du système qui risque de la détruire. Quelques détails :
– pétrole boursier à  $ 100 (150 ?) le baril, contre 5 à l'entrée des grands navires-citernes ;
– vol des ressources, notamment minérales, partout ;
– vol des savoir-faire : on achète des usines où sont atteints de rares perfectionnements techniques pour ensuite les fermer, délocaliser, créer de la misère même dans les pays industrialisés, sans soulager celle du Tiers-Monde où les automates et donc leurs possesseurs resteront rois ;
– éclatement de petits pays pour laisser les régions les moins pauvres achever elles-mêmes d'étrangler leurs voisines — Yougoslavie, Tchéquie et Slovaquie, tentatives en Bolivie, sans parler des harcèlements dès que l'euro s'avise d'être européen ;
– subversion
en ex-Union Soviétique avec la Tchétchénie et les "révolutions colorées",
en Iran — non parce que les mollahs sont ce qu'ils sont, mais parce qu'ils ne se sont pas encore rangés à la déchéance anglo-saxonne,
en Chine, notamment en s'appuyant sur les musulmans — curieusement très considérés par les Anglo-Saxons dans ce pays : c'est que, à l'encontre des officiels, ils ne donnent pas le vilain exemple d'une politique détachée du divin ;
– massacres, systématisés comme la torture, dans toute l'Amérique du Sud, tous les ans ou tous les jours ; bombardements records, plus que toute la seconde Guerre Mondiale, sur des pays qui ne pourront en récupérer qu'après des siècles, si jamais — de l'Asie du Sud-Est à l'Irak — ;
– destruction de toute tentative démocratique :
subventions en faveur des mafieux et trafiquants ou autres mercenaires, pour éviter le "mauvais exemple" que pourraient donner la libération d'un Salvador, d'un Nicaragua, d'un Venezuela un peu libres, ou d'un Brésil doué de toutes les richesses naturelles, ou d'une Tunisie ou d'une Egypte qu'on laisserait s'exprimer
escadrons de la mort contre les renaissances inévitables de syndicalisme, et commandos stipendiés depuis les ambassades-bunker occidentales ;
– "aide" (A.I.D.) sous toutes les formes de corruption et fraudes électorales, entraînement à la barbarie de polices locales ("second Rangers") par des académies spécialisées notamment US, agissant du Chili à l'Afghanistan, et où sont cultivés au profit des Anglo-Saxons primo le sadisme pur et simple et secundo le goût de trahir son pays, pour devenir un petit chef...

L'Afghanistan, métaphore de ce monde.
C'est la CIA qui en a fait le premier producteur mondial (et de loin) de drogue ; et pour compléter le crime, ni CIA ni FBI ne veulent, même quand il s'agit de leurs propres nationaux, entendre parler de contrôle intergouvernemental sur les poisons qui tuent par millions des jeunes et moins jeunes du monde : car  un tel contrôle ferait perdre ensemble des occasions de fliquer et d'énormes capitaux.
C'est une organisation dite de l'Atlantique Nord qui mène en Afghanistan la lutte contre un peuple. C'est par la destruction des démocrates qu'on a fait les Talibans. Voilà retrouvées la "démocratie" et la "liberté" exportées par les financiers : chaque fois qu'un groupe humain risque de relever la tête au nom des valeurs profondes, c'est l'hystérie martelée, en pays riches d'abord par les media, en pays pauvres par la franche terreur avec soutien et recours aux fanatiques — natifs ou fabriqués.

Religion d'amour, qu'ils disent — tableau accompli de tartuferie.

De même, dans un discours de temps à autre remis à jour , les instances gouvernantes des Etats-Unis rappellent que leurs concitoyens représentent en gros 5% de la population mondiale et dévorent 50% des ressources — ils se gardent de dire que la répartition des injustices est la même à l'intérieur des Etas-Unis ou de la Grande-Bretagne —. Voilà pourquoi dieu est invoqué, par ces gouvernants, en litanies presque aussi insistantes qu'en pays d'Allah : pour voiler de bonne conscience des déchaînements de sauvagerie. L'efficacité de ce procédé n'est plus à démontrer.

Violence extrême donc, mais violence ciblée, et balancement finement mesuré entre crime et mensonge. Si on veut y répondre, il est indispensable de faire le tri des connaissances et importances relatives, il est essentiel d'éviter le recours à un langage en clichés, ou le dérapage vers des affaires annexes.
Ainsi, on trouve dans tout le bruit écologique d'excellents spécialistes des éoliennes, qui par ailleurs prennent leurs paris au sentiment quand il s'agit du nucléaire, et qui avouent une ignorance à peu près totale sur l'économie ou l'éthologie. Pareille incapacité à la synthèse empêche forcément de comprendre ce que finance et totalitarisme veulent dire : on ne peut plus alors dénoncer que sur des points microscopiques, et indirectement, ce que l'argent représente de crime organisé. A une autre échelle mais au fond pareillement, c'est quelque chose que des voix s'insurgent contre la scandaleuse « dette des pays pauvres » : mais il faut mesurer de plus haut ce que signifient des échanges planétaires réglés sur la monnaie, il faut finir de se perdre en discours sur les "intérêts des transnationales", et faire saisir dans sa terrible nudité la volonté de pouvoir, seulement exprimée aujourd'hui à travers les formes monétaires. Ne pas arrêter au capitalisme le regard sur les fureurs des réactions de hordes primitives : le racisme n'a pas attendu le capital.
C’est donc simplement pour ne pas trop vite s'écarter du discours quotidien qu’on va parler un peu monnaie, économie, en se réservant pour plus profond : comportement, éthologie.

Dans le jeu monétaire, c'est la vitesse d'échange et exécution qui fait les maîtres financiers et leurs capacités à s'organiser avec leurs valets, banquiers plus ordinaires, puis traders, brokers & Cie. De là, qu'on fasse donc le tri à l'aide d'ordres de grandeur : chaque jour, la bourse de New York fait en chiffres pondérés 1000 milliards d'échanges (peu importe l'unité, $, £, €) ; la City de Londres 200 ; l'Europe (continentale, dans sa partie la plus riche) 50. Voilà des repères d’importances relatives, des chiffres qui révèlent comment le monde est soumis aux étalons anglo-saxons. Une touche pour compléter le tableau : la City a pu conserver son statut de seconde Bourse du monde parce que les juges britanniques n'ont jamais répondu aux mandats de justice internationaux contre les plus évidentes crapules de la finance.
L'argent ainsi dégagé permet — c'est cela qui compte surtout, politiquement — d'entretenir des bandes armées, mercenaires ou d'Etat, et d'autres domestiques. Après cela on peut parler de principes du droit international et détailler à quel point les financiers anglo-saxons sont en fraude, même par rapport aux lois-papiers qu'ils prétendent respecter. Mais faire ainsi référence aux termes de leur pouvoir est déjà faiblesse, de même que proclamer des "solutions" dans le cadre du capital : car il faudrait autant de violence pour faire passer des progrès dans un tel carcan que pour viser plus droit et plus juste — et c'est cela qui doit être compris au commencement. Attendre quelque chose de négociation ou déclaration dans l'oppression actuelle, c'est déjà abdiquer.
De la négociation d'ailleurs, les ennemis de l'humanité ne veulent plus. Sur tous les continents, c'est la brutalité qui pour les puissants est désormais la règle : les guerres, les subversions, les corruptions, les tortures, ne laissent place qu'à des gouvernements et syndicats de fantoches, de l'atlantisme à l'Oural et bien au delà. Mais ce n'est visible que pour ceux qui s'informent — donc ailleurs que dans la fausse presse, et il faut évaluer ce qui fait le succès de celle-ci, ce qui se cache à l'intérieur des ressentirs.

Comportement, donc. Car ce n'est pas seulement à cause de l'argent qu'on trouve des complaisants et endormis, des mercenaires et d'autres relais d'oppression : ceux qui connaissent en profondeur le comportement humain savent aussi s'en servir.
Par exemple, sans l'abandon de la raison au profit du sadisme virtuel de chaque membre de notre espèce, ce que les financiers de Wall Street ou de la City ont pu faire ne tiendrait pas un an : il leur faut les « formations » de traîtres aux peuples, les tueurs à gages et tortionnaires de CIA-MI6, et cela ne peut être assez efficace sans le dévoiement de données très scientifiques. Ces données sont celles de l’éthologie — la science du comportement —. On ne peut surévaluer le drame que représente le mépris de ce savoir chez les humanistes : les installations par les Anglo-Saxons de valets policiers et mercenaires, partout dans le monde, sont une utilisation raffinée d’une agressivité omniprésente en histoire — c'est si fort parce que c'est bien plus profond que capitalisme —. Sujet terrible et largement tabou, tant les refoulements par des gardiens de lignes gauches étouffent la connaissance ou éveillent la méfiance sur cet indispensable débat. Un aspect vital passe là pourtant. On peut l’évoquer, pour commencer, par la bande.
Les nombreux spectateurs qui acclament et intériorisent James Bond obéissent à une loi des réflexes de primates : se ranger à quelque force ambiante pour se sentir du côté des vainqueurs, dominants et paradeurs. Si les progressistes se faisaient un peu éthologues, ils verraient bien plus net pourquoi et à quel point l'habileté dans la propagande (les "distractions") constitue un supplément très opérant à côté d'autres media, et d'autres violences : les Eglises connaissent de longue date l'efficacité du viol sournois des âmes. Hélas les contemplateurs de Bond sont trop souvent aussi peu conscients de ce dont ils sont victimes que de petits enfants, catéchisés de façon moins distrayante.
L'efficacité des media en général procède des mêmes finesses. C'est à toutes échelles le même double front contre l'humanité : libre entreprise, citoyens esclaves, jusqu'en leur réflexion et leur ressentir. L'atmosphère sonore comme le paysage des cinq continents sont salis de pubs et de l'accoutumance qu'elles supposent à l'avilissement général : on rougit de supporter, sans plus bien réagir, le niveau de crétinisme et d'incohérence logique, le martèlement consommatoire qui donne l'encombrement des boîtes à lettres, des rues, des émissions hertziennes, de tout. Ce n'est pas sans résultat. Entre pubs, bondieuserie et matraquage médiatisé, aux Etats-Unis un tiers de l'électorat est mentalement irrécupérable. Il constitue, à force de références à dieu et dollar, un sûr volant de sécurité pour déchaîner l'hystérie et la manipulation : soit par provocation inouïe (11 septembre), soit au contraire en votes dits de protestation, d'extrême droite, parce que des circonstances mal maîtrisées (scandales répétitifs, ENRON et autres "crises") risquent de trop laisser voir ce qu'oligarchie financière veut dire. Gens de toutes classes, ruinés et avilis, prêts à voter pour les pires "Républicains" ou "conservateurs" comme d'autres avaient voté pour Hitler !
Ces affaires de comportement montrent remarquablement l’étendue et la précision de la réflexion des potentats — ou de leurs valets intellectuels — sur les moyens d'écraser les volontés individuelles et générale. Il faut y ranger encore un système de pseudo-démocratie, partout imité notamment en Europe. On forge en devanture politique deux partis dits de gouvernement pour dévier, pervertir, piéger les luttes contre le pouvoir : tous les deux sont en fait alimentés par la finance, mais l'équilibre est maintenu pour une apparence d'alternance. L'un des partis attire par son dévergondage dans la brutalité (Reagan ou Thatcher ou Bush), car les foules avilies respectent et aiment la force — raciste, on le constate partout sans en expliquer la source dans la mentalité de primate : on est "des dominants" si on est "du clan" —. L'autre parti prend ses distances à l'immoralité trop évidente, et se charge de détourner vers le cirque électoral l'espoir qui pourrait, en saisissant la réalité des crimes, mener à la révolte nécessairement bien plus dure. Mais en tout cas, jamais le système ne laisse dire assez haut ce qui importe le plus : jamais le parti "Démocrate" ne s'opposera à la version "Républicaine" du 11 septembre, ni Kerry à Bush lors du verdict "électoral" de 2004.
Certes, dans le même schéma d'oppression, sont détruits les soins, l'instruction et l'éducation : mais pourquoi cela fonctionne-t-il aussi bien pour enfermer dans la misère et l'individualisme anti-social ? Parce qu'il y a bien assez à faire pour chacun, quand la santé déjà devient difficile, si l'indispensable réflexion-distance à ce qui arrive est anesthésiée de tabous  — religieux, ou plus généralement idéologiques.

Voilà quelques traits pour analyser les moyens — infiniment plus subtils que violence brute — à partir desquels, sous la houlette des bandits, plus on a de moyens de mieux-vivre et plus on fabrique de malheur. Il faut là-contre des écoles révolutionnaires, où certes figurera beaucoup d'histoire des puissances et des perversions techniques : mais il faudra surtout y expliquer l'aveuglement sur ces perversions, par l'analyse des réflexes éthologiques et de leur efficace manipulation dans les media et les formations de bandes armées ; or des masses de progressistes ne songent même pas à intégrer, moins encore à diffuser largement, de telles connaissances. A vrai dire, ils les censureraient plutôt.
Il faut donc bien répéter ces évidences : toute lutte organisée est bienvenue, mais reste vaine si elle ne s'appuie pas assez largement sur la juste révolte, d'un côté vers la lutte violente, de l'autre vers la réflexion approfondie. Il y a cent, il y a cent mille associations qui en ce moment sonnent progressiste, et ce n'est pas rien qu'elles aient quelque écho. Mais ce n'est qu'entretien de défaite et finalement déroute si elles demeurent comme elles sont, parcellaires et craintives. Trop souvent, l'abord du réel est plus net et global du côté des pouvoirs : eux prennent en compte largement ce qui est accessible aujourd'hui d'expérience, de connaissance ; ce sont les chiens de garde des financiers anglo-saxons qui savent le mieux exploiter les robots pour la production et pour la puissance armée ; ce sont ces gens qui utilisent les pénétrations de l'animal dans l'homme pour fabriquer leurs soldats et leurs terreurs. Et en face, on en reste à des synthèses vieilles de siècles — après les bouleversements du XXe tout au long de son cours, de ses tempêtes politiques et de ses fulgurations de connaissance historique et scientifique ! A quand cette reprise de conscience : c'est dans la capacité à la synthèse des connaissances et dans l'audace à préparer des violences nécessaires qu'a toujours résidé la supériorité des progressistes et des progrès ? quand finira-t-on de se laisser diviser par l'esprit de scission dialectique, d'ignorer la base commune de compréhension par le savoir, de paralyser ainsi l'unité, le rassemblement des gens, le rassemblement des forces ? quand verra-t-on tels qu'ils sont des personnages qui se réclament d'opposition à l'enfer capitaliste et qui étalent des scolastiques réactionnaires, des petits-maîtres qui ressassent les ronrons de critiques connues, usées jusqu'à la corde, ou qui placardent au début de leurs soi-disant luttes la veulerie de la non-violence ?
Il faut rappeler et propager que le suffrage universel n'a jamais été acquis, où que ce soit, par le suffrage universel : et laisser les tricheurs continuer à placer quelques pions ridicules sous le chapiteau électoral où finalement même des pauvres, alliés naturels de l'humanisme, mais écœurés, égarés, votent pour ses plus fétides ennemis...
En attendant le pouvoir est attentif à censurer plus particulièrement ce qui le menace vraiment, et il ne laisse causer que « d'insurrection pacifique » et d'"américanisation", c'est-à-dire d’inculture ; voilà comment des gérontes indûment prolongés peuvent continuer à désertifier la planète, à provoquer des émeutes de la faim au milieu de facilités inouïes de production, à laisser s'étendre des maladies nouvelles plus vite qu'on ne cherche à soigner les anciennes, à interdire à des enfants l'accès à l'eau potable puis à en faire des soldats du crime. Ainsi passe l'affaiblissement humain d'un côté, de l'autre le perfectionnement incessant de tout ce qui conforte le système, l'astuce des désinformations et provocations, la croissance indéfinie des espionnages de citoyens ; ainsi augmentent toujours les risques qu'un renversement du cours de l'histoire exige des sacrifices cent fois plus terribles encore que tout ce qui a été déjà gaspillé.
Il faut, contre cela, la convergence des courages d'apprendre et de diffuser, il faut recommander le savoir, puis préparer sans déjà les appliquer les violences dont on n'a pas encore les moyens — mais dont il n'y a jamais eu les moyens avant préparation : Lumières françaises ou révolutionnaires russes par exemple. Toute révolution, donc toute prise de conscience de la nécessaire violence, germe à partir des étudiants-enseignants reprenant partout la mise à jour des esprits — et tout retard des esprits ampute d'années entières les révolutions. Tout meurt sans la remise en phase avec tous les savoirs, et d'abord les plus importants — qui ne sont pas les éoliennes.
Il y a, il y a toujours eu, il demeurera des opposants sournois ou imbéciles au progrès, qui veulent continuer à prétendre détenir le vrai, et surtout le droit de désigner les véritables humanistes. Par leur faute, voilà en somme un siècle qu'il y a glaciation de la pensée révolutionnaire et de l'audace à mettre en avant des savoirs, des principes et non des personnages ; voilà achevées trois générations de refus, de refoulement de réalités dont la prise de conscience est vitale ; voilà presque cent années qu'à travers de vaines agitations les progressistes sortent sans cesse affaiblis de leurs sacrifices mêmes, parce qu'ils rendent d'avance les armes, matérielles et théoriques, aux réactionnaires et oppresseurs.

Quand ce ne serait que pour maintenir le niveau des luttes actuelles au lieu qu'il baisse, il faut voir plus loin, exiger bien autre chose que la bonne conscience et la tranquillité du militantisme institutionnalisé, cadré, castré. Sans le retour aux fondements de la base de savoir commune qui fera l'unité, au lieu de verbiages qui font les divisions, sans l'esprit et la résolution au lieu de l'ignorance et du défaitisme avoué ou pratiqué, il n'est pas de sursauts de progrès possibles.
Tous le redeviennent, si on ressaisit le réel.