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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


dimanche 10 décembre 2017

Actuel 120 Contre les totalitarismes

                                   Le texte ci-après tente de condenser d'une part une brochure achevée ces jours, d'autre part la contribution essentielle de ce blog. Il est donc assez long. Il a demandé beaucoup de travail. Sa diffusion dépend avant tout de ses lecteurs.

                       Parce que jamais jusqu'ici dans l'histoire la production des richesses n'a été à ce point facile, jamais la lutte pour le pouvoir des pervers de la domination n'a été à ce point laissée débridée, folle : jusqu'ici il y avait toujours eu quelque contre-pouvoir des producteurs — au contraire aujourd'hui les grèves (surtout partielles) ne font le plus souvent mal qu'aux grévistes, etc.
            Il en résulte le déchaînement en notre temps des luttes proprement politiques, et l'impuissance des progressistes s'ils en demeurent aux critères économiques (à l'économanie). Mais grâce à l'étude des tendances agressives chez tous les animaux supérieurs et spécialement l'espèce humaine (la science du comportement ou éthologie), la compréhension de la rage de domination et pouvoir à tout prix éclaire de façon extraordinaire les comportements en général et l'histoire en particulier, et donne des moyens inouïs contre les brutes. En particulier, le grand basculement totalitaire, comme l'insuffisance théorique, tiennent à l'absence de prise de conscience de ces acquis essentiels de la science en affaires politiques :
le principal moteur, le plus élaboré de l'évolution et le plus actif surtout dans l'espèce humaine, est la tendance à trouver une place aussi considérée et considérable que possible parmi ses congénères (êtres de la même espèce).
C'est l'origine des sociétés, des guerres et plus largement de tous les grands traits d'histoire, c'est ce qui se manifeste effroyablement par l'unité ou au moins le large consensus de tous les dominants et dictateurs ("mondialisation"), tandis que les individus dans les peuples sont maintenus, autant que les brutes le peuvent, dans l'incapacité à communiquer et se rassembler contre l'oppression. Il est essentiel de comprendre cette dissymétrie :
les pervers et déséquilibrés, obsédés de domination à n'importe quel prix,
sont excités par leurs systèmes et les font fonctionner de façon absolument continue
alors que les gens plus épris de raison sont en général préoccupés
de survivre s'ils sont dans la misère et sinon de se réaliser plus humainement.
C'est cette dissymétrie politique qui entrave l'épanouissement humain global et menace la vie et la planète : la forme économique — techniques de production et répartition des richesses — est au contraire accessoire (il est lamentable qu'il y ait des dominants : qu'ils existent aussi en "entreprises" n'est qu'un corollaire).
            Il ne suffit donc pas de répéter comme des ânes que dans son Que faire, Lénine a écrit : sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire. Il faut enfin se décider à comprendre que la théorie est étranglée par des séquelles de fautes énormes : la plus terrible est, contre Diderot et son temps, l'enfouissement sous la Sainte-Alliance et Hegel de l'essentielle nécessité de mise à jour globale des connaissances, l'oubli de la philosophie expérimentale. La diffusion aussi large que possible du savoir le plus sûr — dans ses données les plus importantes, donc science et aujourd'hui éthologie en tête — est un principe vital. Il a été étouffé par les astuces de mise en condition déployées par le pouvoir, à partir de sa pratique d'égarement des foules par les religions et autres faussetés, et le relais en a été pris par le Verbe de pouvoir marxiste, la dialectique de Hegel. Le monde crèvera, comme il crève surtout depuis près d'un siècle, tant qu'on ne sortira pas de cette folie.

                       La tendance à trouver une place aussi considérée et considérable que possible parmi ses congénères (les êtres de la même espèce), la base éthologique, doit être mise au cœur de la compréhension de l'histoire, et du présent plus particulièrement : car il n'y a pas de limites à la violence exercée par les êtres devenus dans la barbarie historique des suragressifs, et tout démontre qu'ensuite
des bourreaux peuvent être recrutés parmi des laquais,
êtres aussi vicieux, malsains et pervers,
la rage dite volonté de pouvoir n'étant pas seulement l'affaire des dominants : elle est contagieuse parce qu'elle trouve des valets en masse dans les semblablement infectés de sadisme, puis par grégarité pure ; par régression, cet effet d'ensemble primitif peut agir contre, et au delà de, toutes les élaborations civilisatrices : environné de tortionnaires, tout le monde (presque, mais surtout ceux qui n'ont pas d'éducation éthologique) est potentiellement tortionnaire (cf. Obedience to Authority, de Milgram, analyse ici en Actuel 68). A partir de la théorie éthologique comme de la pratique historique, il est immédiat que des soldats peuvent être recrutés dans toutes les "classes" (en fait : parcours sociaux), comme le savent et le pratiquent les dirigeants depuis des millénaires.
            Plus précisément, l'éthologie affirme que de façon générale
il y a une classe, une seule, celle des dominants
contre une poussière de non-classes, regroupements de hasard et surface. Les échecs constants des révoltes tiennent à ce que les révoltés — comme les outils mêmes de répression (prêtres, flics, militaires) — n'ont pas conscience de l'essentiel : le blocage de l'expansivité naturelle et donc la barbarie absurde de refoulements intérieurs et violences extérieures, d'où la nécessité de décharge agressive. Or au contraire non seulement les dominants constituent, eux, une classe,
LA, LA SEULE, classe
d'abord à petite échelle avant de passer au cadre national puis (aujourd'hui) internazional, conformément à la tendance plurimillénaire d'expansion des conquêtes d'un côté, de concentration du pouvoir de l'autre, mais ils ont et cultivent par leurs échanges au moins un sens empirique de l'agressivité. De sorte qu'enfin, dans une déraison presque générale,
l'histoire de l'humanité n'est pas celle de la lutte "des classes",
mais celle de la lutte entre savoir et pouvoir,
la nature du pouvoir implique sa concentration, sa tendance à la dictature,
la nature du savoir implique sa diffusion, sa tendance de fond à la démocratie.
L'absence de théorie, c'est donc l'absence de diffusion de la prise de conscience, du savoir essentiel, ce qui renvoie au principe vital,
sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire
car le seul moyen de rassembler des forces capables de s'opposer à l'organisation vicieuse en pouvoir, c'est de rassembler des gens de partout, et la condition nécessaire pour cela est la vue commune, le sens commun des choses que seule la science sait faire voir (et non un quelconque Verbe de pouvoir destiné à empêcher la compréhension populaire et à porter un clergé de Parti ou Eglise, une bureaucratie de transmission des ordres et diktats de la seule classe constituée à diverses échelles par des dirigeants) : tous les fous de pouvoir, relativement rares mais vite proches, sont des malades mentaux irréversibles que seule la cohérence organisée peut arrêter. C'est la leçon éclatante, de la "mondialisation" comme de la trahison des Partis prétendus communistes russe et chinois — les milliardaires correspondants se retrouvant par exemple à la BIS, Bank of International Settlements : banque infâme entre toutes, spécialement conçue pour court-circuiter toute influence d'institutions liées au suffrage universel, déjà gestionnaire principale au temps de la seconde guerre mondiale (cf. Tower of Basel, d'A. LeBor, et infra).

                        Tout cela est une occasion remarquable de saisir ce que chacun peut savoir à condition d'accepter d'apprendre : le Manifeste communiste commence par une éclatante dénégation d'histoire, en affirmant que l'histoire est celle de la lutte des classes. Car il n'y a jamais eu QU'UNE classe assez clairement délimitée : celle des plus dominants, des plus farouches oppresseurs, comme on va le détailler un peu et comme le démontre avec une clarté aujourd'hui aveuglante la leçon juste redite de l'histoire ("mondialisation"). Il y a une différence essentielle entre un ensemble social structuré ou classe et un ensemble social amorphe, repéré par des critères de résonances très diverses (âge, sexe, dose de mélanine dans la peau, frontières, conditions de subsistance, n'importe quoi). Certes chaque secte ignare tour à tour s'empresse de déclarer que la question a été définitivement  traitée par son gourou, et renvoie à des œuvres plus ou moins incompréhensibles. Ce n'est pas ainsi qu'on procède en affaires de savoir : il faut se référer à ce que chacun peut vérifier, sur des faits F considérables, et en dehors des hurlements autoritaires.

                        F. 1. La seconde guerre mondiale avec ce qui s'en est naturellement suivi a été surtout une affaire montée par quelques grands banquiers, contre les espérances d'un système politique différent suscitées par l'URSS. Ce sont surtout deux personnages, tous deux fermes soutiens du nazisme vu comme moyen, Montagu Norman (gouverneur de la Banque d'Angleterre jusqu'en 1944) et Hjalmar Schacht (principal financier de Hitler) qui ont créé la fondamentale BRI, Banque des Règlements Internationaux, à l'occasion de l'affaire des "réparations" après 14-18, puis qui ont le plus directement guidé son fonctionnement pour permettre les financements de l'ensemble industriel européen au service des fascismes (Roger Auboin, synarque devenu OSS 651 — itinéraire entre tous exemplaire — a été le secrétaire général de la BRI de 1938 à 1958). A partir de là, c'est dans toute l'Europe hors URSS que les ouvriers ont travaillé pour la machine de guerre nazie, sans compter le soutien des dirigeants des Etats-Unis, alliances IG Farben avec Standard-Oil (alias S-O puis Esso puis Exxon), ITT avec Siemens (connections électriques et électroniques, les premières cartes perforées de la filiale IBM ont servi à faciliter la gestion des déportés vers les camps de la mort), General Motors avec Opel (camions du Blitzkrieg), etc.
            Il n'y a pas ici à insister sur ces détails, mais sur l'essentiel : en tout, ce sont au plus quelques douzaines d'individus — formant un groupe très uni, très organisé, UNE CLASSE — qui se sont trouvés d'abord héritiers d'une expérience plurimillénaire de conquête et domination violente, puis portés par les circonstances aux moyens de renouveler la barbarie à leur profit. Plus nettement : même des banquiers comme le misérable Charles Rist n'ont rien vu ou rien voulu voir de ce que visaient et préparaient leurs collègues d'une autre envergure — Norman et Schacht donc en premier lieu, mais aussi les Rockefeller, Strong, Dulles, Behn, McCloy et son intime Jean Monnet, plus tard mais fort efficacement McKittrick, en France les traîtres de Cagoule et Synarchie (que les pseudo-historiens de la honte et du mensonge organisés s'entêtent indéfiniment à cacher, en injuriant à coups d'accusations de "complotisme" ceux qui les découvrent), etc.
            F. 2. La suite naturelle dans la conquête planétaire du pouvoir par UNE classe a certes comporté l'anéantissement de l'URSS, largement obtenu par la barbarie nazie dès 1945, mais remarquablement poursuivi par la course aux armements réels ou supposés (super-bombes ou "guerre des étoiles") et couronné par la subversion de la bureaucratie au pouvoir sur place (de devanture communiste mais de contacts incessants avec les dirigeants US). Cet anéantissement est presque annexe. Les deux temps les plus forts ensuite du pouvoir réel ont été, non 1989-90, mais
            la reconversion de la lutte et de l'hystérie anticommunistes en lutte et hystérie anti-islamistes : ce fut vers 1975 la mise en place de "l'équipe B" par le père Bush, alors directeur de la CIA, et par le central Paul Nitze (aussi "négociateur" depuis 1950 des affaires de traités sur les armements avec, et pour la ruine de, l'URSS)
            la préparation du déchaînement militaire tous azimuths par le PNAC (Project for a New American Century) et son début de réalisation à l'occasion du 11/9/2001.
Cette continuité de LA classe, unique, à la source de ces évènements, est démontrée dans des montagnes de bibliographie notamment aux Etats-Unis, et aussi assez bien résumée dans les textes de P. D. Scott (ainsi La route vers le nouveau désordre mondial).
            En face, dualement en quelque sorte, de moins en moins d'organisation et de société, une poussière de plus en plus fine de non-classes — jusqu'à l'écœurement et l'impuissance devant la violence, de niveau jamais atteint, de LA classe au pouvoir (violence des techniques de production, armes comprises, comme de l'espionnage des citoyens), et enfin la croissance de l'égoïsme-individualisme forcené, l'isolement des citoyens à un niveau lui non plus jamais atteint de non-solidarité, d'a-socialité.
            F. 3. Il faudrait ici grâce à The Brothers de S. Kinzer (sur les Dulles), éclairer un autre point. C'est, dans le psychisme des potentats, la suprématie primaire des pulsions animales, inconscientes, et surtout de la perversion dominatrice venue des primates, sur les devantures risibles des présentations idéologiques, "conscientes". En simple résumé : la leçon est la même partout à travers le microcosme des pouvoirs, et l'hystérie exprimant le triomphe de l'animalité sur l'humanité sert de détermination — elle finit toujours par payer individuellement et socialement contre la raison insuffisamment éclairée, notamment si celle-ci est ignorante de l'éthologie.

                       Cet ensemble F de faits considérables dicte les conditions de l'organisation progressiste aujourd'hui : il suffit de tenter d'organiser la diffusion de ce savoir pour saisir que l'action résultera immédiatement de cette diffusion. Car tant que les progressistes s'égarent en marxismes et anarchismes, on les laisse au moins un peu parler ; mais dès qu'ils s'occuperont de faire voir ce qu'est la perversion en pouvoir conformément aux données ci-dessus, la répression se fera assez féroce pour éveiller l'attention et le courage de tous ceux qui cherchent à augmenter les chances de survie humaine, contre les cinglés de domination à tout prix dont Donald Trump n'est qu'un cas clownesque et caricatural (et, en raison des oppositions qu'il suscite dans son propre Etat, peut-être pas le plus dangereux).
            Que les progressistes véritables s'occupent donc de la diffusion du savoir le plus important : la dénonciation de la maladie mentale des dominants actuels — mais vite, car les fous ont de nombreux leviers de mort entre leurs mains.

                       C'est ce sur ce caractère d'urgence qu'il faut conclure.
            Dans son Eté 1914, Roger Martin du Gard raconte en particulier le vendredi 31 juillet de cette "année terrible". Il y avait déjà depuis un moment, et il allait y avoir bien davantage, le feu au monde. A Paris, au centre de l'histoire, il faisait très chaud. Depuis des semaines, partout en Europe, l'Internationale tentait par tous ses moyens de bloquer l'horreur ; le soir, Jaurès allait être assassiné ; le lendemain devaient paraître en France les affiches de mobilisation générale... Cependant ce midi de vendredi encore, des entêtés à ne rien comprendre chargeaient, sur les omnibus des gares pour la Normandie, des filets pour la pêche à la crevette en famille.
            Trump est à la Maison Blanche ; les néocons US dirigent Wall Street-CIA-Pentagone ; les gens du temps présent n'ont même pas une Internationale, et veulent encore moins comprendre qu'en 1914. Mais est-ce seulement leur faute ?

Il est toujours difficile d'inciter
à penser-agir, donc à s'occuper de cohérence humaine,
tant que les fouets des circonstances n'imposent pas de réponses urgentes.
Ainsi ordinairement aujourd'hui,
d'un côté les fauves se déchaînent et s'unissent pour faire le mal,
pour être de plus en plus des  fauves,
de l'autre les esclaves s'enfoncent dans leur quotidien et ne se fréquentent que
pour être de plus en plus des moutons :
mondialisation des dirigeants,
désocialisation des citoyens,
CONCENTRATION  mondiale DU POUVOIR.
Pour en sortir, PRENDRE ET FAIRE PRENDRE CONSCIENCE
— même si les crétins "n'y croient pas".

            En somme,
sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire
or une théorie qui se fonde sur la lutte des classes est une fausseté noire : c'est en réalité la rage dite volonté de pouvoir qui crée et structure les luttes et parcours sociaux (et non des "classes") dans l'héritage, chez les potentiellement humains, des primates. Non seulement l'histoire entière le prouve, mais la science du comportement le resitue dans l'ensemble de l'évolution (cf. ici Actuels 84-5-6).
            La religiosité marxiste fonctionne donc comme rempart de la réaction (cf. ici Fond 7, octobre 2014). Avec son sectarisme, son dogmatisme, son insistance sur les formes économiques accompagnant son aveuglement sur l'essentiel politique, ses références criminelles à des abstractions sans contenu précisé, "classes" ou dictature "du prolétariat", cette religiosité constitue désormais chez les progressistes eux-mêmes le principal obstacle à la théorie et aux mouvements révolutionnaires ayant une chance de sauver l'humanité des désastres que prépare la classe au pouvoir, tandis que celle-ci de son côté abuse d'une autre pensée totalitaire (en termes de nations et donc de guerres : "la France" contre "son Empire", "les Etats-Unis" contre "la Corée du Nord"), dans l'ignorance active des enfants et des opprimés de tous les pays de cette malheureuse planète :

des deux côtés, ignorance totalitaire des réalités historiques, humaines, universelles.