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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


samedi 9 mai 2015

Act86 Condensé d'éthologie politique (III)


Il y a le fond qu'il faut absolument ordonner, et puis des bribes qui peuvent toucher davantage. Les deux titres précédents (Act84 et 85) ont été consacrés au fond : on va livrer ici quelques bribes, essentiellement sur l'infamie du pouvoir.

Plus on laisse parler les formes primitives, plus on s'égare à confondre le respect animal de l'établi et les nécessités humaines de l'équilibre : les pesanteurs historiques font que le sens social est vivement sollicité d'abord par l'accoutumance aux hiérarchies (héritage des hordes de primates) au lieu de percevoir les besoins de construire un ordre vrai, démocratique.

1. C'est sans doute cela qu'il faut commencer par démonter, de deux côtés : en refusant toutes les barrières, tous les prétextes du pouvoir pour empêcher l'information (dont l'instruction) des citoyens et leur prise de conscience avec expression de leur volonté réelle ; puis en faisant déjà voir (on élaborera) les gens de pouvoir comme pervers extrêmes dans leurs poussées et discours.
1.a. Côté barrières. Lorsqu'Einstein suppliait qu'on se souvienne de la bombe A comme conçue en réponse aux menaces du nazisme et non comme arme de puissance, lorsqu'Einstein suppliait qu'on n'aille pas écraser le Japon vaincu pour établir un nouvel empire en achevant d'impressionner l'URSS par une supériorité d'armement (ce qui était déjà le sens de l'horreur à Dresde), la présidence US fit répondre qu'il "ne fallait pas compliquer encore le difficile travail des hommes d'Etat" : démarche typique du pouvoir, la lutte contre la démocratie prétextant qu'il faut le secret, de soi-disant nécessités indicibles ("incommunicables" disait feu Mitterrand). Dans ces exigences de "défense nationale", Garrison voyait déjà les moyens de la fascisation des Etats-Unis (relisez son interview à Playboy vol. 14, n° 10, octobre 1967). Elles sont brandies aujourd'hui partout, systématisées notamment :
  – aux USA par le Patriot Act dans la ligne du "New Pearl Harbor" de septembre 2001
– dans l'Union Européenne (spécialement en France en ce mai 2015) par les équivalents en lois "liberticides", en fait lois scélérates d'espionnage menaçant non pas seulement la liberté d'expression mais le devoir d'information.
Il est certes honteux d'adjoindre à ces procédés l'hypocrisie qui prétend défendre la liberté d'expression alors que tout, et d'abord la finance, muselle toutes les presses : ce n'est qu'une autre forme des tabous, barrières et mensonges imposés par le pouvoir. Chaque fois que les citoyens se plaignent d'insécurité, le pouvoir, au lieu de reconnaître que toutes les insécurités commencent à celle de l'emploi, réclame à cor et à cri de nouveaux moyens de répression, puis tourne ces nouveaux moyens contre la liberté des citoyens : on a d'abord de plus en plus de flics et de moyens d'espionnage, et ensuite tout ce qu'il y a de nouveaux flics et moyens d'espionnage sert à matraquer des manifestants exigeant le droit au travail et à l'emploi, et à espionner les citoyens les plus conscients des sadismes du pouvoir. L'insécurité ainsi accrue sert à redemander de nouveaux moyens de flicage etc.
1. b. Côté perversion de fond.
Plus généralement que la censure sous le nom de liberté, l'inversion mentale (on y reviendra) caractéristique et générale du pouvoir se traduit par le discours moralisateur quand il s'agit de déchaîner l'immoralité, et par la prétention au progrès (la "modernité") quand il s'agit de déchaîner la réaction :
Le patronat français, souvent par la bouche des ordures professorales employées en "économistes", se distingue par des formes incroyables de ce ridicule : on accuse les pauvres — c'est une constante du discours ultra-réactionnaire dans ce pays depuis Pétain — de trop vouloir la vie facile (un toit et un emploi dans des conditions décentes, une retraite à un âge accessible, tout cela aujourd'hui très facile surtout dans nos extraordinaires moyens techniques), alors que ce sont les privilégiés qui accaparent et dévient de façon de plus en plus infâme l'ensemble de l'économie, alors que c'est le patronat qui détourne ignoblement la production par astuces comptables en création de misère en général et de chômage en particulier, au lieu d'accepter quelque saine répartition de richesses que ce soit.
De même inversion, on opère en France la réduction générale à un chiffon de papier du Préambule de la Constitution de la République issu du programme du Conseil National de la Résistance, et son esprit puis toutes ses règles et édictions mêmes, essence de progrès, sont déclarés archaïsmes dans les poubelles médiatiques reproduisant et diffusant à l'infini les discours et exhibitions du MErDEF et de ses porte-voix dits experts. De là, la destruction de l'Instruction et des moyens de santé publics, la dévolution malsaine à des assurances privées (c'est-à-dire à des cupidités d'actionnaires) des moyens de droits sociaux les plus élémentaires — même les zones privées des mandarins d'hôpitaux, mais surtout les cliniques et maisons de retraite assassinent de prix scandaleux et rendent des services de mesquinerie honteuse, tandis qu'une pseudo-éducation n'est plus qu'une déviance élitiste et une préparation aux abrutissements gadgetiso-télévisés.
Ce n'est pas très différent par exemple aux Etats-Unis (la nation la plus puissante au sens du pouvoir), où cinquante millions d'habitants (environ 20% de la population) sont écartés de toute couverture médicale, ou au Royaume-Uni où l'espérance de vie des pauvres est aussi de vingt ans moindre que celle des riches (c'est pire dans le détail, mais ces chiffres sont valables pour les 20% les plus pauvres et les 20% les plus riches) : merveille des résultats de Wall Street et de la City, de ces vampires anglo-saxons qui s'insurgent au nom de leurs lois contre même la Cour Européenne des Droits de l'Homme, quand celle-ci sollicite que les mandats d'arrêts internationaux soient parfois un peu pris en compte par leurs juges quand il s'agit de poursuivre les plus nauséabonds trafiquants d'argent sale...
Liste non limitative.

2. Mais la bêtise (l'animalité) du pouvoir trouve un déplorable écho actuel chez les progressistes, par l'acceptation de l'expression économaniaque constituée en comportement. Là où l'évidence expérimentale, scientifique et historique, rend éclatante l'agressivité des privilégiés, des abstractions creuses de lutte des classes ou des analyses économiques sont la stupide et misérable réponse-réflexe la plus présente. Pourtant tout le monde peut comprendre que même seulement la cupidité maladive (et c'est pourtant un stade dépassé par les privilégiés actuels), l'agressivité obsessionnelle sous la forme du désir d'argent, n'est qu'une forme de recherche d'un statut social aussi élevé que possible, à l'intérieur des critères plus ou moins concrets des sociétés établies. De là plus loin, tout le monde peut comprendre que l'enrichissement personnel est souvent, et de plus en plus souvent, un moyen vite dépassé, dépensé pour toujours accroître son pouvoir même : Richard Cheney est certes l'avide dirigeant de Halliburton (entre autres), mais c'est surtout, dans la ligne de la fameuse équipe B de Bush père et de Paul Nitze, l'un des fous de conquête du monde entier (expansion agressive) par l'oligarchie des USA.
C'est pour cela qu'il est maladif de s'en tenir à des histoires de pétrole et de sources d'énergie : on lit encore partout la déviance de contes de "chocs pétroliers", alors que la grande affaire depuis le milieu des années 1970 (dès les années d'après-guerre mondiale dans l'esprit des gros financiers anglo-saxons, dès avant dans les propositions de savants conseillers comme von Neumann) est l'automatisation à outrance avec propriété-accaparement des robots, ce qui a comme conséquence le besoin croissant d'énergie non humaine, en particulier les sources fossiles et les hydrocarbures. Or c'est maladie, de ne voir que la conséquence au lieu de saisir la démarche de manœuvre politique, la menace de jeter à la rue les ouvriers et les employés qui seraient productifs, et leur remplacement par des "commerciaux" et autres "techniciens" asservis au système : ce qui permet de détruire toute ébauche de classe travailleuse, de rendre vaine la tentative de contre-pouvoir par la grève, et de faire accepter la propriété des robots par des parvenus, actionnaires incapables de les concevoir ou seulement de les gérer !
C'est ainsi qu'on commence à saisir, sur ces points particuliers, à quel point la compréhension éthologique prime toujours, en politique, sur les procédés et la propagande qui égarent vers l'économie : ce qui est le plus grand service à rendre aux financiers — ils savent bien, eux, pourquoi ils se font financiers à New-York et Londres comme ils se feraient hommes de guerres en féodalité ancienne ou purs mafieux en Calabre ou en Sicile, ou à Chicago, ou parmi les anciens apparatchki du côté de Moscou —. La vaste rigolade de la délimitation en bourgeoisie et prolétariat ne peut tenir face à la clarté universelle de la volonté de pouvoir, qui aujourd'hui a largement dépassé cette forme d'industrie naissante. Dès l'explosion de Guerre Mondiale en 1914, on avait la preuve éclatante et déplorable de la primauté des réactions de hordes en nations au lieu de classes, et de ce que donnait la culture de cette inconscience dans les peuples au profit des gouvernants ; on voyait que les gouvernants se protégeaient efficacement tandis que, par toutes les forces qui attachent aux coutumes et aux langues, les gens ordinaires étaient, eux, incapables de se constituer en classes et se laissaient manœuvrer comme des pions. Depuis le milieu des années 1970, la même primauté absolue des réactions primitives et traditionnelles ancrées et cultivées a permis le basculement de l'anticommunisme à l'anti-islamisme : de là, avec la complicité des féodaux arabes puis de fanatiques dans ces peuples mêmes, pourtant opprimés à mort, les dirigeants ont pu imposer des budgets militaires délirants (bien supérieurs à ceux du temps de la "guerre froide") qui privent la planète entière d'un développement des forces productives et de la lutte contre la pauvreté. Tout cela est consciencieusement voilé par le catéchisme économaniaque — celui des financiers qui prétendent ramener la réflexion économique à leur comptabilité vicieuse certes, mais aussi celui de marxistes soupirant davantage après le pouvoir que songeant à la misère du monde —. Les sauvages qui gouvernent encore sur notre Terre ont compris l'impuissance des foules à rendre efficace la puissance du nombre, en l'absence d'une prise de conscience jusqu'ici constamment rongée par de fausses "identités" au lieu de la perception éthologique de l'identité vraie, unique, humaine ; les sauvages ont compris leur intérêt commun à l'intérieur du système général de privilèges, quitte (comme en 1914) à tenter tant qu'ils peuvent, comme les requins qu'ils sont, de se dévorer entre eux ; ces brutes, elles, savent
manipuler en faisant admettre la possession de robots par ceux qui ont le moins travaillé aux progrès des techniques ; tromper l'agressivité par l'illusion de décharge en votes opposés (droite et gauche en fait aussi financières l'une que l'autre) ; user du terrorisme et désigner de misérables coupables qui sont seulement d'autres victimes ; utiliser les mêmes tracts, dans le même but, au Caire ou à Kiev comme on l'a vu lors du printemps arabe et du coup d'Etat en Ukraine...
Les plus expérimentés dans ces manipulations sont donc consciemment préoccupés de pur pouvoir, et savent ce que pouvoir et politique veulent dire, donc la priorité de leur action dans les têtes et non les armes ni les machines. Les autres, concurrents russes ou chinois, ont encore bien du retard en éthologie pratique ; et les opposants progressistes y joignent beaucoup de mauvaise volonté en éthologie théorique, qui pourtant leur tend les bras et où on peut aller vite...
Cependant la compréhension politique éthologique va, naturellement, beaucoup plus loin, en particulier dans l'analyse du degré de saleté mentale des tyrans actuels.

3. On peut largement recopier ici l'analyse donnée à la fin d'Actuel 69 : les traits psychotiques de suragressivité, devenant maladie mentale irréversible, se regroupent autour de deux mouvements
1) "projection" — terme établi mais malheureux : il faut penser, et on va expliciter, "inversion mentale avec projection" ou "rétroprojection"
2) raidissement dans la maladie — par succès social et poussée propre
qu'on explicite ci-après.
1) (Rétro)projection
Pour le dévié psychotique obsédé de pouvoir à tout prix, il est, lui, la nature humaine — c'est le discours de défense (des religions et) du totalitarisme financier qu'on ne cesse de réentendre —, ce qui lui permet de prétendre que tout le monde ne rêve au fond que de sa psychose. Le chef en "déduit" que par exemple la paix laïque, la vocation de savant médecin ou enseignant, les développements sociaux de protection et soins des jeunes et des faibles, ne sont que des vices d'irréalistes : lui, malade, est sa propre référence, et il projette sa maladie en universalité. Ensuite cela lui sert de justification pour réprimer : ceux qui luttent contre lui sont eux les terroristes — par exemple, les assassins US récupérateurs de tortionnaires nazis à la CIA se devaient de traiter de communistes-et-féroces les démocrates même les plus réformistes d'Amérique Latine ("les communistes", écrivait George Kennan, "sont de toutes façons des traîtres") — : "donc" tous les coups sont non seulement permis mais obligatoires. Par même "logique" (en fait : rétroprojection), les manifestants "ont envie" de se faire matraquer, les ouvriers grévistes "ont envie" de se faire licencier, les démocrates actifs "ont envie" d'être réprimés etc. etc. etc. De façon générale, aux yeux des oppresseurs ce sont leurs ennemis qui sont malades, fous, et pire : méchants (tandis que les actionnaires par exemple, gens entrés dans le système d'accaparement, sont de purs philanthropes...). C'est dans cet "esprit" que, pour ces êtres fondamentalement vicieux, malsains et pervers, il est naturel d'user contre le monde entier (qui ne peut que se rebeller, évidemment) d'inquisition, torture et mort des libertés, ainsi récemment
– extensions guerrières et recolonisations planétaires
Patriot Act et ses suites
– censure et diffamation des opposants, des tenants de vérité ("gaucho-conspirationnistes anarcho-autonomes")
– renversements orwelliens : la destruction du peu d'Etat de droit (trop soumis au suffrage des peuples) est dite libéralisme ; et la misère explosée, au milieu de moyens techniques sans égaux dans l'histoire, est dite croissance...
Donc bien rétro projection : projection sur l'opposant avec inversion mentale.
2) Raidissement
D'abord en deux mots : toujours plus. Toujours plus de pouvoir, de concentration du pouvoir, de répression, de recrutements des "élites" par des "concurrences" et concours concoctés tout exprès pour éliminer les porteurs de qualités humaines et sélectionner des "spécialistes" à œillères, qui ne sachent regarder que l'écran des virtualités désignées par le pouvoir — mais plus encore : il faut lire le caractère d'entraînement compulsionnel de ce comportement, et cela d'abord dans le fonctionnement même des affolés de pouvoir. Il faut voir qu'indépendamment des excitations extérieures ces gens ne peuvent être que de plus en plus menteurs, de plus en plus tricheurs, de plus en plus cruels, de moins en moins capables de quelque résonance que ce soit (empathie) avec leurs victimes — c'est vrai aussi bien d'un Obama ou d'un Valls que d'un Luis Posada Carriles, d'un Guérin-Sérac ou d'un Le Pen : il ne faut pas croire que c'est seulement leur "succès" qui les rend tels qu'ils sont, ils sont déviés au fond, irréversiblement et de façon incontrôlable, en fanatisme du pouvoir (sous des formes peu différentes quant à l'éprouvé : Obama se vantant de ses résultats d'assassin par drones comme Carriles de ses tortures). L'extrême vulgarité de la conversation avec l'ambassadeur US en Ukraine, où l'on entend Victoria Nuland envoyer "foutre" l'Union Européenne, est typique de la primitivité et du sous-développement mental odieux, justement en affaires politiques, de ceux qui veulent aujourd'hui s'asservir le monde entier : les chefs d'entreprise traditionnels ou gros financiers, se donnant volontiers aux mafieux pour blanchir leur sale fric, sont aussi caractéristiques de la même mentalité.
Cela dévoile d'ailleurs une autre face de l'aveuglement, imaginant que la pourriture concerne seulement 1% des gens, contre 99% d'honnêtes : non ! Les psychoses de domination sont des tourbillons qui aspirent de plus en plus de monde, jusqu'à des naufrages de dimensions cosmiques si on les laisse gouverner (nazisme). La maladie n'est pas seulement présente parmi les malades, elle est contagion. C'est spécialement pour cela que la notion de classe est si aberrante (en dehors, dans une certaine mesure, des parvenus au pouvoir) : les gouvernants n'ont jamais eu, ils n'auront jamais aucun mal à recruter des sadiques saisissant n'importe quel prétexte pour exercer leur sadisme, et se moquant bien que ce soit au nom du Christ, du Führer ou du fric qu'ils torturent, pourvu qu'ils torturent. S'il est si facile de dresser des flics à se comporter comme ils le font aujourd'hui même dans des nations supposées relativement civilisées, c'est aussi pareil : parce qu'il est aussi facile d'inciter aux comportements ignobles que de descendre en suivant la pesanteur...
... du moins tant qu'on en reste à des idioties d'économie et de classe, au lieu de se montrer capable de dénoncer et démonter l'ordure de certain "ordre" comme elle le mérite, c'est-à-dire en analysant la bêtise, la perversion, l'animalité de ceux qui se laissent happer par le pouvoir : il faut, tout au contraire, admettre les caractéristiques proprement humaines d'empathie certes, mais bien davantage et plus profondément, plus synthétiquement aussi, de savoir, dont l'expression en ces matières s'appelle éthologie politique.

jeudi 7 mai 2015

Act85 Condensé d'éthologie politique (II)


Le titre I, Act84, de ce condensé finissait par des mises en garde contre les simplifications vite excessives : ce titre II commencera de même. On a exprimé en effet que tous les comportements animaux assez évolués, sociaux ou non, étaient considérablement éclairés à partir de la conception en quatre moteurs de base, en bref et en vue des affaires humaines :
subsistance – préservation – sexualité – é-agressivité.
On a dit également qu'il en résultait une variété de comportements aussi grande que les formes d'ADN des bactéries, des plantes et des animaux issues des quatre nucléotides de base. Mais de ces premières images résulte que, puisque les ADN sont programmes de formation (physiologiques) des organes dans les individus, il doit y avoir aussi des programmes de formation (éthologiques) de comportements à partir des quatre moteurs de base. C'est bien le cas : dans des conditions favorables à la survie, avec des variantes individuelles, ces quatre moteurs donnent en effet des déroulements typiques qu'on appelle des instincts.
C'est là que les choses se compliquent. Les éthologues sont souvent amenés à faire l'analyse de comportements en "motivations", en ce sens qu'ils cherchent à peser les doses relatives par exemple de préservation et agressivité : ils procèdent à des examens par couples de moteurs. Or bien évidemment d'après les images de base, il n'y a pas seulement présence de diverses poussées, mais organisations variables même seulement pour deux poussées données — et en général c'est l'ensemble de tous les moteurs qui intervient dans un comportement, le provoquant d'autant plus aisément qu'il ne s'est pas manifesté sur de longues durées. Ainsi par exemple un chat à qui on offre des souris en saturation ne les mange plus, mais continue longtemps à les poursuivre et à les tuer, en se faisant un devoir d'aller chercher les plus éloignées pour satisfaire ses instincts de chasse. Ceux-ci sont donc exaltés par la faim, mais n'en manifestent pas moins leurs exigences propres hors question de subsistance. Il y a donc tout un ensemble d'instincts d'une espèce : son éthogramme, aussi caractéristique que sa physiologie — et presque aussi figé, sauf dans l'espèce humaine. Cela ne signifie pas que celle-ci échappe entièrement à son déterminisme biologique, loin de là : la recherche de la mamelle, le réflexe de marche par excitation convenable sous la plante des pieds, la construction de la séduction et de l'échange par le sourire, sont quelques exemples de parts d'éthogramme humain. Le plaisir d'apprendre, mémoriser, savoir, si tristement étouffé aujourd'hui sous les poussées de gadgets techniques et les efforts de crétinisation de masse religieux et nationalistes, a aussi des bases de grandes profondeurs, notamment é-agressives typiques de notre espèce (expansion de l'être). Bref tous les contes bleus ou noirs — qui veulent que l'humain soit, à sa naissance, bon, ou au contraire mauvais, ou en un autre sens "page blanche où l'on peut écrire tout et n'importe quoi" —, ne sont que prétentieuses idioties destinées à donner de fausses réponses à des questions mal posées : c'est seulement s'arrêter à quelque paresse au lieu d'accepter l'expérience, l'étude, l'effort, le progrès, la science — en l'occurrence l'éthologie humaine.
Ce n'est pas le seul cas de l'histoire où des ignares s'érigent en donneurs de leçons, et prétendent deviner en devineresses ou prophétiser en prophètes. Ces ratés de l'humain répondent à leurs contradicteurs humains, raisonnables, par la terreur, l'inquisition, la torture et le meurtre de masse ou comme on dit la guerre : tous les clanismes et nationalismes, toutes les religions, comme on l'a longuement montré ici en Histoire Générale, procèdent de ces "succès" de l'animalité dans l'humain — de ce refus viscéral du plus humain et du plus dépensier de glycogène : l'activité cérébrale encadrée de rigueurs, logique-expérimentale. Ce n'est pas ancien : c'est pérenne, et les enthousiasmes pour un fou comme Nietzsche et son mépris du savant et de "sa démarche rampante" ont trouvé adepte, incroyablement, jusque chez un Camus. Que cela soit médité, autant que faire se peut, lorsqu'on cherche à mesurer les forces auxquelles ne peut manquer de se heurter l'apprentissage éthologique. Tous les prétextes seront toujours saisis pour se contenter de croire avec d'autres, répétons bien : croire avec d'autres, à tout et à n'importe quoi — plutôt que d'exiger de soi la confrontation au plus universellement sûr de l'expérience de tous les humains dans toute l'histoire. En outre, si on pense, on ne touche souvent comme récompense que la haine de proches qui vous traitent bien aisément de traîtres au clan quand ils sont, eux, traîtres à l'humanité entière, et l'on s'épuise à une tâche sans fin comme l'est toute science. Car chacun porte en soi le besoin de s'appuyer sur d'autres, et le désir de décharger son agressivité : le démocrate et le pacifiste sont donc primairement les cibles obligées de toutes les brutes, et notamment celles qui s'organisent le plus volontiers en Etats, armées, polices et Eglises, classes pour dominer, exploiter, écraser à n'importe quel prix et hors toute mesure.
Voilà bien les sources des refoulements au niveau psychique, des répressions au niveau politique, qui ont tant retardé la découverte éthologique. De même que l'é-agressivité est cent fois plus forte que la sexualité, les refoulements qui privent d'abord de sa connaissance sont aussi cent fois plus forts. Et de même que l'é-agressivité intervient cent fois davantage dans la socialisation et la politisation que la sexualité, la répression contre l'é-agressivité est aussi cent fois plus violente que contre la sexualité. Alors, quand on sait la férocité et les sadismes qui se sont opposés, bien souvent s'opposent encore aux développements humains de la sexualité, et si en outre on est capable de mesurer ce que cent fois pire signifie, on est prêt à comprendre comment la pente descendante abrupte vers les fascismes est toujours plus vite empruntée d'abord, surtout grâce au maintien de l'ignorance, que l'âpre montée vers la démocratie.
C'est de là qu'on est prêt à poursuivre la leçon éthologique.

1. Exemple et difficulté
La compréhension du tableau ci-dessus est certainement plus compliquée que de dégoiser et parcourir sur "la banalité du mal" : de même, la physique issue de Galilée et de la méthode expérimentale est plus exigeante à approfondir que la logorrhée creuse de l'Ecole aristotélicienne. Pour les mêmes raisons, l'éthologie politique va et ira considérablement plus loin que les blablablas sempiternels et  ridicules des idéologues dits philosophes d'université, théologiens classiques ou dialecticiens. Mais un exemple central peut beaucoup faire sentir d'intuition (d'expérience décantée) sur le fonctionnement des programmes et préprogrammes de comportement.
Une traduction particulièrement catastrophique de l'agressivité humaine est la guerre. C'est là que la tendance, initialement simplement expansive, donne les brutalités les plus destructrices : le véritable paradis terrestre de la Grèce antique a été saccagé tout au long de son histoire par le désir non maîtrisé de diverses peuplades de s'y étendre, inévitablement au détriment des autres ; d'où les affrontements les plus stupides qui soient et l'exaltation des esclavages et du pouvoir en général. Or dans la guerre, une des manifestations les plus claires est la bataille, peut-être plus particulièrement la bataille rangée. Il faut saisir là tout de suite l'intrication dans la difficulté : combat, donc agressivité élaborée, mais aussi organisation grégaire. Il y a donc à la fois la poussée appétitive de repousser, agressivité, et l'exaltation par la reconnaissance d'alliés, de compagnons de troupeau, grégarité. Une construction élaborée, l'agressivité (ici au sens commun, fort), s'allie et se renforce d'une régression à un stade d'évolution antérieur aux "quatre grands" (subsistance – préservation – sexualité – é-agressivité) : la grégarité.
En un sens, toute l'éthologie — pas seulement politique — est là. Un comportement, ici dans la bataille, ne peut s'expliquer par un seul moteur, un seul instinct : mais plus difficile encore, ce moteur pourtant déjà simplificateur peut ne plus se manifester — si la bataille est perdue, c'est en général par panique, et la puissance grégaire se déchaîne non plus au profit de la lutte mais de la préservation par fuite. L'antique et terrible grégarité se réoriente tout entière au profit d'un autre des "quatre grands" moteurs du comportement — déjà simplificateurs.
Cependant il reste que l'art (d'abord) militaire est, par tous moyens (même musicaux), de maintenir jusqu'à la mort une des tendances principales, l'agressive. Plus riche encore pour la compréhension générale : tactique et stratégie sont des jeux sans cesse mêlés de lutte et de fuite. Finalement, à l'échelle de l'ensemble de la lutte et non plus seulement de la bataille, tous les instincts se mêlent (pas seulement les "quatre grands", ni en formes élaborées ni par régression en formes antérieures) — les scènes de villes prises et de pillages le démontrent avec toute la vigueur nécessaire.
Le jeu politique général n'est pas très loin de ces principes, surtout aux stades primitifs où vagit encore notre espèce. Les brutes expérimentées d'éthologie pratique, qui sont encore hélas les acteurs principaux, vivent de découpages des foules — en deux mots : divide et impera, divise et domine —. Cette division se passe par toutes les frontières possibles et imaginables de nations, religions, étiquettes, privilèges partiels plus ou moins fictifs, statuts etc. ad infinitum. Toute l'affaire des progressistes est donc de tourner les tendances à la lutte contre les fous de pouvoir, de façon aussi universellement humaine que possible, au lieu d'admettre quelque "identité" partielle que ce soit (religieuse, nationale, de classe, ...) : ce sont les brutes qui s'organisent le plus naturellement en classes, c'est contre les brutes qu'il faut parvenir à allier les gens, travailleurs de fait ou non, à travers toutes les classes, trans class iquement, en usant à la fois des solidarités sociales les plus vite construites et de celles, plus élaborées, qui peuvent unir des ouvriers, des médecins (certes pas les méprisants dépasseurs systématiques d'honoraires), des enseignants (certes pas les faiseurs de fric par leçons "particulières" regroupées), des étudiants (pas tous non plus), d'un pays à l'autre et d'un continent à l'autre, éthologiquement : dans une conscience humaine bien plus profonde et plus large que des similitudes de coutumes, de modes d'expression ou de doses de mélanine dans la peau.
Au moment du déchaînement colonial français à Madagascar, Camus disait : je ne sais que trop ce qui me sépare d'un Malgache. Il aurait dû davantage prendre conscience de, et insister sur, ce qu'il ressentait si admirablement, ce qui rapproche tous les humains : empathie certes, mais au moins autant capacités de raison. Camus — comme nous tous — ne pouvait analyser ce qui se passait en lui. Toujours, tous, nous refoulons : nul ne peut se connaître soi-même. Mais après quelques millénaires de réactions primitives, primat ives, bien tardivement, nous commençons à apprendre de la méthode expérimentale la nécessité du détour extérieur : même seulement pour te connaître, commence par connaître le monde hors de l'humain, et l'humain hors de toi. Ainsi, pour le plus urgent et le plus important des affaires humaines, le fruit de cette connaissance expérimentale, la science la plus vitale aujourd'hui, s'appelle l'éthologie politique, la science du comportement politique. Tout ce qui permet la diffusion de sa connaissance dans les foules va dans le sens de la survie humaine, tout ce qui s'y oppose va vers la mort.
Il faut que les progressistes se saisissent de ce choix.

2. Action centrale
Cela paraît d'abord dérisoire, en fait c'est très difficile, c'est très immédiatement et profondément lutte politique, et finalement c'est la voie par laquelle tout peut être résolu : il faut aujourd'hui la diffusion de la connaissance éthologique pour la survie humaine, comme il a fallu l'Encyclopédie de Diderot et les Lumières pour la grande Révolution française et ses suites — même chez les Anglo-Saxons, c'est-à-dire les dominants aujourd'hui, ceux qui ont conservé quelque conscience des nécessités présentes parlent du besoin de "nouvelles Lumières".
On a déjà écrit cent fois, ici et ailleurs : écoles (pour) progressistes. Comme partout et toujours, les paresseux s'empressent de saisir la difficulté de cette réalisation pour déclarer son impossibilité, au lieu de voir l'évidence : il ne faut que commencer, et recommencer inlassablement, avec les moyens qu'on a et les gens qu'on peut atteindre. Ce qu'on ne peut détailler ici se fera tout naturellement si, disposant enfin de réactions publiques assez larges, l'effet boule de neige contre l'oppression se réalise et s'amplifie de soi-même à partir de la compréhension commune.
Car enfin il est bien évident que chaque lecteur de ceci, seul et ressentant cruellement cette isolation, ne peut ni assez vite saisir les liens politiques et géopolitiques de l'éthologie aux guerres et oppressions autour de lui, ni par des réactions avec d'autres orienter déjà l'action indispensable ; comme il est bien évident que ce blog ne peut tout dire sans disparaître avant d'avoir servi. Mais chacun peut faire qu'on se réunisse davantage pour davantage connaître et savoir : et ce sera au début sans risquer l'intervention de matraques. Lorsque les matraques viendront, ce sera la preuve éclatante et démonstrative qu'on aura eu raison de commencer par ces écoles progressistes.
Le reste de ce titre va proposer pour celles-ci des lignes de programmes.

3. Rien de nouveau : sauf réorientation, réunion, force
Dans le principe, c'est si simple : il ne faut que poursuivre ce que les meilleurs ont toujours fait, en se donnant enfin les moyens que cela porte environ un million de fois davantage ; il ne faut que faire lire la perversion des manipulations politiques et celle des manipulateurs au lieu de dénoncer vainement leur immoralité et de laissser ressentir leur actuelle efficacité ; il ne faut que prouver la claire fascination pour le pouvoir de chacun, et la barbarie de ceux que l'ignorance même porte au pouvoir, au lieu de laisser dire que chacun ferait pareil que les barbares ; il ne faut que faire éprouver l'identité de fond des problèmes de tous les opprimés, ouvriers ou enseignants, de peau plus ou moins colorée ou de sexe quelconque face aux abus et violences organisés de tous les oppresseurs, de même nationalité ou non ; il ne faut que sortir des expressions annexes en économies, classes et autres divisions artificielles pour s'en prendre directement à l'inhumanité, l'animalité qui choisit le pouvoir au lieu de la solidarité, nécessairement universelle et qui exige l'approfondissement de la reconnaissance de l'autre, du savoir ; il ne faut qu'en finir avec la fixation sur les formes actuelles des ennemis (la forme financière) et déclarer la guerre aux obsédés de toutes guerres et toutes divisions, ceux d'aujourd'hui comme héritiers de tous leurs prédécesseurs ; il ne faut que s'extraire de la fausse actualité, qu'elle soit sous présentation économique ou autre, et apprendre l'éthologie politique dans notre temps à partir de toute l'histoire, et partout au monde. C'est cela qui empêtrera le pouvoir et ses répressions partout, et rouvrira l'avenir aux humanistes et aux démocrates. C'est cela qu'il faut faire.
Si nous en sommes à devoir dénoncer la pourriture syndicale actuelle, c'est parce que trop de gens ont cru que la défense d'une imaginaire classe ouvrière vaccinerait automatiquement des ouvriers contre le goût de monter sur le dos de leurs camarades. Si nous en sommes à dénoncer la pourriture de tous les partis dans le totalitarisme financier, c'est parce que trop de gens ont cru, et font croire encore, que la corruption (forme actuelle de l'attraction pour le pouvoir) se répandrait moins facilement sous une étiquette de gauche que sous une étiquette de droite. Si nous en sommes à nous défendre contre des fascistes déterminés à décharger leur agressivité sur leurs frères de travail et sur l'intelligence, au lieu de s'en prendre à leurs sergents recruteurs, c'est parce que nous ne leur avons pas montré à temps la pente savonnée de leur lâche animalité face au pouvoir et de leur trahison vis-à-vis de leurs proches. Ainsi de suite : toujours éthologie, politique, d'abord.
Certes il y a bien des livres qui disent les leviers les plus puissants des gens actuellement au pouvoir : mais il est lamentable qu'ils soient aussi peu lus, et plus lamentable qu'ils renvoient à des façons de voir complètement dépassées, ceci expliquant cela. Ce serait quelque chose de répandre assez largement ce que sont les relations du pouvoir réel aux Etats-Unis avec les trafics d'êtres, de pétrole et de drogue partout au monde, et avec les guerres que cela implique. Ce serait quelque chose de répandre une conscience nette, enfin, des différentes férocités de la répression même seulement dans l'Union Européenne par la crétinisation due aux media, les procédés de la police à Gênes en 2001 et dans les autres pays, de Bruxelles à Notre-Drame-des-Landes ou Madrid etc. — une conscience nette de la vanité des suffrages quand la propagande obsessionnelle de la finance possède, et régente, tous les moyens de diffusion —. Ce serait déjà utile de faire approfondir Une histoire populaire des Etats-Unis de Howard Zinn et d'en rédiger une pareille pour la France, ou pour l'Algérie, ou pour la Russie, ou l'Allemagne, ou le Paraguay, ou l'Indonésie, ou l'Ukraine, ou l'Egypte. Ce serait déjà utile d'offrir en termes simples les grandes lignes de ce que Peter D. Scott embrouille et trifouille dans sa documentation pourtant remarquable sur le nouveau désordre mondial. Seulement ce serait demander des années de cours pour enfin aboutir à la leçon unique, que l'éthologie politique permet en quelques heures de reconnaître et d'approfondir dans toutes les circonstances de la tentative humaniste, depuis des millénaires.
Avant encore de parler bibliographie (lire, c'est lire plume en main et cervelle à l'œuvre, non zapper d'une page à une autre au hasard, que ce soit sur la Toile ou à partir d'un livre sur papier), je vais tâcher une fois de plus de condenser cette leçon. Je sais que si j'y réussis, on dira qu'au fond c'est tout simple, et que si je n'y réussis pas on dira que c'est trop compliqué, sans presque jamais chercher de bonne foi à faire d'abord l'effort de comprendre et ensuite mieux : en tenir compte. Je sais aussi qu'il faut essayer toujours. Alors voici seulement un exemple, pour ne pas redire tout ce qui précède et tout ce qui est offert déjà dans ce blog.
La propagande des pouvoirs a codifié ses règles de manipulation des foules — le fonds politique des gouvernants — sous la forme suivante. 1) Abuser de ce que l'émotion, facile à susciter et orienter, prime sur la raison. 2) Abuser de ce que le mensonge notamment par la parole est toujours opposable à toute réalité, car fort peu s'occupent d'aller chercher et vérifier quelque fait que ce soit. 3) Abuser de prétendus experts pour donner une façade d'objectivité, voire de science, aux déclarations des pouvoirs. 4) Abuser de l'autorité pure, du pouvoir, pour entretenir l'illusion d'une compétence au lieu de laisser place à l'autorité de la réalité, de l'expérience, du savoir : le puissant écrase le débat, ne débat jamais avec le "simple citoyen" — Giscard, refusant de parler sur les diamants à lui offerts par le criminel contre l'humanité Bokassa, disait que répondre aux accusations (parfaitement justifiées) était "au-dessous de sa dignité" ; les sornettes de la Bible ridiculisées par la science sont défendues comme "la parole de dieu" ; etc.
Tout cela est considéré comme très malin par les crapules évidemment, mais aussi par de nombreux imbéciles qui "oublient" seulement que ce sont, chaque fois, des abus — de pouvoir :
1) Il est criminel d'abuser du côté animal de l'humain pour manipuler des émotions au lieu d'inciter aux caractéristiques humaines propres de réflexion et rigueur, notamment à partir de faits insérés dans le contexte le plus large possible. 2) Il est criminel d'entraîner à croire par faux et usages de faux et d'abuser ainsi des monopoles privés de l'information, dès leur principe contraires à tout jugement démocratique (souveraineté populaire) et donc à toute démocratie. 3) Il est criminel de stipendier des pourris pour abuser du nom de science et égarer les foules sur les thèmes où le savoir, caractéristique humaine entre toutes, leur est le plus nécessaire. 4) Il est criminel de chercher à emporter l'adhésion par quelque violence que ce soit, en particulier celle des pesanteurs historiques qui font accepter des ordres là où il faut des données pour juger.
Ou encore :
1) il est criminel d'abuser des réactions animales dans l'humain pour l'écarter de son épanouissement propre ; 2) il est criminel d'abuser des réactions animales dans l'humain pour l'écarter de son épanouissement propre ; 3) il est criminel d'abuser des réactions animales dans l'humain pour l'écarter de son épanouissement propre ; 4) il est criminel d'abuser des réactions animales dans l'humain pour l'écarter de son épanouissement propre.
Si nul ne voit là quelque rapport à l'éthologie, j'ai considérablement échoué. Mais je peux encore expliciter.
La priorité de la réaction animale n'a cours que si on l'entretient. Même dans des cas très impressionnants affectivement, voire extrêmes, on peut d'autant plus aisément faire réfléchir qu'on y a déjà incité. C'est en somme ce que Lénine a tenté de codifier, mais de travers, sous la forme de ses "révolutionnaires professionnels" : des militants accoutumés à sortir des propagandes et agissements des pouvoirs en place peuvent très vite s'opposer même aux violences, organisées pour inciter à des réactions animales. En fait, la question est de diffuser et prolonger le savoir chez tous et dans toutes les directions : l'habitude de chercher des voix discordantes sur Internet au lieu de se laisser abrutir par TF1 & Cie va très bien avec la connaissance des dangers de l'encerclement par un simple cordon de CRS, et permet aussi bien de contrer les mensonges à répétition que la réduction à l'impuissance d'un nombre important de manifestants par seulement quelques flics dûment formés et placés — éthologie politique théorique dans un cas, éthologie politique on ne peut plus pratique dans l'autre, éthologie politique toujours. Mais il faut des écoles progressistes où on ne néglige ni l'un, ni l'autre aspect des choses : puissent quelques-uns enfin comprendre que l'infoscrit n'est pas toujours suffisant pour cela, et au lieu d'ironiser sur ces écoles aider à les réaliser.


Bibliographie II

La base théorique, c'est Lorenz, déjà dit (cf. Bibliographie I). La base pratique, c'est ce qu'on ne peut prolonger ici même, comme on vient de (re)dire. Mais on peut en offrir des occasions.
De telles occasions peuvent être trouvées à partir de deux titres et d'une condition. Les deux titres ont déjà été mentionnés ci-dessus, ce sont : "la route vers le nouveau désordre mondial" de Peter D. Scott — malgré des fautes de composition fort regrettables — et "Une histoire populaire des Etats-Unis" de H. Zinn, tous deux faciles à commander sur la Toile. La condition, c'est de ne pas s'y perdre dans des détails (comme souvent hélas les auteurs eux-mêmes), mais de lire la leçon à l'échelle du comportement du pouvoir, de faire la lecture en éthologie politique. Par exemple, les déclarations de Bush 43e président US après le 11/9/1 et celles d'Andrew Jackson à ses compères d'un côté, aux Indiens de l'autre (Bush43 n'étant qu'un pantin alcoolique récitant ce qu'on lui a appris, Jackson étalant des capacités de chef et conquérant hors pair — mais en l'occurrence peu importe l'auteur réel), sont des types immédiatement transcriptibles aux refrains actuels des classes politiques notamment européennes, de même que les cibles désignées et choisies pour l'exercice effectif des violences sont elles aussi repérables par leur type éthologique général.
Une telle lecture est difficile dans un isolement complet. Elle peut vite devenir exaltante même seulement dans une petite communauté. Voilà l'occasion, et déjà une forme, d'écoles progressistes.
On pourra aussi comparer l'insistance sur cette nécessité au livre "Les hordes de l'ordre", paru en 2010 — et au présent blog.

mardi 5 mai 2015

Act84 Condensé d'éthologie politique (I)


Les "Actuels" ci-après, 84-5-6, répètent et ramassent sur l'éthologie politique les éléments les plus nécessaires figurant passim dans ce blog, en les précisant un peu : cela rendra disponible une référence commode.

L'éthologie politique est la mise à jour la plus urgente pour le renouvellement des luttes progressistes et humanistes. Or il y a eu évolution théorique depuis les premières années (autour de 1965) où il en a été explicitement question. On va tenter ici de fournir un schéma où figurent tous les traits principaux connus (bibliographie en fin de titres). Mais il faut souligner dès l'abord le secret dont est victime cette part de science, à cause autant des efforts des pouvoirs que des refoulements individuels.

1. Fond de la question
Comme Lorenz l'a admirablement formulé, un film en accéléré des derniers millénaires montrerait que la surface de la Terre est soumise à des formes de vie animale très évoluées mais irrationnelles. Car les détours de l'histoire demeurent aussi barbares que les bricolages aléatoires qui ont fait l'évolution : de même que la vie vient de hasards physico-chimiques, l'histoire est faite de brutalités très largement animales — sous des raffinements techniques extraordinaires et, dans ces conditions, d'autant plus terrifiants —. Ce qui est propre à notre espèce, l'élaboration rationnelle et morale, peut prendre le dessus et de là permettre la survie seulement s'il y a prise de conscience des priorités naturelles qui sont non raisonnées, puis construction de réorientations. C'est cette prise de conscience que s'efforcent d'empêcher les brutes de toute l'histoire, dont celles de notre temps. L'état présent du monde ne fait que traduire cette horreur : les dirigeants actuels ont saisi, pour préserver leurs privilèges, les techniques de manipulation politique pratique des foules, tandis que les tenants de valeurs plus humaines demeurent bloqués à des interprétations économiques et à de vaines dénonciations moralisantes, ce qui paralyse l'action démocratique. L'humanité entière est ainsi menacée des deux côtés : les procédés de gouvernement utilisés sont de raffinement croissant, et en même temps s'étendent encore les égarements et les incapacités des peuples et des démocrates à voir clair et à s'unir. En somme,
c'est de plus en plus terrible, il est de plus en plus urgent d'y remédier,
et actuellement, justement quant à cet essentiel, RIEN n'est fait pour notre survie.

2. Eventail des applications et obstacles
Les brutes, organisées en classe dirigeante déjà en bonne partie à l'échelle de la planète, utilisent et rémunèrent des conseillers notamment dans
– les media
– les polices
– les armées
– les services plus ou moins secrets
(ces administrations permettent des subversions-infiltrations des syndicats et mouvements à tendance démocratique à l'échelle nationale, ou à l'échelle transnationale des coups d'Etat contre des régimes cherchant à échapper à la "mondialisation" — en fait la domination Wall Street-City)
– les formes étatisées ou non d'éducation, dont les perversions dites formations de techniciens et surtout de commerciaux.
Ces conseillers du pouvoir usent des techniques d'éthologie politique, synthétisant et facilitant l'usage de procédés venus de coutumes et sciences. Par exemple, les manipulations par l'intermédiaire de religions, ou les dévoiements des robots en outils de fabrication de chômeurs au lieu d'allègement du travail, ne sont plus indépendants de la connaissance éthologique. Mais les brutes dirigeantes sont pour le moment seules à le comprendre et à le mettre en œuvre, avec une effroyable efficacité. Il faut donc comprendre l'éthologie politique dans ses deux sources, hélas aujourd'hui asservies aux plus féroces :
1) l'empirisme, aux racines historiques immémoriales, de la manipulation des foules — empirisme qui a fait les prophètes, conquérants et autres sadiques à grande échelle depuis bien avant Alexandre et César puis tout au long du pouvoir papal, mais que les colonialismes et totalitarismes du XXe siècle ont considérablement fait avancer : d'abord en Grande-Bretagne par l'IS, puis un peu partout avec des gens comme Münzenberg (le maître stalinien de Göbbels), puis les agents de l'OSS devenue CIA et les professionnels de la "guerre moderne" ou "subversive", en France les colonels des guerres d'Indochine et Algérie plus spécialement (certains très invités aux Etats-Unis comme David Galula), et de nouveau près de Londres ceux des MI5 & 6 avec le théoricien des "conflits de basse intensité" depuis les colonies britanniques africaines jusqu'à l'Irlande, Frank Kitson
2) la prise de conscience théorique des moteurs principaux de tous les comportements animaux, humains compris, et du fonctionnement de leurs refoulements à partir de Darwin, Freud et (surtout, pour ce travail-ci) Konrad Lorenz.
Il est lamentable que des réflexes animaux, surtout grégaires, aient si longtemps réussi à empêcher cette compréhension chez les progressistes. En particulier, les injures et parades des marxistes contre cette part de science sont certes dans la ligne générale de leur religiosité et de leurs délires dialectiques et antiscientifiques : mais c'est spécialement monstrueux en cette affaire.

3. Moteurs des comportements
De même que tous les êtres vivants ne sont que des manifestations d'associations en ADN de quatre et seulement quatre nucléotides (ATCG), il est possible de saisir la variété des comportements à partir d'associations de quatre et seulement quatre moteurs principaux. Mais la réalité chimique matérielle des nucléotides est un acquis de chimie biologique, tandis que l'approximation par quatre moteurs est encore grossière dans la jeune et hésitante science éthologique.
Le plus important peut-être est de comprendre qu'il s'agit de moteurs, c'est-à-dire que ce sont des poussées naturelles qui, au contraire d'imaginations comme la lutte des classes, sont éprouvées et se manifestent inévitablement de par la vie même, des individus où elles sont inscrites et de leurs rassemblements éventuels.
3. 1. Ainsi le premier moteur, la tendance à la survie par la recherche de subsistance, s'exprime de façon visible, lisible et tangible chez un petit mammifère comme chez un grand prédateur, et cela s'enracine dans des orientations chimiques depuis les bactéries : mais la formation d'organes qui traduisent ce moteur en faim et appétit en est une élaboration extraordinaire, dépendante entre autres de l'association aux autres moteurs. Car l'évolution du vivant se passe autant par celle des comportements que par celle plus directement, moléculairement génétique.
On peut intituler le second moteur tendance à la préservation ("instinct de conservation") : devant un tremblement de terre ou un orage, dans la confrontation à un flot ou à une avalanche, un individu ou un troupeau dispose de préparations qui en général l'aident à surmonter l'évènement. Il est, et il sera de plus en plus, clair que l'association aux autres moteurs est aussi très variable suivant le bénéfice atteint pour l'individu ou (parfois au contraire) pour l'espèce.
Ces deux premiers moteurs sont cependant largement portés par l'individu : leurs manifestations sont relativement restreintes au niveau des regroupements de congénères (donc hors affaires de symbiose, parasitaire ou non) : en tout, au niveau grossier de ce texte-ci, on peut dire de ces moteurs qu'ils sont peu sociaux.
3. 2. Il n'en est déjà plus de même du troisième moteur, la tendance à la reproduction — dans le vivant assez évolué la sexualité. Car dans ce cas la mise en cause d'autres individus est immédiate, d'autant plus riche de développements potentiels que le quatrième moteur est présent, comme on va voir : la sexualité est directement socialisante.
Mais cette poussée socialisante, si puissante qu'elle soit virtuellement, n'est rien à côté de ce que représente le quatrième et dernier moteur, le plus tard venu de l'évolution, et dont l'espèce humaine est nantie au degré suprême. Dans pratiquement tous les textes parus à ce jour, ce moteur est intitulé agressivité (voire agression, ce qui est un comble d'aberration contre toute logique et toute science) : le présent travail se conformera largement à cette déplorable dénomination — mais ce ne peut être sans expliquer pourquoi elle est déplorable.
Le principe moteur en cause, fondamentalement intra-spécifique, c'est-à-dire agissant presque uniquement entre individus de la même espèce
1) est simplement au départ une tendance à l'expansion — notamment territoriale chez les animaux, dans l'espèce humaine par des appropriations de richesses de diversité infinie, pour le meilleur et pour le pire
2) ne recherche jamais, dans sa forme pure, à nuire
sauf que le fait de chercher à écarter le congénère se traduit presque inévitablement par la confrontation avec lui : d'où la confusion aux conséquences désastreuses qui motive la présente discussion. Il faudrait dire expansivité et non agressivité, il faut être toujours prêt à lire sous le télescopage, qui ne voit que l'aboutissement agressif au lieu de lire les ressorts intermédiaires qui l'expriment dans les diverses circonstances. Pour ne pas oublier tout à fait ce point, on dira souvent ici : expansivité, agressivité-éthologique, ou au moins é-agressivité, pour souligner la distance initiale à la confrontation.
3. 3. En fait, ce n'est là qu'un aspect de la difficulté à donner idée d'une science en quelques instants et quelques pages : il n'y a pas d'éthologie hors biologie, il n'y a pas d'éthologie humaine sans éthologie générale, il n'y a pas d'éthologie politique sans éthologie humaine — et cependant il y a des fous dits spécialistes qui sont si pressés d'en venir à l'humain qu'ils prétendent, par exemple, fonder la sociologie sans la moindre conscience de l'éthologie.
Pour ne pas ressembler à ces fous, il faut préciser, nuancer, élaborer au moins un peu. Cela augmente les difficultés de la diffusion, surtout dans un monde où, de façon chaque jour plus destructrice, le zapping prend la place d'une véritable activité cérébrale : mais ce texte-ci est destiné à des êtres capables d'user de la caractéristique humaine qu'est l'acquisition de savoir, et non à des crétins d'un sectarisme grégaire quelconque. Alors il faut encore montrer l'insuffisance des simplifications qu'on vient de présenter comme première approche.

4. Insuffisance de cette classification
Même au niveau grossier proposé ici, la reconnaissance de quatre moteurs, parmi les animaux assez évolués et notamment l'espèce humaine, est insuffisante. Car dans l'évolution, c'est-à-dire l'histoire de la vie en général et pas seulement de l'humain, l'apparition de ce qui devient le moteur agressif se fait en des sens très différents, par certains aspects opposés : la survie d'une espèce passe souvent par le rassemblement simplement grégaire, c'est-à-dire que des individus (assez nombreux pour que l'espèce survive) échappent aux prédateurs s'ils se rassemblent, fuient, ou au contraire s'unissent dans la défense, en troupeaux. L'équilibre interne, ou comme on dit trop facilement le plaisir, qui socialise le plus aisément, a ce fondement-là. C'est à partir de la reconnaissance de ce principe social qu'il faut apprendre à voir dans une même perspective
— bien sûr d'abord les vols de sauterelles ou d'étourneaux, les bancs de poissons, la poussée qui réunit et guide à partir d'un seul étalon des nombres déjà non négligeables de bovidés ou équidés (davantage avec quelques cavaliers)
– mais ensuite la remarquable formulation de cette tendance en "l'homme ne voit jamais l'homme sans plaisir" de Robespierre, tout autant que la crainte du primate humain qui inhibe la tendance à sortir de la horde (crainte de base de l'a grég ation en religion ou nation), et jusqu'aux téléspectateurs de TF1 terrifiés avant même d'en avoir conscience à l'idée d'être traités de conspirationnistes en cas d'audace à s'informer sur les attentats du 11 septembre 2001 au lieu de gober les âneries contradictoires des "officiels" (donneurs de ton du pouvoir ambiant) :
tout cela est encore plus profond, venu de plus loin encore dans l'évolution, et encore plus agissant à tous les stades, que ce qu'il est pourtant tout à fait raisonnable de saisir en pratique comme agressivité-éthologique. C'est dans cet aveu de complexité qu'il faut présenter, et faire sentir les limites de, ce travail-ci :
au commencement est la capacité à reconnaître les semblables. Ensuite vient le "goût" de s'a grég er à ces semblables. Puis apparaît la tendance à s'individualiser, à s'épanouir complètement en tant qu'être unique, en s'écartant de tous les semblables et indissolublement quoique contradictoirement en éprouvant le besoin d'être parmi eux — ne serait-ce que pour reconnaître un biotope favorable.

Lorsqu'on commence ainsi à percevoir la variété des formes et l'ampleur des millénaires où s'insère notre pauvre humanité, en même temps que les défaitismes et lâchetés qui obscurcissent notre siècle, il est inévitable de trouver bien hardie la tentative pour prendre en compte de telles étendues, il est inévitable que des gens disent : "à cette échelle tout ne peut aller que très lentement". C'est cependant parfaitement faux : il a fallu de nombreux millions d'années pour parvenir à l'invention de l'écriture, et pourtant il faut beaucoup moins de temps pour enseigner à de petits humains à lire, écrire et compter.
C'est l'équivalent de cela — la réalisation démocratique — que rend possible pour notre espèce, à l'échelle de la planète et de l'histoire, la connaissance de l'éthologie politique.


Bibliographie I
Un livre : celui sur l'agressivité de Konrad Lorenz (un correctif : j'ai peut-être été trop sévère envers la traduction française de ce texte — cette sévérité est saisie comme prétexte à ne rien lire, au lieu qu'on se confronte à ce qui existe —). Un autre auteur : Eibl-Eibesfeldt. Un souhait très vif : qu'on veuille bien parcourir un peu ce blog pour y lire mille applications de l'éthologie politique.
Le reste dans les titres suivants.