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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 29 septembre 2015

Fond 11 Intox et éteignoir sur Garrison


Plus, le temps passant, les traîtres s'acharnent à faire silence sur la vérité, plus il importe de dénoncer les tricheries typiques du pouvoir : les dévoiements à propos d'histoire, de science et de philosophie sont inséparables de l'étranglement de la démocratie — à un point aujourd'hui terrible.
Mais il faut aussi se souvenir que la participation à l'horreur n'est pas seulement le fait des pouvoirs installés. Les instillations de paresse, de lâcheté et d'ignorance sont loin de laisser étanches les citoyens : même sans parler des brutes, vite satisfaites de trouver des prétextes à décharger leur agressivité maladive, et dont on fait les extrêmes droites, il est dramatique de suivre comment les torrents de bêtise parviennent à bousculer des gens doués de quelque intelligence. On retrouve alors chaque fois un égarement par une médiatisation que le pouvoir maîtrise largement :
– le cas le plus commun est l'abrutissement par la télévision (en fait, plus précisément et plus qu'on n'y songe généralement, l'idiotie radiodiffusée avec ou sans images, sur laquelle on reste obsessionnellement branché parce que "ça tient compagnie", et dont on ne perçoit pas le travail dans l'inconscient)
– ensuite les flots d'Internet — amorçages de renvois mutuels de stupidité par les réseaux "sociaux" ; astuces de moteurs de recherche qui placent amoureusement, en tête de millions de résultats-poubelles où l'on ne peut rien utiliser, les sornettes d'assassinats professionnalisés de la mémoire (la version française de Wikipedia est souvent remarquable par ses énormités : voiles sur l'essentiel, montées en épingles de marginalités, insinuations malveillantes, et cependant de bons articles sur ce qui est désormais inévitablement connu, admis et indéniable : ce qui achève d'égarer en mêlant rares justesses et faussetés absolues — tradition d'Eglise)
– et puis les marées de pseudo-livres où les éditeurs soumis à la finance font leurs affaires en vendant surtout de l'encre, du papier, et accessoirement de pseudo-auteurs dont l'œuvre et la culture sont aussi voisins du zéro absolu que le permettent les rayonnements fossiles.
Autrement dit, même le témoignage de fond, qui est évidemment encore aujourd'hui le document, base de la mémoire de l'espèce, de la culture, donc de la spécificité humaine, même ce fond est noyé jusque dans l'imprimé par les tourbillons de feuilles mort-nées et d'aspiration par le vide. Il est scandaleux, mais constant, de voir que ce qui est considéré comme information est un monde virtuel, un buzz sans contact avec la réalité (comme les verbiages de débats électoraux ou de "philosophies" de ministères, strictement creux de faits avérés). On se répète ce qui se répète et on se trouve savant. Ce qui est véritable, ce qui est véritablement enregistrement par science et histoire, est de plus en plus constamment ignoré : l'effort, parfois bien élémentaire, pour trier et rechercher ce qui se tient par bases solides, est systématiquement refoulé par la crainte d'aboutir à autre chose que les tonalités admises dans le troupeau.

C'est contre ce flot, préparatoire à une nouvelle apocalypse, que le livre de Garrison (On the trail of the assassins, en édition complète, par exemple la princeps chez Sheridan Square Press) est si important, si exemplaire ; et sa trahison parue dans la collection J'ai lu — copyright 1992, achevé d'imprimer 1993 dans notre exemplaire — est elle aussi à méditer. On n'a guère cessé ici de recommander le texte original — cf. entre autres Archives A3 et Actuel 58 — : on va compléter le tableau par un examen plus détaillé de la "traduction" française.
Le principal est que nul ne peut lire l'extraordinaire plaidoyer de Garrison et croire ensuite à la version officielle du meurtre de Kennedy, ni admettre les calomnies dont l'auteur ne cesse d'être la victime (ni croire à un excès d'honnêteté ou de courage chez ceux qui s'arrangent pour éviter de le citer : dont Howard Zinn, ce qui est pénible — Garrison, lui, ne manque pas de citer Zinn). Nul ne peut lire l'extraordinaire plaidoyer de Garrison sans comprendre que la manipulation des foules a atteint des sommets dont tout notre quotidien porte les traces, dont toutes les intoxications omniprésentes fournissent des preuves et des occasions de méfiance désormais incessamment nécessaire, de vigilance immédiatement active. Par un équilibre rare entre les qualités d'expression et de rigueur, Garrison parvient à donner une leçon, de lucidité et d'audace dans la diffusion de la vérité, que seuls ont atteint quelques-uns des plus grands savants et historiens. C'est d'autant plus important que l'assassinat de JFK n'est pas seulement un épisode dans les crimes de toujours des pouvoirs les plus mortifères, mais au contraire le pivot d'un dévergondage dans les méthodes de violence, qui a mené l'ensemble de la planète à ce que l'on voit partout à présent : il est la première crise de cette importance dans la folie des "néocons", et en tant que tel il est unique. On ne s'aventurera pas ici à dresser une liste même partielle des égorgements de tous niveaux, guerres, coups d'Etat, fausses révolutions — de palais ou de places publiques —, assassinats ciblés, qui constituent le fonds politicard depuis Dallas, 22 novembre 1963, jusqu'à Paris, 7 janvier 2015 et depuis, en passant par à peu près tous les pays de la Terre. On veut simplement insister sur ceci : l'affaire JFK comprise, on est très profondément vacciné contre toutes les manipulations, qui cherchent avec persévérance à redétruire l'éternelle aspiration démocratique.
C'est pour cela que la prétendue-traduction-en-réalité-trahison parue en français est insupportable. Il faut d'abord rappeler qu'il s'est trouvé des temps où des étudiants (d'âges variés) se faisaient un agréable devoir de traduire à tous peuples ce qui vaut la peine d'être connu : il est vrai qu'on n'usurpait pas alors aussi facilement l'étiquette de socialiste. Ensuite mais à semblable propos on a déjà exprimé ici le drame que représente une traduction insuffisante, dans le cas de Konrad Lorenz (aussi chez Flammarion, diffuseur de J'ai lu...) : seulement, quand il s'agit plus directement de science, la question des censures n'a pas le même impact, car la cohérence d'ensemble des analyses en termes éthologiques fait que des pages sautées ou des termes mal rendus n'empêchent pas aussi efficacement de retrouver le fond — quitte à augmenter l'effort cérébral —. Le problème est différent pour Garrison (bien que sa lecture soignée exige vite papier-crayon et réflexion, usages devenus rares) : car cet auteur est en général d'une extrême et resplendissante accessibilité, et c'est seulement à l'approfondissement que sa leçon exige un temps et des travaux semblables à ceux nécessaires pour le meilleur de notre héritage. Hélas, faute de tels efforts, notre époque retombe dans l'animalité pure, précisément l'absence de culture, partout. Or s'extraire de la routine peut éviter des monceaux de morts inutiles et peut-être l'extinction de l'espèce humaine : cela mérite un peu plus que vague méditation. Alors voici — en renouvelant la recommandation de lire et relire un texte admirable —, un petit guide de données.

Pour commencer, une liste où figurent, pour chaque chapitre :
– son numéro en chiffres romains, soit N, puis
– en typographie simple, le nombre de pages, allant d'une tête de chapitre à la suivante, dans l'édition de Garrison par Penguin
en italique, une approximation raisonnable de ce que cela devrait donner (en très gros : une augmentation au moins de l'ordre de 20 à 30 %) en traduction française, compte tenu des différences (de nombre de caractères par ligne et nombre de lignes par page, d'un côté ; de rendu en général un peu plus long en langue française, de l'autre côté)
en gras, le nombre de pages, allant d'une tête de chapitre à la suivante, dans l'édition J'ai lu.
En bref : pour dix pages de Penguin, on devrait avoir douze (ou en fait treize) pages de traduction, donc une liste d'entrées du genre : N, 10 donne (on abrègera par d) [12, (ou 13)].
[On néglige d'inévitables distorsions, dues à la présentation, qui font qu'une différence de deux (respectivement quatre) n'est pas bien significative pour un nombre d'environ dix (respectivement vingt).]
Voici à présent la réalité expérimentale :
chapitre I, 9 d [11, 7] (donc : 9 pages qui devraient [en donner au moins 11 et sont réduites à 7])  ; et de même : II, 17 d [21, 14] ; III, 15 d [18, 11] ; IV, 17 d [20, 9] ; V, 18 d [22, 12] ; VI, 12 d [14, 11] ; VII, 14 d [17, 13] ;
puis en seconde partie : (on va expliquer ces regroupements),
VIII, 12 d [14, 12] ; IX, 9 d [11, 7] ; X, 11 d [13, 12] ; XI, 12 d [14, 13] ; XII, 11 d [13, 8] ; XIII, 13 d [15, 12] ; XIV, 20 d [24, 20] ; XV, 11 d [13, 13] ; XVI, 12 d [14, 14] ; XVII, 12 d [14, 13] ; XVIII, 26 d [31, 34] ; XIX, 19 d [23, 23] ; XX, 24 d [29, 31].
Là-dessus :
A. Remarque de départ : on voit que le chapitre IV devrait donner 20 pages françaises ; il en donne 9... Or quel est ce chapitre ? Celui consacré à Lee Harvey Oswald, soit d'après la version officielle "le marxiste un peu fou qui a, tout seul, abattu de trois coups de feu absolument hors classe le président de la nation la plus puissante du monde, douée des meilleurs services de renseignement". En réalité,
Garrison y démontre sans aucune contestation possible qu'Oswald, tireur nul, était en réalité un agent double US
qui a d'abord fait un séjour dans une base des Etats-Unis au Japon chargée de l'espionnage de l'URSS par les fameux U2, puis un autre séjour comme "traître" en Union Soviétique même, d'où il est revenu sans aucun problème au plein de la Guerre Froide, chaleureusement accueilli à son retour à New-York par un chef du contre-espionnage de Washington...
et qui a été finalement inséré par la communauté CIA-FBI-ONI en Louisiane puis Texas juste à temps pour se retrouver piégé dans l'assassinat de JFK.
Non seulement une masse de preuves est purement et simplement effacée de la traduction, mais des liens remarquables entre CIA, financiers français de l'OAS et tentatives d'assassinat de de Gaulle, particulièrement motivants pour des lecteurs français, sont soigneusement gommés !
B. De même, mais plus profond : tout le livre de Garrison, juriste hors pair, commence évidemment par les cumuls de documents, résultats d'enquête, témoignages, pièces à convictions. Ce début correspond en gros aux sept premiers chapitres (d'où les regroupements ci-dessus — le second ensemble faisant, à juste titre, la part belle à l'histoire des pressions, calomnies, ignominies diverses dont ont été victimes Garrison et son équipe, mais ce n'est évidemment pas aussi probant). Ainsi les éléments de jugement (premier ensemble) font environ
cent pages de Penguin, qui devraient en donner au moins cent-vingt en traduction
or il en reste 77, je dis soixante-dix-sept, dans l'infamie de collection J'ai lu.
La splendide charpente d'arguments de Garrison
est réduite à un tas informe de pièces de bois.
Bien sûr alors, les censeurs se payent le luxe d'une traduction parfois correcte pour la seconde partie du livre : la plupart des (rares) lecteurs, pressés de courir aux seules conclusions, rateront l'essentiel, qui est le caractère inattaquable et rigoureusement prouvé de vérité établie ; ils se contenteront d'entr'apercevoir une "opinion" non orthodoxe, et seront alors mûrs pour s'extasier sur la "liberté d'expression" autorisée dans ce monde pourri. Ainsi fonctionne et se perpétue la propagande du pouvoir, comble d'ignominie de sa part, avalisé par la paresse, l'ignorance et la lâcheté cultivées complaisamment en ses victimes mêmes — en somme, propagande tout à fait du genre "parole de dieu" !
Sur quoi, non seulement le sous-titre est changé (Garrison écrivait : "My investigation and prosecution of the murder of President Kennedy", l'édition française remplace par "Affaire non classée", ça vend mieux) mais dans la ligne de leur honnêteté générale et particulière les bonnes gens de la collection J'ai lu se gardent de mentionner "Texte intégral" : il y a des juridismes qui peuvent servir... sans éveiller l'attention des lecteurs !

On faisait allusion un peu plus haut à la science de désinformation de l'Eglise, à propos de Wikipedia version française. C'est ici assez semblable, mais (repetitio mater studiorum) il peut être utile de redire que, si on veut désinformer, il faut pouvoir brandir pour sa défense des éléments de vérité au milieu d'infamies puantes ; il faut abuser de ce que seuls des lecteurs chevronnés et attentifs parviennent à la compréhension de base : pour tromper efficacement les foules, il est indispensable de mentir seulement par à-coups, et de ne s'y acharner que sur des points centraux. Cela va avec le moteur même de la trahison du texte de Garrison en édition "J'ai lu" : mettre en place cette version française pour en éviter une honnête.
Prière alors d'excuser une longue parenthèse — mais on va en revenir plus fort à Garrison — : c'est tout pareillement que procède en France la voix de la finance notamment catholique, le journal dit "le Monde". Peu de données sont aussi exemplaires de cette poubelle antidémocratique que ses attitudes
1) sur Galilée, qui ne serait qu'un vague imitateur du prêtre Copernic — en réalité la condamnation de Galilée au nom de "la vérité catholique", comme disait l'Inquisition, s'est faite de façon complètement vicieuse à propos des "centrismes" sur la Terre ou le Soleil, alors que
d'abord le repère héliocentrique était à peu près admis de tout le monde et assez librement enseigné depuis la fin du Moyen-Age, à la suite de "la vieille doctrine de Pythagore" mentionnée par les décrets inquisitoriaux — plus précisément les travaux d'Aristarque de Samos, cf. par exemple et entre autres le livre de Thomas Heath, Aristarchus, the Greek Copernicus, 1913 : mais les ignares crapuleux sont inséparablement ignares et crapuleux ;
ensuite Galilée n'a pas manqué de se distancier des maladies de recherches "vaines et oiseuses" qui consistaient "à chercher à l'univers un centre" ; mais les salopards de la bureaucratie vaticane avaient préparé piège et déplacement du débat par un faux, versé au dossier de Galilée à partir de la convocation à Rome plus de quinze ans auparavant, faux qu'attestent les minutes du procès et les travaux de G. de Santillana
en fait, la grande affaire était que Galilée fondait de façon définitive, avec une audace et une précision jamais égalée, la méthode expérimentale, le principe démocratique de référence à ce qui est accessible et contrôlable par tous, contre la référence aveugle à des textes cumulant les faussetés et les absurdités, Aristote, la Bible et Thomas d'Aquin plus particulièrement : il n'était évidemment pas question pour l'Eglise de laisser seulement parler de ce fond central, capital, essentiel, fondamental, et c'est cela qui explique et fonde l'abjection du procès à côté de la plaque ; après quoi des menteurs inventent toujours de nouvelles contorsions : ainsi la légende qu'Urbain VIII, pape du moment, aurait en fait accepté le procès "pour sauver Galilée" (du sort réservé à son prédécesseur en astronomie et cosmologie, Giordano Bruno, brûlé vif en 1600 avec "indulgences" gracieuses et particulières pour les bons catholiques et croyants sincères qui soutiendraient la sainte institution en venant sur place applaudir à ce meurtre, religion d'amour oblige et c'est l'Islam qui est violent, ben voyons) — on n'arrête pas le progrès, en désinformation non plus, il faut que j'arrête, ou je vais raconter encore Urbain VIII, débutant son commentaire de la mort de Richelieu par les mots "Si Dieu existe" ... ! (comme disait très bien Machiavel, pour être efficace il vaut mieux que le trompeur ne croie pas trop lui-même à sa tromperie, si quelqu'un trouve que ça n'a aucun rapport à l'intox j'écris ceci inutilement pour le quelqu'un)
2) sur Einstein, on peut songer à un article spécialement honteux éructé par Maurice Arvonny sur la relativité générale — c'est drôle, parce qu'en général, moins stupidement, les fidéistes attaquent Einstein sur la mécanique quantique, où l'immensité de son œuvre et l'éclat de ses intuitions sont moins connus et moins universellement acceptés : mais "le Monde" et ses plumitifs ne reculent devant rien (pareille infection a atteint entre autres le mensuel intitulé "La Recherche", dont par exemple un directeur s'est efforcé de couvrir d'opprobre aussi bien la théorie de l'évolution que le reste de la science actuelle et passée, carrière de menterie qu'il poursuit à présent sous d'autres lambris)
3) et, parbleu et nous y revoilà, sur l'exécution de JFK, avec rengaine éternelle sur Lee-Harvey-Oswald-tueur-isolé, contre toute vérité, toute évidence, toute preuve, et ce tant à propos de l'affaire elle-même qu'à l'occasion d'une "actualité" quelconque où doit être mentionné le nom de Kennedy.
En somme : ne jamais s'occuper de ce qui est documents — dossiers de vrais juristes comme données de la science et de l'histoire, archéologie, paléontologie, acquis de la biologie en général et de la génétique ou de l'éthologie en particulier —, ressasser les mêmes mensonges et les mêmes faussetés, tuer, piller, voler, mentir, torturer, éliminer par la terreur, le feu, le sang, prolonger les crimes sur des siècles et des siècles, et ainsi maintenir la "vérité catholique" !
Sur de tels principes, comment voudriez-vous que l'Eglise, Wikipedia ou "le Monde" admettent qu'on lise Garrison, le vrai, le merveilleux Garrison ? N'est-il pas plus saint, pour le salut commun (de l'Eglise, de l'encyclopédie "libre" comme l'école confessionnelle, et du "Monde"), que la sainte maison d'édition Flammarion se charge de diffuser la charogne saintement préparée par J'ai lu, en castrant le texte de sa justesse au plus admirable et au plus percutant ?
Qui pourra dire, alors que ces très saintes gens ont réussi à monopoliser la version française, qu'ils ont effectué une censure ordinaire ? N'est-ce pas, tout au contraire, une quintessence exemplaire, actuelle et à long terme, un modèle de désinformation ?

samedi 19 septembre 2015

Actuel 92 Hitchens, bis


Il faut revenir, et assez longuement, sur un travail déjà commenté dans Actuel 29 : le livre de Christopher Hitchens, Dieu n'est pas grand.
Le plus important :
Il y a des centaines d'auteurs qui parlent d'athéisme — à la mode même chez les Anglo-Saxons depuis quelques années —. Il y en a qui vont jusqu'à analyser le caractère mythique des racontars religieux, les absurdités de leurs textes et des tendances à la vie "spirituelle", leurs faussetés de plus en plus patentes avec les progrès de la connaissance scientifique et historique universelle, et les rapports intimes des religions (spécialement monothéistes) à la criminalité guerrière et sociale. Aucun n'arrive à ce qu'a réussi Hitchens — qui se sert certes, et parfois de près, de travaux antérieurs : mais de moindre percutant —. Si déplaisants que soient à l'occasion l'auteur et son cheminement — on va en reparler —, depuis Voltaire et Diderot personne n'a réussi à dire et faire voir aussi net l'horreur et les barbaries religieuses. Il ne faut donc pas le ranger précipitamment parmi d'autres, alors qu'il est le seul à atteindre pareil degré de justesse : il faut le lire, le relire et le diffuser, en faisant la comparaison aux verbiages, égarements et peu reluisantes timidités au-dessus desquels il se hausse admirablement.
C'est dans cette ligne qu'on va s'essayer de nouveau à en rendre compte.

D'un côté, il y a une réalité (une intériorisation psychique profonde, d'autant plus maladive qu'inconsciente) des illusions. Il faut comprendre dans ce sens que les pesanteurs de l'histoire se traduisent, même chez beaucoup de gens qui se veulent détachés de la mésaventure religieuse, par des manifestations d'acceptation inconsciente résiduelle, voire de nostalgie. De l'autre côté, ceux qui cherchent que croire ont surtout tenté d'apprendre le plus possible, donc en s'efforçant toujours de trier le plus universellement important et sûr, en toute histoire, toute science et toute humanité, dans la tension extrême de l'essai, l'épreuve, de cohérence.
Il y a des deux chez Hitchens, d'abord éduqué anglican, puis orthodoxe grec, puis teinté en ashram, enfin vaguement juif en son dernier mariage : il rappelle avec attendrissement les longues heures de sa vie, notamment nocturnes, passées à discuter avec des "croyants" — comme on dit hélas pour qualifier ceux qui ne veulent "croire" qu'à leurs illusions —. Mais au delà, il ne cesse de se référer à des pans essentiels de vrai, et c'est d'autre portée que la causette amicale.
Si on perçoit cette tension, on s'explique beaucoup de son cheminement. D'abord soumis, enfant, au catéchisme, il s'est fait trotskyste sincère et, plus longuement, fidèle à Orwell ; enfin, écœuré comme tant d'autres des déviances marxistes, il a échoué... dans la mouvance néo-conservatrice, tout en critiquant férocement la Bushrie. C'est dans tout cela qu'il faut tenter de voir un peu clair, parce que cette explication en commande beaucoup d'autres.

Par légions, des humanistes issus des contre-éducations encore actuelles sont plus volontiers empathiques que rigoureux. Leurs contradictions laissent d'abord pantois :
– Diderot même, parfois douteux sur l'esclavage, s'est aussi perdu en fréquentations de la cour de Catherine de Russie (et on en tire prétexte pour ne dire mot de la fondation de la philosophie expérimentale !)
– Romain Rolland a conservé jusqu'à sa fin une incroyable amitié pour Claudel et — ce qui est encore plus difficile à accepter — Alphonse de Chateaubriand, chantre en France de la Kollaboration avec le nazisme
– Orwell secoué de nausées du stalinisme trouvait  après 1945 le Churchill des Mémoires "bien sympathique" (Churchill, crime grec et discours de Fulton !)
– Camus allait chercher des informations, sur la théorie de l'évolution dans Jaspers (!!!), et sur Marx dans des collections dirigées par Raymond Aron (ceci plus raisonnable, car il y a bien des choses dans Michel Collinet qu'aucun marxiste n'a jamais tenté de méditer : mais enfin il y a aussi des textes lisibles de Marx, et ceux-là ne sont pas tordus à l'envers de l'histoire pour critiquer l'aventure communiste).
Au contraire, des cœurs secs ont accompli une œuvre irremplaçable : il est de mode aujourd'hui de souligner le Voltaire cupide, profiteur des pires politiques, en oubliant les dénonciations du Dictionnaire philosophique et des grandes études historiques.
Contre ces deux lignées en tout cas, on voit proférer des condamnations sans nuances, que les juges en soient conscients ou non. Cela fait fi des progrès dus à tous ces auteurs. C'est d'abord ridicule, et peut vite devenir criminel.
A l'inverse, on voit se multiplier ces années-ci des passes d'armes entre des cliques qui se rejettent mutuellement l'accusation d'être de nouveaux BHL : alors que toutes sont de la même nullité, et manifestent simplement le goût du m'as-tu-vu dans l'indifférence pour le plus sûr du savoir, en prétendant à une "raison" détachée de parts acquises et vitales d'expérience et de méthode, et en négligeant ainsi l'intrication désormais absolue de philosophie et science.
Listes de fautes sans fin. Notre temps crève partout de ce refus du suprême effort, de ce refus de la suprême justesse qu'est l'humanisme plein, et empathique et rigoureux, global, dans la ligne surtout de l'Encyclopédie. Or sur ce thème, il n'y a aucune raison d'en vouloir particulièrement à Hitchens :
lui ne néglige nullement l'unité expérimentale histoire-philosophie-science
– il a des condensés d'arguments absolument uniques et irremplaçables, alors que c'est très difficile dans un sujet — le religieux — qui touche à tout
– il n'est que rarement infidèle à l'héritage de libre pensée : il rappelle nettement et tristement ce qu'a représenté l'espoir communiste — et s'il ne se hausse pas jusqu'à voir l'immensité de l'apport éthologique, il crie fort et juste la nécessité de la mise à jour par de nouvelles Lumières.
Il est donc seulement très regrettable que son livre, si fort à lire et relire, pèche lui aussi par la faute qui nous assassine depuis si longtemps : l'absence de synthèse actualisée vraiment globale — donc avec l'audace contre les potentats.
Tant pis. Mais avant même de regretter, il faut constater.

L'itinéraire de Hitchens semble donc d'abord simplement celui, fréquent et lamentable, qui fait évoluer vers la réaction après une jeunesse généreuse : c'est si commun aujourd'hui qu'on en fait presque toujours l'objet de réflexes (au pire un motif pour à son tour s'abandonner à la lâcheté, au mieux si on se raidit un critère de rejet), au lieu de chercher à le comprendre. Ainsi parmi les plus abrutis, on ânonne que "si on n'est pas de gauche à vingt ans, c'est qu'on n'a pas de cœur — si on l'est encore à quarante, c'est qu'on n'a pas de tête" : qu'on songe pourtant une seconde, par exemple, à Marx et Einstein, socialistes jusqu'à leur dernier soupir, fort différemment mais aussi farouchement l'un que l'autre : "pas de tête", ni l'un ni l'autre ? Tandis que la crapule des Seillière, Kessler, Debray ou BHL offrirait des modèles de grands esprits ? Constater, évidemment, exige d'analyser et non de se ranger dans le troupeau de moutons.
On peut partir alors de ce que la fascination pour le pouvoir s'exerce chez tous les humains. Si dès la jeunesse elle est assez forte, et qu'en outre elle s'accompagne d'une reconnaissance de l'importance extrême de l'affaire politique dans la vie des gens, elle a toutes les chances d'échapper au contrôle rationnel : il faut une science considérable, et une réalimentation perpétuelle par l'empathie (la capacité à rééprouver avec les plus misérables les malheurs et barbaries de l'histoire), pour ne pas se laisser entraîner d'abord au sentiment d'impuissance puis au reposant rejet même des opprimés, finalement vus comme simples oppresseurs potentiels. Exiger ainsi science et empathie ne revient jamais à excuser les pantins abjects qui se parlent en philosophes et ont de longue date renoncé au partage du vrai, du savoir ; cela ne fait jamais pardonner les déviés du confort individuel, avides seulement de ce qu'ils peuvent obtenir de parade et pouvoir — tous ces cratophiles puants ne manquent pas d'occasions de relire la réalité : mais ils ont appris à la nier, la refouler pour préserver leur misérable équilibre de brutes. Voir ce refoulement et saisir ses facilités, c'est déjà un pas important pour comprendre.
Or le cas de Hitchens est plus compliqué encore. On a dit ici tout de suite (Actuel 29) ce qu'il a d'insupportable : une amitié avec un Tony Blair et une position de conformisme imbécile aux contes et légendes officiels sur le 11 septembre 2001. Mais ces aboutissements particulièrement déplorables sont attachés au désir de séduire qui a fait les succès de Hitchens, et dans ces succès il y a son livre : des lecteurs de ce blog de plus en plus nombreux en approfondissent encore et encore les meilleurs traits — l'aptitude à exposer clairement, la recherche de ce qui peut frapper et éclairer son lecteur : des pans entiers de sa pédagogie respirent et s'étendent de cette captatio benevolentiæ. Hitchens, pour le meilleur et pour le pire, a été le gamin à l'esprit vif et à la séduction naturelle qui désarçonnait ses maîtres (et maîtresses) et n'a cessé de les révérer : c'est au début de son livre qu'en somme il se dit le mieux, lorsqu'il rappelle une institutrice naïve, généreuse et "croyante", qu'il dessine en reprenant à son compte les mots de George Eliot,
si les choses n'ont pas, pour vous et moi, tourné aussi mal qu'elles l'auraient pu,
c'est en bonne partie grâce à ces êtres
qui ont vécu loyalement une existence discrète
et reposent dans des tombes délaissées.
Voilà le confort, un peu facile, de Hitchens : il aime encore, tout vieilli, une enseignante à laquelle il a rendu la vie difficile, mais qui lui a fourni matière à de justes démarches. La suite en résulte : car à force de chercher très tôt puis de réussir à se faire entendre (ce qui donne de grandes forces), et même si on veut rester juste, il se fait trop souvent qu'on fréquente de plus en plus ceux que le pouvoir porte aux tribunes. Alors on ne voit plus toujours net dans leur vilenie et leur déviance, et on se trouve à dire de façon à les séduire, eux aussi : souvenez-vous de Voltaire. Ses instituteurs jésuites notaient sur ses carnets scolaires : puer intelligens sed insignis nebulo (enfant intelligent mais insigne fripon). On le rappelait plus haut : toute l'appréciation est juste, tant pis pour les idiots qui ne veulent retenir que le côté fripon — et plus précisément Hitchens n'est pas un brigand financier comme Voltaire : sa faute est seulement celle de l'homme public trop préoccupé de se faire applaudir, non de faire fortune matérielle —. Si on ne veut pas de lui, de combien d'œuvres (surtout d'artistes) ne faudrait-il pas se séparer ?
On doit aller bien plus loin, certes. Il n'est pas sûr, quand on a mesuré la puissance et le caractère inconscient de l'agressivité éthologique (base de ce goût de séduire, de se faire place — expansivité — et de se faire entendre), que même Marx ou Camus aient toujours su clairement faire le tri entre
– ce qu'ils cherchaient à éclairer au nom de la raison, et
– ce qui procurait un public "selon leur cœur" dans les résonances du temps.
Il est sûr que Staline, par contre, ne s'est pas donné grand mal sur cette question — et il est plus sûr encore que d'autres dictateurs, dont la plupart des papes par exemple, se sont fort peu occupés de raison vraie...
Mais qu'on revienne au bon côté du palmarès, vers ceux qui ont le mieux dit le plus complet de l'humanisme. Montaigne a gravé
Nul de nous ne pense assez n'estre qu'un.
Einstein a dit à propos de sa propre mort — de façon un peu vive, alors que son chagrin pour la disparition d'amis s'accorde moins à cette formule —
Je me sens tellement une part de tout ce qui vit que je ne me sens guère concerné
par le commencement ou la fin d'existence de quiconque dans ce flux éternel.
On a là les éléments d'un bien meilleur choix. Peut-être qu'en tout, ceux qui se sont le mieux tenus jusqu'au bout ont été du côté d'Einstein plus souvent que de Montaigne : c'est-à-dire du côté de l'exigence de rigueur et de vision globale autant que de communication avec d'autres, fût-elle intense et véritable — et non du côté de ceux qui ont privilégié cette communication au détriment de la cohérence d'ensemble —. Il semblerait alors que Galilée, ou Darwin, ou Einstein, demeurent dans leur expression simple, proprement philosophique, au quotidien (donc hors question d'ampleur des accomplissements scientifiques) des exemples plus sûrs que ceux qui savent directement nous plaire à la lecture...
... comme Hitchens et bien d'autres.
D'importance inégale. Car tous les plaisants n'ont pas réalisé ce que Hitchens a su faire, comme nul depuis Diderot, à propos de l'aberrance religieuse. Je maintiens qu'il s'attache trop aux textes et mythes, trop aussi aux craintes et espérances primitives, au lieu d'insister sur la barbarie historique matérielle, spécialement guerrière, utilisée pour forger les continents de fidèles (monothéistes surtout). Mais en tout il dit beaucoup, et souvent remarquablement juste. Car en telles affaires, il ne suffit pas d'avoir pensé à souligner le sadisme de fond des religieux, de leurs interdits comme de leurs impossibles et vicieuses exigences : il faut savoir aussi le ramasser en peu de lignes, et puis le marteler d'arguments et exemples en rythme haletant pour traverser les barrières efficaces érigées dans l'inconscient par les catéchismes de l'enfance. C'est cela que Hitchens a réussi dix fois mieux que tout autre. Qu'on écoute un peu comment il a défriché :
L'idée de la torture est aussi vieille que la méchanceté de l'humanité, seule espèce capable de l'imagination qu'il faut pour saisir ce que cela peut faire ressentir quand on l'impose à d'autres. Nous ne pouvons pas reprocher cette perversion à la religion, mais nous pouvons la condamner pour l'institutionnalisation et le raffinement de pareille pratique. Les musées de l'Europe médiévale, de la Hollande à la Toscane, sont bourrés d'instruments et engins sur lesquels de saints hommes ont dévotement œuvré, pour voir combien de temps ils pouvaient maintenir quelqu'un en vie pendant qu'on le rôtissait. Pas besoin de donner davantage de détails, mais il y avait aussi des manuels religieux d'instruction en cet art
les livres fondateurs [de la religion] sont des fables transparentes, [elle] est un abus, de fabrication humaine, ennemi de la science et de la recherche, qui a survécu largement à force de mensonges et de peurs, puis a été complice de l'ignorance et de la culpabilité aussi bien que de l'esclavage, du génocide, du racisme et de la tyrannie
(extraits traduits d'après l'original, pdf sur Internet feuillets 75 et 79 ; repris pp. 299 et 313 dans l'édition chez Belfond).
En résumé : Hitchens explicite plus complètement et hardiment qu'on n'a su le faire avant lui comment la religion
prétend soutenir des exigences morales — récupérant en fait, en un langage enflé de "commandements", des expériences élémentaires dont même un enfant saisit vite la nécessité ("tu ne tueras point")
en réalité impose des exigences vicieuses et des racontars sadiques (assassinats commandés par Moïse ou Mahomet, malédictions et guerres saintes chrétiennes et autres, etc. ad infinitum) au service de pouvoirs exercés de la façon la plus violente sur les corps pour ensuite les pérenniser en terreur dans les âmes.
Hitchens parvient donc, dans la liberté chèrement acquise (et encore timide) en notre temps, à une mise à jour de l'effort Encyclopédique. Les "nouvelles Lumières" qu'il appelle de ses vœux doivent surtout, après lui, inclure le pont enfin praticable entre science et philosophie (précisément morale et politique) qu'éclaire  et déjà forme le volcan éthologique. Il nous faut bien sûr aussi la conscience des dévoiements de la physique en automates de mort et de chômage, robots militaires et civils, bien sûr aussi la perception de la (très relative) "fin du travail" et de la folie économaniaque au lieu de la priorité politique, bien sûr aussi la dénonciation de la perversion d'origine théologique dans la scolastique hegelienne : bien sûr le tout, la vérité-expérimentale-universelle-globale-science-et-histoire. Mais Hitchens parle déjà fort bien du fond barbare et rétrograde de toute religiosité, fond animal-de-pouvoir contre humain-de-savoir. Hitchens fournit tous les arguments simples et directs auxquels on ne songe jamais assez contre les litanies des "croyants". S'il laisse impuissant à comprendre assez profondément d'où tout cela vient et comment cela fonctionne, il fait grandement prendre conscience de la pesanteur dans les cerveaux (jusque dans leur constitution physiologique) de l'héritage bestial et infantile dans l'évolution humaine. Or cette prise de conscience permet à la fois
– de saisir comment la peur naturelle (de mort, punition, transgression) rend si souvent impossible la simple discussion raisonnée du sujet religieux
– et d'indiquer à quel point l'éducation et l'instruction réalistes, humanistes, rationalistes et progressistes, peuvent soulager l'ensemble de notre espèce — à une célérité du même ordre de grandeur, par rapport à notre histoire jusqu'ici, que le temps d'enseignement de l'écriture à des enfants par rapport aux millénaires qu'il a fallu à l'humanité pour l'inventer.
En somme, il n'y a pas, il ne peut y avoir  d'homme "nouveau" : mais il y a déjà bien des moyens de structurer les âmes de façon autrement moins sauvage que les efflorescences stupides de pure "nature" et d'évolution aveugle à travers les sadismes de théologiens ; il y a déjà bien des moyens de montrer et faire entendre.
A quand donc ces écoles progressistes, que tant d'adultes ne demanderont qu'à fréquenter, au lieu d'attendre la fin des guerres de gourous ?


Cf. notamment les conclusions des Actuels 79 et 80 ; et  Bibliographie II, Actuel 85.

jeudi 17 septembre 2015

Actuel 91 Autour de ce blog, 9/15


1. Liens
Répétition (cf. Actuels 49 et 75) : on se réfère ici à certains sites pour pousser à sortir du discours dominant ; cela ne signifie pas qu'on soit d'accord sur tout ce qui s'y écrit — les meilleurs expriment d'ailleurs des points de vue parfois très différents, inévitables en recherche du vrai —, mais cela aide bien à se détacher de la pensée unique total-financière, de sa présentation de faussetés comme des évidences et de ses simili-débats sur des riens.
Les bonnes choses qu'on a plaisir à retrouver sur le site de Michel Collon sont de plus en plus souvent gâchées par une obsession de marxisme à la cubaine. Les données sur l'Afrique en ont moins de portée, et c'est dommage — mais partout ainsi, les séquelles de la catastrophe hegelienne continuent à inhiber la remise à jour de la pensée progressiste : on l'a assez souvent souligné pour qu'il soit inutile de le déplorer ici davantage.
Il y a un vrai drame sur le site de Survie (proposé lui aussi en lien depuis longtemps). Le regretté François-Xavier Verschave avait choisi de dénoncer les crimes des gouvernants français en Afrique (la "Françafrique") pour éveiller de façon déjà large la révolte contre ces dirigeants et tout ce qu'ils représentent de mépris de la démocratie (et donc de mépris d'une certaine idée de la République Française en particulier). Il faut rappeler la justesse et l'efficacité de son attitude, et en général son admirable travail, il faut flétrir les formules venimeuses et inexcusables dont divers auteurs ont cherché à salir sa mémoire dès après sa mort. Ceci posé, du temps a passé, et en particulier sur l'horreur au Rwanda on sait mieux aujourd'hui les convergences et conflits d'impérialismes — surtout anglo-saxons et français — qui ont télécommandé les crimes. Or l'actuel dictateur rwandais, qui a sa bonne part dans cette épouvantable affaire, aide à présent Washington dans l'assassinat du Congo (on ne compte plus les millions de morts de ce conflit, sans doute le plus terrible depuis 39-45). Dans ces conditions, en rester à la seule culpabilité de Paris à propos du génocide rwandais revient à participer à une désinformation qui voile de façon insupportable la criminalité anglo-saxonne. Il est de plus en plus urgent, et malheureusement depuis quelque temps déjà, que Survie en tienne enfin compte.
2. Sur la page d'accueil (et autour)
Ravages d'obsolescence programmée et autre software : les triangles de commande des menus déroulants, à droite, ne fonctionnent plus avec des versions anciennes de Safari et Firefox, ni avec Internet Explorer. Il faut donc accepter de "consommer", ou se débrouiller, pour une mise à jour.
(On s'occupe toujours, d'autre part, de remédier à divers lapsus.)