(En référence : Actuel 35 et le site
www.solidarites.ch)
Avec le
courage qu'on devine contre les pesanteurs du pouvoir, du fanatisme et de
l'obscurantisme, des citoyens de Tunisie ont lancé l'IRVA, Initiative pour la
Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd. Le bimensuel suisse
francophone "solidaritéS" publie, dans son numéro 228 du 16 mai 2013,
un entretien avec sa veuve Besma Khalfaoui. D'après elle, "l'enquête
continue d'être marquée par une lenteur et une tiédeur effrayantes, sans parler
des nombreuses zones d'ombre touchant à des éléments centraux" : en résumé,
ces zones concernent des cachotteries et obstructions systématiques quant au déplacement
précipité du véhicule où a eu lieu l'exécution, aux balles qui ont tué, aux
appels téléphoniques, aux témoignages, aux suspects — tout cela malgré la
pression constante des amis et de la famille, qui ne peuvent évidemment
s'exprimer qu'avec prudence.
Il n'est pas difficile de compléter et
commenter leurs données. Par exemple, le dossier de l'affaire a été baladé des
services de l'anti-terrorisme à la "section criminelle" : or le
responsable récemment nommé de celle-ci est considéré comme un membre important
du parti au pouvoir, Ennahdha — justement désigné comme portant la responsabilité
principale du crime, quoiqu'il cherche à dissimuler son islamisme rétrograde
derrière des salafistes plus effrontément fanatiques —. En outre, de nombreux
membres sans doute insuffisamment sûrs de la dite "section criminelle"
ont été mutés, après que le gouvernement ait refusé d'accorder une protection à
Belaïd : pourtant celui-ci, syndicaliste en vue, avait fait l'objet de
menaces de mort incessantes de la part de "musulmans" très orientés,
et dont les violences se perpétuent aujourd'hui sans être gênées par la police
plus officielle.
Cette police ne peut d'ailleurs dissimuler de
nombreux attentats, la découverte de camps d'entraînement pour les terroristes,
les menaces ou attaques effectivement menées contre les locaux de la centrale
syndicale où militait Belaïd (UGTT) — ceci sur le plan purement politique, sans
parler de la hausse infâme des prix dont on se doute qu'elle ne profite pas aux
plus démunis, du chômage quasi-espagnol, ni du projet de Constitution qui écarte
les aspects universels des droits, la laïcité, l'égalité pour les femmes, la
liberté de grève...
A ces Frères très particulièrement
"Musulmans", la BM, le FMI — et, en silence, la CIA qui depuis le
bunker de l'ambassade des Etats-Unis a été très active pendant la "révolution
du jasmin" — pourront décerner une fois de plus un brevet de bonne
conduite ; dans le même camp pourront se réjouir les fidèles alliés de
l'Occident chrétien au Qatar, aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite,
modèles de démocratie où les femmes n'ont pas accès au permis de conduire.
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