Un
article tout récent est paru sous deux drapeaux, flottant de façon déjà inquiétante
l'un contre l'autre, l'allemand et le grec actuels. Mais encore plus nettement
et lamentablement, le texte est placé sous une photographie de soldats
allemands, nazis à l'époque, triomphant croyaient-ils de la résistance grecque à
leur invasion, et hissant diverses bannières devant une splendide ruine
antique. L'une des bannières, la plus étalée, porte l'épouvantable Hakenkreuz.
Une autre, plus en arrière, porte une croix différente, héritée d'un des monothéismes
qui ont fait bien davantage de victimes que le nazisme...
On ne peut que se demander combien des
malheureux, à l'air réjoui et fier, saisis sur cette photographie, ont assez vécu
ensuite pour voir ce que les bombardiers anglo-saxons ont fait de Dresde — et
d'Hiroshima —, ou pour savoir ce que les troupes anglaises qu'ils avaient fait
fuir ont commis ensuite contre le même peuple grec autour de semblables paysages,
ou encore comment à leur tour ces occupants ont dû laisser place à de nouvelles
brutes venues de plus loin, au delà de l'Atlantique, toujours sous le prétexte
de défendre "la civilisation". Car telle est l'histoire récente de la
Grèce : occupation fasciste, nazie, guerre anglaise (avec des massacres
d'enfants), puis de nouveau guerre, cette fois US (incluant des bombardements
dignes de ce qui a été ensuite généralisé au Viet-nam) avec l'accord de Staline
contre les anciens Résistants, nouvelle rage populaire, coup d'Etat CIA des
colonels, et cela se poursuit...
Donc si on s'en prend, comme le fait l'article,
à "l'Allemagne", on rend le plus signalé service aux criminels qui
vivent d'exciter la haine entre les peuples, au lieu que la haine des peuples
se tourne enfin contre les criminels. Les financiers grecs qui n'ont cessé de
vampiriser leurs propres compatriotes, avec l'accord successif de tous les
barbares occupants, ne valent certes pas mieux que les financiers allemands ou
français ou luxembourgeois ou néerlandais qui veulent réduire ce peuple à
l'esclavage — pour ensuite mieux réduire en esclavage les autres peuples
d'Europe et du monde —. Les financiers chinois, qui accablent le sous-prolétariat
de leurs campagnes, ou les oligarques russes ne sont pas plus recommandables
que les sadiques qui assassinent, aux Etats-Unis, tous les pauvres en les
faisant s'écarter les uns des autres pour des affaires de traits, d'origines,
de couleurs ou autres surfaces. Si alors on réunit, respectivement sous même
drapeau, les psychotiques de la domination et leurs victimes, on fait très précisément
ce qu'il faut pour que la domination se perpétue, et fasse toujours davantage
de victimes.
L'Allemagne n'est pas davantage la sinistre
triade — industriels, banquiers, grands propriétaires terriens, dit Eberhard
Czichon — qui a porté Hitler au pouvoir, que les fauteurs de Guerre mondiale à
la de Wendel et Seillière ne sont la France, ou que les gouverneurs de Banque
d'Angleterre à la Montagu Norman et autres nazis anglais ne sont l'Angleterre.
L'Allemagne, c'est bien davantage Brecht désignant le délire guerrier dans
"Homme pour Homme" sur la Volksbühne des années 1920, que les pauvres
mourant de faim, rendus fous par la misère des "réparations" puis,
manipulés, acceptant de tourner leur colère contre le reste de leur continent,
au lieu de s'en prendre à leurs propres sergents recruteurs de folie agressive.
Les hasards malheureux qui ont fait naître un être
potentiellement humain dans des frontières plus ou moins absurdes, et qui lui
ont inculqué la méfiance vite haine de l'autre, n'ont rien d'humain : ils
ne sont qu'héritage d'animalité, dévoiements, en férocité bestiale, de capacités
à s'épanouir, régression monstrueuse de l'histoire après tant de régressions déjà
éliminées de l'évolution.
Un des Résistants français fusillés criait aux
soldats nazis qui l'assassinaient : "Vive le Parti Communiste
Allemand !" Le frère de Sophia Scholl eut le temps, avant d'être décapité
par la guillotine nazie, de lancer : "Es lebe die
Freiheit !" Un autre Résistant d'ici autour choisit de dire à ses
bourreaux, accessoirement allemands : "Imbéciles, je meurs pour
vous !"
On peut choisir, ou pas, entre ces expressions
diverses. Ce qui importe n'est pas l'expression : c'est l'humanité qui se
fait jour à travers elle. Cette humanité est le contraire des avortements en
Schäuble, Juncker ou autre représentant financier, ou en militaire ou armateur
grec guettant le moment de se servir de CIA ou MI6, Wall Street ou City derrière
la soi-disant "Europe" maffinancieuse, pour de nouveau s'enfler du
sang et de la sueur des créateurs de richesse partout sur la planète. Le seul
drapeau d'humanité est image de la Terre entière et non symbole de clan.
La juste République universelle est
indivisible. Il est bien, il est beau, il est juste, que Friedrich von Schiller
ait été fait citoyen de la République française naissante, et que ce soit le
traducteur allemand de Diderot qui ait été des premiers à tenter de libérer les
peuples d'Allemagne des féodaux européens.
Mort à toute tyrannie, criait-on déjà dans les
années 1790 : certes ! et vivent les peuples, survive l'humanité !
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