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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


jeudi 12 avril 2018

Actuel 124 Guerres

                        En juillet puis août 1914, les dirigeants d'Europe ont simplement vérifié que le réflexe grégaire national l'emporterait sur les efforts de l'Internationale socialiste : ils ont alors déclenché la guerre, dans la tranquille assurance que cela leur permettrait de prolonger leurs privilèges pour au moins une génération.
            En fait, leur conduite (ou leur inconduite) des hostilités a été si stupide que leurs espoirs ne se sont pas aussi simplement réalisés : les soldats russes, envoyés au front sans armement, ont réagi finalement assez fort pour créer un ennui que les aristos n'avaient pas prévu. Il faut éviter toutefois deux énormes fautes historiques :
            – l'une consiste à croire que la révolution russe de 1917 était issue du marxisme, alors que les marxistes n'ont fait que chevaucher (avec de graves erreurs) ce qui les a portés
            – l'autre consiste à oublier que la révolution allemande (1918-23) a bien failli éviter à l'Europe le drame du nazisme, mais que celui-ci a pu être forgé dans l'entente entre les dirigeants (anglo-saxons et allemands plus spécialement, bien que par exemple les pétainistes français s'y soient agrégés dès la fin des années 1920 — cf. Actuel 120, surtout paragraphes F. 1 et 2 en milieu d'article).
            Mais surtout, en résumé :
le sentiment animal, bien manipulé, d'appartenance au troupeau (en l'occurrence national) s'est avéré assez fort pour rendre efficace la propagande de guerre, alors que toutes les preuves historiques existaient, et depuis longtemps, pour démontrer qu'il n'y a jamais à "choisir son camp", et que dans une guerre (extérieure) tous les peuples sont perdants, ce qui jusqu'ici a rendu largement vaines les tentatives d'humanisation de la planète et de la vie.

                        Les malades obsédés de domination à n'importe quel prix ont, après 1914-18, accumulé les défis à toute raison politique et économique, notamment pendant les crises allemandes puis à l'occasion du crash de Wall Street en 1929. Malgré ces fautes parfois invraisemblables, le rattrapage par l'offre de décharge agressive et par appel à la violence débridée a ensuite de nouveau fonctionné — depuis les Freikorps ouvrant le chemin à Hitler et à ses sbires jusqu'aux Kollaborateurs du nazisme dans toute l'Europe —, permettant une destruction monstrueuse de la Russie et de la tentative (pourtant bien mal conduite) d'une société sans étalage d'inégalité de principe et à tous niveaux.
            De cette nouvelle horreur inhumaine (1939-45) est résulté un monde où les exploitations de travail et surtout de crédulité ont été assez renforcées pour aboutir à la défaite complète de la tentative soviétique. Cette défaite était inscrite dès 1945 dans les inégalités de puissance des nations, mais elle fut aussi poursuivie avec maestria par la surexploitation des colonisés et le pillage des colonies, surtout en Amérique latine et Afrique (nord et sud), mais aussi en Asie, accompagnés par la course aux armements — stratégie globale où des gens peu médiatisés comme Paul Nitze ont joué un rôle au moins aussi important que des Kissinger et Brzezinski —.
            Le résumé ci-dessus à propos de 1914-18 peut donc être reporté pour 1939-45 et la suite. Il est possible que plusieurs personnes ne saisissent pas tout de suite, par exemple, une certaine similitude entre le recrutement de travailleurs français contre des travailleurs allemands et le recrutement de travailleurs français contre des travailleurs algériens. Auprès de ces personnes, il est vain de tenter de faire voir que la manie économique est vraiment d'un ridicule insondable vis-à-vis de la compréhension politique, et que la compréhension politique passe par celle des réactions animales, primo d'appartenance à une horde, secundo de désir incessant de décharge agressive.

                        Il est drôle, mais surtout sinistre, qu'il faille rappeler la nécessité de mise à jour par savoir et raison, par l'expérience-science-et-histoire, au pays où une Révolution est issue d'une prise de conscience extraordinaire, grâce au travail de ceux qu'on a appelés les Encyclopédistes. Il est drôle, en pareil sens, que (comme Marx, qui ne mentionne jamais Diderot et la philosophie expérimentale) même dans ce pays on oublie ce qu'a représenté pendant les Lumières le bousculement de toutes les scléroses mentales, par la description et la diffusion de la connaissance historique et scientifique— jusque chez des privilégiés : a fortiori chez des opprimés encore peu cultivés, mais vite avides de saisir toutes les justesses qui fondent et soutiennent leur révolte —.
            Une telle perte de mémoire est ridicule, et du ridicule au crime il y a seulement ce pas, qui consiste en l'entretien de l'ignorance, par des catéchismes — divers, certes, et il ne s'agit pas d'en oublier : mais il y a un catéchisme actuellement bien plus dangereux que les autres, parce qu'il refuse les leçons de l'histoire en prétendant s'y appuyer, et qu'il entretient ainsi l'illusion d'un messie prolétarien dans un monde d'automates et de robots, au lieu de mener campagne aussi auprès de médecins et d'infirmières écrasés de surmenage en hôpitaux publics, d'employés de bureau ou commerce obligés pour trouver un salaire de collaborer à des administrations d'oppressions et gaspillages, d'enseignants harcelés de programmes délirants, etc. etc.

                        Or ces jours-ci, on réentend trop fort les malades dominants à mentalité de primates qui mènent les guerres, parce qu'ils sentent, à juste titre, qu'ils sont incapables de gérer la paix. Ces malades se déchaînent plus spécialement en US-UK-UE ("United" : States, Kingdom, Europe, c'est la même houlette). Le prétexte — comme chacun peut vérifier aisément à partir à la fois de mille sources mondiales et simplement des risibles contradictions britanniques sur l'affaire Skripal —, c'est du gaz qui aurait fait des victimes tout à coup inadmissibles. Bien qu'il soit peu utile de tenter de faire raisonner les abrutis, qui entrent en résonance avec n'importe quoi pour s'indigner et se ranger vertueusement sous les immondices qui les gouvernent, on doit dire et répéter par exemple que Saddam Hussein, quand il était utile aux ordures de Washington (notamment ami-ami avec Donald Rumsfeld), gazait des opposants (en particulier kurdes) sans que ni Washington, ni Londres, ni Paris, ni Berlin, ni autres, Moscou inclus, n'élèvent à l'époque la moindre voix contre la mort atroce de milliers et de milliers d'êtres au moins aussi humains que Skripal et tout semblables à ceux saisis dans les affres d'une agonie atroce, sur des photographies exhibées en fait par les pires criminels de guerres, coloniales (Viet-nam) et autres, que l'histoire ait jamais connus.

                        Il y a du danger à faire trop penser à la guerre, sans rappeler qu'il ne faut surtout pas oublier des luttes plus immédiates — SNCF et étudiants, pour dire vite ce qui risque de toucher des lecteurs français en ce moment —. Mais ce n'est pas pour oublier ces luttes, c'est pour les faire radicaliser.
            Car il y a aussi du danger, et bien plus grand encore, à laisser oublier que les privilégiés des années 1910 et 1930 ont commencé par mener des rhétoriques délirantes de guerre, et puis la guerre elle-même, pour maintenir leurs privilèges,
ET QUE, CHAQUE FOIS, ÇA A MARCHÉ.
            Les aveugles n'en déduiront jamais ce qui saute aux yeux, à savoir qu'il faut
INDISSOLUBLEMENT
dénoncer toute propagande de guerre (extérieure) en même temps que mener par tous moyens la lutte (intérieure) contre les privilèges.
            Il y a en France en ce moment des réunions pour des grèves, dans les gares et les universités. Il urge de les faire converger.

                        Ceux qui ne vont jamais nulle part à temps n'ont pas besoin d'y penser davantage.

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