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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 7 mai 2018

Actuel 127 Essentiel progressiste

                        Ces jours-ci sur psychanalyse et foules, voici à son tour André Vltchek élucubrant, et décidant par intuition pure de ce qu'il faut voir sur les perversions du pouvoir et des répressions coloniales. Sur le même thème, de son côté D. Ganser élucubre, lui, autour du théologien Drewermann à partir de Jung, tandis que c'est à partir du très catholique Lacan que, sur LeMédia, déclame le professeur G. Miller — aussi auteur hélas de l'impuissante préface au livre de  Freud-Bullitt sur le président Wilson. Evidemment chez tous — Vltchek, Ganser, Miller —, pas question du rattachement de l'humain à l'animal que Freud avait pourtant déjà remarquablement tenté,et surtout pas question de comprendre à quel point l'histoire et les enchaînements psychiques suivent les règles générales d'animalité jusque chez l'humain, comme K. Lorenz l'a démontré plus admirablement que tout autre !
            Il ne s'agit ici ni de chercher à parer Freud de tous les succès et de toutes les vertus scientifiques, ni à l'opposé de sombrer dans la malhonnêteté d'Onfray et d'en venir à ironiser sur la "vulgate freudienne". Mais enfin si même les progressistes dédaignent le savoir — contre la leçon essentielle et oubliée des Lumières —, il ne faut pas trop s'étonner qu'au stade actuel l'humanité et la vie soient mal parties.
            Au vrai, par sa profonde conscience des exigences morales, politiques et méthodologiques en affaires humaines, Freud est loin au-dessus du déviant Jung, tandis que Lacan n'est au mieux initialement qu'un propagateur des idées freudiennes, et au pire finalement qu'un pédant déguisé en prophète pour snobs des beaux quartiers. Il faut revenir à la lignée Darwin-Freud-Lorenz, et enfin admettre que 
l'espèce qui pourrait devenir vraiment humaine est,
dans les hasards et barbaries de l'histoire faisant suite à celles de l'évolution,
gravement sous-développée mentalement et donc inconsciente
des absurdités qui placent au pouvoir les plus immondes des humains.
            Il est plus qu'urgent de laisser enfin apprendre le SAVOIR disponible, d'inciter à la conscience expérimentale globale, synthèse nécessairement toujours remise à jour de toutes les connaissances et de tous les acquis de méthode disponibles. Sans cette condition indispensable d'actualité et globalité, inévitablement on en revient à l'affirmation vulgaire de sensibilité non étayée de raison : au lieu de la conscience de l'aventure humaine dans son immensité, ça retombe à du Khalil Gibran ou Krishnamurti après Socrate, ça retombe à la monumentale erreur de prétendre voir juste (jusqu'en soi-même, incroyablement !), à partir d'un pauvre vécu de contingences personnelles — restriction ridicule, entraînant une vision si lamentablement partielle qu'elle est presque aussitôt fausse.
            Pourtant depuis un demi-siècle, Freud a été remis par l'éthologie dans la perspective darwinienne, seule convenable. On va ici, encore une fois, tenter de résumer tout ce que cela représente (c'est en partie répétition — références infra).

                        Répétition d'abord : parce que jamais jusqu'ici dans l'histoire la production des richesses n'a été à ce point facile, jamais la lutte pour le pouvoir des pervers de la domination n'a été à ce point laissée débridée, folle — jusqu'ici il y avait toujours eu quelque contre-pouvoir des producteurs : au contraire aujourd'hui les grèves (surtout partielles) ne font le plus souvent mal qu'aux grévistes, etc. —. Il en résulte le déchaînement en notre temps des luttes et agressivités proprement politiques, et l'impuissance des progressistes s'ils en demeurent aux critères économiques (à l'économanie). Au contraire, grâce à l'étude des tendances agressives chez tous les animaux supérieurs et spécialement l'espèce humaine (la science du comportement ou éthologie), la compréhension de la rage de domination et pouvoir à tout prix éclaire de façon extraordinaire les comportements en général et l'histoire en particulier : cela donne des moyens inouïs contre les brutes. Plus spécialement, le grand basculement totalitaire comme l'insuffisance théorique actuels tiennent à l'absence de prise de conscience de ces acquis essentiels de la science en affaires politiques : le principal moteur, le plus élaboré de l'évolution et le plus actif surtout dans l'espèce humaine, est la tendance à trouver une place aussi considérée et considérable que possible parmi ses congénères (êtres de la même espèce).
            C'est là l'origine des sociétés, des guerres et plus largement de tous les grands traits d'histoire ; c'est ce qui se manifeste effroyablement par l'unité ou au moins le large consensus de tous les dominants et dictateurs ("mondialisation"), tandis que les individus dans les peuples sont maintenus, autant que les brutes le peuvent, dans l'incapacité à communiquer et se rassembler contre l'oppression. Il est essentiel de comprendre cette dissymétrie :
les pervers et déséquilibrés, obsédés de domination à n'importe quel prix,
sont excités par leurs systèmes et les font fonctionner de façon absolument continue
alors que les gens plus épris de raison sont en général préoccupés
de survivre s'ils sont dans la misère et sinon de se réaliser plus humainement.
C'est cette dissymétrie politique qui entrave l'épanouissement humain global et menace la vie et la planète : la forme économique — techniques de production et répartition des richesses — est au contraire accessoire (il est lamentable qu'il y ait des dominants : leur lamentable présence en "entreprises" n'est qu'un corollaire).

                        De là, tout le drame contemporain se noue. Car si l'on sait un petit peu d'éthologie — de cette psychologie des profondeurs qui montre à quel point les êtres et surtout les foules se prêtent à la manipulation notamment par effet animal grégaire, de troupeau —, on ne s'arrête plus à gémir sur la puissance des media ou l'art des dominants, capitalistes ou bien plus anciens : car par exemple on saisit, et on ne peut plus oublier, à quelle monstrueuse erreur se livrent ceux qui ont leur radio perpétuellement branchée dans leur voiture et qui osent dire que "ça ne leur fait rien". On sait faire clairement le lien de pareille folie à celle des gens partant très à gauche, qui regardent la télé tous les jours en déclarant aussi que "ça ne leur fait rien", puis qui après quelques années votent très à droite en étant sûrs de penser pareillement : bref on saisit une fois pour toutes que
le fond des actes et prétendues convictions politiques n'est pas dans une raison,
mais dans des enchaînements psychiques éthologiques entraînés
1) dans l'imprimé par les mots, les compositions de pages,
évidemment aussi par les images ou les allusions aux images,
2) à la radio par les télescopages de pubs antirationnelles
qu'on croit percevoir comme telles et dont on ne perçoit pas la force de décérébration,
par les intonations, les phrasés et dictions soulignant un sourire ou un air entendu,
3) bref en tout partout — surtout sur écran
et dans l'enfance (contre-éducations religieuses et nationalistes) — 
par ce qui ne passe pas par la conscience
ou ne fait qu'y transiter sans y laisser de traces,
tandis que les marques les plus fermes sont imprimées profond,
loin au-dessous des niveaux directement accessibles à la raison et au savoir.

                        Il est donc vital de comprendre que les manipulations — agissant sur des êtres humainement soit encore peu développés soit inhibés par les pulsions animales (déjà agressives ou, plus primitivement, grégaires) — utilisent pragmatiquement mais à fond les retombées techniques de la science du comportement ou éthologie... tandis que les progressistes, au lieu de s'instruire, reculent devant la terrible prise de conscience de ce savoir !
            Une remarque est ici inévitable : si Freud est si grand, dira-t-on, comment ce maître de la compréhension du refoulement a-t-il pu manquer le refoulement de loin le plus dramatique, celui de l'agressivité ? Une réponse est aussi simple que navrante dans l'indifférence à l'humain des déroulements cosmiques comme historiques : avant de dépasser la censure interne relative à la sexualité, Freud a usé (et abusé) de drogues qui, pour dire vite, tendent à effacer les pulsions agressives.
            Ceci posé, si on a lu les grands textes d'éthologie, on ne se contente plus d'admettre qu'existent des êtres assez pervers pour devenir des obsédés de la "conquête", de l'"Empire du monde" (directement violent, charnel et "temporel", ou caché derrière une hypocrisie "spirituelle"), des malades de l'"hégémonie", de la domination à n'importe quel prix et par n'importe quel sadisme — inquisitorial au long de siècles ou mortellement et militairement agressif sur toute la planète. Si on a lu, appris de l'éthologie, on ne se contente plus de l'effarement devant les planificateurs de guerre nucléaire qui, après de longs et savants calculs sur les effets immédiats de souffle et radioactivité, puis les effets à terme par incendies et voiles atmosphériques, tirent un bilan de centaines de millions de morts rapides et de quelques milliards plus lentes, et qualifient cette perspective d'
acceptable
pour la survie de notre espèce et des autres !
Si on a lu, appris de l'éthologie, on SAIT que ceux qui sont près des leviers de commande ont toujours été des fous à enfermer, et que les moyens actuels rendent de la plus extrême urgence de les dénoncer directement, eux, leur pouvoir et tous ceux contaminés par la fascination de violence. Au lieu de cela, trop de progressistes s'égarent dans des diversions dialectiques ou écologiques, nient stupidement l'animalité contre toutes les leçons de la science et de l'histoire, et s'enfuient dans des rêvasseries de classes ou d'idylles agricoles : comme si les gens recrutés pour devenir des brutes n'appartenaient pas à tous les groupes et parcours sociaux (non-classes) ! comme si les gens étaient au fond, même aux moments-pivots des tournants de folie, conscients, équilibrés, paisibles et raisonnables !
            Pour rassembler des forces politiques, il faut rassembler des gens : or pour le progrès ce n'est possible qu'à partir d'une vue commune des chosesAujourd'hui, la prise de conscience éthologique est ainsi pour l'action une condition sine qua non. C'est le seul moyen d'analyser le caractère violemment compulsif et irrationnel des hystériques de parade et domination, prêcheurs et conquérants, et de leur écho dans les foules. Tout ce blog dit et redit à quel point l'éthologie non seulement est explicative, mais rend capable de lutter contre les développements agressifs pathologiques : en partie par éclairements et dénonciations de la folie des "grandeurs", en partie par une prise en compte des expériences historiques autrement juste, précise et féconde que les inepties de lutte "des classes" ou de réformismes. D'abord les Lumières et la diffusion générale du savoir transcendant les structures d'un régime devenu totalement aberrant, puis les sursauts européens et mondiaux ancrés dans la compréhension directe des oppressions, valent une bien autre synthèse pour l'action que les fumées théologisantes tirées de Hegel et autres professionnels du remplacement des faits par un Verbe de pouvoir, du remplacement de l'expérience-science-et-histoire par des scolastiques et dialectiques vides de la nécessaire universalité.


Références
                  Le premier paragraphe ci-dessus redit ce qui importe le plus dans l'Actuel 120 de ce blog, dont d'autres articles sont partiellement repris pour la présente synthèse. Pour le reste, la référence ici la plus commode en vue d'une bibliographie demeure le groupe de trois textes

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