Le 22
novembre est là, avec le cinquantenaire du meurtre de John Kennedy : il
faut encore contrer le fatras d'ignominies dont les media de la finance veulent
inonder les cervelles. La leçon, on va le voir, porte loin.
Au fond
de toute l'affaire, il faut la référence à quelque chose qui mérite d'être
appelé la vérité, qui est essentiel et global — donc opposé aux propagandes,
aussi bien qu'aux détails martelés quotidiennement sur politicaillerie-turpitude-spectacle,
"sport"-dopage-spectacle, et autres grossissements sur rien-spectacle
—. Cette vérité est toujours plus précisément définie, par un savoir historique
et scientifique en perpétuelle expansion.
C'est une valeur très importante, très haute
pour ceux qui croient à humanisme et démocratie. Bien sûr c'est contraire aux
media, de la finance en particulier : mais même des sites comme GlobalResearch
abondent en "nouveautés" qui ne citent jamais l'ouvrage modèle de
Garrison (On the trail of the assassins, publié voici un quart de siècle — 1988 — et constamment rappelé dans ce
blog : cf. notamment Archives A3).
Pour
renouveler donc un peu le plaidoyer en faveur de ce livre — à coup sûr l'un des
plus notables du XXe siècle — et pour inciter à sa relecture aussi régulièrement
que pour le 1984 d'Orwell, voici
de brefs extraits d'une interview donnée par l'auteur à Playboy (vol. 14 n° 10, octobre 1967, donc plus de vingt
ans avant la synthèse qu'on vient de citer).
En
un sens, très réel et terrifiant, notre gouvernement c'est CIA et Pentagone, le
Parlement (the Congress) étant réduit à un cercle de discussion [...]
J'en
ai assez appris l'an passé sur les machinations de la CIA pour savoir qu'on n'a
plus ici l'Amérique de rêve à laquelle j'ai cru. Les impératifs de l'explosion
démographique, qui presque inévitablement diminueront notre croyance au caractère
sacré de la vie humaine individuelle, combinés à l'angoissant pouvoir de la CIA
et de l'establishment de la Défense, semblent voués à sceller le destin de l'Amérique
que j'ai connue enfant et à nous
mener dans un nouveau monde, orwellien, où le citoyen existe pour l'Etat et où
le pouvoir brut justifie tout et n'importe quoi en affaires d'immoralité. J'avais
une sorte de réflexe naturel de confiance dans l'intégrité de base de mon
gouvernement, quelques gaffes politiques qu'il fasse. Mais j'en suis venu à réaliser
qu'à Washington, le fait de tromper et manipuler les gens est considéré par
certains comme prérogative naturelle de l'administration. Huey Long a
dit : "Le fascisme arrivera en Amérique sous le nom d'anti-fascisme."
J'ai peur, sur la base de ma propre expérience, que le fascisme arrive en Amérique
sous le nom de sécurité nationale.
Certes d'abord tout le monde sait que Huey Long
fut un concurrent dangereux pour Roosevelt, beaucoup plus démocrate et radical
que lui, et donc bien autrement dangereux pour les milliardaires US : par
un des grands "hasards" dont sont friands les "conspirationnistes",
il fut éliminé par assassinat (chose inimaginable aux Etats-Unis !) en
1935. Les pros de l'époque firent d'ailleurs mieux que ceux de 1963 : au
lieu que le pouvoir se risque à des évènements subséquents mal contrôlés comme
ce fut le cas avec Oswald et Ruby entre autres, le meurtrier fut exécuté sur
place dès son crime accompli, ce qui évita les bêtises du genre enquête,
Commission Warren etc. Nous nous garderons d'insister sur ces faits aussi bien connus
qu'éclaircis — et de façon générale sur les abondantes et remarquables références,
politiques, historiques, bibliographiques, qui enrichissent le travail de
Garrison parmi des formules de synthèse d'une audace et d'une netteté incomparables,
assises sur des avalanches, des cascades, des cataractes et des déluges de
faits.
Peut-être, par contre, nous sera-t-il pardonné
de souligner une fois de plus que les rêves répressifs des totalitaires de la
maffinance-CIA-Pentagone ont pu être réalisés après le "nouveau Pearl
Harbor", le 11 septembre 2001 : au nom de cette "sécurité
nazionale" que soulignait à l'instant Garrison, Patriot Act & Co permettent désormais aux autorités des
USA d'espionner-couvrir de calomnies-arrêter-torturer-exécuter LÉGALEMENT tout
"dissident" à l'intérieur ou à l'extérieur des frontières du
super-Etat, en toute tranquille et absolue contradiction avec les lois
internationales. Il semble même (c'est techniquement plus que probable) que
l'utilisation d'un simple téléphone portable suffise maintenant à permettre de repérer
un mauvais citoyen et à l'expédier ad patres par minidrone : on n'arrête pas CE progrès...
Cela pour
les traditionnels du pouvoir US. Mais d'où vient, en face, l'invraisemblable
silence des sites "alternatifs" sur le fondamental Garrison ?
(1967) :
notre gouvernement c'est CIA et Pentagone, le Parlement (the Congress) étant
réduit à un cercle de discussion...
Une
telle formule vaut des centaines ou des milliers de pages dans lesquelles se
plaisent à parader des écrivassiers empressés : car ce genre
d'accaparement du pouvoir n'est pas vrai seulement aux Etats-Unis. C'est là
quelque chose d'autrement pertinent, net et direct que des verbalismes sur Etat
profond et Etat public. Ainsi, comme en bien d'autres domaines historiques et
scientifiques (tous fort importants pour la définition de la vérité), on est pénétré
par l'impression que des flots de médiocres évitent à tout prix de citer les
auteurs qui comptent — "on ne brûle plus la vérité, on la noie" —. C'est
que la comparaison serait trop écrasante pour eux : ce à quoi ils songent,
c'est se vendre, et cela laisse peu de place à un idéal auquel pourtant leur
public aspire ardemment. Et voilà comment, en plus des francs salopards des
mass merdia, on a un système de modes et modernités construit pour égarer, écarter
des leçons les plus sûres.
C'est, au fond, le principe même de
"l'actualité"...
Pour
revenir aux pures brutes, on comprend bien leur attitude sur Garrison : merveille
de rigueur et de conviction, éblouissant toujours de sincérité, son livre ne
peut avoir pour réponse chez les officiels officiant que l'insulte,
l'accusation ignoble de mensonge par des procureurs accumulant en fait eux-mêmes
les faussetés et les calomnies. Car dans la culture des "losers" et
winners", il s'agit seulement d'avoir l'air assez énergiquement sûr de soi
pour emporter l'adhésion — il est au contraire bien dangereux, quand on veut se
ranger auprès du pouvoir, de revenir à quelque réalité —. Mieux vaut donc, pour
mentir, la hargne nue et l'incitation à la haine directe, dans l'indifférence à
toute cohérence, ainsi qu'il est bien clair éthologiquement : le tout est
d'inciter son lectorat au réflexe animal par un ton polémique et de désigner finalement
des cibles à la fureur et à la lâcheté, sans s'occuper de logique. C'est le
principe de propagande totalitaire : ainsi anticommunisme, anti-islamisme,
ou procédés F-haine et Alain Soral mêlant, hachées menu, la pure ordure et la référence
sociale ("national"-socialisme). Après quoi il ne reste plus qu'à
compter sur le réflexe paresseux dit réflexe Charlotte Corday — cette bonne
catholique qui refusait de lire Voltaire et Diderot de peur d'avoir à raisonner
sur ses convictions, et qui préférait de beaucoup se précipiter pour assassiner
Marat et aller tout droit au Ciel...
C'est ainsi qu'on peut tirer des fous, des crétins
et des ignares (en Cinquième République ou aux USA, cela fait du monde) vers
l'extrême droite : et ça marche — quand on sait ce qu'éthologie politique
et mouvement grégaire d'humains veut dire, qu'est-ce que ça marche !
C'est depuis longtemps comme ça, et
souvent : on entraîne bien plus aisément des militants à agir en
satisfaisant leur agressivité de brutes primitives, qu'en les poussant à
raisonner et apprendre pour remplacer efficacement les chefferies. Même parmi
les victimes les plus misérables, il y aura d'abord plus de monde pour se
laisser recruter vers des crimes et des jouissances de sadisme sous prétexte de
foi (nazionale, théologique ou dialectique), que pour oser le savoir et la
raison, la désobéissance de la pensée...
En ces années 2010, il y a de nouveau beaucoup
de ces mouvements. Mais avant qu'on enseigne et apprenne en masse de l'éthologie
politique, combien de nouveaux gaspillages faudra-t-il ?
Deux
touches encore.
L'une éthologique aussi, mais sur un
fonctionnement psychique plus intime. Elle concerne une réaction vulgaire au
fait qu'un auteur est grand, et que son livre est un chef-d'œuvre. Quand on a
vu, dans l'histoire et dans la vie, de quelle jaune envie sont capables des
gens lorsqu'ils se heurtent à une vraie supériorité, alors qu'ils sont au fond
inaptes à certains approfondissements, on tient une cause assez forte pour à
elle seule expliquer beaucoup de silences sur Garrison. Cela fait partie des
choses à regarder en face.
L'autre affaire est beaucoup plus grave. On
the trail of the assassins s'achève
sur des notes bien tristes, autour du thème : "des bagatelles comme
la loi écrite des institutions mêmes, sans parler de la morale et de la justice
véritables, sont sans influence sur les pouvoirs notamment d'Etat". Certes
il est très juste de faire toucher du doigt l'indifférence de base des violents
à de simples rappels de valeurs, qui ne mettent guère en danger leur violence.
Mais est-ce toute la conclusion à tirer de leur acharnement à l'inhumanité ?
L'histoire est là pour montrer qu'il y a des Régimes qu'un jour on peut dire
Anciens : ne peut-on y réfléchir activement ? la puissance des Lumières
de la vérité et le courage des peuples, alliés à bien autre chose que des mots,
n'ont-ils pas déjà donné des exemples pour changer les choses dans le sens de
l'humain ?
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