En ce
tournant d'hiver à printemps 2014, le courant d'ensemble demeure le même :
mais les tourbillons sur le plan international sont plus violents, tandis que
les "affaires" intérieures sont marquées par un niveau de nausées dépolitisantes
encore jamais atteint — surtout, et c'est très grave, chez les jeunes gens. On
n'a pas cessé de montrer ici comment l'égarement marxiste est en train d'être
payé. Mais il faut toujours préciser — redire.
D'abord l'idiotie déjà trop répandue s'étale de
plus en plus, qui pour mieux dépolitiser ne sait que baver du mépris pour la vue
d'ensemble à partir de l'expérience :
pour les indispensables repères communs en tout ce qui mérite d'être appelé proprement
humain et rationnel. Cet écœurement du travail vital de synthèse est séquelle inévitable
après la "raison" dialectique. On en arrive ainsi à voir un Thierry
Meyssan, du Réseau Voltaire, parler amicalement (quoi qu'il dise) avec Soral,
puis laisser en ligne comme "article populaire", des semaines durant,
l'article honteux de Diana Johnstone en faveur de Dieudonné — il faut revoir
sur Youtube la vidéo de ce misérable histrion avec le négationniste Faurisson,
qu'il a aussi fait applaudir en "standing ovation" : c'est une
bonne occasion de relire, sur les crypto-nazis, les pages de Vidal-Naquet dans Les
assassins de la mémoire.
Ensuite, tant de gens ayant vu dans les idées marxisantes
une ouverture vers le socialisme, et s'y étant rangés pour tenter quelque
action politique, le découragement est aujourd'hui très répandu : car il
est bien plus direct de tout lâcher que de tenter de construire plus loin et
mieux en analysant les fautes passées.
Tout cela va dans le sens des pesanteurs et des
flemmes, qui ont toujours eu leur part dans les temps de réaction et même d'autres.
Il n'est sans doute pas utile d'ajouter que lorsqu'on suit les champs de forces,
comme les media et particulièrement les pires, on a plus de facilité que
lorsqu'on lutte contre.
Parmi les inerties encore, il en est d'acquisition
plus récente : on peut continuer à ne pas penser, et à écouter
"l'actualité", simplement parce c'est comme ça qu'on fait depuis très
longtemps. Des gens, en quantité étonnante, disposent d'Internet ; on peut
et doit les mettre devant les sites alternatifs pour tenter de les éveiller à
autre chose que leurs drogues habituelles : jamais ensuite ils ne regardent
ni n'écoutent ces journaux vrais — "par méfiance", qu'ils
disent : en vérité, leurs sources quotidiennes de narcose n'éveillent plus
chez eux aucun sens critique sauf sur des points risibles, et ils n'envisagent pas
de chercher ailleurs. Car ils ne retrouvent pas, en information véritable, les
bruitages de pseudo-musique, pub et affaires de mode qui leur sont devenues une
seconde et épouvantable nature, et puis ils sont sincèrement choqués qu'on
fasse appel à leurs facultés cérébrales au lieu qu'on leur dise, simplement,
"ce qu'il faut penser" — formule devenue rituelle.
C'est comme ça, et il faut la constatation au début
de la réflexion et de l'action : au début de la réflexion, c'est évident,
mais de l'action aussi aujourd'hui ; car cela implique qu'on doit, pour
commencer, se repérer sur des minorités et non directement en vue de l'action
de masse. Ce n'est pas facile à accepter pour des démocrates. Mais s'adresser
d'abord à de petits nombres n'implique nullement le renoncement à recruter
incomparablement plus large : simplement, pas tout de suite. Ce sont de
grands risques, dira-t-on : oui-da, mais quelle action en ce moment est
sans risques ? et quelle inaction ?
A partir
de là, les infamies médiatiques osées autour de l'Ukraine sont une bonne
occasion de démonter à quel point la haine est plus facile à déclencher que la
raison. Les néo-nazis soutenus par des professionnels de la subversion (dont des
Israëliens, ce qui est remarquable) se sont permis à Kiev ce qu'aucun mouvement
de masse ne parviendrait à mettre en branle en France ou en Grèce : on a
vu, devant une police inerte et désarmée, des fascistes lancer des cocktails
Molotov, et des snipers abattre indistinctement des manifestants et des agents
— en vrais professionnels : pas un seul blessé aux jambes ou aux bras,
seulement des morts atteints au cœur ou à la tête —. On a trouvé là, aussi, des
prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, FSSPX : ces gens (qui
durant plus de quarante ans ont caché et aidé Paul Touvier, le Kollabo de
Barbie à Lyon) vont faire à Kiev, au service du Vatican, ce que les nonces ne
peuvent se permettre officiellement, pour tenter de ramener les chrétiens
locaux (uniates) au pape et à l'Eglise romaine. Il y a eu encore les visites de
John McCain et de Victoria Nuland, néocons des Etats-Unis, avec leur insolence dans
le soutien aux héritiers directs et revendiqués des troupes de Hitler pendant
la Seconde Guerre mondiale. Et puis les minables essais de concurrence de la
finance européenne par intervention conjointe des ministres des affaires étrangères
de Pologne, Allemagne et France...
On n'en finirait pas, et on pourrait étaler
l'action pérenne de Washington
– au Venezuela et dans toute l'Amérique Latine
– en Syrie et dans tout le monde dit arabe
– parallèlement à l'Ukraine et à tous les
anciens pays de l'Est.
C'est
de cette façon que l'hystérie de pouvoir des gouvernants des Etats-Unis serait
le mieux éclairée : mais d'abord cela demande un peu de temps, ensuite des
sites comme ceux qui sont proposés en lien depuis ce blog l'ont largement
accompli (même si c'est parfois trop développé, au lieu que soit nettement
clarifiée la ligne d'ensemble) — et puis c'est en somme évident si on ouvre les
yeux.
Il est peut-être plus tentant de s'attacher à
ce que fait pour Kiev, et ce que ferait pour Paris, le gouvernement français
actuel.
Le schéma
d'abord en deux mots : suivisme atlantiste.
Imaginons donc que la Bretagne, retrouvant
l'exemple de ses autonomistes du temps d'Hitler — époque en "Ukraine"
des pires pogroms antisémites et anti-russes —, réclame son indépendance à
grand renfort de néo-nazis embrigadés par l'Armée Invisible des Capitalistes
(Capitalists' Invisible Army : en sigle CIA, et en histoire "stay-behind",
voyez le livre de D. Ganser ; en Italie "l'affaire Gladio",
voyez le livre de J.-F. Brozzu-Gentile ; etc., depuis l'Iran de Mossadegh
jusqu'aux soubresauts perpétuels d'Amérique Latine en passant par l'Irak,
l'Afghanistan, le printemps arabe et quelques dizaines d'autres cas du Viet-Nam
à Haïti).
Donc des voyous, émeutiers et casseurs sont découverts
à Rennes, à Brest (pas à Notre-Dame-des-Landes...) et tout soudain présentés par
les media de la finance comme purs démocrates — alors que le quart du début du
commencement d'une action réellement populaire violente serait prétexte à massacrer ou au moins arrêter
des centaines de "gauchistes" pour atteinte à la sécurité intérieure
de l'Etat —. Mais comme les gangsters se réclament d'une étrange volonté
"européenne" qui pue Washington à mille lieues, on ne leur envoie
qu'une police désarmée. En outre, pour mieux enflammer les foules, d'habiles
snipers tirent indistinctement sur les hordes de l'ordre et sur les plus
innocents des manifestants, repérables à leur absence de battle-dress :
cela fait des morts, et l'occasion de souffler la révolte contre l'impérialisme
français non plus seulement en Bretagne, mais aussi en Corse avec ses mafieux à
bon marché, et puis par contagion en Alsace et Lorraine où il est facile de
faire brandir des pancartes en faveur de "la" population "locale",
en pays basque etc. Alors, avec l'énergie qui le caractérise, Monsieur le Président
de la République, chef de l'Etat, chef des armées, martèlerait puissamment
qu'il se tient informé de la situation heure par heure, puis minute par minute...
C'est en faveur d'une telle situation, à Paris
au lieu de Kiev, que Monsieur Laurent Fabius, ministre des Affaires Etrangères
(la meilleure place pour l'exportation du sang contaminé), s'allierait à ses
homologues allemand, italien et britannique pour mieux aider à l'OTANomie
(allemande) de l'Alsace et de la Lorraine, l'OTANomie (italienne) de la Corse, l'OTANomie
(espagnole) du pays basque, la super-OTANomie de la Vendée et des anciennes provinces
voisines sous l'Albion que vous savez (souvenir du temps de la Convention)...
Il n'y aura plus de raison de s'arrêter : les "gaullistes"
pourront être plus fiers que jamais d'avoir mis en place le régime qui a permis
à un agent de la CIA d'agir officiellement comme Président de la République de
2007 à 2012. Ici comme ailleurs, ce sera la fin de la nation au profit de
l'En-pire et, au profit des privatisations, la fin d'un Etat coupable de
quelque providence en éducation et en soins. Vivent les OTAN-"autonomies"
toujours plus asservies à Wall Street et à sa succursale la City, par l'intermédiaire
des "nationalistes" milliardaires locaux ! Honte aux peuples
tendant à s'ouvrir les uns aux autres, honte à la prise de conscience de l'humanité
universelle...
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