L'occasion est peu de chose, mais bien actuelle :
en France ces jours-ci, la partie droite des PUTAïens — militants du Parti
Unique Tenu pour Alternance —, bref l'UMP, exerce un recours devant le Conseil
Constitutionnel à propos de la loi sur le logement (ALUR, loi "pour l'accès
au logement et à un urbanisme rénové"). Cela vaut un rappel de données aussi
importantes que constamment absentes des torrents de presse financière.
Nos
"socialistes", cherchant à conserver quelque électorat, ont poussé
timidement un texte législatif en vue de limiter la folie des loyers — qui
permet par exemple, à Paris, de faire payer 900 € par mois le "droit"
de disposer d'un cagibi étendu à 14 m2 et à peine éclairé —. En
fait, il s'agit de stabiliser un peu une société démente où des couches et croûtes
de parasites abusent d'un héritage sans être le moins du monde capables de
participer à la production de richesses.
Pour le comprendre, soit l'exemple de rejetons d'artisans
proches du bâtiment. Leurs anciens ont rénové des appartements, durant les
loisirs permis par leurs tarifs exorbitants. Les descendants ont, à vie, une
source de revenus énorme et injustifiable — c'est le genre de "classes
moyennes" que le sieur Giscard (toujours membre du Conseil
Constitutionnel) avait préparé dans les années 1970 sous le nom de "réhabilitation
du travail manuel" : encouragement et entretien des cancres —. Alors,
de par la loi bourgeoise, le fruit du travail actuel revient en priorité à un
"propriétaire" inapte à quoi que ce soit : car celui-ci a le
"droit" de bouffer les trois quarts ou la quasi-totalité du salaire d'un
malheureux, forcé de se trouver un toit raisonnablement proche de son emploi —
c'est terrible en période où la fameuse "flexibilité" permet des horaires
strictement inhumains, rendant les problèmes de transport au lieu de travail
cent fois plus pesants.
Dans ce contexte, l'UMP déclare la loi ALUR contraire
à la Constitution, comme portant atteinte au central "droit de propriété".
En réalité, et ça vous pouvez être tranquille que l'UMP ne vous le dira pas, la
question est de savoir s'il y a ou non droit illimité à la propriété,
c'est-à-dire par exemple si un seul citoyen peut ou non posséder toute la propriété
nationale, ce qui semblerait imposer quelque limite au droit des autres...
Il faut voir ça de haut.
Jusqu'aujourd'hui
dans l'histoire, tout système de lois établi est codification, légalisation de
privilège, c'est-à-dire de brigandage. Pour le saisir dans notre cas, il faut bien
sûr traverser les juridismes des PUTAïens de nos régions "industrialisées"-embourgeoisées
de longue date : mais aussi les juridismes des milliardaires chinois se
disant membres d'un Parti Communiste. Il est alors facile de voir que les
pseudo-justifications, les mots-clefs des violences en 2014 au droit des gens,
se regroupent bien autour du vol enregistré en "droit" de propriété. En
réalité, c'est là seulement le
prétexte à l'exercice de la violence légale : ce n'est qu'une
devanture "positive", en vue de régenter la production et surtout la
répartition des richesses ; en fait, il s'agit de faire respecter
l'exercice du pouvoir, l'agression en domination violente — mais en jetant
poudre et poussière des lois aux yeux de misérables qui n'ont pas les moyens ni
le temps, et surtout pas l'éducation et l'instruction, qu'il faut pour y réfléchir.
Ainsi d'abord le crétin, qui a hérité d'un appartement
et du droit de le louer au prix qu'il veut, est une bonne représentation de
l'inapte social : la plupart du temps il ne serait même pas capable
d'exercer le métier de PMI ou PME de son père ou grand-père ; mais il a été
rodé très tôt à la "gestion" du bien en cause par mille canaux, en général
familiaux plutôt que d'école : par exemple il sait un peu où et comment faire
passer une annonce, parfois il est plus ou moins lié à un notaire qui l'aide. C'est
typique de ce qui, plus largement, fait le monde des petits-commerçants-artisans,
vivier fasciste pérenne avec tous ses faillis, et ceux qui gravitent autour par
voisinage et tradition. Les revenus en sont largement écornés par l'Etat
gros-bourgeois : ce qui est occasion aux classes médiocres de haïr... les syndicats,
suivant la règle d'abjection qui fait tourner la colère contre les innocents, plus
faibles, au lieu de s'en prendre aux coupables, plus forts et dominants.
Parenthèse, mais importante : même chez
les animaux, ce réflexe de base fasciste n'est pas toujours admis. On voit en
particulier, dans de nombreuses espèces, des femelles s'en prendre hardiment
aux mâles qui prétendent brimer trop insolemment des jeunes. Il faut retenir
que c'est un raffinement vicieux typique de l'humain, que s'étalent la systématisation
et l'organisation de l'attaque des plus faibles par des
groupes et troupes d'assaut — par exemple contre les ouvriers ou les
"races" déclarées inférieures, tels les Roms en ce moment —.
C'est là que la tradition économaniaque est
purement et simplement folle. Elle ne veut voir dans de tels comportements
qu'intérêt économique "de classe" : c'est risible, d'abord parce
que les insuffisants mentaux sont dans des ensembles peu structurés (donc pas vraiment
des classes) ; ensuite parce qu'ils sont largement incapables de voir ce
qui est leur intérêt économique (il suffit d'entendre leur insatisfaction perpétuelle
exhalée dans leurs gémissements) ; enfin et surtout, leur motivation la
plus profonde — rendue évidente chez les plus pauvres de ces groupes mêmes — est de
s'agréger en illusion qu'ils sont les "vrais", les "purs",
les "de bonne race", partisans de l'Ordre : tels qu'en années
1930 puis 1940 les concierges piétinés par les propriétaires bourgeois et trop
heureux de cracher sur les locataires juifs, entre tant et tant d'autres
exemples. Pour ces raisons, Mao Tsé-toung tentait de distinguer l'origine de
classe, puis la position, l'attitude et l'étude de classe : mais ce
vocabulaire typique de la scolastique, outre qu'il se rattache à des structures
irréelles (classes), laisse dans l'ombre l'essentiel, à savoir le déterminisme qui fait que
tel individu se range à tel type de relation avec ses concitoyens.
Au lieu
de nous en tenir à ces ornières, écoutons l'éthologie. Suivant les échanges affectifs
passés — où, surtout dans l'espèce humaine, l'enfance et l'adolescence jouent
un rôle énorme et toujours inconscient sauf éducation éthologique —, l'être-agressif
noue préférentiellement ses liens sociaux de façon à trouver son équilibre dans
la horde : il cherche à plus ou moins long terme à se placer au
plus haut statut, ou du moins au plus haut sentiment de statut, possible.
Insistance : horde, et non société, car le véritable sentiment de
société est rarement net, tandis qu'au contraire les congénères vus régulièrement constituent en
pratique et en effet la horde de référence. Bien noter : il
est en 2014 très important de savoir constater comment cette horde inclut peu à
peu... le présentateur de télé dont le moindre rhume devient un drame public et
une occasion d'épanchement affectif, chez les nombreux faibles d'esprit (qu'ils
le soient par leur faute ou non n'est pas la question). Qu'on mesure ce que
l'héritage de Marx peut aider à comprendre de ces phénomènes aujourd'hui vitaux
— ou létaux !
L'explication par l'agressivité, elle, éclaire d'abord
le déterminisme social : on a vu tout à l'heure comment des héritiers propriétaires
forment, très familialement, courroie de transmission de la mentalité
bourgeoise. Ces arriérés mentaux restent en milieu clos. Etanches à toute
culture, abonnés aux play-stations et aux écrans en général, ils sont des
proies faciles pour l'intégration intime des réflexes d'agressivité de primates
dans la forme monétaire de société : ils visent la pure accumulation, expression
primaire du statut — non le pouvoir que les féodaux installés depuis
longtemps ont appris à exercer en jouissance aussi perverse qu'intense —. Minables
de base, ils sont demeurés au stade de certains monstres
balzaciens : le père Grandet ne songe pas une minute à avoir des palais et
des domestiques, pour lire dans les yeux d'autres êtres l'envie ou la
soumission ; ce serait élaboration politique ; il veut de l'or, de
l'or, de l'or, pour l'or et plus rien d'autre. Il peut être riche à
millions : chez lui, la traduction en goût de parade et violence directe
restera presque inexistante. Poussé là très loin, voilà bien le type de
recherche poujadiste du statut et de la richesse. On dit donc fort mal "petit-bourgeois" :
c'est oublier ce qui se passe dans les têtes. Il faut des circonstances extérieures
particulières, ou des manipulateurs très instruits, pour que cela devienne pouvoir,
donc parade et violence — S.A., S.S. et milices de Darnand hier, ou aujourd'hui
voyous vendus aux agents de la CIA comme on en trouve à Paris ou à Kiev, Damas
ou Caracas.
Ensuite — et c'est bien plus large et plus
grave encore, et cela ridiculise encore mieux l'économanie —, il faut penser
aux masses de gens pervertis parmi les plus misérables eux-mêmes. Pourquoi et
comment trouve-t-on des mouchards, des mouches à merde comme disent les
ouvriers, dans les chaînes de production ? D'où sortent les régiments
d'administrateurs vicieux qui par exemple dans l'Education Nationale font carrière
d'emmerder les enseignants et d'abord ceux qui font le mieux leur métier ?
Quelle délimitation "de classe" fait d'un bureaucrate puant le chef
de service idéal pour menacer de mise à la porte tout ce qui ne s'avère pas
assez "rentable", en fait inséré dans la mentalité de barbarie ?
De quoi vit et s'étend autour de nous le fameux "système" qui fait
contagion de hargne ? Si la solidarité peut être détruite, si on parvient
au moment le plus fou à enfermer les victimes de l'individualisme dans
l'individualisme, c'est par quoi ? Quand cessera-t-on de discourir de
citoyens "atomisés", "sérialisés" et autres pseudo-explications
par certains mots au lieu d'autres, pour enfin saisir l'évidence éthologique,
le fonctionnement et les répercussions de l'agressivité humaine ? Ceux
qui sont victimes des adjudants agressifs les appellent souvent des "mal
baisés". Certes c'est la même erreur que celle d'Orwell, la croyance qu'au
fond c'est la sexualité qui mène le monde : mais au moins ça tape où il
faut, aux instincts de base vilement développés.
Partout ainsi, non seulement l'éthologie fait voir
clair, mais elle sait montrer et rendre méprisables les réflexes d'agrégation
aux plus forts et aux plus violents du moment : c'est l'instinct,
abject, de rangement dans la hiérarchie présente de horde au contraire
de la morale et de l'équilibre par défense des faibles — dont, encore une fois,
même des animaux sont capables —. Ce n'est donc pas assez de dire que les "a-istes"
(fascistes, racistes, machistes) sont animaux en un sens profond :
primitivement, bêtes. Car ils sont pires, à la fois lâches
et semblables aux plus vils individus d'espèces zoologiques de moindre
cortex. Les ivrognes rigolards et se sentant forts d'être plusieurs qui insultent
un passant surtout isolé, les simples mufles qui font pareil sans même avoir
besoin d'alcool, les anciens combattants de guerres coloniales crachant sur les
travailleurs qui ont donné leur sang pour délivrer le pays et leur sueur pour
le reconstruire, tous ces avortés des possibles épanouissements humains sont de
cette engeance. Les "ténors" d'UMPS-F-Haine aussi. Ce n'est pas avec
de la simple propagande, encore moins des schémas économiques désormais sans
consistance qu'on les fera se terrer un peu. C'est de plus en plus évident. Il
est de plus en plus grand temps d'en tenir compte.
Annexe
juridique
La revue V&L n° 10 tentait
en févier 98 une analyse des limites au pouvoir, à travers la Constitution
actuelle de la République, et surtout ce qu'en fait le trop fameux Conseil dit
Constitutionnel (c'est facile à consulter sur le site a.avramesco, cf. liens du
présent blog, tout à droite de la page web). On va reprendre cette analyse à l'occasion
de la loi ALUR.
En résumé, à travers toutes sortes de
fluctuations et luttes politiques, le Conseil Constitutionnel a tant qu’il a pu
arbitré en faveur de la propriété établie, contre la solidarité nationale.
Le principe de cet arbitrage est bien simple :
plus le temps passe, plus les jugements du Conseil sont à droite et, pour aller
plus vite dans ce sens, ledit Conseil a inventé d’intégrer aux textes de base
une étrange nébuleuse, les “PFRLR”, “Principes Fondamentaux Reconnus par les
Lois de la République” (déjà mis en avant de façon semblable par les
constituants MRP de 1946 pour constitutionnaliser l’école catholique...) :
noble cause, noble chose, non ? Quoi c’est, ces principes ? pour
l’essentiel, les jugements rendus par le Conseil lui-même ! Ainsi pas à
pas (mais pas de géant parfois), l'esprit essentiel explicité dans le Préambule
de la Constitution, concédé sous la menace des fusils de la Résistance, disparaît
sous les juridismes honteux accumulés par le dictatorial Conseil et ses privilégiés
rapaces...
Nos lecteurs pourront suivre s'ils le veulent comment,
par inlassables bassesse et férocité, la violence réactionnaire a régulièrement
triomphé de toutes les pressions et tentatives populaires : les grandes décisions sont recueillies
dans l’ouvrage de Favoreu et Philip (chez Sirey, N remises à jour), véritable
litanie de ce déplacement droitier. Toutefois, souvenir : le Préambule à
la Constitution de 1946 était donc issu du Programme de la Résistance ; il
a été repris pour la Cinquième République en 1958 ; il proclame au nom du
peuple français, comme « particulièrement nécessaires à notre
temps »
l’égalité
de la femme, le droit d’asile, le droit de grève, le droit à l’emploi,
le droit syndical, le principe de non-discrimination, la participation à la
détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des
entreprises, le devoir de nationaliser certains biens, le droit à la
protection de la santé ; la sécurité matérielle, le repos et les loisirs
garantis à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, l’égal accès de
l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la
culture, l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïc à tous les
degrés
(qu’on songe, à
ce dernier propos, aux grandes écoles privées et aux formations spéciales très
payantes sans lesquelles il est de plus en plus difficile voire impossible
d’accéder à Sciences Po, voire à une deuxième année de médecine, et ne parlons
pas des écoles de commerce)
etc. !
C'est ce Préambule, cette proclamation
solennelle, qu'on voit ranger, cataloguer comme “archaïsmes” par les prostitués
exaltés en “experts” par nos journaleux — des "professeurs" de la
honte et du déshonneur, en particulière abondance dans les instituts de gestion
et commerce, ainsi qu'au machin dit Conservatoire National des Arts et Métiers
—. A l'opposé, ce qui est déclaré “moderne”, c’est la "dérégulation"
anti-sociale, l’ultra-droite. Ainsi tout l’acquis de la Résistance est battu en
brèche au profit d’un seul droit, encore interprété au plus dur : le droit de
propriété. Ça vaut quelques réflexions de plus.
Dans
l’esprit et la réalité de 1789-93, Déclarations-références admises des juristes
même actuels, le droit de propriété était essentiellement demeuré foncier :
pour protéger l’être, on protégeait d’abord l’habitat, ensuite le champ, cultivé pour
la subsistance. Dans ce contexte de France et de monde paysans à 90 % et plus,
faire des citoyens revenait presque à faire des propriétaires, et la Révolution
en a fait : des millions. On pensait, ou on voulait croire, que le reste
suivrait. Le risque de possession, surtout illimitée, du travail
industriel, était une prise de conscience de rarissimes théoriciens
— et hélas aussi de quelques crapules —. Bien sûr, il apparaissait déjà
dangereux qu’un seigneur puisse être chez lui sur des kilomètres carrés, et
qu’un travailleur ne puisse même pas reconnaître pour sien son propre
toit : mais, les loyers étant faibles et forte la menace sur les titres féodaux,
on espérait faire aller mieux, petit à petit. Il était à ce compte hautement
raisonnable d’insister sur la possession matérielle pour ancrer le respect du
droit naturel, à savoir essentiellement la “vie privée” et la liberté (au moins
dans un certain espace) de l’individu — et c’est bien à cela que pensent encore
aujourd’hui les Français quand ils cherchent un logement qui soit “leur” —. En
outre, une fois cet accès à la propriété largement reconnu et soutenu,
qu’importait une minorité d’avides désireux d’avoir des palais au lieu de
chaumières ?
On saisit ainsi pourquoi la question de limites au droit de
propriété pouvait paraître marginale : qu’il y ait des possédants énormes,
tant pis, pourvu que chacun possède de quoi se protéger de la pluie et de
la faim, ce qui n’était pas bien considérable en territoire. C’est dans cet
esprit et cet environnement que le droit de propriété pouvait paraître
raisonnable : dans un monde avant tout agricole.
A partir du moment au contraire où la
production est de plus en plus socialisée — c’est-à-dire où les outils nécessaires
à la vie devenue normale sont industriels, fabriqués collectivement (qui peut
aujourd’hui se fabriquer son propre frigidaire, sa propre électricité, etc. ?)
—, la question des limites au droit de propriété devient
vitale : car ce qui permet de produire pour la vie quotidienne peut être
concentré entre les mains d’un tout petit nombre. Ce n’était rien de posséder
une pelle, et peu importait que certains possédassent cent mille pelles : qu’en
feraient-ils si les échanges sont relativement faibles ? Au contraire si tout,
même le travail, se passe en échange, et de plus en plus vite, si de par
l'histoire la souple monnaie devient passage obligé pour tout, que suis-je si
je n’ai guère de monnaie ? Et quand on dit "de plus en plus vite" : les
transactions financières aujourd’hui (bourses électroniques et autres gadgets)
correspondent à des valeurs monétaires plusieurs dizaines de fois supérieures aux échanges
matériels de biens et marchandises dont nous vivons tous. La confusion entre
droit d’être propriétaire matériel, donc abrité, et droit de posséder abstraitement, donc d’être
exploiteur, est devenue dès le XIXe mortelle, et c'est l'un des dangers perçus
par les théoriciens du socialisme, dont Marx.
On se doute alors de ce qu’est la position (la
posture), du Conseil Constitutionnel sur la question :
1) le droit “d’entreprendre”, en pratique le
droit de faire travailler d’autres à son profit, est considéré comme “un
corollaire” du vieux droit de propriété — ce qui revient à considérer que
l’usine capitaliste est “un corollaire” de la propriété féodale : pour des
juristes accoutumés à pinailler sur d’inimaginables précisions de vocabulaire, le
dérapage est proprement vertigineux —
2) le droit de (cette) propriété est
prioritaire sur tous les autres, en toutes occurrences.
Qu’on juge alors. Sur le plan des principes (passage
de la terre agricole à l'usine comme on vient de voir), le fond de la question
est bien
le déplacement de la propriété
immobile, foncière,
à la propriété
mobile, celle du travail d’autrui au cours des échanges.
Dans ces
conditions, l'affirmation prioritaire du droit de propriété revient à ranger au
musée des “archaïsmes” tout ce qui s’oppose à cette « priorité privée »,
et d’abord les conquêtes de la solidarité sociale. Il suffit d'écouter nos "sages"
constitutionnalistes conseillers : « si, postérieurement à
1789 et jusqu’à nos jours, les finalités et les conditions du droit de propriété
ont subi une évolution caractérisée à la fois par une notable extension de son
champ d’application [...] et par des limitations exigées par l’intérêt général,
les principes mêmes énoncés par la Déclaration ont pleine valeur
constitutionnelle tant en ce qui concerne le caractère fondamental du droit de
propriété [...] qu’en ce qui concerne les garanties données aux titulaires de
ce droit ».
Ce serait, sur choses moins terribles, de quoi rire.
Car enfin :
– d’abord, les pères fondateurs de 89 ne
prévoyaient guère la propriété par actions et les moyens de contrôle de toute
la production par la finance : autrement dit, la notion même de propriété a
subi une inimaginable « extension » ; eh bien, n'importe, disent
les cons-cons : le texte de la Déclaration a toujours « pleine
valeur constitutionnelle » alors que les mots ne veulent plus dire
la même chose
– ensuite, il y a eu dans un passé récent des
drames tels (fascismes et Guerres Mondiales) que les gangsters et banksters ont
dû parfois admettre des nationalisations, des « limitations exigées
par l’intérêt général » ; n'importe encore : “le” droit de
propriété qui n’est plus le même reste déclaré « fondamental »,
au même titre que les « garanties données aux titulaires de ce
droit » — les non-titulaires, eux, n’ont qu’à aller se faire cuire un œuf
aux restos du cœur, en fredonnant que « les hommes naissent et
demeurent libres et égaux en droit » :
surtout pas en fait...
Sur quoi compter alors ? les
syndicats ? des rêves et contes bleus de "classe ouvrière internationale",
dont le principal mais rédhibitoire défaut est de ne pas exister ? ou faut-il
penser parfois aux dressages et accoutumances qui rangent tant de gens à
l'Ordre, au désordre établi, et aux exemples historiques de répliques ?
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