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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 17 mars 2015

Actuel 79 Histoire générale des religions (III)


Tome III : Actions

Rappels
Des siècles durant, on ne s'est aventuré à faire l'histoire des religions qu'en établissant des listes de mythes, alors que les institutions religieuses n'ont jamais été que des relais de pouvoir et qu'il faut avant tout faire les bilans des crimes par lesquels ces relais ont été imposés.
Il est certes risible de retrouver partout, et il est partiellement efficace de dénoncer, les "miracles" de fantasmes primaires — vol ou autres déplacements libérés de la gravitation, parcours de grandes distances dans l'espace ou dans l'histoire en peu de temps, ou mille contes de naissance ou survie affirmés à propos des divers prophètes : les débilités mentales ne demandent qu'à y croire avec au fond l'espoir d'en partager les bénéfices —. Mais ce genre d'exploitation des aspirations magiques devrait faire honte à ceux qui en usent pour se faire entretenir par les foules malheureuses, détournées de luttes autrement fécondes pour humaniser le monde. Peu importe donc, quant à l'essentiel, ce que racontent les catéchismes (théistes ou dialectiques) : ce sont par-dessus tout les prises de pouvoir et les moyens utilisés pour y parvenir qui doivent être éclairés, et c'est cette conclusion centrale des tomes I et II qui fournit la base des actions à mener.
Quelques images pour faire ressentir net ce tremplin central. Quand on reconnaît les racines historiques des triomphes monothéistes, par exemple les sauvageries des esclavages, des supplices, des mains coupées aux Indiens s'ils ne rapportaient pas assez d'or à Colomb et à sa clique, cela donne une tout autre idée des "valeurs fondamentales de l'Occident chrétien" que quand on s'arrête à la puissance, supposée toute Verbale, d'une soi-disant Parole de dieu et d'évangile. De même qu'en économie toute discussion en termes monétaires est déjà capitulation antiscientifique, de même en histoire des religions toute acceptation de termes pseudo-poétiques supposés sacrés est déjà trahison complète de l'accès toujours plus large au réel, à l'essentiel humain : ce ne sont pas des textes, c'est la vie, la seule vie vraie, consciente, épanouie, qui est valeur suprême et qui doit demeurer telle — "sacrée" en ce sens que toute profanation en est essentiellement condamnable —. Au lieu qu'on ressasse des contes, légendes et mensonges, il est simplement profond, honnête et historique de répandre les récits des crimes, d'abord certes des guerres, mais aussi des oppressions et répressions assassines qui ont permis d'extorquer aux esclaves, aux serfs, aux pauvres, aux vaincus, aux victimes infinies, les moyens de perpétuer les privilèges des vampires, parasites et clercs qui les exploitent : c'est seulement dans ce contexte de massacres que prennent leur sens véritable les temples de cultes imposés, implantés, bâtis à force de corvées et de contraintes d'une rare violence. Les constructions de palais, mosquées et cathédrales (sur des plans fort voisins) peuvent certes être attribuées à "une foi ardente". Cette explication est honteuse : les "ardeurs" furent bien plus souvent celles de bûchers et d'autres supplices, et les fouets bien plus fréquents que la foi. De même, tout est fait pour qu'on ne voie d'une église aujourd'hui que les ornements et le prêtre officiant : ce serait une juste leçon, fondée historiquement et largement humaine, d'y projeter régulièrement des images retraçant les peines et misères supplémentaires, les mortels accidents du travail, qui ont fait les clochers, les tours, les cadres où s'exhibe le curé de service. On aurait, à lever le nez vers les flèches des cathédrales, des réactions et des méditations instructives, fort différentes de celles cultivées par les clergés et offices de tourisme si on y apposait, bien en évidence à la vue des peuples, des plaques à la mémoire des "infidèles" — parfois encore tout enfants — qui furent précipités de leur sommet pour s'écraser sur le parvis, et ainsi offrir aux misérables quelque édifiante et "fidélisante" distraction à la vérité de leur misère.

1. Cohérence contre incohérence
On a déjà repris ici les efforts anciens pour aider à échapper aux vices religieux. Tout tourne autour de l'incohérence totale, de l'irrationalité des textes comme des exigences religieux : cela vaut encore quelque approfondissement, mais il faudra aller plus loin ensuite.
Dans un moment d'inspiration sur l'opposition absolue, radicale et à tous niveaux, de la raison et des principes religieux, Luther s'écrie que "la raison est la prostituée du diable". Rien de surprenant et on y reviendra, mais il y a de quoi rire des commentaires qu'en font des protestants : par exemple, ils se déclarent choqués qu'on ne cite pas, à l'opposé, les textes où Luther fait l'éloge de la raison ! Ces arguties de "croyants" sont sempiternellement risibles : Luther écrit une idiotie monstrueuse ; or il a écrit aussi d'autres idioties, mais qui vont en sens opposé de ce jugement absurde ; et ces cumuls d'incohérence seraient à respecter comme preuve que Luther est un "penseur rigoureux et profond" !
C'est là une caricature exemplaire et précise de toute dispute théologique ou dialectique : elle affirme tant d'absurdités contradictoires (tantôt à la réalité tantôt aux autres absurdités), qu'on est perdu d'avance si on ne dénonce pas tout net, dès le départ puis en répétitions obligées, leur totale et systématique incohérence. D'après la vérité qui mérite son nom, celle qui ne cesse de faire l'unanimité des savants puis des foules de façon toujours croissante et plus précise,
– il est ridicule de raconter que le monde ait été fait, et en sept jours
– il est ridicule de raconter que des êtres humains aient pu vivre plus d'une centaine d'années en pleine vigueur, voire plusieurs centaines d'années
– il est ridicule de raconter que la première femme soit venue d'une côte du premier homme, et que ce couple unique soit l'ancêtre de tous les humains
et la soumission exigée de toute science et de tout savant à l'intuition dialectique et ouvrière d'un secrétaire général n'est pas de nature différente.
Des contes de fées puérils pourraient être attendrissants chez un enfant mal éduqué qui se prendrait un instant pour un poète : ils deviennent criminels chez des adultes coincés en demeurés. Mais il faut voir de plus haut, plus net que ces détails infinis de sottises : c'est donc à l'incohérence elle-même, en général, qu'il faut s'en prendre.
Dans ce genre, le mot de "Testament" appliqué dans diverses langues aux textes de base des monothéismes, comme tout ce qui est religieux, finit par signifier tout et n'importe quoi suivant les besoins de leur dialectique : ainsi entre autres, il a reçu la signification d'"alliance", et cela en dit long sur les capacités aux dérapages mentaux des argumenteurs correspondants. Mais plus simplement en langue commune, testament a le sens de "suprême témoignage", destiné à inspirer le respect — c'est le cas par exemple en affaires d'héritage, et plus noblement pour ce qu'ont voulu léguer nos meilleurs esprits : c'est ainsi qu'on parle de testament philosophique ou scientifique —. Il s'agit donc de choses d'une rare importance, graves ou très graves : que diriez-vous alors du "témoignage" qui affirmerait que les évènements les plus importants ont eu lieu voici quelques heures, alors que tout prouve qu'ils se sont produits il y a de nombreuses années ? Or c'est très précisément dans de tels rapports honteusement mensongers que s'expriment les textes "sacrés", les "paroles de dieu", qui reviennent à mettre
– l'âge de l'humanité à quelques dizaines de siècles au lieu des centaines déjà avérées (pour notre propre espèce, sapiens, sans parler des ancêtres plus animaux)
– et l'âge de la Terre à peu près au même moment, au lieu des quelque quatre milliards d'années que la science situe aujourd'hui ?
En une infinité d'occasions de cette sorte, on se demande pourquoi un dieu "qui peut tout" (omni potent) ne s'est pas exprimé plus clairement, et de façon à être entendu de tous plutôt que d'un Révélateur — tantôt en araméen, tantôt en arabe, pour ne rien dire de l'hébreu et du grec, langues secondes — : mais bien entendu, toute absurdité est preuve par mystère aux yeux de ceux qui ne veulent rien voir du réel, et cela règle toutes les questions quand on est résolu à n'y point répondre...
C'est cela l'essentiel : quand on fait ces remarques par exemple à un chrétien un peu instruit, souvent il ricane qu'il le sait "bien", et ajoute l'insolence de parfait mécréant à ces affirmations méprisables de fausseté. Voilà le fond de l'affaire : c'est le mépris de toute raison, de toute réalité, de toute expérience, de toute science, pour abriter ce qui sert en fait à fonder une supériorité sociale, des privilèges, à l'encontre de toute humanité. Cette supériorité peut être passablement fictive, sur le thème "je suis l'un des très nobles détenteurs de la vraie foi", mais souvent elle a quelque bénéfice fort matériel, féodal, bourgeois ou impérial-colonial entre autres. La base de ces effets sociologiques est éthologique : on y a eu recours ici même bien des fois pour expliquer comment se passe l'intériorisation, l'introjection de cette volition pathologique de ne pas comprendre, ce refoulement de la raison par un inconscient qui, lui, ignore la logique et le "tiers exclu" (cf. récemment Actuel 65, 68, 78 — ou Censuré 2, fév. 2015). Ce qu'il y a d'arriéré, et précisément d'animal, dans l'humain, fonde l'incroyable acharnement à s'accrocher aux aberrations enregistrées dans l'enfance et accompagnées d'affects organisés en puissance : dont en priorité, avant même la domination, l'a/grég/ation à la "communauté", le sentiment grégaire d'appartenance protectrice à la horde, "je suis de chez nous, je suis comme tout le monde" — incroyable et évidente confusion du monde et du clan fréquenté !
Une simple argumentation, surtout purement verbale, est impuissante contre de telles forces psychiques. La dénonciation publique est déjà plus efficace, surtout si une part au moins de l'assistance fait vigoureusement appel à la simple évidence et à la raison : nul ne supporte aisément d'être diagnostiqué comme malade mental, et si des preuves de vérité sont assez éclatantes elles ne laissent pas indifférent. Mais il faut bien davantage, par exemple
une extrême rigueur, qui s'écarte de contorsions viles telles que les théologo-dialectiques, une logique sans pardon qui seule permet l'utilisation de la répétition et peut ainsi donner la portée qu'il faut aux efforts de contre-courant
– l'utilisation des sentiments d'abord ambigus mais potentiellement hostiles aux pouvoirs et à leurs violences
– l'entraînement par de larges mouvements de moralité impeccable, contre les propagandes et immoralité des pouvoirs.
Rigueur est le mot-clef. La répétition de la vérité, sous des formes de variation bien étudiée, ne peut manquer de l'emporter sur les litanies de faussetés — dont cependant on ne doit jamais cesser de faire éprouver le ridicule —. Mais le processus qui fait ouvrir les yeux, contre l'absurde inculqué dans l'inconscient infantile, est lent, et il importe extrêmement dans cette lutte à long terme de ne pas laisser passer des failles de propagande : le suprême recours qu'est la vérité ne doit jamais devenir la pravda à disposition de nouveaux clercs, ou comme on dit aussi de bureaucrates. On a vu ce qu'a donné le remplacement dialectique, issu de la même source que la théologie classique (Hegel), pour étouffer le splendide élan du savoir encyclopédique des Lumières.

Marx, qui soulignait la force de l'Eglise au Moyen-Age par recrutement de prêtres chez les paysans mêmes, n'a jamais voulu y reconnaître l'argument majeur contre ses rêves de "lutte des classes" : or des crapules de clercs comme le cardinal Ottaviani ou Maurice Thorez (bien plus récemment qu'au Moyen-Age !) étaient issus de classes très populaires et cependant bien sûr, tout aussi sensibles que des rejetons de financiers aux fascinations du pouvoir :
l'histoire de l'humanité n'est pas celle de la lutte des classes,
qui n'a jamais créé de motivation assez puissante,
mais celle de la lutte entre savoir et pouvoir,
qui elle correspond à des poussées bien autrement présentes dans l'homme,
et bien autrement profondes, de par l'évolution puis l'histoire.

La vérité est le recours suprême contre l'incohérence : mais il faut qu'elle soit la vérité, issue de documents et preuves sans conteste au nom de l'expérience-universelle-science-et-histoire, et non un verbiage ployable aux mains de nouveaux clercs, comme l'ignominie dialectique. Aujourd'hui, la part la plus sensible et la plus active de la vérité passe par la prise en compte de l'éthologie, et exige de rejeter en religion le marxisme avec ses trahisons multiples et foncières de la vérité. On renouvellera le savoir dans tout le peuple — médecins généralistes et enseignants comme ouvriers, puis "cols blancs" enfin de plus en plus conscients parce que de plus en plus écrasés par les petits chefs — : sûrement pas en supposant un messie prolétarien et en exigeant qu'on s'y soumette, aussi vilement qu'à d'autres prophètes ! Au contraire on ouvrira les yeux de tous à la férocité des tendances au pouvoir, à l'agressivité, en faisant voir l'animalité de fond des crétins privilégiés ou fascisants — et non en tentatives désespérées, désespérantes, pour raccrocher le progrès aux pannes héritées du stalinisme et de ses suites, des "grands bonds en avant", des "révolutions culturelles" et des "hauts fourneaux de village" qui ne pouvaient manquer de mener tout droit à la famine, à la dévastation, et finalement au retour aux formes primaires, sauvages, du capitalisme, comme en Chine.
Le progrès par l'extension illimitée de la science — historique entre autres — ne peut que s'opposer à l'abdication des peuples entre les mains de révolutionnaires, bien trop "professionnels" pour ne pas être entraînés par le goût du pouvoir et basculer bien vite en apparatchki, par élitisme, sectarisme et dogmatisme.

2. Vérité de la lutte anti-religieuse
Ainsi la lutte anti-religieuse doit être totale ou ne pas être : or elle est aujourd'hui plus urgente et nécessaire que jamais, et elle ne peut avoir d'autre base que l'expérience universelle, dans ses bases désormais faciles à diffuser, à portée de tous, mieux qu'elles ne l'ont jamais été. Car les progrès et l'extension même du savoir ne font que faciliter l'illumination de ses principes, tout particulièrement la méthode expérimentale : aussi valable en physique qu'en éthologie. La lutte est donc désormais clairement celle de cette cohérence universelle, donc de l'apprentissage et de l'épanouissement humain, contre la paresse et les faussetés, l'incohérence des magies et des décharges agressives bestiales. Ainsi la paix, aspiration assez commune, doit être comparée à l'état présent du monde : le retour de dieu(x), c'est toujours le retour de la misère, de la haine, de la guerre, on le voit aujourd'hui à l'échelle des nations comme de la planète. A l'opposé de ces défaites, rien n'a une force aussi grande que de montrer aux gens leur commune identité, leur vérité, leur histoire, la totalité expérimentale qui ridiculise ce dont les media de la finance font des éblouissements factices d'"actualités", manipulations infâmes.


3. Nécessité absolue d'écoles progressistes
Sur quoi, bien sûr, on retrouve les assises solides et multiples des arguments : mais cela ne doit venir qu'ensuite. Il faut donc d'abord — c'est incroyable qu'on demande comment le faire — ces indispensables écoles progressistes qui seront, pour les citoyens de notre temps, ce qu'ont été
– les éditions multiples de textes anciens par les humanistes de la Renaissance, contre les tentatives sans fin de destruction des bibliothèques, mémoire de notre espèce, par les monothéismes, chrétienté en tête
– la diffusion de la méthode puis de la philosophie expérimentale par les grands dictionnaires après Galilée : Bayle, et surtout Diderot évidemment, contre la folie de monarchie absolue
– les dénonciations des privilèges par les lignées issues des grands révolutionnaires français et russes tout au long du XIXe siècle et au début du XXe.
Toute salle de réunion, tout lieu assez large et ouvert où l'on peut faire venir les citoyens qui condamnent les crimes total-financiers actuels, sont autant de places où diffuser enfin les grandes données de science et d'histoire, de géopolitique et d'éthologie politique, qui parlent à tous, au lieu de litanies abjectes en prêches : il faut dire et redire, en les faisant lire ensuite au jour le jour, comment les mensonges des media permettent les manipulations mêlant attentats et matraquages de propagande, les coups d'Etat perpétuels par CIA-MI6, les provocations de l'OTAN, dans cent nations, depuis le LSD de Pont-Saint-Esprit et des attentats contre de Gaulle (actes CIA) aux autres crimes (aussi dès après la Seconde Guerre Mondiale) contre la Grèce, ou l'Italie, ou l'Espagne si chère à Camus,
tout citoyen peut le comprendre,
personne ne s'occupe de le redire assez haut, assez fort, assez largement,
en s'aidant de l'éthologie, reconnaissance de l'animalité barbare dans l'humain.
Or nul ne peut plus croire aux saletés vomies par des généraux et secrétaires de l'OTAN ou des présidents de comités Nobel, si on les replace dans l'histoire des institutions où tous ces mafieux ont commis leurs crimes, comme nul ne peut manquer de reconnaître les barbaries de l'histoire humaine comme marques d'une animalité incontrôlée. Alors, qu'attend-on ? Pourquoi continuer à arguer qu'on ne voit pas "concrètement quoi faire", quand la démarche éternelle de diffusion de la vérité universelle dans les foules, pour les soulever contre les pouvoirs, est à portée de tous, partout, pourvu qu'on ne se rêvasse pas en vedette mais qu'on fasse son devoir de citoyen, qu'on repère et étudie les sources qui valent et qu'on les propage autour de soi, et puis plus loin, et puis plus loin ? Pourquoi se perdre en lettres et pétitions à des ministres que seuls les cabinets des ministres lisent, ou en associations téléguidées, ou en multiplicité de fausses causes au lieu du tri de l'essentiel ? Il ne faut que dénoncer le plus énorme des accaparements par grandes fortunes (actuellement capitalistes) grâce notamment aux crimes de guerre dans leur histoire depuis un siècle et aujourd'hui, au lieu de perpétuer les égarements criminels sur les affaires marginales de cancers dus "aux téléphones portables" (capitalistes), "aux OGM" (capitalistes) et "au nucléaire" (capitaliste). Il ne faut que dénoncer le pouvoir, en particulier dans sa forme actuelle capitaliste extrême et total-financière, au lieu de chercher à priver l'humanité des téléphones portables, des OGM et du nucléaire scientifiquement, humainement contrôlés, dont elle a, et aura encore bien davantage, absolument besoin !
Seulement, bien sûr, il faut centrer sur l'essentiel, ne pas chercher à prendre le pouvoir par un clergé de prêtres ou autres dialecticiens, réaffirmer l'essentiel de la science et de l'histoire au lieu de se livrer à des dadas personnels, s'aider de ce qu'apportent les gens qui vous écoutent au lieu de tenter de démontrer toujours qu'on est le plus savant : il faut faire preuve de mentalité de savoir et non de pouvoir — ce n'est certes pas ce dont les papes du catholicisme ou du marxisme donnent les plus lumineux exemples...

En tout, le pire est d'abandonner, de capituler, de s'essouffler parce qu'on perçoit toujours trop les forces de ce qui est en place et jamais assez les exemples d'histoire qui ont déjà écarté la pure barbarie : il faut relire les facilités de vivre et les débuts de démocratie tels que la reconnaissance de principe de la souveraineté populaire, un peu de sécurité sociale, de retraite des vieux, de "laïcité" (de vérité universelle) dans l'enseignement. Motivés par leur psychose obsessionnelle, les salopards du pouvoir à tout prix ne cessent de lutter contre l'humanisme et l'humanité : chaque fois qu'ils réussissent quelque réaction, quelque retour en arrière, les chœurs de la lâcheté entonnent les refrains que rien ne sert ni n'a servi à rien. Est-ce là le tout de la raison et de l'histoire ? ou au contraire, est-ce le propre de l'humain même que de toujours reprendre et développer la lutte humaine ? On nous bassine à présent du "fait" religieux, comme on a entraîné en leurs temps d'autres bandes au "fait" cannibale", ou au "fait" royal : la majorité actuelle de l'humanité est-elle encore ouvertement cannibale ? en dehors du pilier réactionnaire installé en perfide Albion (où le simple vœu de République est encore assimilé au terrorisme et à la haute trahison par la "gauche" à la Blair-Big-Bliar que Monsieur Hollande a choisi d'imiter), la majorité actuelle de l'humanité est-elle demeurée, c'est le mot, royaliste ? Il y a eu mille passages sinistres de pestes historiques, microbiennes ou virales comme politiques : devons-nous pour autant nous prosterner devant le "fait" pesteux, le "fait" financier, le "fait" terroriste, ou le "fait" guerrier ? Tous ces "faits" ne sont que des moments dans l'inévitable et provisoire héritage de notre espèce : aux capacités resplendissantes à long terme, mais survenue dans un monde d'abord complètement inadapté. Ce ne sont que des preuves supplémentaires de la suprême indifférence des choses, que la pauvre humanité a eu tant de mal à intégrer à travers des épreuves initiales terribles.
C'est en ne voyant plus que de telles faussetés qu'on capitule en illusion qu'un messie vienne tout arrager, c'est ainsi qu'"En matière de religion, les gens se rendent coupables de toutes les formes possibles de malhonnêteté et de fraude intellectuelle" (Freud — une des rares bonnes phrases de l'Avenir d'une illusion) : mais au regard des fruits de l'expérience historique et scientfique, est-ce un argument définitif en faveur, ou en défaveur, de la religion ? Tout pareillement, la malhonnêteté et la fraude intellectuelle sont de même niveau en matière de manuels nazionalistes d'histoire (voire de science) : l'arrogance imbécile de l'enseignement en seconde de nos lycées raconte des sornettes éhontées sur l'économique et le social (sans définition de ce qu'est la finance !), les assassinats en masse de Louis XIV sont estompés dans des listes de coucheries légitimées ou non légitimées avec la Montespan, la Maintenon et bien d'autres — est-ce une raison pour oublier les crimes contre l'humanité du Code Noir, des dragonnades et de l'abaissement de la France et de son développement économique, scientifique et industriel, par la stupidité morbide qui fit Révocation de l'Edit de Nantes ?

On n'épuise pas un tel sujet. Mais s'il faut encore une fois tenter de ramasser en quintessence, le crime le plus grand est la perversion des enfants par des catéchismes (dont beaucoup de manuels scolaires), à des âges où ils ne peuvent deviner les conséquences épouvantables des cautèles et roueries par lesquelles on les prépare à se faire la guerre. Les tentatives "laïques" ne sont que peu de chose à côté de ce qu'il faut faire savoir et reconnaître, et ce qu'il faut faire savoir et reconnaître passe par des citoyens, des adultes qui ne peuvent être des fonctionnaires des Etats installés. Il faut des écoles progressistes comme terreau des formations indispensables — cela va bien avec le reste, et cela aide à mesurer les efforts nécessaires.
Ensuite doit venir la description plus précise des parts respectives de science et d'histoire, d'éthologie et de géopolitique qui constituent les plus grandes urgences à diffuser. Il y a déjà des manuels d'éthologie politique, mais hélas Lorenz même, trop conscient de ses propres fautes et des pesanteurs d'abord écrasantes de l'histoire telles qu'il les a lui-même éprouvées, abdique en partie dans la conclusion de son plus grand livre : il sent trop les lenteurs de l'histoire parce qu'il les compare trop vite à celles de l'évolution. Cela revient à la mort humaine, car c'est oublier que savoir et raison n'ont aucune place dans l'évolution, et jusqu'ici fort peu de place dans l'histoire : c'est oublier que savoir et raison se diffusent — certes moins aisément que les contagions stupides d'agressivité fanatiques et fascistes, mais avec infiniment plus de stabilité. On a désormais des moyens neufs, énormes, de ralentir les pestes, parce que les folies historiques ont laissé assez de marques pour rendre éclatants les "devoirs de mémoire" — autrement plus étendus que ceux confinés dans les reconnaissances officielles, perverses —. L'éthologie et la géopolitique dans son histoire éclairent partout, et partout aussi bien, l'aventure humaine et les vices puants des gens de pouvoir, les esclavages et les guerres, depuis l'aube inhumaine de notre espèce jusqu'à l'inhumanité des fanatismes et fascismes actuels, des manipulations de foules, de l'OTAN et de ses provocations incessantes, de sa confluence avec la papauté : jamais jusqu'à notre temps les bonnes volontés n'ont pu trouver de bases aussi solides et larges pour expliquer l'humain à tous les humains — sauf aux pervers irréversibles et irrécupérables.
Depuis des années, les indispensables écoles progressistes se font déjà jour, mais sous des formes encore mal bâties : par des media "alternatifs" que presque personne ne songe à relier assez, et dans une large inconscience. Car si beaucoup savent désormais, plus ou moins nettement, que politique n'existe plus sans géopolitique — et c'est un grand pas dans la reconnaissance de notre identité d'espèce — il y a presque totale ignorance sauf chez les monstres manipulateurs  du plus puissant moteur humain et de ses drames : il y a presque totale ignorance de ce que représente la leçon éthologique et spécialement la reconnaissance de l'expansivité (merveilleuse si on la domestique, sauvage jusqu'à être mortelle si on n'en prend pas claire conscience). Ainsi d'un côté l'une des forces des pouvoirs, et notamment des sadiques anglo-saxons, est l'action éthologique contrôlée, simultanée et cohérente à l'échelle de la planète entière, alors que de l'autre côté chez les progressistes cela fait partie des armes énormes dont pour le moment on ne fait rien. Or justement jeter les bases de sa compréhension est une facilité, toute scientifique, simple à utiliser dans les débuts mêmes d'écoles progressistes, et qui transcende par nature toutes les frontières (jusque, dans une large mesure, celle d'idéologies). Tout ce qui est éthologie, capacité à reconnaître l'identité des luttes contre l'oppression partout au monde, est donc une réponse de fond, universelle, à la barbarie impérialiste, réponse immédiatement à portée, immédiatement éclairante contre les manipulateurs. Et cependant nul groupe progressiste ne saisit encore cette suprême énergie, humaine et potentiellement humaniste.
Comment mieux délimiter
– ce qu'il faut partout éclairer à toutes les échelles, de temps, de sociétés et de géographie
– ce que ce blog tente sans cesse de mieux faire percevoir
– et l'effort le plus indispensable ?

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