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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 17 mars 2015

Actuel 80 Histoire générale des religions (IV)



Annexes et compléments

1. Mots et inconscient
"Sans le latin, sans le latin, la messe nous emmerde" chantait Brassens : en effet, il est plus facile de croire que les choses prêchées sont très profondes quand le langage employé est incompréhensible, et l'Eglise a eu de bonnes raisons de maintenir la Vulgate en latin tant que cette langue était à la fois celle des savants de sa part d'Europe et largement ignorée dans les peuples. De même l'incrimination des traductions du Coran, au détriment de l'arabe, sert les bestialités intégristes homologues. Mais il peut aussi être utile de déclamer des idioties en langue ordinaire, en comptant sur le respect forcé des lieux où elle sont proférées, pour mieux avilir l'esprit des fidèles présents à la messe : c'est le choix fait par la papauté récente contre les rites anciens — se rangeant ainsi à l'idée protestante qu'elle avait si férocement combattue.
Cela s'analyse. Les sonorités claires et épurées, mais sèches, du français ne conviennent guère aux acoustiques pour lesquelles ont été conçues les églises et cathédrales initiales, et l'on comprend bien que ce soit en France (et Suisse romande) que se soient manifestées les plus vives réticences à changer la mode de Saint Pie V (intégristes d'Ecône). On dit, et c'est une part de justesse, "obscurantismes". Mais on ne pense pas assez aux exploitations et manipulations d'inconscient largement animal que cela représente, c'est-à-dire à l'éthologie. On n'interprète guère dans ce sens, par exemple, les découvertes faites sur l'humanité primitive des cavernes, et la restitution artificielle, fort élaborée, de ces grottes, de leurs éclairages et de leurs échos, en temples et spécialement en cathédrales.
Toute expression est ainsi héritage de violences et incohérences, souvent terribles, et il y a des encyclopédies à écrire sur la désinformation par le langage. Elle est particulièrement vivace à propos de "croyant" : les humanistes, réalistes, progressistes et rationalistes croient ce qui peut être prouvé pour toute l'espèce humaine, hors contrainte et violence, et sont ainsi les seuls à mériter véritablement le nom de croyants. Les pervertis par les barbaries de l'histoire (bien souvent sans en être responsables) "croient" toutes sortes de sottises : or ce sont eux que les prêtres établissent en "croyants" dans leurs prêches... Encore une fois, on ne peut éviter de blesser les habitués d'une foi aussitôt qu'on rappelle ainsi des parts énormes de vérité : mais ce rappel n'est nullement les insulter, c'est penser à ceux qui cherchent le vrai, parmi lesquels on ne demande qu'à les ranger. L'expérience montre d'ailleurs qu'il est difficile d'espérer, en réciprocité, la tolérance de gens qui ne vous parlent plus si par exemple on a lâché quelque ironie sur les catéchismes : ce détournement boudeur, ridicule et très agressif, est une des marques les plus régulières de la religiosité (certes les marxismes ne s'en privent pas plus que les autres "croyances" et "convictions"). Cela n'encourage pas toujours à se montrer tendre contre les clercs et autres institutionnels, bureaucrates établis ou même simples "militants", si souvent fâcheux par leurs essais de racolages et professions de foi obsessionnelles.
Ces affaires ne sont qu'en surface linguistiques, c'est simplement là qu'on songe le plus vite à les opposer à l'universalité scientifique. Car on peut trouver des thèmes où certaines idées "passent" mieux dans une langue que dans une autre : mais une des grandes forces du plus juste, du déjà assuré, est qu'il peut être exprimé en profondeur dans toutes. Ainsi, au contraire des fureurs qui voudraient enfermer dans l'arabe ou le latin impériaux, et pour cause, l'expression des bases d'évidence que choisit Galilée pour entraîner à la compréhension de la méthode expérimentale — mécanique des milieux continus comme astronomie ou chute des "graves" — se transcrivent immédiatement en japonais comme en malien (malinké si vous voulez), en suédois comme en espagnol accentué argentin. C'est pareil en éthologie, et ce le sera toujours plus complètement : comme en toutes affaires de science, universalité par nature. Si des revues d'éthologie politique doivent au début prêter une grande attention aux conditions locales, et à cause de cela souvent nationales, les thèmes les plus importants devront rapidement s'exprimer par des repères fondés sur des exemples valables au niveau planétaire — on en a déjà des exemples avec les parts universelles de gestuelle, dont les expressions faciales : puisse-t-on aller vite bien plus loin !

2. Fausseté de fond de la notion de "blasphème"
Pour opposer toujours l'universalité scientifique, dont l'éthologique, à la sottise encore partout présente, on peut rappeler aussi que des religieux qui se veulent non dogmatiques parlent de rétablir le délit de "blasphème" comme protection du vivre ensemble ! Cela prête à rire, mais c'est, et il faut démonter.
La dialectique en cause déclare que si on "respecte toutes les convictions" (élément de propagande cher aux cliques des "centres" catholiques en politique française, cœur et chœurs du journal le Monde en particulier), on va éviter les tensions excessives (et la guerre civile que nous prépare la religiosité). Il faudrait "donc" interdire qu'on se moque de dieu, qu'on se taise devant les faussetés, crimes et tricheries accumulés qui ont conduit à cette illusion — qu'on ne reconnaisse que des religions de par la planète : comme le "petit Robert des noms propres" fait la mappemonde des "croyances" sans mentionner nulle part la pensée vraie —...
De telles interdictions, certes, rendent service aux "croyants" en leur laissant le champ libre pour massacrer la liberté de l'esprit et les esprits libres, comme ils l'ont fait des siècles durant et comme ils recommencent sous nos yeux. On se l'explique très bien : cela permettrait une plaisante décharge commune d'agressivité de tous les fanatiques contre tous les véritables tolérants, enclins, eux, à expliquer plutôt qu'à assassiner. Mais cela ne règlera nullement les problèmes de fond qui ne peuvent manquer d'opposer, et opposent effectivement comme le montre toute l'expérience historique, les chrétiens aux musulmans, les chrétiens entre eux (par nations ou par sectes, catholiques et protestants mais aussi catholiques entre eux etc. etc.), les musulmans entre eux (idem, chiites contre sunnites et ce n'est pas fini : c'est même une des bases les plus solides de la manipulation du monde islamisé par les vampires de CIA et MI6, re-etc. etc.).
Non. Il n'y a pas, il ne peut y avoir, "blasphème" : il peut y avoir déclaration maladroite qui heurte trop brusquement des enfermés dans leurs rites, mais c'est toujours moins grave que les exécutions par toutes armes, par meurtres individuels ou massacres d'énormité variable. Il faut laisser large recours à la vérité — universelle comme déjà dit. Les crimes les plus grands, tels que tous peuvent et doivent le reconnaître dans toute l'histoire, sont ceux de toutes les religions contre la vérité : à l'opposé, les protestations en faveur de la vérité ne sont pas des crimes, mais des services rendus à l'humanité entière. Les plus terribles sacrilèges sont ceux qui s'opposent à la vérité, à la paix et surtout à la vie — non à des racontars puérils —. Il faut renvoyer, à la face des défenseurs vicieux de lois sur un "délit de blasphème", les listes infinies des crimes de leurs institutions, non les laisser tenter d'endormir encore ceux qui ignorent, mais seraient disposés à entendre, l'histoire. Il ne faut pas laisser dialectiser les infâmes et hypocrites défenseurs de ce qui ne cesse de faire le malheur de l'humanité et la base la plus assurée et la plus présente des guerres.

3. Abus de faiblesse : enfants et esclaves
Dans bien des langues, on dit indifféremment (comme en latin puer) l'enfant ou l'esclave, et les ventes d'enfants comme esclaves peuplent l'histoire des cinq continents. La religion, dit Hitchens, empoisonne tout et maltraite les enfants : en fait de façon générale, elle facilite tous les sadismes, et les propriétaires d'esclaves les plus féroces (à commencer par les cliques venues avec, ou tout de suite après, Colomb) se donnaient bonne conscience en se référant à la "vraie foi" — aussi naturellement que les négociateurs musulmans de rançons, pour esclaves chrétiens en terre d'Islam, se réclamaient des injonctions explicites du Coran pour "justifier" leurs exigences (et leurs propres commissions sur les transactions...). Les abus sexuels d'enfants par des prêtres sont certes une caricature particulièrement dramatique de maltraitance : mais il y a plus subtil, et à terme plus dangereux parce que de bien plus large portée.
A Luther traitant la raison de "prostituée du diable" (T. III, 1) il faut répondre, par les faits historiques accumulés sur les siècles de monothéismes, que c'est la "foi" qui s'est démontrée diabolique, fomentant les haines ensuite classées en "vérités" parce que triomphantes comme celles vaincues en "hérésies" par les hasards de guerre : or tout cela n'a pu se faire que par le viol initial de jeunes âmes, mais dont une bonne part n'a jamais pris conscience d'avoir été pervertie. On n'enseigne guère la "Croisade des enfants" : mais combien d'autres massacres se rattachent au même schéma, sans même parler des atroces inhibitions sexuelles qui ont fait des vies (et des morts) de douleur ? En vérité, quand on commence à saisir ces masses de faits, il n'est plus possible de "croire" (aux mensonges propagés partout, ce qui est rarement ajouté à ce verbe trahi !) et c'est cela même qui explique les refus des "croyants", en particulier leurs angoisses de "blasphème" : car quelque part au fond d'eux-mêmes, ils éprouvent fort que l'acceptation d'une logique détruit les fondements les plus "sacrés" = les plus enfouis dans leur inconscient. On se souvient ainsi de la phrase du forcené cardinal Lustiger, lors de l'attentat mortel au cinéma Saint-Michel à Paris, où l'on s'était risqué à projeter La dernière tentation du Christ de Scorsese : "quand on touche au sacré, on déchaîne le diable" — aveu extraordinaire : c'est donc bien Satan, plus scientifiquement le satanisme (sens psychiatrique : sadisme extrême), qui a fait et protège le "sacré" des religieux !
C'est une des données les plus pertinentes que cet ancrage par angoisse et terreur de l'autoanalyse, angoisse et terreur de la pénétration de l'inconscient : introjection du faux "sacré" dans des petits incapables de se défendre. Voilà le fond.
Une part des horreurs imposée aux enfants, qui a été et demeure développée dans toute la mesure où les religions y parviennent, est l'infamie qui accuse l'humanité entière de "péché originel". Pour quiconque a éprouvé la juste émotion de tenir dans les bras un tout-petit, cette infamie — qui a donné aussi les massacres de juifs, enveloppés en revanche de "déicides" — est caractéristique d'une perversion extrême : on accuse les enfants pour se donner ensuite les plaisirs sadiques de les "redresser" : que de siècles le prouvent, et par quelles horreurs ! Si jamais les mots d'abus de faiblesse ont un sens, quand, sinon d'abord à ce propos ? Qui fera le compte épouvantable des maladies mentales et sociales engendrées par les tabous, sur la masturbation comme on le dit un peu, et sur tout le reste des rapports au corps, aux choses, aux autres comme on le dit si rarement ? L'enfant humain naît dépendant. Il a des droits, dont l'accès à la vérité (universelle-scientifique-et-historique-au-nom-de-toute-l'humanité) avec tout ce que cela suppose de nourritures matérielles et psychiques pour un épanouissement humain. Et c'est lui qu'on accable d'un "péché", des crimes que les religions ont commis ! Ce petit qu'il faut élever, soutenir, développer, on l'enferme dans des idioties ancestrales qui ont asservi ses proches, au lieu de l'éveiller à tous les bonheurs ! Quel mot est assez fort pour faire sonder cet abîme de méchanceté ?

4. Ne jamais compter sur "la bonne nature"
Il ne faut jamais compter sur "la bonne nature", ni en histoire ni ailleurs : jusque dans l'humain, le donné est d'abord in/sensé. Mais l'absurde se dompte : ni désespoir, ni "foi" aveugle. On a dit un peu sur ce thème (t. III) le danger de la position de Lorenz, comptant sur la nature et ses "deux grands constructeurs" d'évolution (mutation et sélection) pour triompher finalement des sauvageries animales, même dans l'humain : c'est un danger mortel. Car Il est lamentable de croire à un messie, prolétarien par exemple, comme il est lamentable en n'importe quel domaine de croire que ce qui est le plus propre à l'humain, exprimé par exemple sous forme du sens de la justice, doit triompher ob natura rerum : si on compte sur la "bonne nature", ou le point Oméga dans l'histoire, il est aussi simple de déclencher le feu nucléaire, comme ne manqueront pas de le faire les impatients généraux de l'OTAN (entre autres). Au contraire, l'humain se caractérise par le lent et énorme effort de convergence d'empathie et de rigueur, et c'est seulement si on lutte à l'extrémité de toutes les forces possibles en faveur de cet équilibre qu'on parviendra à sauver l'humain des indifférences cosmiques.
Il faut donc lutter : travailler, diffuser, analyser, argumenter, rencontrer, unir — inévitablement par la vue commune (au moins partielle) d'abord, puis alors tout naturellement dans l'action. Ce n'est pas parce que de larges majorités n'y comprennent plus rien aujourd'hui que c'est moins vrai. Compter que des modifications d'ADN ou de hasards socio-politiques vont faire peu à peu des êtres raisonnables revient à supposer le "bon dessein", la "bonne nature" : c'est encore supposer l'histoire cosmique d'avance faite pour une humanité dont l'univers se fout comme de tout et du reste. Il est désormais vital et urgent, au contraire, de se résoudre à comprendre les mécanismes qui ont si souvent déjà entraîné aux pires horreurs, pour enfin les arrêter.
Dans les dangereuses folies qui peuvent coûter la vie à notre espèce règne le plaisir des privilégiés. Non seulement il se moque de la misère des autres, mais il y trouve motif d'accroissement. Cette perversion est assez épouvantable pour qu'il soit très compréhensible de refouler d'abord ce tableau monstrueux (en partie parce qu'il est tentant de s'y reconnaître : ce qu'il n'est pas simple de s'avouer si on a été "bien élevé", c'est-à-dire si on a bien intériorisé une morale déjà assez juste). Mais si on en reste à ce refoulement, ça ne "marche" pas — le refoulement ne "marche" jamais. En particulier, si on ne reconnaît pas l'universalité des pulsions (en particulier celle d'abord neutre, expansive mais très vite agressive), même en soi bien sûr, on est voué à l'impuissance contre l'épouvante. Il faut donc absolument percevoir
– le fond expansif
– puis les inévitables incitations de toute vie à l'agressivité
– enfin chez les privilégiés, le développement de celle-ci en perversion infecte qui les coupe de l'empathie assez profonde et de leur propre compréhension — ces crapuleux gosses de riches, en particulier, dont Hugo disait qu'on les enveloppait dès l'enfance dans "ce linceul : le pouvoir" —.
Il est mortel de rester aveugle à la construction, par les hasards de la vie et de l'histoire, de capacités aussi dangereuses notamment chez ceux que le pouvoir attire (c'est beaucoup de monde). Il est mortel de rester aveugle aux moyens d'analyse qui sont la condition de survie de l'humanité.
Contre de telles fautes, il faut d'abord évaluer un peu les déviances qui prétendent laisser indifférent à la disparition de notre espèce. Je me souviens d'un imbécile qui opposait à ma terreur de la guerre thermonucléaire — il y a déjà de cela bien des années — la tranquille affirmation que, ne laissant pas de survivants, il ne voyait pas de raisons de s'inquiéter pour lui ni sa famille, dont bien entendu ses propres enfants. De même un général, qu'on tentait d'éveiller à la monstruosité d'une telle disparition de l'humanité, a osé répondre : "que ce soit en traversant la rue ou d'autre manière, il faut mourir un jour, alors où est la différence ?"
Je ne sais rien de plus puant.
J'ai eu la chance de ressentir très tôt, à travers le "feu sacré" de mes instituteurs, une des plus admirables profondeurs, un des plus merveilleux fondements du sens qu'il faut donner à la vie : l'accomplissement par la transmission, et si possible l'élaboration, de l'équilibre et du savoir humains. J'enseigne depuis tantôt soixante ans : je n'en suis point las. J'en reprendrais bien pour autant. Toute vie n'a de sens que tournée vers l'avenir. Alors, qu'on se réjouisse de ne pas laisser de survivants me paraît motif d'enfermement rapide et obligatoire en hôpital psychiatrique, et de même, qu'on ne fasse pas la différence entre se faire renverser par une voiture et la fin de l'humanité me stupéfie au delà de tout, même de la part d'un militaire, même très gradé. On peut s'exercer à soutenir n'importe quelle thèse : un temps seulement. Ensuite, le refus de réfléchir est crime, et il importe d'en imposer conscience avec toute la vigueur possible.
Alors et dans ce sens, on peut approfondir la saleté nauséabonde des privilèges. Ils se construisent par le plaisir d'une minorité vicieuse, les potentats les plus directement politiques étant soutenus et souvent adoubés par la crapule religieuse : relisez l'histoire, pas seulement en France. Louis XIV — en vérité l'un des plus infâmes, que des livres continuent à célébrer en "roi-soleil" ! — disait qu'il ferait la guerre "m'en coutât-il cent mille de cette canaille-là" (les paysans qui le faisaient vivre). Les sourires épanouis des chefs du CNPF devenu MEDEF, en particulier dans la lignée des gens de l'UIMM, sont strictement dans cette lignée d'éthologie politique : bonheur d'embusqués dans le déclenchement de tornades historiques — la responsabilité des "industriels" français et allemands est totale dans les plus sinistres massacres où l'on ait conduit des peuples voisins à tous les titres —. On comprend bien que ces sadiques soient révoltés par les "excès" de la grande Révolution française, puisque quelques-uns de leurs semblables y ont laissé leur peau. Ce n'est pas un argument pour ne voir que de mauvais côtés à la grande Révolution française. Il pourra être utile de le leur répéter.
C'est dans cet esprit, tout éthologique, qu'il faut analyser la "réussite" (relative) de certains comportements dans l'histoire. Le plaisir de ceux que l'écume des choses a poussé au pouvoir, l'empathie malheureuse chez ceux qui, trop souvent, ont éprouvé quelque résonance intime à ce plaisir sans comprendre d'où cela leur venait, le favoritisme navrant que le psychisme réserve à l'habitude et l'angoisse lamentablement automatique devant le changement, voilà quelques-unes des forces qui font une telle stabilité (individuelle et collective) aux conservatismes, dont se réclame encore Lorenz lui-même. Lui, à qui nous devons d'admirables images d'introjection de l'habitude (chapitre Habit, ritual and magic du fondamental On Aggression), lui qui incitait si justement au respect de la raison et de la responsabilité morale, s'est arrêté effrayé à son tour devant les puissances des instincts et les dénuements premiers de la raison et de la connaissance — au lieu de saisir les forces de l'éducation rationnelle.
Or il est bien facile de saisir et de faire voir comme des vicieux les gens qui, tant qu'ils peuvent compter sur l'abdication mentale (de leurs contemporains d'abord), croient qu'il leur suffit de paraître pour commander : il ne manque pas de moyens de les ridiculiser et de les faire haïr. Certes ces moyens ne procèdent pas directement de la réaction spontanée du primate que nous portons tous en nous : mais comme tout ce qui vaut, cela se cultive. Et les satisfactions — en partie agressives, certes —, que la révolte procure, ne cèdent pas facilement même devant la violence de la répression, qui crée d'ailleurs pour les installés des difficultés fort exploitables à leur tour.
Ces affaires de manipulation des esprits, par des pouvoirs et violences comme par les propagandes qui s'y appuient, ne sont pas "tout simplement de la politique". C'est de l'éthologie politique. Dans un domaine voisin de même, on peut bien sûr s'arrêter à ce que les moyens de communiquer par un blog et la Toile reposent toujours sur des mots et des images, mais il est ridicule de négliger la différence entre la portée d'une voix et les techniques aujourd'hui développées de diffusion : de façon tout à fait équivalente, il est ridicule de négliger la différence entre les puissances de dénonciation de l'éthologie politique par les éclairages qu'elle donne sur l'animalité (la bêt/ise) des "princes", et les réflexes naturels de prosternation. Les manipulateurs (de CIA et MI6 entre autres) ont de longtemps discerné la politique ancienne et ses perfectionnements éthologiques. Chez les progressistes au contraire, hélas, jusqu'ici on se croise les bras et on attend que beaucoup de gens vous entraînent à faire ce qui est enfin à portée de tous : il n'y a pas trop de quoi s'étonner de l'état de la planète.
Pour répéter encore cet essentiel : il est "naturel" (plus immédiat que la culture) de laisser parler l'émotionnel, l'animal évolué au hasard, fondé sur l'éducation souvent idiote des religions (et des nationalismes) ; il est "naturel" de négliger par pur réflexe le plus humain : à savoir contrôle, raison, expérience, science et histoire. Cela ne justifie pas de laisser se faire toutes les barbaries dont l'humanité a été et demeure si terriblement victime. Ce qui se fait facilement contre toute rationalité, comme les fascismes et fanatismes, est aussi ce qui se rend le plus aisément méprisable : la détermination — la compulsion — des fous n'est pas un exemple enviable. Il n'est ni difficile ni interdit de lutter là-contre.
Cela se transcrit partout. Il y a, pour ceux qui ont accepté d'étudier l'éthologie, une compréhension si intime par exemple des réflexes d'agenouillement, qu'ils perçoivent bien vite les pulsions de ceux qui s'y laissent prendre. De même, on analyse sans peine la satisfaction primitive à voir réprimer, puis à se ranger à la force brutale, enfin à se sentir vainqueur par procuration alors qu'on est soi-même victime d'abord, abject ensuite ; seulement voilà, c'est une satisfaction primitive, et lorsqu'on en ressent l'abjection il est moins facile de s'y laisser happer. A défaut de satisfaire son goût d'omnipotence (au plus net chez les enfants autour de quatre ans), on se réjouit de s'identifier à une omnipotence (dont l'immortalité est cas particulier) : désir de croire à la magie, à la fausseté, à "tout facile", désir de soumission, abdication du sens démocratique et humain sous prétexte de combattre "l'orgueil" (la dignité humaine) en fait pour contraindre à accepter l'insolence du pouvoir, religieux ou autre. Déséquilibres bestiaux, ennemis de l'humanité. Même des singes ont de justes réflexes de révolte : que dire alors d'humains, qui ont choisi d'en être incapables ? Pourquoi s'aveugler par exemple sur ce que l'histoire nous répète des papes et des gouvernants, parce qu'une occasion se présente de transport gratuit pour aller voir les pantins actuels de ces services ? Pourquoi ne pas participer tant qu'on peut, par l'action humaniste et progressiste, aux poussées politiques qui ont donné le plus fertile, le plus humain, le plus heureux de nos héritages, depuis que le savoir universel éclaire enfin un peu notre chemin ?

5. Profondeur d'opposition entre religion et savoir,
entre fausseté de "révélation" et vérité universelle
C'est dans ces affaires une chose très forte que, malgré des protestations aussi officielles qu'hypocrites, les religions se soient toujours farouchement opposées à une diffusion large de l'éducation et du savoir, spécialement en ce qui concerne le sexe féminin. Là encore, on peut toujours refuser l'apport évident et précis de l'éthologie : on peut exposer, dans des mots qui ne mentionnent jamais la moindre allusion à cette science fondamentale, le fait que les femmes excisées sont souvent des plus résolues à exiger cette infamie pour les petites ; on peut refuser tout rapport de cette attitude à la relation particulière des femmes aux conservatismes en général et aux prêtres en particulier ; on peut se satisfaire d'éléments de psychanalyse pour englober en termes vagues de telles masses de faits. Mais on peut aussi choisir une conscience plus nette des héritages animaux de tendances à la soumission souvent "femelles" avant d'être féminines :
1) comme bien des hormones, elles sont présentes dans les deux sexes
2) il est absurde de les considérer comme imposées identiquement à toutes les femmes
3) mais il est aussi absurde de les nier dans les majorités de femmes (où elles sont cultivées par éducation, pour ne pas dire par dressage)
alors que cet ensemble de données permet à la fois d'en situer les limites et de mettre en garde contre leurs manifestations non raisonnées.
Seulement, cette démarche éthologique est plus difficile que de décider ce qu'on a envie de déclarer vrai. D'où la perpétuation par exemple de sentiments insensés de supériorité dans un sens ou dans l'autre, au lieu de la reconnaissance profonde, éthologique, que l'orientation (grossièrement : vers l'extérieur ou l'intérieur du ventre) des organes sexuels (les plus différenciés) a un rapport nul aux propriétés et capacités les plus dignes de considération, et de très loin, dans un être humain. De même, les dispositions politiques et de savoir les plus importantes n'ont rien à faire de l'accord plus ou moins complet des dispositions physiologiques et comportementales en affaires de sexe : qu'on soit hétéro- ou homo-sexuel, de quelle façon, et pour quelle part en raison ou déraison d'éducation ou de nature chromosomique, n'a aucune relation aux réussites possibles en action humaniste ou en apprentissage d'histoire ou de science — sauf, évidemment, en ce qui concerne les difficultés pour se faire entendre dans des sociétés arriérées, c'est-à-dire par exemple en masses actuelles.
La terrible aberration de condamnation du hors "normes" est cultivée, sous l'hypocrisie déjà soulignée, par pratiquement toutes les religions et tout le temps. Ce n'est qu'un cas particulier important de la tendance au refus de la vérité, la seule vérité-universelle-globale-science-et-histoire qui ne peut que se moquer des "révélées" et de leurs incohérences. Lutte fondamentale entre savoir et pouvoir. Partout et toujours, la "foi" — l'aveuglement, souvent intériorisé de façon incurable — refuse de constater son opposition de fond et continuelle à l'épanouissement humain. C'est certes encore le cas plus férocement contre le sexe féminin, mais c'est vrai en général contre la diffusion du savoir et la diffusion des germes de libération que porte ce savoir : qui sait un peu d'histoire réelle des crimes de l'Eglise, contre les gens de savoir en particulier ? qui diffuse cette part de vérité ?
Que dire alors de l'émancipation politique — et, indissolublement, morale !
Il est effarant, mais cela se reproduit en notre temps, qu'on prétende lier la morale à la religion, alors que les exemples les plus forts d'immoralité — dont les guerres, religieuses certes mais pas seulement — sont dans toute l'histoire du côté des vanités "croyantes". La religion est l'accompagnement obligé de toute prise de pouvoir et des violences qui en sont toujours les procédés de base. La torture et le massacre par les Inquisiteurs accompagnent toujours et partout les esclavages et les colonisations : celles de l'Afrique et de l'Amérique latine aujourd'hui ne font que perpétuer celles des siècles passés, dans le silence des propagandes officielles (la protection par le Vatican de prêtres largement responsables des pires moments du génocide rwandais en est un cas, tu comme cent mille autres) —.
Il y a ainsi une folie, mais aussi une terrible efficacité, à la prise de pouvoir sur les âmes après la soumission des corps par la guerre. L'un des moyens — les plus constamment employés, et autant que possible, par les religions notamment monothéistes — a été la destruction systématique des bibliothèques, mémoire de l'espèce. C'est à cette lumière qu'il faut étudier des affaires parmi les plus graves pour la compréhension et les leçons du passé humain : nul n'ose dire l'évidence, que les chrétiens, au long d'un millénaire au moins, ont fait bien pire en fait de destructions que ce qu'on reproche aujourd'hui aux Talibans — sans parler des récupérations à l'infini des antiquités (grecques en particulier). De même, il est incroyable (sauf compréhension éthologique) que des Noirs se soient convertis aux deux grandes lignées de crimes qui ont accompagné les esclavages chrétiens et musulmans, dans le génocide perpétué de l'Afrique par les razzieurs des deux côtés du continent : cependant il y a encore des auteurs, et dans des sites supposés plus libres que la presse immonde des Etats puissants, pour mettre en avant plutôt M. L. King ou au contraire plutôt Malcolm X, l'un chrétien et l'autre musulman, comme défenseur des droits de l'homme aux Etats-Unis ! Qui va enfin s'occuper un peu de voir qu'on n'émergera pas de l'aveuglement et des racismes bibliques et coraniques par la référence à la Bible, au Coran et à leurs racismes ? L'inséparabilité de la dévotion religieuse et de la cruauté envers les opprimés, dont les esclaves, est une donnée immédiate des documents : mais bien peu de gens se donnent le mal d'abord de la voir, ensuite d'y reconnaître l'inséparabilité de la religion et de l'entretien des maladies physiques et mentales, individuelles et collectives. Pourtant, il n'y a pas que des "Témoins de Jéhovah" pour mener campagne contre les soins médicaux : cette inséparabilité des religions et des obscurantismes est une constante, simplement plus ou moins apparente suivant les manœuvres de manipulateurs  et les luttes humanistes — les terrorismes intégristes se manifestent contre le divorce, encore davantage contre l'union libre, ou les contraceptions, ou en général contre les hygiènes sexuelles comme contre les autres.
Encore une fois, on ne tente pas ici de faire une liste de ces sauvageries, on se contentera de redire : le pire, c'est la perversion systématisée des enfants à un âge où on abuse notamment de leur incapacité à défendre leur future raison. Les conséquences s'en voient à tous les niveaux.

1) En France, des gosses sont envoyés par leurs parents en école confessionnelle parfois pour des raisons de transport ; ils affichent souvent ensuite un racisme écœurant, sur lequel il est très difficile de les faire raisonner : est-ce moral ?
2) Une ordonnance signée Charles de Gaulle de juin 1944 interdisait à des groupes financiers de posséder la presse : c'était en souvenir de la presse vichyssoise et de celle qui l'a précédée sous la Troisième République  — "la honte de ce pays", disait Camus —. Que resterait-il des croyances, des votes, et de l'Education "Nationale" de la Cinquième, si on revenait à cet élément de démocratie ? or que n'a fait l'Eglise pour Pétain, son régime et ses thuriféraires financiers ? que n'a-t-elle fait contre l'ordonnance de juin 44 et l'Instruction Publique, principes indispensables de liberté ? Cette action est-elle morale ?
3) La propagande de l'OTAN dissimule son écœurant sectarisme chrétien sous des protestations de révolte contre certains combattants en Ukraine comme en Syrie : à partir de là, alors que tous les documents sérieux attestent les provocations néo-nazies en Ukraine et autres manipulations US-UK par "Etat islamique" interposé en Syrie, il suffit aux media de la finance d'accuser de "conspirationnisme" les esprits libres et les vecteurs de vérité pour terrifier des "majorités" entretenues dans l'ignorance et la haine, de référence en nations chrétiennes, et ainsi sans preuve ranger largement ces "majorités" à un discours inepte et assassin ! Est-ce moral ?

Diderot, lui, disait : pour être heureux, il n'y a en somme rien de mieux à faire que d'être vertueux. Au contraire l'illusion propagée partout demeure celle de la bourgeoisie voltairienne : que seule une "croyance" (en fait un ensemble de tabous inconscients) peut efficacement "empêcher des valets de devenir voleurs". C'est monstrueux. Ce sont des esprits libres qui ont lutté pour la démocratie comme pour l'éducation scientifique, ce sont toujours des religieux qui se sont opposés à la vérité. L'écho rencontré est d'abord plus fort si on s'abaisse à rappeler des mythes partout répandus — comme les partis fascistes et les fanatismes sont vite suscités par les pouvoirs — : c'est de là que vient la faute aussi bien de M. L. King que de Malcolm X, ce n'est certes pas un exemple à suivre, et ce n'est pas parce que l'éducation demeure encore si épouvantable qu'il faut oublier les progrès dus à sa libération partielle, et à sa libération potentielle. De par la science et l'histoire, l'éthologie en particulier, Voltaire a tort et Diderot raison, pleinement : la constatation, autrement plus forte et plus justement ancrée que la "croyance", la référence au réel enseignée puis exaltée par toute la vie, est seule sûre pour l'équilibre humain, moral et politique.

Pour condenser en quelques exemples forts "nature" et culture
Il y a priorité "naturelle" (primaire) de l'inconscient : la mobilisation générale d'août 1914 a pu se faire par la terreur de l'exclusion des hordes nationales, la terreur d'être vu comme traître. De là l'acceptation de l'uniforme puis des chefs (cf. Ethologie de la guerre mondiale) : les privilégiés, au pouvoir dans le monde, ont ainsi pu faire appel aux  réflexes nationaux et, par le recours à la guerre, écraser "la sociale" et les rêves de "classe". Or on ne cherche pas à mesurer les causes et conséquences très actuelles de cette manipulation de foules (la guerre mondiale est toujours installée), encore moins à la resituer dans le contexte patent, éthologique, des sources de tels regroupement en bandes.
Je placerais volontiers ici, pour illuminer encore ces dérapages, un mot de prêtre — un aumônier qui voulait "tenir" ses ouailles, en pleine "der des ders" (comme on a pu appeler, par une ironie atroce, le moment 14-18) —. Pendant une accalmie relative de la guerre déjà engagée en horreur de tranchées, on réunit des troupes pour leur imposer un prêche. Le discours tenu fut dans le principe celui-ci : "vous avez déjà entendu que cette guerre est juste, et pourquoi elle l'est ; vous pouvez être sûrs qu'en face, vos frères chrétiens entendent la même chose ; rabattez donc tout orgueil, et priez comme il convient : pour la rémission de vos péchés, car c'est cela qui est le plus agréable à Dieu"...
Comme si souvent, ces mots résonnent bien plus clair si on remplace Dieu par pouvoir : mais il n'est sans doute pas indispensable d'y insister cette fois encore. Le plus fort est dans la rétroprojection, qui veut imposer la culpabilité aux malheureux, dont la plupart va être massacrée, au lieu de leur laisser un peu de temps pour voir les criminels et les profiteurs de guerre où ils sont ! C'est bien ainsi qu'on peut réclamer la soumission abjecte aux "grands", papes et oligarques. Mais qu'au lieu de s'en révolter primairement (ce qui est aussi indispensable), on songe enfin à la manipulation d'inconscient éthologique que cela représente, inconscient animal plus qu'humain et ainsi d'abord plus efficace — manipulation du sentiment vague de sa propre agressivité pour y enfermer au lieu d'en faire émerger !
C'est ainsi que les comportements donc les sociétés, qui se construisent et se perpétuent aisément, correspondent certes d'abord à ce qui s'enracine le plus aisément dans l'animalité. Mais il est aussi, en un autre sens, avec d'autres difficultés et une tout autre stabilité, simple de construire des sociétés plus humaines, parce que les gens peuvent le comprendre et n'en veulent plus sortir. Ainsi même des catholiques bornés du temps présent, en France, trouvent tout naturel d'intégrer à leur vision des choses un sens républicain et ignorent tout de ce qu'a été la position de leur Eglise un siècle durant contre le principe républicain ! On peut le leur rappeler : et partout ainsi, le savoir et le sens humain, eux aussi inséparables, ne cessent de progresser et de faire lutter pour davantage de justice et de démocratie.
De là, la violence comme recours obligé et perpétuel des "conservateurs" — des réactionnaires — et l'appui mutuel de pouvoir et religion : aucune religion n'admet en son fond le droit à la vérité universelle, et les caricatures aujourd'hui brandies de l'intolérance islamique ne font que voiler le double fait historique que l'islam a été, dans la réalité contrôlable par tous, souvent plus tolérant que le christianisme, et que celui-ci au contraire a exercé la plus grande violence au long des siècles — ce qui justement lui permet à présent d'y faire moins ouvertement appel.
L'incompréhension des sources et des mécanismes de cette violence est typique de l'ignorance éthologique, de la référence religieuse et de l'impuissance qu'elle entraîne. Il y aura encore long/temps des gens pour penser que l'amour chrétien ou la lutte des classes suffiront à empêcher les nationalismes, l'excision et l'écoute spéciale des femmes pour les prêtres. Mais ce temps sera d'autant moins long qu'on éveillera tous les êtres humains à l'éthologie : tout le politique primitif se rattache bien simplement aux résonances agressives devant les dominants, en général mâles, des hordes de primates, et il n'est pas difficile de multiplier et diffuser les exemples de ce genre de maladie régressive animale.

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