Il aurait eu ses quatre-vingt-dix ans le 15 juin prochain, il est mort le 2 : Irenäus Eibl-Eibesfelt, fils spirituel, gendre et dauphin de Konrad Lorenz n'augmentera plus notre savoir, après des centaines de publications et des dizaines de livres et films d'éthologie générale et surtout d'éthologie humaine. Les presses de langues allemande et anglaise évidemment, mais d'autres aussi, sont pleines d'hommages et de rappels de son œuvre. Il n'y a presque rien en France.
J'ai couru reprendre sa bible d'éthologie humaine (que j'ai en italien, et dont il n'existe évidemment pas de traduction française : vous me direz que si c'est pour en voir une éditée chez Flammarion, il est pour un Français même très moyen plus efficace et plus fidèle à l'esprit d'Eibl de lire le texte original ou une version anglaise, voire coréenne fût-ce en caractères chinois). J'ai retrouvé avec toujours la même émotion cet éthologue, ce savant de l'éthique, et en particulier sa colère contre les politiciens qui se poussent en mentant à leurs peuples alors que, comme il dit fort bien, cette lamentable attitude ne risque pas d'encourager la confiance même entre proches voisins. Cela m'a fait me souvenir de la parole de Sartre, prétendu philosophe, qui disait au contraire ne pouvoir interdire le mensonge à un homme politique sans lui ôter la possibilité de faire ses affaires : c'est là une bonne délimitation de la différence entre un homme de profond et juste savoir comme Eibl, et de ces trop souvent outres langagières (Orwell dixit) qu'on nous fait passer pour penseurs illuminés — pourtant notre grand Sartre, surtout quand il se mêle de son art ou qu'il revient à sa sensibilité profonde, n'est pas le pire...
Je me suis rappelé aussi avoir d'abord trouvé chez Eibl cette évidence, que pour construire enfin un monde de paix il faudrait tendre à ne rien enseigner à des enfants, jusqu'à leur quinzième ou seizième année au moins, qui ne soit reconnu comme vrai chez tous les humains et sur toute la planète : admirable renvoi à la poubelle de tous les catéchismes, enrobés ou non de dialectiques et théismes variés ! On pouvait entendre ces jours-ci sur Radio-France (tout est possible) quelques mots sur l'attitude de l'Eglise notamment en Irlande, comparant ses postures sur la contraception et la conduite de ses prêtres à l'intérieur de ses institutions "de charité", en fait d'exploitation esclavagiste sexuelle et autre... Mais il ne s'agissait que de ce siècle : quand se résoudra-t-on à raconter un peu ce qu'a été l'histoire réelle des crimes qui ont imposé les religions ?
Laissons. Autant que l'humanité même, l'éthologie continuera son chemin. Il fallait seulement ici ne pas manquer d'adresser à la mémoire d'un très grand bonhomme le nécessaire très grand coup de chapeau.
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