Le fond d'horreur des guerres coloniales ne change pas, mais les procédés diffèrent au long des décennies. Ainsi, les brutes ont mieux appris l'intérêt de faire participer aux crimes les victimes elles-mêmes : dans des cas extrêmes comme au Congo, ce sont pour l'essentiel des troupes africaines (notamment rwandaises) qui mènent les massacres et imposent les terreurs au profit du capital mondial. Puis, pour renouveler les stocks d'esclaves prêts à travailler à n'importe quel salaire, on organise la fuite éperdue de réfugiés vers des pays riches d'où ils espèrent pouvoir envoyer des devises et entretenir parents et amis — ceux-ci restés bloqués dans leur pays d'origine après s'être ruinés pour se cotiser et payer le voyage de l'exilé. Dans cette industrie programmée de mort et surexploitation, on ne parle guère des disputes pour le partage des butins entre passeurs, flics officiels, mafieux déclarés, dictateurs, militaires et financiers. Par contre, une mise en scène insistante place sous les projecteurs les heurts entre émigrés et populations des pays "d'accueil".
C'est d'abord parce qu'il y a, pour les plus dangereux salopards installés dans leurs privilèges, un intérêt directement et immédiatement politique à ces flux de misère infernale : cultiver le rejet raciste et fasciste, et ainsi égarer la contestation du totalitarisme financier en promouvant l'extrême droite, l'aveuglement populaire suragressif rebaptisé populisme. L'oppression est insupportable si on a conscience des facilités de vivre actuelles : il importe donc de détourner l'attention, de faire "se venger" en s'en prenant lâchement aux plus pauvres au lieu de songer à frapper les plus riches. Agir contre ceux qui disposent des nervis "régaliens" (flics et militaires) demande un courage toujours rare : il est rendu encore plus difficile par les torrents de médiatisation éveillant la terreur, poussant à l'égoïsme, et entretenant en "nos valeurs" les lâchetés et abjections xénophobes.
Mais il y a davantage. En fait par exemple de "racines chrétiennes de l'Europe", on a eu le récent appel du pied de Monsieur Macron, au Collège des Bernardins, pour faire pleinement retrouver à l'Eglise son rôle pérenne d'écrasement de la pensée, des êtres et des peuples. Identiquement, le réveil de férocité néonazie chez les gens de la CSU bavaroise, le retour à Mussolini par la Ligue italienne, l'ultra-intégrisme catholique polonais ou celui de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X en France, les fêtes commémoratives d'anciens dirigeants hitlériens à l'est de l'Europe, toute cette nouvelle Sainte-Alliance va dans le sens de l'"atlantisme", du renouvellement de soumission de l'UE, au moment où certains osaient parler d'indépendance européenne et de se passer un peu du "parapluie" OTAN-USA-CIA.
Le God-dollar a des media que nos media ne connaissent pas...
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