Les lignes ci-après ont été écrites début février. On n'a guère trouvé depuis de motifs d'apaisement à l'angoisse pour les mouvements sociaux en France en ce moment. Il faudra voir si, samedi prochain 16 mars, un apport d'autres peuples rapproche enfin de ce qui est depuis des mois (ou des années) indispensable. En attendant, il faut encore marteler le plus important pour les progressistes aujourd'hui.
Les algorithmes de Google sont largement construits pour
– écarter les données qui font sentir la justesse de certains élans dans le mouvement des Gilets Jaunes (GJ)
– et au contraire projeter à la face des citoyens les éléments et les arguties qui peuvent écarter de ce mouvement.
1. Ainsi : si l'on tape "gilets jaunes" (avec guillemets, pour faire bloc dans la recherche) dans la fenêtre ouverte de Google, on n'a plus en ce début février 19 que quelque 80 résultats, sur 65 à 75 millions avoués par le décompte du moteur de recherche lui-même — les autres sont considérés, d'après la formule en fin de dernière page, comme "très similaires"... Il est vrai qu'on vous propose de "relancer la recherche" si vous souhaitez vous informer sur les autres : mais si vous le faites, vous en obtenez... 350 ! Arithmétiquement, cela signifie que plus de 99,999 % des résultats conservés officiellement sont mis hors de la portée des citoyens.
Sur quels critères est ainsi faite l'élimination de la quasi-totalité des résultats initiaux ?
2. Autour du 20 janvier 2019, on obtenait 70 à 80 millions de résultats déclarés. Après le 25 janvier, il en reste quelque 55 millions : donc des dizaines de millions de références ont été et sont régulièrement rendues inaccessibles au public.
Pareillement encore, au 31/1, on constatait que — sous vague prétexte d'obsolescence — certains des reportages les plus remarquables sur les GJ, dus aux courageuses équipes de la webtélé lemediatv.fr, étaient éliminés de youtube comme de facebook...
Pour les gens qui se souviennent du XVIIIe siècle et des Lumières préparant la grande Révolution française,
– d'abord il est incompréhensible que non seulement les leçons de ce moment extraordinaire soient à ce point oubliées, mais qu'en plus on se laisse fasciner aujourd'hui par la stupide "actualité" téléguidée du genre Google & Co. : car après tout, il paraît de simple bon sens qu'on essaie de comprendre, et pour cela d'abord de s'informer un peu, avant de se passionner pour une cause
– ensuite il est incroyable qu'après tant de succès de la méthode expérimentale, il demeure tant de gens pour se référer à des contes et légendes, voire à des propagandes aussi éhontées que celle de Göbbels, au lieu de lire dans des réalités l'expérience contrôlable par tous.
Mais en fait, la surprise devant les succès de la pure illusion vient de l'oubli du fond animal dans l'humain. Or en histoire, c'est ce fond éthologique, animal — grégaire puis souvent agressif — qui a jusqu'ici parlé le plus haut, et non pas la raison qui devrait plus constamment caractériser l'espèce.
Comme il a été écrit si souvent dans ce blog, il y a eu à cet égard un malheur particulier : c'est, à la suite de la lutte entre les pouvoirs réactionnaires anciens et le fossoyeur de la Révolution française, le retour triomphal de la scolastique, du blablabla indéfini se référant indéfiniment à du blablabla au lieu de jamais retoucher terre et réalité — à la suite de Waterloo, le triomphe de Hegel et de la dialectique porté par les crapules de la Sainte-Alliance (déjà largement manœuvrées par les diviseurs anglo-saxons de l'Europe) —. Les fous qui croyaient pouvoir restaurer l'ordre ancien cherchaient ainsi à effacer le souvenir de l'Encyclopédie de Diderot et, avec l'aide et le soutien fermes de la papauté, interdire autant que faire se pouvait la référence à la réalité, aux faits et aux documents : d'où le terrifiant retour à la fausseté, à la hâblerie, à la confusion entre les livres parvenus à travers les censures et la connaissance véritable.
Seule cette "rétrovolution" monstrueuse permet d'expliquer complètement le dévoiement des révolutions du XIXe siècle (Marx comme Proudhon, Engels comme Bakounine étaient maniaquement hegeliens) et les échecs progressistes jusque sous nos yeux. Car c'est encore à partir de cette saleté verbaliste qu'on en est à "l'ère de post-vérité" et à la misère présente, c'est ainsi seulement que peut se pérenniser l'oubli des êtres et des faits, au profit de stupidités partout répétées et des réactions aberrantes que cela engendre.
Bref en somme, si la "liberté" du marché est de plus en plus surveillée — et les lois de plus en plus liberticides —, c'est ce que veulent d'abord, certes, les tyrans en place. Mais il faut comprendre que c'est grandement facilité par la dialectique et sa sacralisation de textes, inévitablement accompagnées du mépris de l'expérience historique, et du mépris de l'expérience scientifique notamment éthologique. Car l'expérience historique démontre l'intrication des marxismes avec leurs scissions sans fin et leurs dictatures notamment russes et chinoises ; l'expérience scientifique notamment éthologique démontre la puissance des réactions comportementales animales, grégaires et agressives, dans l'énorme majorité des cas historiques de mouvements de foules. Dès lors, le choix de bases de plus en plus évidemment erronées ne peut manquer, par la confusion du réel et du virtuel, d'entraîner l'écœurement de ceux qui voudraient résister puis en conséquence l'absence de conscience nette et la paralysie progressiste — réalité fort actuelle.
Si l'on voit alors Alain Soral reçu à bras ouverts par Alain de Benoist, et une même incohérence érigée en système les alimenter l'un comme l'autre, cela s'explique aisément : mais il est déjà bien inquiétant qu'ils rencontrent tant d'écho, car cela démontre à quel point la peste mentale est contagieuse — ce que seule l'éthologie et la mise en évidence de la grégarité éclairent comme il faut : or personne encore ne se sert de ces indispensables éclairements, alors que les pouvoirs usent et abusent des puissants moyens techniques mis en ce siècle au service de l'ignorance —.
Que dire alors ensuite, quand on voit Etienne Chouard reçu, et largement soutenu, par Michel Collon ? celui-là dit de Soral que c'est "un grand résistant", celui-ci prétend attaquer Soral, et cependant on les voit, de longs quarts d'heure, paradant ensemble — ce qui fait comprendre, il est vrai, pourquoi les bons articles se raréfient sur le site de Collon...
Ainsi partout. Que faire alors ? Quels sites demeurent éventuellement consultables ? Qui ose mentionner par exemple que si les Etats-Unis sont le pire diable aujourd'hui, la corruption au Venezuela n'est pas toute due aux Etats-Unis, et que ceux qui soutiennent sans nuance un régime corrompu ne rendent service à personne ? En mille autres cas de même, qui demeure assez ferme pour éviter de répondre, en toute stupidité dialectique, à une hystérie par une autre ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire