Sur ce blog-ci, les Actuels n°s 1, 49, 113 et 139 entre autres n'ont cessé de répéter que les liens proposés sur la page d'accueil ne signifient pas un accord même relatif avec les gérants ou rédacteurs, mais une offre pour croisement de sources ou antidotes au martèlement de propagande de la finance occidentale. Il faut hélas en dire un peu plus aujourd'hui.
L'héritage des idéologies passées écrase désormais la pensée au point que sur la Toile comme ailleurs, dès qu'il faut dépasser des réactions primaires, pratiquement aucune affirmation ou présentation ne sort d'une ligne plus ou moins sectaire. Dès lors la vérité-donc-globale, reconnaissable et contrôlable par tous, est sans cesse étranglée par la grille de lecture ou l'ignorance de tel ou tel auteur : cela voile inévitablement et parfois grossièrement des traits essentiels de l'actualité, puis de façon plus grave encore des données vitales de science et d'histoire. D'où "l'ère de post-vérité" où le monde patauge. D'un côté, il est pitoyablement faux de prétendre que des utopies creuses puissent soulager réellement des maladies sociales : il y a seulement de nombreux prêcheurs qui trouvent commode et profitable de s'agréger à telle ou telle assemblée de censeurs et gourous. De l'autre côté, seule une pensée accueillante à tous les aspects importants de la réalité peut rassembler et entraîner assez efficacement suffisamment de gens dévoués au progrès. Or de jour en jour l'effacement du réel, en faveur des choix de petits copains de référence, est partout plus paralysant et pénible. Laissant à part le cas de l'organisation Survie, malheureusement restreinte à la juste mais étroite dénonciation de la Françafrique, il faut aujourd'hui insister sur l'asservissement de la quasi-totalité des sites "alternatifs" à des concepts et repères flous, tirés de traditions elles-mêmes devenues plus que sinueuses à travers des luttes mal menées et mal interprétées. En particulier — on l'a déjà écrit souvent ici —, la réponse marxiste aux oppressions plus établies recouvre une terrible confluence avec celles-ci : elle ne fait qu'enfermer les luttes populaires dans les impasses économiques, et imposer en politique un choix entre pestes et choléra (entre les diverses religiosités classiques et la très relative dissidence dialectique pseudo-matérialiste).
Il n'est pas consolant que les gérants et rédacteurs de sites, autres que ceux doués par le totalitarisme financier de moyens illimités, soient payés de leurs dogmatismes par leur écho fort restreint. Il faut, comme disait Marc Bloch, qu'on réapprenne à penser librement pour s'unir assez largement. Il vaudrait mieux que ce soit avant, et pour éviter, les horreurs que nous préparent actuellement les potentats en France à l'occasion des prochaines élections présidentielles.
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