Sommet d'été,
saison des coups bas : c'est le moment où les pouvoirs, notamment en
France, font passer les mesures les plus oppressives en comptant sur l'inertie étalée
aux plages. Cette année en plein quatorze juillet, le démarrage s'est fait avec
les déclarations télévisées de Monsieur le Président de la République. Il était
soutenu par les fins peignés Chazal et Delahousse, dans une mise en scène
classique : continuité de demi-sourires pincés de fausse intelligence,
fausses interruptions programmées sur le thème de fausses questions tout enrobées
d'experts zéro virgule quelle audace de faire semblant de couper la parole à
Monsieur le président si c'est pas ça la démocrassie !
M'enfin
il a été question entre autres des retraites. Le président a fait un beau schéma
en trois points : 1) bien sûr qu'on va allonger "la durée des
cotisations" ; 2) il y a un "déficit" de vingt
milliards ; 3) on pensera tendrement à ceux qui ont commencé à travailler à
quinze ans (cas peu fréquent aujourd'hui, le chômage des jeunes accumule des
records depuis longtemps), aux métiers pénibles et aux femmes.
Reprenons.
1) De
mauvais citoyens comparent les promesses électorales de Monsieur Hollande à sa
politique. Qu'êtes-vous prêts à parier que la promesse d'allongement des
cotisations sera, elle, tenue ? Le prétexte donné pour ce vol supplémentaire
est celui-là même que Monsieur Seillière, ex-chef et rénovateur du Medef, avait
mis en avant : c'est l'allongement MOYEN de la durée de vie. C'est aussi
complètement objectif, impartial et indépendant que le journal-de-référence du
pouvoir. Toutefois il y a des gens qui ont un peu réfléchi aux lissages
d'injustices permis par les MOYENNES et autres biais dits statistiques —
"l'indice des prix" en est un exemple fameux —. Eh bien, même si on
admet les chiffres officiels en France, l'espérance de vie des ouvriers s'arrête
à soixante-quatorze ans, celle des mieux lotis à quatre-vingt-deux :
partant du repère à soixante ans, faire cotiser les ouvriers jusqu'à
soixante-sept comme le demandait récemment Madame Parisot, c'est leur voler la MOITIÉ
de leur temps de retraite. En réalité, pour ceux qui s'informent, la réalité
sera d'une injustice encore plus criante :
–
un actionnaire, un parasite, s'est contenté de "placer" son fric
d'après les conseils de son réseau social ; il est totalement incapable de
comprendre, ne parlons pas d'inventer, les robots de mise au chômage dont il est
propriétaire de par la loi ; celui-là peut abuser longtemps du droit de
vivre : il a les moyens de médecine pour cela ;
–
un ouvrier a créé la richesse réelle tout au long de sa vie ; il est assez
endurci pour attendre longtemps, le moment venu, les soins avares à sa
vieillesse, dans des hôpitaux réduits et encombrés...
Vive la Cinquième !
Mais au fait, en rêvant très fort, ne peut-on
songer à des moyens de réorienter l'activité, ou d'abréger la retraite, de
Monsieur Seillière et de Madame Parisot ?
2) Vingt
milliards de "déficit" des caisses, ce n'est pas rien. Mais qui sait,
de science sûre, comment on calcule ce nombre impressionnant ? qui domine
les astuces chiffrées par lesquelles les banques, spécialisées dans toutes les tricheries
comptables, exhibent des bilans toujours en faveur des sangsues ? Avec
l'instruction telle qu'elle est distribuée, entre autres les notions claires
dans tous les esprits d'intérêt du capital et surtout de dettes, quel
pourcentage de citoyens voit net dans ce niveau de brigandage légalisé ? En
tout cas ce ne sera pas grâce aux "sciences économiques et sociales"
de lycée...
Démocrassie, j'écris ton nom !
3) Restent
les apprentis jetés hors scolarité dès quatorze ans (s'ils ont trouvé du
travail légal ensuite pour "cotiser"), les mineurs de fond (s'ils
n'ont pas chopé la silicose ou équivalent), et les femmes (si elles ont survécu
au cumul des ménages et du travail au noir ou au-dessous du SMIC) ; pour
tous ceux-là, on signera un "accord" entre "partenaires
sociaux".
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