Tristesse,
d'abord.
Jeudi dernier, anniversaire de la République
tunisienne, Mohamed Brahmi a été abattu. Les balles ou rafales ont été tirées
sans doute depuis l'arme déjà utilisée pour le meurtre de Chokri Belaïd, et la
veuve de celui-ci a fait entendre sa voix parmi les toutes premières élevées
contre ce nouveau crime : la mort et les assassins ont rapproché ceux que
la vie et les complexités politiques n'avaient pas réussi jusqu'ici à unir
assez fermement.
Cependant
il faut voir au delà des fantoches, décérébrés par les obscurantismes, que vont
brandir les media.
En 1962, la Ligue Islamique Mondiale était fondée
contre le populaire Nasser par le féodal et féal US Fayçal, avec l'aide non
seulement des pétroliers "arabes-américains" (Ar-Am-Co) mais
directement de la CIA et de la longue expérience de manipulation britannique
des fanatismes musulmans. C'est de ce moment que date la montée en flèche des
nombres de mosquées et médersas. C'est de là qu'il faut situer le déchaînement,
du Nigeria à l'Indonésie, de la lutte entre les traîtres compradores de théocraties
et les patriotes démocrates, conscients que des traditions locales figées ne
peuvent être compatibles avec la réouverture de leur monde à la planète et à l'histoire.
Il est significatif par exemple que, dans l'Algérie voisine, des inquisiteurs
ultra-réactionnaires comme Belhadj refusent désormais de parler français pour
mieux apprendre... l'anglais — langue favorite aussi de Rached Ghannouchi,
grand commis voyageur de Londres et Washington et agent des commanditaires réels
des meurtres de Tunisie.
C'est donc à long terme une bonne chose que,
dans les régions encore écrasées par l'héritage des diverses pesanteurs impériales
mahométanes (souvent fort concurrentes : arabes, turques, persanes, ...),
on apprenne à voir d'un côté les cheikhs et autres délégués plus ou moins
consentants et vicieux de l'Empire actuel, et de l'autre côté les chances de
progrès et de libération. Il sera de plus en plus facile, au Maghreb et
ailleurs, de faire le tri entre les acharnés de privilèges indécents abusant
d'aveuglements appelés foi, et ceux qui veulent émanciper les citoyens, dont
les femmes, donc les âmes.
Contre
l'alliance des réactions arabes et anglo-saxonnes, intrication convulsive d'araignées
et de scorpions, ce sont des peuples entiers qui pénètrent les chemins de leur
retour à la grandeur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire