Il faut
de grandes précautions pour parler de l'horreur historique.
Lorsqu'on entend Obama ou Kerry, la question
n'est jamais ce qu'ils déclarent, mais ce qu'ils cherchent à faire croire ou le
clan qu'ils cherchent à pousser. Ils disposent, eux, d'informations rares sur
les crimes qu'ils commettent et les peuples qu'ils écrasent. Ils savent quelle
proportion de gens ont oublié, ici et là, l'appel téléphonique du président de
Washington à Morsi pour le pousser vers la sortie, provisoire ou non. Ils ont
les réflexes exercés à penser dans l'ensemble du monde et d'abord évidemment,
dans le cas de l'Egypte, à la Tunisie, à la Libye, à la Syrie et à l'Iran —
sans parler du Mali, du Nigeria comme de la Côte-d'Ivoire —. Ils viennent de
changer le patron des pétrodollars du Qatar, et ils savent précisément sur quoi
ils peuvent compter de ce côté des féodaux. Ils sont clairement au courant des
dangers nationaux courus par le dictateur Erdogan à l'intérieur même de la
Turquie. En tout, ils peuvent peser mieux que quiconque les effets de leurs
corruptions et de leurs meurtres, localement et globalement, surtout dans une
part de Terre où ils manœuvrent, en bonne compagnie de Londres, depuis largement
un demi siècle.
C'est pour tout cela que les affirmations du Réseau
Voltaire (qui ont leur base de réalité) ou les bonnes données de
globalresearch.ca (spécialement l'article paru ce 15 août sous la signature
d'Eric Walberg) sont insuffisantes et, en ce moment surtout, critiquables par
leur côté simplificateur et parfois naïvement partisan au nom d'une vraie générosité.
Ceci posé,
il y a des choses claires. Les "Frères-Musulmans" sont des assassins,
en particulier en Tunisie. Désormais leurs prêcheurs peuvent et vont étaler les
victimes des massacres en Egypte comme "leurs" martyres. Ce ne sera
pas la seule occasion où des criminels se posent ainsi, et l'Eglise catholique
n'a là-dessus de leçons à recevoir de personne : les bâtiments coptes
incendiés autour du Caire vont redonner à ses jérémiades un nouvel élan dans
l'actualité. La colère ou la nausée devant des vies cruellement éteintes sont
un bon terreau à cultiver pour fanatiser et tromper plus avant les malheureux :
de toutes parts, surtout religieuses, les partisans d'inquisitions vont se déchaîner,
et de toutes façons les balles des répressions vont contribuer à étouffer la
voix qui fut voici peu de temps encore celle des "émeutes de la faim"
— contre les éternels "ajustements structurels" imposés par le FMI en
Egypte comme ailleurs, en Egypte plus qu'ailleurs —. L'essentiel pour la cause
humaine, qui ne saurait connaître plus de frontières que les géopoliticiens
anglo-saxons, est de rappeler à tous les peuples que leurs ennemis les plus
proches sont certes les plus immédiatement terribles, mais que ceux qui les manœuvrent
sont à combattre plus constamment encore. Au contraire, ceux qui s'en prennent à
leurs frères en foule au lieu d'attaquer les ambassades de Washington et de
Londres servent à la fois les prêcheurs de l'arriérisme, les mafieux locaux et
leurs commanditaires de la City et de Wall Street. Il ne faut pas que les morts
du Caire soient une bénédiction supplémentaire pour CIA et MI6. Il ne faut pas
qu'ils permettent d'oblitérer les meurtres de Belaïd et de Brahmi. Il ne faut
pas qu'ils soient utilisés pour élever une nouvelle muraille plus particulièrement
autour des femmes et des enfants de pays isolés des chances de mieux-être.
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