Il y a
le fond qu'il faut absolument ordonner, et puis des bribes qui peuvent toucher
davantage. Les deux titres précédents (Act84 et 85) ont été consacrés au fond :
on va livrer ici quelques bribes, essentiellement sur l'infamie du pouvoir.
Plus on
laisse parler les formes primitives, plus on s'égare à confondre le respect animal de l'établi et les nécessités humaines de l'équilibre : les pesanteurs historiques
font que le sens social est vivement sollicité d'abord par l'accoutumance
aux hiérarchies (héritage des
hordes de primates) au lieu de percevoir les besoins de construire un ordre vrai, démocratique.
1. C'est sans doute cela qu'il faut commencer par démonter,
de deux côtés : en refusant toutes les barrières, tous les prétextes
du pouvoir pour empêcher l'information (dont l'instruction) des citoyens et leur
prise de conscience avec expression de leur volonté réelle ; puis en
faisant déjà voir (on élaborera) les gens de pouvoir comme pervers extrêmes
dans leurs poussées et discours.
1.a. Côté barrières. Lorsqu'Einstein suppliait qu'on se souvienne de la bombe
A comme conçue en réponse aux menaces du nazisme et non comme arme de
puissance, lorsqu'Einstein suppliait qu'on n'aille pas écraser le Japon vaincu
pour établir un nouvel empire en achevant d'impressionner l'URSS par une supériorité
d'armement (ce qui était déjà le sens de l'horreur à Dresde), la présidence US fit
répondre qu'il "ne fallait pas compliquer encore le difficile travail des
hommes d'Etat" : démarche typique du pouvoir, la lutte contre la démocratie prétextant qu'il
faut le secret, de soi-disant nécessités indicibles ("incommunicables"
disait feu Mitterrand). Dans ces exigences de "défense nationale",
Garrison voyait déjà les moyens de la fascisation des Etats-Unis (relisez son
interview à Playboy vol. 14, n°
10, octobre 1967). Elles sont brandies aujourd'hui partout, systématisées notamment :
– aux
USA par le Patriot Act dans la
ligne du "New Pearl Harbor" de septembre 2001
– dans l'Union Européenne (spécialement en
France en ce mai 2015) par les équivalents en lois "liberticides", en
fait lois scélérates d'espionnage menaçant non pas seulement la liberté
d'expression mais le devoir d'information.
Il
est certes honteux d'adjoindre à ces procédés l'hypocrisie qui prétend défendre la liberté d'expression alors que tout, et d'abord
la finance, muselle toutes les
presses : ce n'est qu'une autre forme des tabous, barrières et mensonges
imposés par le pouvoir. Chaque fois que les citoyens se plaignent d'insécurité,
le pouvoir, au lieu de reconnaître que toutes les insécurités commencent à celle
de l'emploi, réclame à cor et à
cri de nouveaux moyens de répression, puis tourne ces nouveaux moyens contre la
liberté des citoyens : on a d'abord de plus en plus de flics et de moyens
d'espionnage, et ensuite tout ce qu'il y a de nouveaux flics et moyens
d'espionnage sert à matraquer des manifestants exigeant le droit au travail
et à l'emploi, et à espionner les citoyens les plus conscients des sadismes du
pouvoir. L'insécurité ainsi accrue
sert à redemander de nouveaux moyens de flicage etc.
1. b. Côté perversion de fond.
Plus généralement que la censure sous le nom de
liberté, l'inversion mentale (on
y reviendra) caractéristique et générale du pouvoir se traduit par le discours moralisateur quand il s'agit de déchaîner l'immoralité, et par la prétention au progrès (la "modernité") quand il s'agit de déchaîner
la réaction :
Le
patronat français, souvent par la bouche des ordures professorales employées en
"économistes", se distingue par des formes incroyables de ce
ridicule : on accuse les pauvres — c'est une constante du discours ultra-réactionnaire dans ce pays
depuis Pétain — de trop vouloir la vie facile (un toit et un emploi dans des conditions décentes,
une retraite à un âge accessible, tout cela aujourd'hui très facile surtout
dans nos extraordinaires moyens techniques), alors que ce sont les privilégiés qui accaparent et dévient de façon de plus en plus infâme l'ensemble de
l'économie, alors que c'est le patronat qui détourne ignoblement la
production par astuces comptables en création de misère en général et de chômage
en particulier, au lieu d'accepter quelque saine répartition de richesses que
ce soit.
De
même inversion, on opère en
France la réduction générale à un chiffon de papier du Préambule de la
Constitution de la République issu du programme du Conseil National de la Résistance, et son esprit puis toutes ses règles et édictions
mêmes, essence de progrès, sont
déclarés archaïsmes dans les
poubelles médiatiques reproduisant et diffusant à l'infini les discours et
exhibitions du MErDEF et de ses porte-voix dits experts. De là, la destruction
de l'Instruction et des moyens de santé publics, la dévolution malsaine à des
assurances privées (c'est-à-dire à des cupidités d'actionnaires) des moyens de droits
sociaux les plus élémentaires — même les zones privées des mandarins d'hôpitaux,
mais surtout les cliniques et maisons de retraite assassinent de prix
scandaleux et rendent des services de mesquinerie honteuse, tandis qu'une
pseudo-éducation n'est plus qu'une déviance élitiste et une préparation aux
abrutissements gadgetiso-télévisés.
Ce
n'est pas très différent par exemple aux Etats-Unis (la nation la plus
puissante au sens du pouvoir), où cinquante millions d'habitants (environ 20%
de la population) sont écartés de toute couverture médicale, ou au Royaume-Uni
où l'espérance de vie des pauvres est aussi de vingt ans moindre que celle des
riches (c'est pire dans le détail, mais ces chiffres sont valables pour les 20%
les plus pauvres et les 20% les plus riches) : merveille des résultats de
Wall Street et de la City, de ces vampires anglo-saxons qui s'insurgent au nom
de leurs lois contre même la
Cour Européenne des Droits de l'Homme, quand celle-ci sollicite que les mandats
d'arrêts internationaux soient parfois un peu pris en compte par leurs juges quand il s'agit de poursuivre les plus nauséabonds
trafiquants d'argent sale...
Liste
non limitative.
2. Mais la bêtise (l'animalité) du pouvoir trouve un déplorable écho actuel chez
les progressistes, par l'acceptation de l'expression économaniaque constituée en comportement. Là où l'évidence expérimentale,
scientifique et historique, rend éclatante l'agressivité des privilégiés, des abstractions creuses de lutte
des classes ou des analyses économiques sont la stupide et misérable réponse-réflexe
la plus présente. Pourtant tout le monde peut comprendre que même seulement la cupidité
maladive (et c'est pourtant un
stade dépassé par les privilégiés actuels), l'agressivité obsessionnelle sous
la forme du désir d'argent,
n'est qu'une forme de recherche
d'un statut social aussi élevé que possible, à l'intérieur des critères plus ou
moins concrets des sociétés établies. De là plus loin, tout le monde peut
comprendre que l'enrichissement personnel est souvent, et de plus en plus
souvent, un moyen vite dépassé, dépensé pour toujours accroître son pouvoir même : Richard Cheney est certes l'avide
dirigeant de Halliburton (entre
autres), mais c'est surtout, dans la ligne de la fameuse équipe B de Bush père
et de Paul Nitze, l'un des fous de conquête du monde entier (expansion agressive) par l'oligarchie des USA.
C'est
pour cela qu'il est maladif de s'en tenir à des histoires de pétrole et de
sources d'énergie : on lit encore partout la déviance de contes de "chocs
pétroliers", alors que la grande affaire depuis le milieu des années 1970
(dès les années d'après-guerre mondiale dans l'esprit des gros financiers
anglo-saxons, dès avant dans les propositions de savants conseillers comme von
Neumann) est l'automatisation à outrance avec propriété-accaparement des
robots, ce qui a comme conséquence le besoin croissant d'énergie non humaine, en
particulier les sources fossiles et les hydrocarbures. Or c'est maladie, de ne voir que la conséquence au lieu de saisir la démarche de manœuvre
politique, la menace de jeter à la
rue les ouvriers et les employés qui seraient productifs, et leur remplacement par des
"commerciaux" et autres "techniciens" asservis au système : ce qui permet de détruire toute ébauche de
classe travailleuse, de rendre vaine la tentative de contre-pouvoir par la grève,
et de faire accepter la propriété des robots par des parvenus, actionnaires
incapables de les concevoir ou seulement de les gérer !
C'est ainsi qu'on commence à saisir, sur ces
points particuliers, à quel point la compréhension éthologique prime toujours, en politique, sur les procédés et la propagande qui égarent
vers l'économie : ce qui est le plus grand service à rendre aux financiers — ils savent bien, eux,
pourquoi ils se font financiers à New-York et Londres comme ils se feraient hommes de guerres en féodalité ancienne ou purs
mafieux en Calabre ou en Sicile, ou à Chicago, ou parmi les anciens apparatchki
du côté de Moscou —. La vaste rigolade de la délimitation en bourgeoisie et
prolétariat ne peut tenir face à la clarté universelle de la volonté de
pouvoir, qui aujourd'hui a
largement dépassé cette forme d'industrie naissante. Dès l'explosion de Guerre
Mondiale en 1914, on avait la preuve éclatante et déplorable de la primauté des
réactions de hordes en nations
au lieu de classes, et de ce
que donnait la culture de cette inconscience dans les peuples au profit des
gouvernants ; on voyait que les gouvernants se protégeaient efficacement
tandis que, par toutes les forces qui attachent aux coutumes et aux langues,
les gens ordinaires étaient, eux, incapables de se constituer en classes et se laissaient manœuvrer comme des pions. Depuis
le milieu des années 1970, la même primauté absolue des réactions primitives
et traditionnelles ancrées et cultivées a permis le basculement de l'anticommunisme à l'anti-islamisme : de
là, avec la complicité des féodaux arabes puis de fanatiques dans ces peuples mêmes,
pourtant opprimés à mort, les dirigeants ont pu imposer des budgets militaires
délirants (bien supérieurs à ceux du temps de la "guerre froide") qui
privent la planète entière d'un développement des forces productives et de la
lutte contre la pauvreté. Tout cela est consciencieusement voilé par le catéchisme
économaniaque — celui des financiers qui prétendent ramener la réflexion économique
à leur comptabilité vicieuse certes, mais aussi celui de marxistes soupirant
davantage après le pouvoir que songeant à la misère du monde —. Les sauvages
qui gouvernent encore sur notre Terre ont compris l'impuissance des foules à
rendre efficace la puissance du nombre, en l'absence d'une prise de conscience
jusqu'ici constamment rongée par de fausses "identités" au lieu de
la perception éthologique de l'identité vraie, unique, humaine ; les sauvages ont compris leur intérêt commun à l'intérieur du système général de privilèges,
quitte (comme en 1914) à tenter tant qu'ils peuvent, comme les requins qu'ils
sont, de se dévorer entre eux ; ces brutes, elles, savent
manipuler
en faisant admettre la possession de robots par ceux qui ont le moins travaillé aux progrès des techniques ; tromper
l'agressivité par l'illusion de décharge en votes opposés (droite et gauche en
fait aussi financières l'une que l'autre) ; user du terrorisme et désigner
de misérables coupables qui sont seulement d'autres victimes ; utiliser
les mêmes tracts, dans le même but, au Caire ou à Kiev comme on l'a vu lors du
printemps arabe et du coup d'Etat en Ukraine...
Les
plus expérimentés dans ces manipulations sont donc consciemment préoccupés de pur pouvoir, et savent ce que pouvoir et politique veulent dire, donc la
priorité de leur action dans les têtes et non les armes ni les machines. Les
autres, concurrents russes ou chinois, ont encore bien du retard en éthologie
pratique ; et les opposants progressistes y joignent beaucoup de mauvaise
volonté en éthologie théorique, qui pourtant leur tend les bras et où on
peut aller vite...
Cependant la compréhension politique éthologique
va, naturellement, beaucoup plus loin, en particulier dans l'analyse du degré
de saleté mentale des tyrans actuels.
3. On peut largement recopier ici l'analyse donnée à
la fin d'Actuel 69 : les traits psychotiques de suragressivité, devenant
maladie mentale irréversible, se regroupent autour de deux mouvements
1) "projection" — terme établi mais malheureux : il
faut penser, et on va expliciter, "inversion mentale avec projection"
ou "rétroprojection"
2) raidissement dans la maladie — par succès social et poussée
propre
qu'on
explicite ci-après.
1) (Rétro)projection
Pour
le dévié psychotique obsédé de pouvoir à tout prix, il est, lui, la nature
humaine — c'est le discours de défense
(des religions et) du totalitarisme financier qu'on ne cesse de réentendre —,
ce qui lui permet de prétendre que tout le monde ne rêve au fond que de sa
psychose. Le chef en "déduit" que par exemple la paix laïque, la
vocation de savant médecin ou enseignant, les développements sociaux de protection et soins des jeunes et des faibles,
ne sont que des vices d'irréalistes : lui, malade, est sa propre référence,
et il projette sa
maladie en universalité. Ensuite cela
lui sert de justification pour réprimer : ceux qui luttent contre lui sont eux les terroristes — par exemple, les assassins US récupérateurs de
tortionnaires nazis à la CIA se devaient de traiter de communistes-et-féroces
les démocrates même les plus réformistes d'Amérique Latine ("les
communistes", écrivait George Kennan, "sont de toutes façons des traîtres")
— : "donc" tous les coups sont non seulement permis mais obligatoires. Par même "logique" (en fait : rétroprojection),
les manifestants "ont envie"
de se faire matraquer, les ouvriers grévistes "ont envie" de se faire licencier, les démocrates actifs
"ont envie" d'être réprimés
etc. etc. etc. De façon générale,
aux yeux des oppresseurs ce sont leurs ennemis qui sont malades, fous, et
pire : méchants (tandis que
les actionnaires par exemple, gens entrés dans le système d'accaparement, sont
de purs philanthropes...). C'est dans cet "esprit" que, pour ces êtres
fondamentalement vicieux, malsains et pervers, il est naturel d'user contre le monde entier (qui ne peut que se
rebeller, évidemment) d'inquisition, torture et mort des libertés, ainsi récemment
– extensions guerrières et recolonisations planétaires
– Patriot Act et ses suites
– censure et diffamation des opposants, des tenants
de vérité ("gaucho-conspirationnistes anarcho-autonomes")
– renversements orwelliens : la destruction du peu d'Etat de droit (trop soumis au suffrage
des peuples) est dite libéralisme ; et la misère explosée,
au milieu de moyens techniques sans égaux dans l'histoire, est dite croissance...
Donc
bien rétro projection : projection sur l'opposant avec inversion mentale.
2) Raidissement
D'abord
en deux mots : toujours plus. Toujours plus de pouvoir, de concentration du pouvoir, de répression,
de recrutements des "élites" par des "concurrences" et
concours concoctés tout exprès pour éliminer les porteurs de qualités humaines
et sélectionner des "spécialistes" à œillères, qui ne sachent
regarder que l'écran des virtualités désignées par le pouvoir — mais plus
encore : il faut lire le caractère d'entraînement compulsionnel de ce comportement, et cela d'abord dans le
fonctionnement même des affolés de pouvoir. Il faut voir qu'indépendamment
des excitations extérieures ces gens ne peuvent être que de plus en plus menteurs, de plus en plus tricheurs, de plus en plus cruels, de moins en moins capables de quelque résonance que ce soit
(empathie) avec leurs victimes — c'est vrai aussi bien d'un Obama ou d'un Valls
que d'un Luis Posada Carriles, d'un Guérin-Sérac ou d'un Le Pen : il ne
faut pas croire que c'est seulement leur "succès" qui les rend tels
qu'ils sont, ils sont déviés au
fond, irréversiblement et de façon
incontrôlable, en fanatisme du
pouvoir (sous des formes peu différentes quant à l'éprouvé : Obama se
vantant de ses résultats d'assassin par drones comme Carriles de ses tortures). L'extrême vulgarité de
la conversation avec l'ambassadeur US en Ukraine, où l'on entend Victoria
Nuland envoyer "foutre" l'Union Européenne, est typique de la
primitivité et du sous-développement mental odieux, justement en affaires
politiques, de ceux qui veulent
aujourd'hui s'asservir le monde entier : les chefs d'entreprise traditionnels
ou gros financiers, se donnant volontiers aux mafieux pour blanchir leur sale
fric, sont aussi caractéristiques de la même mentalité.
Cela dévoile d'ailleurs une autre face de l'aveuglement,
imaginant que la pourriture concerne seulement 1% des gens, contre 99% d'honnêtes :
non ! Les psychoses de
domination sont des tourbillons qui aspirent de plus en plus de monde, jusqu'à
des naufrages de dimensions cosmiques si on les laisse gouverner (nazisme). La maladie n'est pas seulement présente parmi les
malades, elle est contagion.
C'est spécialement pour cela que la notion de classe est si aberrante (en
dehors, dans une certaine mesure, des parvenus au pouvoir) : les
gouvernants n'ont jamais eu, ils n'auront jamais aucun mal à recruter des
sadiques saisissant n'importe quel prétexte pour exercer leur sadisme, et se
moquant bien que ce soit au nom du Christ, du Führer ou du fric qu'ils
torturent, pourvu qu'ils torturent. S'il est si facile de dresser des flics à se comporter comme ils le
font aujourd'hui même dans des nations supposées relativement civilisées, c'est
aussi pareil : parce qu'il est aussi facile d'inciter aux comportements
ignobles que de descendre en suivant la pesanteur...
... du moins tant qu'on en reste à des
idioties d'économie et de classe, au lieu de se montrer capable de dénoncer et
démonter l'ordure de certain "ordre" comme elle le mérite, c'est-à-dire
en analysant la bêtise, la perversion, l'animalité de ceux qui se laissent
happer par le pouvoir :
il faut, tout au contraire, admettre les caractéristiques proprement humaines
d'empathie certes, mais bien davantage et plus profondément, plus synthétiquement
aussi, de savoir, dont
l'expression en ces matières s'appelle éthologie politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire