Les
"Actuels" ci-après, 84-5-6, répètent et ramassent sur l'éthologie
politique les éléments les plus nécessaires figurant passim dans ce blog, en les précisant un peu : cela
rendra disponible une référence commode.
L'éthologie politique est la mise à jour la
plus urgente pour le renouvellement des luttes progressistes et humanistes. Or
il y a eu évolution théorique depuis les premières années (autour de 1965) où
il en a été explicitement question. On va tenter ici de fournir un schéma où
figurent tous les traits principaux connus (bibliographie en fin de titres).
Mais il faut souligner dès l'abord le secret dont est victime cette part de science, à cause
autant des efforts des pouvoirs que des refoulements individuels.
1.
Fond de la question
Comme
Lorenz l'a admirablement formulé, un film en accéléré des derniers millénaires
montrerait que la surface de la Terre est soumise à des formes de vie animale
très évoluées mais irrationnelles. Car les détours de l'histoire demeurent aussi barbares que les bricolages
aléatoires qui ont fait l'évolution : de même que la vie vient de hasards
physico-chimiques, l'histoire est faite de brutalités très largement animales —
sous des raffinements techniques extraordinaires et, dans ces conditions,
d'autant plus terrifiants —. Ce qui est propre à notre espèce, l'élaboration rationnelle
et morale, peut prendre le dessus et de là permettre la survie seulement s'il y a prise de conscience des priorités
naturelles qui sont non raisonnées, puis construction de réorientations. C'est
cette prise de conscience que s'efforcent d'empêcher les brutes de toute
l'histoire, dont celles de notre temps. L'état présent du monde ne fait que
traduire cette horreur : les dirigeants actuels ont saisi, pour préserver
leurs privilèges, les techniques de manipulation politique pratique des foules, tandis que les tenants de valeurs plus
humaines demeurent bloqués à des interprétations économiques et à de vaines dénonciations moralisantes, ce qui paralyse l'action démocratique. L'humanité
entière est ainsi menacée des deux côtés : les procédés de gouvernement utilisés
sont de raffinement croissant, et en même temps s'étendent encore les égarements
et les incapacités des peuples et des démocrates à voir clair et à s'unir. En
somme,
c'est de plus en plus terrible, il est de
plus en plus urgent d'y remédier,
et actuellement, justement quant à cet essentiel,
RIEN n'est fait pour notre survie.
2.
Eventail des applications et obstacles
Les
brutes, organisées en classe dirigeante déjà en bonne partie à l'échelle de la
planète, utilisent et rémunèrent des conseillers notamment dans
– les media
– les polices
– les armées
– les services plus ou moins secrets
(ces
administrations permettent des subversions-infiltrations des syndicats et
mouvements à tendance démocratique à l'échelle nationale, ou à l'échelle
transnationale des coups d'Etat contre des régimes cherchant à échapper à la
"mondialisation" — en fait la domination Wall Street-City)
– les formes étatisées ou non d'éducation, dont
les perversions dites formations de techniciens et surtout de commerciaux.
Ces
conseillers du pouvoir usent des techniques d'éthologie politique, synthétisant et facilitant l'usage de procédés
venus de coutumes et sciences. Par exemple, les manipulations par l'intermédiaire
de religions, ou les dévoiements des robots en outils de fabrication de chômeurs
au lieu d'allègement du travail, ne sont plus indépendants de la connaissance éthologique.
Mais les brutes dirigeantes sont pour le moment seules à le comprendre et à
le mettre en œuvre, avec une effroyable efficacité. Il faut donc comprendre l'éthologie politique dans
ses deux sources, hélas aujourd'hui asservies aux plus féroces :
1) l'empirisme, aux racines historiques immémoriales,
de la manipulation des foules — empirisme qui a fait les prophètes, conquérants
et autres sadiques à grande échelle depuis bien avant Alexandre et César puis
tout au long du pouvoir papal, mais que les colonialismes et totalitarismes du
XXe siècle ont considérablement fait avancer : d'abord en Grande-Bretagne
par l'IS, puis un peu partout avec des gens comme Münzenberg (le maître
stalinien de Göbbels), puis les agents de l'OSS devenue CIA et les
professionnels de la "guerre moderne" ou "subversive", en
France les colonels des guerres d'Indochine et Algérie plus spécialement (certains
très invités aux Etats-Unis comme David Galula), et de nouveau près de Londres ceux
des MI5 & 6 avec le théoricien des "conflits de basse intensité"
depuis les colonies britanniques africaines jusqu'à l'Irlande, Frank Kitson
2) la prise de conscience théorique des moteurs
principaux de tous les comportements animaux, humains compris, et du
fonctionnement de leurs refoulements à partir de Darwin, Freud et (surtout,
pour ce travail-ci) Konrad Lorenz.
Il est lamentable que des réflexes animaux, surtout
grégaires, aient si longtemps réussi à empêcher cette compréhension chez les
progressistes. En particulier, les injures et parades des marxistes contre
cette part de science sont certes dans la ligne générale de leur religiosité et
de leurs délires dialectiques et antiscientifiques : mais c'est spécialement
monstrueux en cette affaire.
3.
Moteurs des comportements
De même
que tous les êtres vivants ne sont que des manifestations d'associations en ADN
de quatre et seulement quatre nucléotides (ATCG), il est possible de saisir la
variété des comportements à partir d'associations de quatre et seulement quatre
moteurs principaux. Mais la réalité chimique matérielle des nucléotides est un
acquis de chimie biologique, tandis que l'approximation par quatre moteurs est
encore grossière dans la jeune et hésitante science éthologique.
Le plus important peut-être est de comprendre
qu'il s'agit de moteurs, c'est-à-dire que ce sont des poussées naturelles qui, au contraire d'imaginations comme la lutte
des classes, sont éprouvées et se manifestent inévitablement de par la vie même, des individus où elles sont inscrites et de leurs
rassemblements éventuels.
3. 1. Ainsi le premier moteur, la tendance à la survie par la recherche de subsistance, s'exprime de façon visible, lisible et tangible
chez un petit mammifère comme chez un grand prédateur, et cela s'enracine dans
des orientations chimiques depuis les bactéries : mais la formation
d'organes qui traduisent ce moteur en faim et appétit en est une élaboration
extraordinaire, dépendante entre autres de l'association aux autres moteurs. Car
l'évolution du vivant se passe autant par celle des comportements que par celle
plus directement, moléculairement génétique.
On peut intituler le second moteur tendance à
la préservation ("instinct
de conservation") : devant un tremblement de terre ou un orage, dans
la confrontation à un flot ou à une avalanche, un individu ou un troupeau
dispose de préparations qui en général l'aident à surmonter l'évènement. Il
est, et il sera de plus en plus, clair que l'association aux autres moteurs est
aussi très variable suivant le bénéfice atteint pour l'individu ou (parfois au contraire) pour l'espèce.
Ces deux premiers moteurs sont cependant
largement portés par l'individu :
leurs manifestations sont relativement restreintes au niveau des regroupements de
congénères (donc hors affaires de
symbiose, parasitaire ou non) : en tout, au niveau grossier de ce
texte-ci, on peut dire de ces moteurs qu'ils sont peu sociaux.
3. 2. Il n'en est déjà plus de même du troisième moteur, la tendance à la
reproduction — dans le vivant assez évolué la sexualité. Car dans ce cas la mise en cause d'autres
individus est immédiate, d'autant plus riche de développements potentiels que
le quatrième moteur est présent, comme on va voir : la sexualité est
directement socialisante.
Mais cette poussée socialisante, si puissante
qu'elle soit virtuellement, n'est rien à côté de ce que représente le quatrième
et dernier moteur, le plus tard venu de l'évolution, et dont l'espèce
humaine est nantie au degré suprême.
Dans pratiquement tous les textes parus à ce jour, ce moteur est intitulé agressivité (voire agression, ce qui est un comble
d'aberration contre toute logique et toute science) : le présent travail
se conformera largement à cette déplorable dénomination — mais ce ne peut être
sans expliquer pourquoi elle est déplorable.
Le principe moteur en cause, fondamentalement intra-spécifique, c'est-à-dire agissant presque uniquement entre individus
de la même espèce
1) est simplement au départ une tendance à l'expansion — notamment territoriale chez les animaux, dans
l'espèce humaine par des appropriations de richesses de diversité infinie, pour
le meilleur et pour le pire
2) ne recherche jamais, dans sa forme pure, à nuire
sauf
que le fait de chercher à écarter le congénère se traduit presque inévitablement par
la confrontation avec lui : d'où la confusion aux conséquences désastreuses
qui motive la présente discussion. Il faudrait dire expansivité et non agressivité, il faut être toujours prêt à
lire sous le télescopage, qui ne voit que l'aboutissement agressif au lieu de
lire les ressorts intermédiaires qui l'expriment dans les diverses
circonstances. Pour ne pas oublier tout à fait ce point, on dira souvent ici :
expansivité, agressivité-éthologique, ou au moins é-agressivité, pour souligner
la distance initiale à la confrontation.
3. 3. En fait, ce n'est là qu'un aspect de la difficulté à donner idée d'une
science en quelques instants et quelques pages : il n'y a pas d'éthologie
hors biologie, il n'y a pas d'éthologie humaine sans éthologie générale, il n'y
a pas d'éthologie politique sans éthologie humaine — et cependant il y a des
fous dits spécialistes qui sont si pressés d'en venir à l'humain qu'ils prétendent,
par exemple, fonder la sociologie sans la moindre conscience de l'éthologie.
Pour ne pas ressembler à ces fous, il faut préciser,
nuancer, élaborer au moins un peu. Cela augmente les difficultés de la
diffusion, surtout dans un monde où, de façon chaque jour plus destructrice, le
zapping prend la place d'une véritable activité cérébrale : mais ce texte-ci
est destiné à des êtres capables d'user de la caractéristique humaine qu'est
l'acquisition de savoir, et non à des crétins d'un sectarisme grégaire
quelconque. Alors il faut encore montrer l'insuffisance des simplifications
qu'on vient de présenter comme première approche.
4.
Insuffisance de cette classification
Même au
niveau grossier proposé ici, la reconnaissance de quatre moteurs, parmi les
animaux assez évolués et notamment l'espèce humaine, est insuffisante. Car dans
l'évolution, c'est-à-dire l'histoire de la vie en général et pas seulement de
l'humain, l'apparition de ce qui devient le moteur agressif se fait en des sens
très différents, par certains aspects opposés : la survie d'une espèce
passe souvent par le rassemblement simplement grégaire, c'est-à-dire que des individus (assez nombreux
pour que l'espèce survive) échappent
aux prédateurs s'ils se rassemblent, fuient, ou au contraire s'unissent dans la
défense, en troupeaux. L'équilibre
interne, ou comme on dit trop facilement le plaisir, qui socialise le plus aisément, a ce fondement-là. C'est à partir de la reconnaissance de ce
principe social qu'il faut
apprendre à voir dans une même perspective
— bien sûr d'abord les vols de sauterelles ou
d'étourneaux, les bancs de poissons, la poussée qui réunit et guide à partir
d'un seul étalon des nombres déjà non négligeables de bovidés ou équidés (davantage
avec quelques cavaliers)
– mais ensuite la remarquable formulation de
cette tendance en "l'homme ne voit jamais l'homme sans plaisir" de Robespierre, tout autant que la
crainte du primate humain qui inhibe la tendance à sortir de la horde (crainte de base de l'a grég ation en religion ou nation), et jusqu'aux téléspectateurs
de TF1 terrifiés avant même d'en avoir conscience à l'idée d'être traités de conspirationnistes en
cas d'audace à s'informer sur les attentats du 11 septembre 2001 au lieu de
gober les âneries contradictoires des "officiels" (donneurs de ton du
pouvoir ambiant) :
tout
cela est encore plus profond,
venu de plus loin encore dans l'évolution, et encore plus agissant à tous les
stades, que ce qu'il est pourtant
tout à fait raisonnable de saisir en pratique comme agressivité-éthologique. C'est dans cet aveu de complexité qu'il faut présenter,
et faire sentir les limites de, ce travail-ci :
au
commencement est la capacité à reconnaître les semblables. Ensuite vient le
"goût" de s'a grég
er à ces semblables. Puis apparaît la tendance à s'individualiser, à s'épanouir
complètement en tant qu'être unique, en s'écartant de tous les semblables et indissolublement quoique contradictoirement en éprouvant le besoin d'être parmi eux — ne serait-ce que pour reconnaître un biotope
favorable.
Lorsqu'on
commence ainsi à percevoir la variété des formes et l'ampleur des millénaires où
s'insère notre pauvre humanité, en même temps que les défaitismes et lâchetés
qui obscurcissent notre siècle, il est inévitable de trouver bien hardie la tentative
pour prendre en compte de telles étendues, il est inévitable que des gens
disent : "à cette échelle tout ne peut aller que très lentement". C'est cependant parfaitement faux : il a fallu de nombreux millions d'années
pour parvenir à l'invention de l'écriture, et pourtant il faut beaucoup moins de temps pour enseigner à de petits humains à
lire, écrire et compter.
C'est l'équivalent de cela — la réalisation démocratique
— que rend possible pour notre espèce, à l'échelle de la planète et de
l'histoire, la connaissance de l'éthologie politique.
Bibliographie I
Un livre : celui sur l'agressivité de
Konrad Lorenz (un correctif : j'ai peut-être été trop sévère envers la
traduction française de ce texte — cette sévérité est saisie comme prétexte à
ne rien lire, au lieu qu'on se confronte à ce qui existe —). Un autre
auteur : Eibl-Eibesfeldt. Un souhait très vif : qu'on veuille bien parcourir
un peu ce blog pour y lire mille applications de l'éthologie politique.
Le reste dans les titres suivants.
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