Suite à leurs plaintes pour abus en tous domaines,
nombre de nos concitoyens ont eu, à défaut de réception par l'institution
judiciaire, le plaisir de recevoir une réponse de leur DDPPCC — la Direction Départementale
de Protection du Pouvoir par Communication vers les Consommateurs, organisme
bien connu chez les gens qui ont beaucoup et davantage de temps et d'énergie
pour s'informer et lutter pour leurs droits —. Nous nous faisons ici un agréable
devoir d'en publier copie, malgré les protestations... de modestie de l'administration
en question.
Monsieur
ou Madame,
Par
courrier recommandé avec AR du ../../2015, vous exposez à mon service le litige
qui vous oppose à la très haute et puissante seigneurie d'entreprise chargée de
service public et qui ne le rend pas. Nous avons bien enregistré que vous n'êtes
plus fourni en ... et en outre pénalisé pour retard, car vous n'avez pas de
vous-même consulté le site Internet de ladite entreprise et vous vous êtes criminellement
contenté d'attendre la facture sur papier contractuelle et jusqu'ici habituelle.
Cela ne relève pas de la compétence de mes
services : nous protégeons le pouvoir, financier de quelque étiquette qu'il
soit, jamais les simples consommateurs.
Cependant, le nombre de problèmes et de
tensions que connaissent tous les secteurs privatisés (que Dieu ait mille fois
en sa sainte garde) a conduit la Direction Générale PPCC à renforcer fortement
le féroce renfort de ses terribles modalités de contrôle. Même et parallèlement,
une procédure spécifique de traitement des litiges a été mise en place avec le concours
de ladite Direction : les entreprises conviées ont juré qu'elles feraient
des promesses et qu'ensuite elles diraient ce qu'elles veulent sur les dossiers
des rarissimes qui n'auraient pas encore été découragés de chercher à récupérer
leurs droits.
C'est pourquoi je me suis personnellement
enhardi jusqu'à envisager de considérer la possibilité de l'éventualité de
demander à mon personnel qu'il opère un clic supplémentaire sur ordinateur pour
informer les très nobles entreprises de notre menaçante sévérité — et surtout
pour pouvoir ainsi à l'occasion témoigner de nos considérables efforts au
service de tous.
Toutefois, mon service ne joue qu'un rôle d'intermédiaire
et n'intervient jamais. En cas donc de réponse insatisfaisante de l'entreprise,
et après un parcours du combattant de plusieurs mois pendant lesquels vos pénalités
de retard seront augmentées en conséquence de votre mauvais caractère et de
votre absence de coopération consommatoire, vous pourrez saisir le Médiateur
correspondant par le formulaire ci-joint, astucieusement encadré en cases obligées
et prétextes tout préparés pour éviter toute gêne au sens unique de la très-sacrée
liberté du marché.
N. B. J'ajoute ceci, de la plus haute importance : il n'est évidemment pas
question que la présente soit publiée, car elle pourrait faire soupçonner le
nombre important d'abus de confiance et autres dont chacun sait et doit ignorer
(les media sont là pour ça) que les entreprises se rendent coupables. Cela
risquerait de faire prendre clairement conscience de ce que vaut notre
efficacité, aussi bien que de la foule, donc de la puissance potentielle, que
représente la masse de victimes. Enregistrez donc bien que ce courrier vous est
adressé à titre purement personnel : sa diffusion vous vaudrait des
poursuites dont vous pourrez comparer l'efficacité et la rapidité à celles du Médiateur,
de l'institution judiciaire et de diverses associations de consommateurs. Ce
n'est pas parce que vous n'êtes pas encore officiellement privé de tout droit
civique qu'il faut oser vous considérer comme citoyen : vous devez
comprendre au contraire que la défense de notre service, c'est -à-dire de notre
emploi, ne peut manquer de prendre en compte des rapports de force. Nous tenons
donc en priorité à ce que soient satisfaits d'un côté nos bureaucrates, de
l'autre les entreprises : car ainsi tout le monde est content — sauf les simples
que je qualifierai d'usagers, négligeables car hors de tout pouvoir, suivant le
principe républicain intangible de la souveraineté populaire.
Je vous
prie d'agréer, Monsieur ou Madame, l'expression de ma considération distinguée.
pour le
Directeur et par délégation,
la cheftaine
de service,
Anastasie
DECENSURE
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