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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 29 septembre 2015

Fond 11 Intox et éteignoir sur Garrison


Plus, le temps passant, les traîtres s'acharnent à faire silence sur la vérité, plus il importe de dénoncer les tricheries typiques du pouvoir : les dévoiements à propos d'histoire, de science et de philosophie sont inséparables de l'étranglement de la démocratie — à un point aujourd'hui terrible.
Mais il faut aussi se souvenir que la participation à l'horreur n'est pas seulement le fait des pouvoirs installés. Les instillations de paresse, de lâcheté et d'ignorance sont loin de laisser étanches les citoyens : même sans parler des brutes, vite satisfaites de trouver des prétextes à décharger leur agressivité maladive, et dont on fait les extrêmes droites, il est dramatique de suivre comment les torrents de bêtise parviennent à bousculer des gens doués de quelque intelligence. On retrouve alors chaque fois un égarement par une médiatisation que le pouvoir maîtrise largement :
– le cas le plus commun est l'abrutissement par la télévision (en fait, plus précisément et plus qu'on n'y songe généralement, l'idiotie radiodiffusée avec ou sans images, sur laquelle on reste obsessionnellement branché parce que "ça tient compagnie", et dont on ne perçoit pas le travail dans l'inconscient)
– ensuite les flots d'Internet — amorçages de renvois mutuels de stupidité par les réseaux "sociaux" ; astuces de moteurs de recherche qui placent amoureusement, en tête de millions de résultats-poubelles où l'on ne peut rien utiliser, les sornettes d'assassinats professionnalisés de la mémoire (la version française de Wikipedia est souvent remarquable par ses énormités : voiles sur l'essentiel, montées en épingles de marginalités, insinuations malveillantes, et cependant de bons articles sur ce qui est désormais inévitablement connu, admis et indéniable : ce qui achève d'égarer en mêlant rares justesses et faussetés absolues — tradition d'Eglise)
– et puis les marées de pseudo-livres où les éditeurs soumis à la finance font leurs affaires en vendant surtout de l'encre, du papier, et accessoirement de pseudo-auteurs dont l'œuvre et la culture sont aussi voisins du zéro absolu que le permettent les rayonnements fossiles.
Autrement dit, même le témoignage de fond, qui est évidemment encore aujourd'hui le document, base de la mémoire de l'espèce, de la culture, donc de la spécificité humaine, même ce fond est noyé jusque dans l'imprimé par les tourbillons de feuilles mort-nées et d'aspiration par le vide. Il est scandaleux, mais constant, de voir que ce qui est considéré comme information est un monde virtuel, un buzz sans contact avec la réalité (comme les verbiages de débats électoraux ou de "philosophies" de ministères, strictement creux de faits avérés). On se répète ce qui se répète et on se trouve savant. Ce qui est véritable, ce qui est véritablement enregistrement par science et histoire, est de plus en plus constamment ignoré : l'effort, parfois bien élémentaire, pour trier et rechercher ce qui se tient par bases solides, est systématiquement refoulé par la crainte d'aboutir à autre chose que les tonalités admises dans le troupeau.

C'est contre ce flot, préparatoire à une nouvelle apocalypse, que le livre de Garrison (On the trail of the assassins, en édition complète, par exemple la princeps chez Sheridan Square Press) est si important, si exemplaire ; et sa trahison parue dans la collection J'ai lu — copyright 1992, achevé d'imprimer 1993 dans notre exemplaire — est elle aussi à méditer. On n'a guère cessé ici de recommander le texte original — cf. entre autres Archives A3 et Actuel 58 — : on va compléter le tableau par un examen plus détaillé de la "traduction" française.
Le principal est que nul ne peut lire l'extraordinaire plaidoyer de Garrison et croire ensuite à la version officielle du meurtre de Kennedy, ni admettre les calomnies dont l'auteur ne cesse d'être la victime (ni croire à un excès d'honnêteté ou de courage chez ceux qui s'arrangent pour éviter de le citer : dont Howard Zinn, ce qui est pénible — Garrison, lui, ne manque pas de citer Zinn). Nul ne peut lire l'extraordinaire plaidoyer de Garrison sans comprendre que la manipulation des foules a atteint des sommets dont tout notre quotidien porte les traces, dont toutes les intoxications omniprésentes fournissent des preuves et des occasions de méfiance désormais incessamment nécessaire, de vigilance immédiatement active. Par un équilibre rare entre les qualités d'expression et de rigueur, Garrison parvient à donner une leçon, de lucidité et d'audace dans la diffusion de la vérité, que seuls ont atteint quelques-uns des plus grands savants et historiens. C'est d'autant plus important que l'assassinat de JFK n'est pas seulement un épisode dans les crimes de toujours des pouvoirs les plus mortifères, mais au contraire le pivot d'un dévergondage dans les méthodes de violence, qui a mené l'ensemble de la planète à ce que l'on voit partout à présent : il est la première crise de cette importance dans la folie des "néocons", et en tant que tel il est unique. On ne s'aventurera pas ici à dresser une liste même partielle des égorgements de tous niveaux, guerres, coups d'Etat, fausses révolutions — de palais ou de places publiques —, assassinats ciblés, qui constituent le fonds politicard depuis Dallas, 22 novembre 1963, jusqu'à Paris, 7 janvier 2015 et depuis, en passant par à peu près tous les pays de la Terre. On veut simplement insister sur ceci : l'affaire JFK comprise, on est très profondément vacciné contre toutes les manipulations, qui cherchent avec persévérance à redétruire l'éternelle aspiration démocratique.
C'est pour cela que la prétendue-traduction-en-réalité-trahison parue en français est insupportable. Il faut d'abord rappeler qu'il s'est trouvé des temps où des étudiants (d'âges variés) se faisaient un agréable devoir de traduire à tous peuples ce qui vaut la peine d'être connu : il est vrai qu'on n'usurpait pas alors aussi facilement l'étiquette de socialiste. Ensuite mais à semblable propos on a déjà exprimé ici le drame que représente une traduction insuffisante, dans le cas de Konrad Lorenz (aussi chez Flammarion, diffuseur de J'ai lu...) : seulement, quand il s'agit plus directement de science, la question des censures n'a pas le même impact, car la cohérence d'ensemble des analyses en termes éthologiques fait que des pages sautées ou des termes mal rendus n'empêchent pas aussi efficacement de retrouver le fond — quitte à augmenter l'effort cérébral —. Le problème est différent pour Garrison (bien que sa lecture soignée exige vite papier-crayon et réflexion, usages devenus rares) : car cet auteur est en général d'une extrême et resplendissante accessibilité, et c'est seulement à l'approfondissement que sa leçon exige un temps et des travaux semblables à ceux nécessaires pour le meilleur de notre héritage. Hélas, faute de tels efforts, notre époque retombe dans l'animalité pure, précisément l'absence de culture, partout. Or s'extraire de la routine peut éviter des monceaux de morts inutiles et peut-être l'extinction de l'espèce humaine : cela mérite un peu plus que vague méditation. Alors voici — en renouvelant la recommandation de lire et relire un texte admirable —, un petit guide de données.

Pour commencer, une liste où figurent, pour chaque chapitre :
– son numéro en chiffres romains, soit N, puis
– en typographie simple, le nombre de pages, allant d'une tête de chapitre à la suivante, dans l'édition de Garrison par Penguin
en italique, une approximation raisonnable de ce que cela devrait donner (en très gros : une augmentation au moins de l'ordre de 20 à 30 %) en traduction française, compte tenu des différences (de nombre de caractères par ligne et nombre de lignes par page, d'un côté ; de rendu en général un peu plus long en langue française, de l'autre côté)
en gras, le nombre de pages, allant d'une tête de chapitre à la suivante, dans l'édition J'ai lu.
En bref : pour dix pages de Penguin, on devrait avoir douze (ou en fait treize) pages de traduction, donc une liste d'entrées du genre : N, 10 donne (on abrègera par d) [12, (ou 13)].
[On néglige d'inévitables distorsions, dues à la présentation, qui font qu'une différence de deux (respectivement quatre) n'est pas bien significative pour un nombre d'environ dix (respectivement vingt).]
Voici à présent la réalité expérimentale :
chapitre I, 9 d [11, 7] (donc : 9 pages qui devraient [en donner au moins 11 et sont réduites à 7])  ; et de même : II, 17 d [21, 14] ; III, 15 d [18, 11] ; IV, 17 d [20, 9] ; V, 18 d [22, 12] ; VI, 12 d [14, 11] ; VII, 14 d [17, 13] ;
puis en seconde partie : (on va expliquer ces regroupements),
VIII, 12 d [14, 12] ; IX, 9 d [11, 7] ; X, 11 d [13, 12] ; XI, 12 d [14, 13] ; XII, 11 d [13, 8] ; XIII, 13 d [15, 12] ; XIV, 20 d [24, 20] ; XV, 11 d [13, 13] ; XVI, 12 d [14, 14] ; XVII, 12 d [14, 13] ; XVIII, 26 d [31, 34] ; XIX, 19 d [23, 23] ; XX, 24 d [29, 31].
Là-dessus :
A. Remarque de départ : on voit que le chapitre IV devrait donner 20 pages françaises ; il en donne 9... Or quel est ce chapitre ? Celui consacré à Lee Harvey Oswald, soit d'après la version officielle "le marxiste un peu fou qui a, tout seul, abattu de trois coups de feu absolument hors classe le président de la nation la plus puissante du monde, douée des meilleurs services de renseignement". En réalité,
Garrison y démontre sans aucune contestation possible qu'Oswald, tireur nul, était en réalité un agent double US
qui a d'abord fait un séjour dans une base des Etats-Unis au Japon chargée de l'espionnage de l'URSS par les fameux U2, puis un autre séjour comme "traître" en Union Soviétique même, d'où il est revenu sans aucun problème au plein de la Guerre Froide, chaleureusement accueilli à son retour à New-York par un chef du contre-espionnage de Washington...
et qui a été finalement inséré par la communauté CIA-FBI-ONI en Louisiane puis Texas juste à temps pour se retrouver piégé dans l'assassinat de JFK.
Non seulement une masse de preuves est purement et simplement effacée de la traduction, mais des liens remarquables entre CIA, financiers français de l'OAS et tentatives d'assassinat de de Gaulle, particulièrement motivants pour des lecteurs français, sont soigneusement gommés !
B. De même, mais plus profond : tout le livre de Garrison, juriste hors pair, commence évidemment par les cumuls de documents, résultats d'enquête, témoignages, pièces à convictions. Ce début correspond en gros aux sept premiers chapitres (d'où les regroupements ci-dessus — le second ensemble faisant, à juste titre, la part belle à l'histoire des pressions, calomnies, ignominies diverses dont ont été victimes Garrison et son équipe, mais ce n'est évidemment pas aussi probant). Ainsi les éléments de jugement (premier ensemble) font environ
cent pages de Penguin, qui devraient en donner au moins cent-vingt en traduction
or il en reste 77, je dis soixante-dix-sept, dans l'infamie de collection J'ai lu.
La splendide charpente d'arguments de Garrison
est réduite à un tas informe de pièces de bois.
Bien sûr alors, les censeurs se payent le luxe d'une traduction parfois correcte pour la seconde partie du livre : la plupart des (rares) lecteurs, pressés de courir aux seules conclusions, rateront l'essentiel, qui est le caractère inattaquable et rigoureusement prouvé de vérité établie ; ils se contenteront d'entr'apercevoir une "opinion" non orthodoxe, et seront alors mûrs pour s'extasier sur la "liberté d'expression" autorisée dans ce monde pourri. Ainsi fonctionne et se perpétue la propagande du pouvoir, comble d'ignominie de sa part, avalisé par la paresse, l'ignorance et la lâcheté cultivées complaisamment en ses victimes mêmes — en somme, propagande tout à fait du genre "parole de dieu" !
Sur quoi, non seulement le sous-titre est changé (Garrison écrivait : "My investigation and prosecution of the murder of President Kennedy", l'édition française remplace par "Affaire non classée", ça vend mieux) mais dans la ligne de leur honnêteté générale et particulière les bonnes gens de la collection J'ai lu se gardent de mentionner "Texte intégral" : il y a des juridismes qui peuvent servir... sans éveiller l'attention des lecteurs !

On faisait allusion un peu plus haut à la science de désinformation de l'Eglise, à propos de Wikipedia version française. C'est ici assez semblable, mais (repetitio mater studiorum) il peut être utile de redire que, si on veut désinformer, il faut pouvoir brandir pour sa défense des éléments de vérité au milieu d'infamies puantes ; il faut abuser de ce que seuls des lecteurs chevronnés et attentifs parviennent à la compréhension de base : pour tromper efficacement les foules, il est indispensable de mentir seulement par à-coups, et de ne s'y acharner que sur des points centraux. Cela va avec le moteur même de la trahison du texte de Garrison en édition "J'ai lu" : mettre en place cette version française pour en éviter une honnête.
Prière alors d'excuser une longue parenthèse — mais on va en revenir plus fort à Garrison — : c'est tout pareillement que procède en France la voix de la finance notamment catholique, le journal dit "le Monde". Peu de données sont aussi exemplaires de cette poubelle antidémocratique que ses attitudes
1) sur Galilée, qui ne serait qu'un vague imitateur du prêtre Copernic — en réalité la condamnation de Galilée au nom de "la vérité catholique", comme disait l'Inquisition, s'est faite de façon complètement vicieuse à propos des "centrismes" sur la Terre ou le Soleil, alors que
d'abord le repère héliocentrique était à peu près admis de tout le monde et assez librement enseigné depuis la fin du Moyen-Age, à la suite de "la vieille doctrine de Pythagore" mentionnée par les décrets inquisitoriaux — plus précisément les travaux d'Aristarque de Samos, cf. par exemple et entre autres le livre de Thomas Heath, Aristarchus, the Greek Copernicus, 1913 : mais les ignares crapuleux sont inséparablement ignares et crapuleux ;
ensuite Galilée n'a pas manqué de se distancier des maladies de recherches "vaines et oiseuses" qui consistaient "à chercher à l'univers un centre" ; mais les salopards de la bureaucratie vaticane avaient préparé piège et déplacement du débat par un faux, versé au dossier de Galilée à partir de la convocation à Rome plus de quinze ans auparavant, faux qu'attestent les minutes du procès et les travaux de G. de Santillana
en fait, la grande affaire était que Galilée fondait de façon définitive, avec une audace et une précision jamais égalée, la méthode expérimentale, le principe démocratique de référence à ce qui est accessible et contrôlable par tous, contre la référence aveugle à des textes cumulant les faussetés et les absurdités, Aristote, la Bible et Thomas d'Aquin plus particulièrement : il n'était évidemment pas question pour l'Eglise de laisser seulement parler de ce fond central, capital, essentiel, fondamental, et c'est cela qui explique et fonde l'abjection du procès à côté de la plaque ; après quoi des menteurs inventent toujours de nouvelles contorsions : ainsi la légende qu'Urbain VIII, pape du moment, aurait en fait accepté le procès "pour sauver Galilée" (du sort réservé à son prédécesseur en astronomie et cosmologie, Giordano Bruno, brûlé vif en 1600 avec "indulgences" gracieuses et particulières pour les bons catholiques et croyants sincères qui soutiendraient la sainte institution en venant sur place applaudir à ce meurtre, religion d'amour oblige et c'est l'Islam qui est violent, ben voyons) — on n'arrête pas le progrès, en désinformation non plus, il faut que j'arrête, ou je vais raconter encore Urbain VIII, débutant son commentaire de la mort de Richelieu par les mots "Si Dieu existe" ... ! (comme disait très bien Machiavel, pour être efficace il vaut mieux que le trompeur ne croie pas trop lui-même à sa tromperie, si quelqu'un trouve que ça n'a aucun rapport à l'intox j'écris ceci inutilement pour le quelqu'un)
2) sur Einstein, on peut songer à un article spécialement honteux éructé par Maurice Arvonny sur la relativité générale — c'est drôle, parce qu'en général, moins stupidement, les fidéistes attaquent Einstein sur la mécanique quantique, où l'immensité de son œuvre et l'éclat de ses intuitions sont moins connus et moins universellement acceptés : mais "le Monde" et ses plumitifs ne reculent devant rien (pareille infection a atteint entre autres le mensuel intitulé "La Recherche", dont par exemple un directeur s'est efforcé de couvrir d'opprobre aussi bien la théorie de l'évolution que le reste de la science actuelle et passée, carrière de menterie qu'il poursuit à présent sous d'autres lambris)
3) et, parbleu et nous y revoilà, sur l'exécution de JFK, avec rengaine éternelle sur Lee-Harvey-Oswald-tueur-isolé, contre toute vérité, toute évidence, toute preuve, et ce tant à propos de l'affaire elle-même qu'à l'occasion d'une "actualité" quelconque où doit être mentionné le nom de Kennedy.
En somme : ne jamais s'occuper de ce qui est documents — dossiers de vrais juristes comme données de la science et de l'histoire, archéologie, paléontologie, acquis de la biologie en général et de la génétique ou de l'éthologie en particulier —, ressasser les mêmes mensonges et les mêmes faussetés, tuer, piller, voler, mentir, torturer, éliminer par la terreur, le feu, le sang, prolonger les crimes sur des siècles et des siècles, et ainsi maintenir la "vérité catholique" !
Sur de tels principes, comment voudriez-vous que l'Eglise, Wikipedia ou "le Monde" admettent qu'on lise Garrison, le vrai, le merveilleux Garrison ? N'est-il pas plus saint, pour le salut commun (de l'Eglise, de l'encyclopédie "libre" comme l'école confessionnelle, et du "Monde"), que la sainte maison d'édition Flammarion se charge de diffuser la charogne saintement préparée par J'ai lu, en castrant le texte de sa justesse au plus admirable et au plus percutant ?
Qui pourra dire, alors que ces très saintes gens ont réussi à monopoliser la version française, qu'ils ont effectué une censure ordinaire ? N'est-ce pas, tout au contraire, une quintessence exemplaire, actuelle et à long terme, un modèle de désinformation ?

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