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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 21 octobre 2020

Actuel 152 Libéralisme d'expression

                         Craig Murray, ancien ambassadeur britannique en Ouzbekistan, a été mis à la porte du Foreign Office pour avoir rapporté quelques turpitudes du dictateur-antenne-locale de la finance anglo-saxonne. Murray n'a cessé depuis de dénoncer des pratiques de maffinancieux, et défend à présent avec un rare courage Julian Assange durant la parodie de procès et la torture publique systématisée, pour l'exemple, du fondateur de Wikileaks. Il vient de publier (cf. globalresearch.ca) un article remarquable sur la censure algorithmisée d'Internet : celle-ci élimine la quasi-totalité des messages d'internautes qui tentent de relayer — par exemple sur Facebook ou Twitter — les données de fait sur les mensonges et tricheries de la presse total-financière.

 

                        En France, il est désormais interdit aux (potentiellement) citoyens de simplement se voir : non seulement parce qu'il est très difficile ou impossible de se déplacer autrement que durant les périodes et occupations régies par le patronat, mais plus directement parce que les traits du visage doivent être masqués, ce qui empêtre des parts notables de communication et d'échange à la base des puissants mouvements sociaux. Les communications téléphoniques et plus encore les courriels sont triés puis enregistrés de façon aussi illégale que massive, pour repérer les auteurs capables d'ouvrir les yeux et de faire voir les infamies : on saura qui arrêter ou interdire de manifestation en cas de réaction populaire assez forte, ainsi celle-ci sera d'avance décapitée. La foire postale de courrier papier et colis est devenue telle (malgré des tarifs de plus en plus prohibitifs) que la direction en vient à pardonner les préposés les moins consciencieux tant qu'ils contribuent à trahir leur métier : ils ne distribuent plus même des dossiers médicaux, pourtant aux formats les plus normés qui soient, mais ils peuvent ainsi finir tôt leur travail et alors compléter leur salaire par diverses occupations — quintessence de la "privatisation" organisée par les administrateurs en chef, dépêchés depuis "l'exécutif" dans les entreprises autrefois publiques.

 

                        Espionnage et "privatisation" sont certainement signes d'angoisse et en partie de faiblesse des milliardaires de base de ce système, fort discrets en arrière des devantures de pantins politicards — presque aussi discrets que les S. S. -Services Secrets par lesquels passent leurs puantes ignominies, et qui se terrent pour pouvoir se  rêver en petits James Bond — : tout ce monde de l'ombre sait bien, lui, qu'il ne tient que par violences et mensonges de plus en plus extrêmes...

samedi 22 août 2020

Actuel 151 Pot-pourri

                        Monsieur D. Rumsfeld s'est longuement distingué en politique des Etats-Unis. Déjà avancé dans la carrière sous le président Nixon, il prit pleinement son essor dès l'affaire d'Afghanistan sous la haute autorité de William Casey, puis avec la première guerre d'Irak, enfin surtout avec le fameux PNAC (Project for a New American Century, association "non-lucrative"...) en compagnie de son petit frère spirituel Richard Cheney. Si le lecteur est insuffisamment informé sur Cheney, il peut voir le film intitulé Vice, mais Casey vaut ici une parenthèse.

            Casey était en pleine action dès les massacres d'Indonésie — la mer resta longtemps rouge de sang autour de ces îles, et les centaines de milliers de meurtres firent disparaître tout être humain de sexe masculin dans quantité de villages —. Principal moteur des scandales de la "banque pourrie", la BCCI, et de la banque du Vatican (Casey était catholique), il y a trouvé les sources pour le financement du terrorisme ensuite appelé islamique (en fait sous ses diverses formes toujours au service des "Prussiens", les plus bellicistes des lobbies US). La faillite de la BCCI et la ruine de millions de petits épargnants des pays pauvres fut à l'origine de la cascade d'"accords de Bâle", chaque fois décidés "pour éviter le retour de crises financières", et chaque fois dépassés par des fraudes en nombres de milliards exponentiellement croissants. Mais Casey obtint tout ce qu'il voulait, notamment la direction de la CIA et la transformation de l'Afghanistan en premier producteur mondial de drogue notamment vers les Etats-Unis. Un mot caractérise le personnage peut-être mieux encore que ce remarquable cursus : il a affirmé que sa mission serait parachevée quand tout ce que croiraient ses compatriotes serait faux.

            Revenons alors à son digne disciple Rumsfeld. On sait que le PNAC susdit fut dissous après le 11/9/01, tous ses objectifs atteints (notamment ce New Pearl Harbor qui y était souhaité pour multiplier encore le budget "de défense" des USA, malgré les sommets déjà atteints en dépit de la fin de la "guerre froide"). Rumsfeld avait retrouvé dès l'élection de Bush43 son poste de secrétaire à la Défense : il se distingua à la fois par un autoritarisme tel que les généraux obtinrent sa démission en plein second mandat dudit Bush (2006), et par ses visites aux divers centres de torture de la CIA (le pérenne Guantánamo aussi bien que le sinistre Abou Ghraïb) pour y activer le zèle des bourreaux.

            Ainsi à tous les niveaux, par toutes ses actions et fréquentations, il est le paragon de l'homme de pouvoir. Aujourd'hui, de nouveau (à 88 ans) replié en firmes privées, il s'est mis au service de Gilead, un des monstres US du chimico-pharmaceutique (Big Pharma) et a ainsi servi d'une part le Remdesivir, médicament remarquablement inefficace contre le Covid-19 du point de vue médical, mais aussi remarquablement coûteux, voire ruineux, et d'autre part la campagne menée, non sans succès, contre les trithérapies classiques pratiquement gratuites comme celle à base d'hydroxychloroquine.

            Rumsfeld ne fait pas partie des listes de milliardaires — sa fortune serait évaluée autour de "seulement" la centaine de millions —. Mais tout de même à ce propos, un dernier trait, qui est peu de chose en soi, aide à saisir ce qu'est le système où le monde se débat aujourd'hui. Rumsfeld dans ses divers parcours a été employé par une boîte suisse, et touche à ce titre la fameuse AVS, l'allocation vieillesse universelle helvétique, de quelque 400 francs CH mensuels.

 

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                        Il est donc instructif de suivre ce que sont les véritables acteurs derrière les divers matraquages et martèlements médiatiques sur la dernière terreur à la mode. En réalité, tout prouve que les morts que le virus a réellement suscitées sont de plus en plus négligeables vis-à-vis de ce qu'il a permis aux autoritaristes de fomenter, en désastres économiques (encore à peine entamés) ou directement médicaux (dus à des absences de soins d'autres maladies ou à la terreur générale).

            Il y a d'ailleurs d'autres données tues ou peu mises en avant, alors même que le nombre d'articles de toutes presses sur la question écrase tous les records établis. Ainsi, divers pays du nord de l'Europe ont suivi des stratégies différentes pour réagir contre la pandémie. Il est intéressant de constater que les résultats sont cependant largement comparables par exemple pour la Suède, le Danemark et les Pays-Bas, d'autant que la Suède, qui a parié sur l'immunité de groupe et s'est donc trouvée plus atteinte au début (bien sûr surtout chez les personnes âgées ou autrement fragiles), est en train de revenir aux taux les plus faibles de décès.

            Cas à part : l'Allemagne, où les nombres de décès (certes difficiles à comparer, les tricheries étant variées d'un pays à l'autre) donnent des valeurs trois ou quatre fois inférieures à celles officialisées par exemple en France. C'est en Allemagne qu'un groupe de médecins, saturés d'écœurement des gens au pouvoir, ont entrepris dans leur pays et en vue d'une action internationale une campagne (ACU, Ausserparlamentarischer Coronavirus Untersuchungsauschuss, Comité extra-parlementaire d'Instruction sur le Coronavirus) contre les aberrations les plus visibles, notamment le tam-tam invraisemblable mais aussi les lois liberticides et inconstitutionnelles imposées par les politiques.

 

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                        Monsieur Gérald Darmanin a récemment déclaré lamentable le manque actuel de respect envers l'autorité. Si, si, Darmanin.

            A-t-il jamais traversé l'esprit de ce multiministre que, pour qu'une autorité soit respectée, il n'est pas nuisible qu'elle soit respectable ?

dimanche 31 mai 2020

Actuel 150 Inerties et inepties

                        Nous avons la chance de disposer d'un temps de latence : il faudrait en profiter pour revenir à la recette révolutionnaire par excellence — diffuser largement la mise à jour du savoir dans ses zones actuellement les plus vitales, les plus nécessaires et, à cause de cela même, les plus voilées par les pouvoirs —. Or au lieu que le plus possible de gens se vouent à ce préliminaire indispensable, des activistes se dispersent dans des exhibitions dangereuses où les plus courageux se font massacrer en vain, et des penseurs au petit pied étalent leurs références mortes ou leurs prétentions ignares, sur des images de malheurs qu'ils ne risquent pas d'atténuer.
            Depuis le précédent Moyen-âge, on n'avait pas vu aussi complète inertie opposée à l'effort de connaissance véritable. Il est vrai que, par exemple en France, la brochette de ministres supposés d'éducation sous la Cinquième République explique une bonne part de cet écœurement général : ces pantins de banques et de chaînes de production ont imposé une dictature d'enseignement, supposé pratique, qui n'est qu'insertion dans les systèmes de déshumanisation en place. A l'échelle mondiale de même, sous la coupe de totalitarismes convergents et complices, on n'a plus depuis quelque deux générations que programmes scolaires et universitaires vicieux, primes perpétuelles aux mandarins contre les vrais savants, encouragement incessant à la perversion technique asservie aux groupes "militaro-industriels" en fait financiers, et de là formation d'anti-citoyens, simples rouages de pouvoir qui deviennent facilement soit de vils espions soit, par la robotisation, des destructeurs de postes de travail — seuls "cadres" tolérés par les mafieux installés.
            Pourtant, avec les rares mais splendides nouveaux progrès, jamais il n'a été aussi simple de faire lire la convergence de tous les aspects du savoir. Seulement il faut pour cela avoir quelque idée de ces progrès, et ce ne sont ni les litanies nauséabondes de dialectique ni les gémissements ressassant les crimes et misères du monde qui peuvent nous faire sortir de l'impuissance. On a bien vu ces jours derniers Michel Collon recevoir un Denis Robert, et c'est un progrès (provisoire fort probablement) par rapport à un Etienne Chouard : mais de telles rares protestations de non-dogmatisme ne peuvent compenser les refrains sempiternels de conceptions éteintes du socialisme ; et surtout l'enfermement continué dans la politique hors toute réalité scientifique et technique (réalité si prégnante en notre temps) renvoie fâcheusement aux vulgaires disputes et aux éloignements de la vie réelle qui font le plus gros des media réactionnaires, et lassent enfin tout le monde.
            Il y a, soit, quelques bonnes émissions sur le site du Média, et quelques bons livres sortis d'éditions comme La Découverte : il faut les chercher, parfois à la loupe, parfois au microscope, mais enfin il y en a. Cela arrive aussi pour beaucoup et trop de parutions dans des groupuscules qui pleurnichent pour qu'on les soutienne, invitent généreusement à prendre la parole mais ne la laissent qu'à leurs petits copains — on se demande assez souventes fois où ils vont les chercher pour en trouver d'aussi nuls —, et refusent de saisir qu'ils sont comme les études et détails dont ils abreuvent : effroyablement réduits et épars. C'est loin de ce qu'il faudrait.
            Ce dont les progressistes ont besoin, c'est d'une base, d'une fondation claire aussi universelle et unificatrice que possible et que ­— bis repetita — il n'a jamais été aussi facile et indispensable de présenter. Il serait vain de compter pour cela sur de soi-disant critiques et lecteurs professionnels qui ne savent prêter écho et attention qu'aux littératures pour establishment estampillées par quelque Gallimard ou autre boîte-caverne. Mais il faut bien reconnaître aussi que l'ardeur à aller voir ailleurs et plus haut que buzz est pareillement inexistante dans les cliques et clans qui s'étouffent mutuellement, d'Attac au Monde Diplomatique. Il y a, de même, quelques discours de députés de la France Insoumise qui tranchent sur les autres : mais, outre que ce n'est pas difficile dans le désert mental de la "représentation" nationale, il faudrait que ce soit autrement fréquent et organisé pour qu'on ait l'impression d'émerger du m'as-tu-vu-isme si pesamment ambiant.
            Il faudrait donc qu'enfin beaucoup de gens prennent assez de recul et se rallient à de nouvelles Lumières, à la remise à jour et à la diffusion des véritables éblouissements de science et synthèse, donc de philosophie comme d'éthologie politiques. Or cela ne risque d'arriver par aucun des minables actuellement haussés à tribune, sur France-Culture esprit de fermeture ou ailleurs : autant demander à Michel Onfray de comprendre que la science dans son immensité est quelque peu plus étendue que la critique obsessionnelle du sexualisme de Freud, ou que la philosophie n'est nullement la liste des baratineurs ordinairement enseignés prétendument vus sous un autre angle, mais la hardiesse à prendre en compte, dans les questions et affaires humaines, les plus éclatants renouvellements du savoir.
            Nous sommes pourtant au pays de Voltaire, Diderot, d'Holbach, et il ne tient qu'à nous de reprendre le chemin ouvert depuis Thucydide, Thalès et Archimède, à travers Averroès et les humanistes de la Renaissance, jusqu'à la démonstration des ridicules scolastiques par Galilée, jusqu'à la situation de notre aventure dans celle de la vie en général par Darwin et Lorenz, jusqu'à la révision féconde par Einstein de la notion même de vérité, contre tous les stupides a priori. Nous avons en cette fin de printemps 2020 beaucoup de chances — terrain populaire à peu près vierge, pause obligée des manifs, proximité de l'été probablement trop chaud et sec mais ouvrant vastes des lieux de réunion — et beaucoup de possibilités pour nous retrouver, pour enfin établir et diffuser la base universelle, le tremplin indispensable de notions communes en vue de l'action commune à tous les progressistes.
            Dixi et salvavi animam meam, comme répétait à son tour Einstein. Les inertes et les ineptes n'y voudront certes rien comprendre.
            Mais les autres ?

samedi 14 mars 2020

Actuel 149 Covid-19

                   Le Forum Economique Mondial (World Economic Forum : WEF), aussi connu comme Forum de Davos, représente le gros des milliardaires et de leurs conseils : il est donc inutile de souligner son caractère éminemment philanthropique. Un de ses appendices est la Bill & Melinda Gates Foundation : Bill Gates a bâti sa fortune (longtemps la première du monde) en brevetant à son profit des logiciels naguère libres de tout droit, et sa Foundation est de même une arnaque remarquable dont le rôle principal a été de lui éviter de payer des impôts — bref en tout cela on nage dans l'amour bien compris du genre humain.
         Sous les auspices donc dudit WEF, ladite Foundation s'est associée à un groupe d'intérêts de Big Pharma (les plus gros trusts chimico-pharmaceutiques), le Johns Hopkins Center for Health Security, pour consacrer une session à une expérience d'épidémie ou guerre bactériologique.
Objet : Coronavirus.
Date : 18 octobre 2019.
Soit deux mois avant le déclenchement de l'épidémie très actuelle en France...
         De par la crétinisation de masse en laquelle convergent media et ministères dits d'enseignements, il suffit de la simple menace d'être qualifié de complotiste ou conspirationniste pour rendre une large majorité lâche et imbécile au point d'accepter de se tenir aveugle et coite face aux faits. Mais comme ici on se moque des étiquettes collées par les mafieux et crapules au pouvoir, et qu'on croit aux faits confirmés partout, on ne pouvait manquer de rédiger d'abord cette introduction.
         Celle-ci posée, il est inutile de faire la liste des colporteurs de rumeurs, paniques, informations et contradictions destinées à égarer les gens — les mêmes colporteurs ricanent ensuite qu'il ne faut pas céder à la psychose créée et entretenue par leurs soins ! —. On vérifie là simplement que le maintien des foules dans la peur et l'ignorance est condition du pouvoir.
            On ne signalera aussi qu'en passant les spéculations sur les produits de santé : ce ne sont qu'expression plus vive du brigandage légalisé et choyé sous le nom de commerce, et ceux qui se souviennent des fortunes françaises bâties sous la Gestapo pendant l'Occupation, et au Marché Noir encore à la Libération, ont en ce moment d'intéressantes occasions de raviver leurs colères et leurs haines.
            Il est peut-être plus original de ressortir le compte rendu de juin 2017 de la très considérable Banque des Règlements Internationaux (à l'échelle mondiale ce qu'est la Fed aux USA). Ce rapport est d'abord remarquable de netteté sur les "cycles financiers", cycles de ramassage puis de vols de l'épargne par krachs comme celui de 2008 et l'actuel, tous deux à l'échelle de la planète : principes de "crises" où des pauvres et moins pauvres sont réduits à la misère parfois noire, et où d'un coup les riches multiplient leurs fortunes dans des proportions hallucinantes — voyez le sourire ravi de Mme Lagarde lors de son récent discours à la BCE —. Mais le même rapport formule plus clairement encore un autre aveu : il se plaint répétitivement du "fardeau du vieillissement démographique", c'est-à-dire de l'énorme manque à gagner que représente pour les diverses institutions financières le fait d'avoir à verser des retraites alors que l'espérance de vie a considérablement augmenté —­ faut-il dire après cela : hélas pour les financiers, dont un type est le criminel contre l'humanité Henry Kissinger, de quelque quatre-vingt-quinze ans... ?
            Ne remarquez donc surtout pas, SVP, que le Coronavirus en cause est surtout mortel chez les personnes âgées : ce serait encore plus complotiste, et alors peut-être — au point où nous en sommes — cela pourrait devenir motif de placement en garde à vue, rappel à la loi, voire procès puis, que sais-je ? raison d'être abattu sur place comme terroriste par les forces de "l'ordre", puisqu'on a aboli la peine de mort !
            On n'arrête pas l'progrès...

mardi 4 février 2020

Actuel 148 Actualité de l'héritage nazi

                        Ce ne sont ci-dessous que de premières impressions, mais si enfin la révolte s'organise elles serviront au moins de signal sur un essentiel.
            La lignée que Chomsky appelle carrément "américano-nazie", en fait la collusion intime des financiers US et allemands, s'enracine déjà dans les négociations pour le traité de Versailles autour de 1920 (non sans la participation enthousiaste d'autres partisans d'une unité "européenne" asservie à Wall Street, comme Jean Monnet). Bien des livres, sur le rôle par exemple des frères Dulles ou celui de la BIS-BRI (Bank for International Settlements-Banque des Règlements Internationaux), ne manquent pas de souligner la contribution de l'industrie des USA à la préparation des camps et de la guerre menée par les hitlériens fondamentalement contre l'URSS, ou de montrer les récupérations après 1945 en vue de la "guerre froide" et au profit des Etats-Unis des ingénieurs, industriels et anticommunistes germaniques par toutes les filières du genre ratlinesOpération Paperclip et autres réseaux Gehlen.
            Cependant ces données parlent peu aujourd'hui autour de nous dans des publics assez larges, tant la censure de l'histoire a été efficace après la seconde guerre mondiale, surtout en Europe occidentale. C'est pour cela, pour rendre vivaces de telles origines d'un mal très actuel, que les travaux de Johann Chapoutot semblent d'un grand intérêt : car il rattache fort justement les modes présentes de management aux procédés de mise en condition des administrations nazies, notamment par des personnages comme Reinhard Höhn (assistant de Heydrich, qui d'abord finit paisiblement la guerre en uniforme de général SS, se tut quelques années, puis devint le principal formateur des cadres du "miracle économique" en RFA, et s'éteignit confortablement dans son lit en 2000 à quelque 95 ans). Il est en tout cas incontestable que la déshumanisation, l'immoralité de fond des cadres de nos contrées, dont parlait déjà à sa manière La question humaine de François Emmanuel, procède directement de la gestion de production nazie et non US. C'est aussi à partir de telles réalités qu'il faut juger des dévergondages spécialement indécents, prétendant situer la "réforme" des retraites en France dans la ligne du Conseil National de la Résistance — alors que cette "réforme", cet acte de banditisme politique, est au contraire fidèle aux déclarations du MERDEF alignant simplement comme programme la démolition des acquis sociaux de la Résistance !
            Une mise en garde toutefois. Il est vrai, comme le souligne Chapoutot, que les réactionnaires allemands se sont acharnés contre l'esprit et les lois de la grande Révolution française (et contre les Lumières en général). Il est vrai que beaucoup d'Allemands se sont laissés prendre à cette haine, ensuite tournée contre notre pays. Mais on ne doit jamais oublier que les réactionnaires de toute l'Europe, en France comme ailleurs, ont eux aussi apporté la plus large contribution à la diffusion de cette rage. On ne doit jamais oublier, au contraire, que par exemple les ouvriers sidérurgistes allemands en révolution ont choisi comme maire d'une de leurs villes, en 1918, un citoyen français qui se réclamait du communisme...
            C'est là le cœur de la question. De tout temps, les réactionnaires ont fait feu de tout bois pour diviser et séparer les peuples. De tout temps, les progressistes ont au contraire rappelé que l'espoir social, la coopération ne pouvait s'arrêter à des frontières héritées des barbaries de l'histoire. C'est certes une faute impardonnable de confondre la difficile et indispensable construction de l'amitié entre les peuples avec une réalité déjà donnée — mieux qu'internationalisme, le russe dit "interpopulisme", et les dévoiements de langage d'une bien-pensance actuelle ne doivent jamais faire oublier ce fond d'idée juste —. Mais l'appel aux autres peuples demeure un appui vital de tout mouvement humaniste.
            Au moment où les magnifiques élans de France crèvent d'oublier les évidences et nécessités absolues de l'élargissement au delà des frontières, il fallait bien le rappeler un peu. Il faut inviter à la plus grande prudence ceux qui s'irritent un peu trop vite, trop nationalement, de l'influence des criminels allemands sur leurs homologues de ce côté-ci du Rhin : les dirigeants et flics pétainistes étaient pires que les chefs et soldats allemands, et ça n'a pas changé depuis.