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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 30 mars 2016

Actuel 98 Déraison d'Etats

                       Trop c'est trop et, après les nouvelles horreurs à Bruxelles, la méfiance semble enfin se généraliser un peu contre les racontars de "décryptage", en fait encryptage médiatique. La Toile a donné de bons articles sur l'affaire : mais celui qu'on présente ici vise une indispensable explication absente ailleurs, celle du comportement — des brutes tyranniques certes, mais aussi des foules.

                        En 2002, en Belgique justement, les éditions EPO faisaient paraître le travail de Peter Franssen avec Paul De Vos sur le 11 septembre [2001] : pourquoi ils ont laissé faire les pirates de l'air. En quatrième de couverture, on trouve une conclusion vite étendue aux cas actuels : les services de renseignements suivaient de près les criminels et les ont laissé faire sciemment.
            Depuis ces années certes, il y a eu des raffinements, et il est désormais encore plus difficile d'éveiller les gens ordinaires à éviter la passion et à suivre les nœuds de manœuvres des divers Etats par leurs S. S. = Services Secrets. Cependant même des gens de vrai journalisme acceptent de jouer aux Sherlock Holmes de ces crimes, et cherchent sans grands moyens des qui et des comment. Il ne faut pas se laisser ainsi entraîner aux "demandes" qui "attirent" comme d'autres flaques de faits divers. Le plus important est aujourd'hui simple et éclatant : il faut suivre les leçons qu'ont tirées les pouvoirs de telles manipulations et de leurs "succès". Ce que nous venons de revoir à propos de Bruxelles, c'est que non seulement la recherche de la vérité demeure misérablement minoritaire, mais que les provocations des pouvoirs S'ÉTENDENT EN MÊME TEMPS que l'égarement des foules. Dans une ambiance de folie croissante se multiplient les lois scélérates détruisant les droits à l'information, à l'expression, au déplacement ou au travail, en même temps que se répondent les fanatismes et les racismes. La réflexion a donc d'autres rôles à assumer que de se lancer dans des enquêtes sans instruments convenables — ou d'assurer en toute démagogie que la prise de conscience naturelle des masses va à elle seule sauver l'humanité de l'horreur où la précipitent les psychotiques gouvernants.

                        Les expériences d'autres Guerres Mondiales fournissent là-dessus d'importantes données. A partir de 1914 en particulier, les privilégiés pervers qui poussaient à la barbarie ont pris les leviers de commande et fait sombrer dans le désastre, bien plus souvent que les êtres de raison et savoir n'ont pu éviter le pire. Est-il alors indispensable que de nouvelles tornades de massacres se produisent, non plus par millions mais par milliards de victimes, pour que suffisamment de cerveaux songent à ce que représentent l'animalité dans l'humain, l'aveuglement inévitable chez les malheureux et le sadisme chez les dirigeants ?

                        Or là passe l'essentiel. Les hasards cruels de l'histoire prolongent ceux de l'évolution, et l'éducation réelle se fait de telle façon que chez les êtres ordinaires, même les plus enclins à tenir compte de l'expérience morale et politique perçoivent trop lentement (et à l'encontre des dressages officiels) les perversions auxquelles mènent la volonté de pouvoir et le goût de la domination à n'importe quel prix. Pour le malheur de tous, la réaction la plus commune est alors de s'écarter de "la" politique : au lieu de saisir le danger qu'il y a à laisser des fous de privilèges aux postes de commande, la plupart des citoyens se contentent de se conduire assez proprement à leur échelle, de jouir raisonnablement de la vie tant qu'elle n'est pas rendue insupportable, et de tenter de s'abriter au mieux quand l'insupportable est là. C'est cela seul qui rend compte des principales misères, parfois incroyables d'intensité, dans l'aventure de notre espèce. Jamais il n'a été aussi simple de le voir. Jamais les enjeux n'ont aussi clairement inclus la survie même de notre humanité. Jamais l'entêtement paresseux contre la connaissance, notamment la science du comportement (l'éthologie), n'a été aussi complet.
            C'est pour cela qu'on s'est résolu ici à prendre date et situer les récents crimes à Bruxelles dans la perspective éthologique si souvent répétée dans ce blog. On a évité le mot dans les paragraphes ci-dessus : mais la perspective des guerres de plus en plus effroyables, par leurs techniques comme par leur ampleur, est bien celle tant de fois déjà répétée — pour reprendre encore l'image, extraordinaire de justesse, de Lorenz dans son texte le plus important : si un astronome d'une autre planète voyait défiler un film en accéléré des derniers millénaires, il n'hésiterait pas à croire à la vie sur la Terre, mais il conclurait sans hésiter à la totale déraison dans son histoire.

                        Il n'est certes pas question d'abdiquer : il faut donc entre autres participer aux quelques soubresauts très encadrés qui par exemple agitent en ce moment la France contre la loi de destruction du droit du travail, par un pouvoir sauvage en ce moment capitalisme sauvage. Mais : entre autres. Camus disait : « si on renonce à une part de ce qui est, il faut renoncer soi-même à être ». Il ne faut pas renoncer à la vérité la plus forte sur les attentats parce que le pouvoir y remue des chiffons rouges ou verts, cherchant en même temps, derrière eux, à dissimuler et faire passer les moyens de flicage des citoyens dans leur appauvrissement accru.
            Cet effort de vérité en profondeur paraît d'abord d'autant plus déphasé que se déchaînent des poussées totalitaires (racismes, "populismes") dont un long siècle à présent multiplie les exemples, tant du côté de l'égarement des foules que de la folie manipulatoire des potentats. Mais on tient là au contraire des preuves supplémentaires de ce qu'a produit l'ignorance de TOUS, les bardés de marxismes comme les autres, du fond comportemental des dominants comme des dominés. Surtout au moment où les gens sont matraqués de mensonges pour leur faire gober des empilements amalgamant idioties patentes, appels à réflexes conditionnés et fatras variés, il faut faire voir, étudier, analyser, dépassionner et enfin raisonner : la base éthologique est ouverte à tous pour cela. En blogs, textes, discussions, débats, même dans le bruit ridicule des sonos — spécialité trop souvent syndicale — qui privent les gens de communiquer dans la réflexion jusque dans les manifs, il faut tâcher qu'au moins quelques-uns perçoivent « les ondes longues de l'histoire », et la splendeur explicative et immédiatement active de l'éthologie tend le tremplin de science dont on a trop longtemps et cruellement manqué.
            Si le plus vital à faire était facile, il y a beau temps que l'humanité respirerait librement. Alors qu'on répète et se répète : ce n'est pas facile, c'est seulement indispensable.

                        C'est plus vital que jamais.



Encore pour faire vite, la référence commode ici est le
Condensé d'éthologie politique
en trois "actuels", 84-5-6, mis en ligne sur ce blog en mai 2015 :


mardi 15 mars 2016

Actuel 97 Sans trop croire au printemps

                       Bien sûr d'abord, si ce blog est un peu laissé de côté, c'est à cause de ce qui se passe en France : si timide et tardif que ce soit, cela exige une autre sorte de participation. Mais il y a aussi des silences et prudences dictés par certaines raisons qu'on va expliciter ici rapidement.
            Dans l'ensemble des lecteurs, il en est peu pour le moment qui s'occupent d'utiliser le travail fait ici, moins encore de le recommander — tandis que, par capacités d'organisation, les crapules d'espionnage des citoyens peuvent profiter plus immédiatement de certaines analyses que la foule des citoyens mêmes. Faits, d'expérience, dont il faut bien tenir compte pour publier ou non.
            Dans le même sens, des études indispensables sont vite trop longues pour être proposées en infoscrit : le livre, ou plus généralement l'impression, demeure la forme naturelle et indispensable. Or dans le public le plus nécessaire à joindre, plus personne ne lit en ce sens vital. Comme on parlait de l'ambiance extraordinaire d'échange de textes dans les milieux progressistes au début du XXe siècle, un ami s'exclamait : "c'était leur télé, camarade !" Oui-da, en ce sens que c'était la base de communication naturelle à l'époque : mais la culture commune due à la lecture des savants, ou des anarchistes et marxistes de ce temps, avait une autre portée que les "infos" dictées par la finance et les séries télévisées. Même la Toile est loin de remplacer cette profondeur. On ne peut changer cela uniquement en poursuivant l'offre de consultation de ce blog.

                        Par contre on peut étendre ici certaines dénonciations. Notamment, quand on entend aujourd'hui des gens qui se posent en vulgarisateurs, et qui censurent outrageusement la connaissance acquise, on a une occasion remarquable de saisir les tabous du totalitarisme financier contre le plus utile à savoir et approfondir. Cela vaut bien quelques lignes.

                        Sous mille formes l'un des débats les plus anciens de la biologie, présent dans le phare de l'évolution dès le départ, est de faire la part de ce qui passe par la reproduction et de ce qui passe par l'adaptation — on y donne mille noms, pour qualifier respectivement processus génétiques en lignée d'espèces d'un côté, de l'autre côté processus en interaction plus obligée avec le reste, le "milieu". L'éthologie apporte sur ces affaires une illumination sans égale : si le comportement d'une espèce ne s'accorde pas au reste de l'évolution, elle s'éteint. Ce n'est pas un exemple qui prend place ici : c'est l'évolution entière (cf. plus particulièrement toute la troisième partie, Modification adaptative du comportement, des Fondements de l'éthologie de Lorenz). Or Lorenz n'est même pas mentionné en bibliographie, dans des ouvrages répandus à partir de tribunes enflant des "experts" sur Radio-France ! On a dit bien des fois ici quels silences infâmes empêchent de savoir des essentiels de science, éthologique en particulier, parce que ces essentiels ridiculisent les mensonges qu'il plaît aux catéchismes de présenter comme des vérités profondes. Cela va certes avec bien d'autres mutismes et tricheries sur le savoir, qui facilitent une carrière de "compétence" tamponnée par le pouvoir actuel.
            Mais c'est aussi, en deux mots, une honte.

                       C'est pareil en économie. Il y a des gens dont le fonds de commerce ou la tribune ne tiennent que par la ponte d'infinités de textes sur "la dette" — dans toutes ses expressions, car ce mot finit par recouvrir tant de choses qu'on peut aller jusqu'à y voir la source de tout le système d'argent —. En Actuel 90, mis en ligne à l'automne 2015, ce blog a rappelé avec quelque détail sur quoi fonder l'économie scientifique, à partir de ce qui s'est assuré depuis deux siècles : le fondement de tout échange démocratique, à toutes échelles, ne peut être trouvé que dans le contenu de contribution sociale positive, dont la première approximation est la durée du travail nécessaire à la création du "bien". Au contraire, toute exigence viciée par un calcul monétaire (ou autre "valeur" de définition aberrante) revient à un vol, comme toutes les "dettes" imposées à tous les pauvres, êtres ou groupes.
            Il faut en dire un peu plus, au moins pour le long terme. Dans le vol par les riches — êtres ou groupes — il y a eu notamment l'esclavage, sur de longs siècles. Il ne suffit donc certainement pas, par exemple, de "payer" en 2016 le coltan africain (production primaire, extraction et transport) en heures de travail équivalentes de l'Europe : certes ce serait un progrès énorme, mais c'est faible vis-à-vis de ce qu'il faut. De même, la restitution des biens à l'intérieur d'un pays, en direction des véritables créateurs de richesses, ne saurait faire oublier les crimes que les brigands de féodalités ou finances ont commis, et les accaparements dont leurs "héritiers" génétiques ou choisis prétendent être "propriétaires". Cela dicte beaucoup de choses à propos de ceux qui se réclament du "droit" correspondant (droit dit sacré, parbleu, comme tout ce qui est injustifiable). On ne peut certes pas tout corriger de la barbarie historique, ni en charger seulement ses représentants actuels : mais il y a de quoi faire, en tout humanisme et toute démocratie, en termes de réparation, et ces quelques lignes valent bien des volumes sur "dettes" et Cie.


                       Laissons : la rue appelle. Comme déjà répété, si les progressistes ne parviennent pas à susciter la révolution, les réactionnaires s'en chargeront : en ce moment, les P S = Pseudo-Socialistes font très fort en ce sens, et il faut  en profiter.