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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


lundi 17 novembre 2014

Fond 7 Marxisme, rempart de la réaction


Gênes des foules.
Il y a la peur de s'écarter de la tradition, et de l'investissement affectif parmi des voisins de Parti ou d'Eglise, dans les religions dialectiques comme dans les plus anciennes. Il y a les obstacles et menaces extérieurs, comme par exemple : chaque siècle donne plus clairement conscience aux chefs et brutes qu'il vaut mieux laisser dans le silence et l'obscurité ce qui, trop public, deviendrait sonore et lumineux aux yeux de beaucoup — il est bien plus confortable aux prêtres, prêcheurs et traîtres d'étouffer le débat et de maintenir les litanies.
Ces choses-là s'enracinent dans la longue, barbare et sinistre part de l'évolution propre à notre espèce. Que l'on tâche de se représenter ce qu'il a fallu d'audace et de martyrs pour que, très lentement, au bout de centaines et de centaines de siècles, quelques esprits parviennent à faire entendre autre chose que les psalmodies terrifiantes et terrifiées des mages, sorciers et chamanes. Le culte-terreur des morts, et de la mort, et de la nature, est partout dès l'épouvantable aube humaine, dans les cavernes et dans la tête des cavernicoles ; la technique balbutie en outils primitifs, de fabrication elle-même figée par des rites, pendant des millénaires, n'avançant souvent qu'au prix de la destruction d'une forme de sauvagerie par une autre. Des déclarations franches de science et de raison n'apparaissent craintivement — et sous quelles répressions ! — que depuis l'hier de notre espèce : ce qu'on a appelé les Lumières après le XVIIIe est simplement l'aboutissement jusqu'en philosophie et affaires humaines de la constatation courageuse, par la méthode expérimentale enfin clarifiée.
Or là-contre, la revanche de la prosternation mentale et des hâbleries insaisissables de confusionnismes, avec la Terreur blanche imposée à coups de fouets et de meurtres par les sadiques oppresseurs, a été à la mesure des espérances que les peuples avaient cru voir pour toujours naître et se propager. Sur le plan de la prétention à la synthèse, cette prosternation mentale et ces hâbleries insaisissables de confusionnisme portent un nom : Hegel. Et dans les milliers et les milliers de pages d'œuvres de Marx, Hegel est partout — Galilée et Diderot, nulle part — ; la dialectique est partout — la méthode puis philosophie expérimentale, nulle part — ; la prétention à la science, partout — la science dans sa réalité, son ensemble, son histoire, nulle part —.
Dans la faiblesse ou la nullité scientifique de bien des auteurs, la monstrueuse escroquerie hegelienne a pu se propager avec la disjonction si fréquente dans les cerveaux entre raison humaine et férocité animale : d'un côté, très progressiste, la volonté de mieux vivre et l'évidence des potentialités techniques — agricoles, industrielles ou médicales — exaltaient les plus belles espérances ; mais de l'autre côté, la psychose de pouvoir chez des opprimés mêmes a vite trouvé ce qu'elle pouvait tirer à elle, en tressant ensemble ces espérances et un nouveau Verbe religieux : la dialectique. Ainsi s'est propagée cette contradiction dans les termes qui s'appelle matérialisme dialectique — le (ou les) marxisme(s) —. Ce simple schéma, et ses suites hélas aussi catastrophiques qu'actuelles, ne demandent qu'à être vus dans la réalité de l'histoire. Mais il faut oser, étudier et réfléchir, ensemble rare — et puis la démonstration peut apparaître délicate : il faut creuser pour retrouver les repères flagrants, enfouis sous des tabous et propagandes en logorrhées.

Le plus fort et le plus simple peut-être est de lire l'opposition entre vérité et dialectique.
C'est le propre de la vérité que d'abord tous ceux qui ont eu la chance de s'instruire la reconnaissent et qu'ensuite tout le monde finit par en faire autant — non sans débat certes, et contre des procédés politiques d'une rare violence et d'une criminelle sournoiserie —. Ainsi en présentant le système solaire, Philolaos et Aristarque (le Samien) voulaient autant provoquer que faire savoir : mais enfin cette affaire était claire pour tous ceux qui acceptaient de voir depuis près de deux millénaires, quand l'Eglise a trouvé les moyens de récupérer la découverte — au moins pour "l'histoire" des manuels — sous le nom d'un lâche ignare de ses prêtres, Copernic. Cet exemple, toujours aussi mal connu il est vrai, donne son échelle véritable à l'affirmation qui ouvre ce paragraphe : la vérité ne peut manquer de devenir, grâce à son universalité humaine, à peu près acquise et irréversible fût-ce après une lutte de quelques siècles contre les crimes des pouvoirs.
Dualement, à l'opposé de la vérité et en conformité avec les autres religions, l'histoire des marxismes est celle de leurs violences et de leurs scissions : l'impossibilité pérenne d'un accord traduit l'impossibilité de parvenir à une vue commune, une vérité, reconnaissable par tous. Cette impuissance absolue, cette incapacité à la vérité, c'est la marque théologique de la dialectique. Elle est esprit de scission, schizophrénie de base, universellement présente dès la première Internationale (au delà même des marxismes : Bakounine aussi était dialecticien, au sens simple et précis d'admiration pour Hegel et d'ignarisme scientifique) ; elle éclate encore à présent partout dans les ridicules des disputes et des groupuscules d'extrême gauche ; entre-temps, elle a alimenté les crimes de Staline et Vychinski, elle a fait éjecter du P"C"F le grand biologiste Prenant à propos de Lyssenko comme Charles Tillon à propos du rôle (de l'absence de rôle) de Thorez en Résistance, elle a largement paralysé la science puis la technique en Union Soviétique de Jdanov à Souslov — simples traits au hasard de la plume : partout, toujours, la dialectique a été un moyen des étrangleurs de liberté, de vérité, de science. Partout, toujours, la dialectique a été le levier de pouvoir d'un clergé bureaucratique de parasites fermement résolus à ce que le Parti commande "aux fusils" — en réalité commande aux techniques, commande aux révoltes, commande à tout, total totalitaire, avec le résultat qu'on a pu voir de gaspillages assassins laissant les progressistes exsangues tout au long de la révolution soviétique ou de la Seconde Guerre Mondiale ou des soubresauts de décolonisation : liste sans fin, que chacun peut allonger tant qu'il lui plaît, et que tout demeuré marxiste refusera indéfiniment de voir.
Qui après cela peut nier l'identité de fond, en volonté de pouvoir, qui fonde les prétentions magiques, religieuses et dialectiques ? Il faut avoir le courage de répondre : tous les mages, religieux et dialecticiens, puis leurs adeptes, et cela fait du monde. Marxisme n'est que rempart, des derniers en date mais le plus actif parmi les progressistes mêmes, de la réaction.

Enracinée par exemple dans une de ses lignées de Thalès à Ibn Rushd, la véritable philosophie est à l'affût de connaissances et non de systèmes et Verbes. Elle a sondé la vacuité des présomptions de Descartes et davantage encore de Pascal ou Spinoza après le bouleversement galiléen. Elle a lentement mais sûrement accepté de se comprendre, comme toute connaissance, comme obligatoirement expérimentale, donc d'écouter Diderot la fondant enfin comme telle. Elle ne peut plus cesser de se construire en synthèse attentive et pratique des connaissances en vue des affaires humaines, donc face aux questions et désirs qu'elle doit poser. Elle doit reconnaître comme cratophiles, amoureux de pouvoir et non de savoir, aussi bien Kant que Hegel, et longtemps après eux l'insolente vanité de pédants n'ayant lu que d'autres pédants, tous écartant surtout la science et bien souvent l'histoire réelle : comme tant de Heidegger jusqu'à hélas Sartre, honte, pourfendant dans sa jeunesse tout ensemble science et morale pour finalement s'aventurer en bout de vie à la morale — qu'un Camus, lui, n'avait cessé de réclamer —.
A l'opposé de la philosophie enfin assise de raison et science, au départ du renouveau de verbiage égarant au service des pouvoirs, il y a Hegel : se vautrant dans le refoulement de l'Encyclopédie offerte par Diderot ; léchant les bottes des assassins de la Sainte-Alliance ; puis aidant leurs sbires (dont Royer-Collard et Victor Cousin) à imposer dans les universités des crimes contre l'humanité de la volée de sa "Science de la Logique". Diderot et les siens accumulaient, eux, les contenus, les exemples, les données, les documents, les résultats, les procédés, les méthodes, les faits, les réalités et les accès aux réalités : au contraire, suivant la recette éternelle des tenants du mensonge et du Verbe de pouvoir, Hegel l'immonde recourait à l'affirmation de synthèse par la pensée pure, en fait le traitement par allusion verbale sans contenu jamais défini — ce que les saligauds de nos universités appellent, encore aujourd'hui, conceptualiser. On peut ouvrir Hegel à peu près à n'importe quelle page et y retrouver en obsession ces procédés pour noyer tous les poissons en marées de blablabla. "Phénoménologie de l'esprit" voire "philosophie de l'histoire" sont ainsi ramenées à des amas de faussetés ou mensonges proférés dans tous les domaines, ou plus simplement et généralement à des non-sens en mots sans fin. Il ne peut être question dans un article de refaire un échantillonnage assez étendu d'horreurs, une démonstration un peu complète de tels cumuls absurdes. Mais s'il faut ramasser en un seul exemple, peut-être le mieux est-il de saisir la suffisance et son dévergondage dans la phrase où Hegel ("Science de la Logique") déclame que la philosophie "ne saurait tirer sa méthode d'une science subordonnée comme les mathématiques". Cette inimaginable insolence ne peut être directement comprise aujourd'hui dans la réalité de son temps : il faut des explications, historiques et délicates. Mais l'affaire en vaut largement la peine.

Dans leur histoire réelle — le contraire des mensonges que les hegeliens bourbakistes ont forgés au XXe siècle —, les mathématiques n'ont cessé d'être expérimentales, à tous les titres, et bien sûr comme la logique elle-même.
Ainsi les petites bourses des temps "préhistoriques", qui permettaient aux bergers de vérifier que toutes les bêtes étaient rentrées au bercail en y rangeant un caillou pour chaque animal revenu dans l'enclos, étaient étonnamment restreintes : on imaginerait pourtant qu'en utilisant, pour correspondant à chaque animal, un doigt au lieu d'une pierre, un pâtre pourrait compter aisément au moins jusqu'à dix. Ce n'était pas le cas. Voilà malgré quelle histoire réelle des découvertes la fatuité insondable et stupide d'un Kant fait de la notion générale de nombre entier (voire de toute la géométrie et de toute l'arithmétique "élémentaires") un "a priori" !
Mais plus précisément au début de ce XIXe où parlait Hegel, donc bien après la "préhistoire" : depuis Galilée et largement avec Euler encore, naturellement aussi dans la mentalité d'un Gauss, on rangeait en sciences mathématiques les mécanique et physique théoriques, dont le caractère expérimental était sans cesse conforté — jusqu'aux balbutiements de l'électromagnétisme avec Cavendish et ses héritiers, dont Gauss lui-même, c'est-à-dire à lui seul une part énorme de la physique et des mathématiques du XIXe siècle, quel siècle !
C'est contre cette leçon fondamentale, évidemment, que s'insurge Hegel en écartant les mathématiques, "science subordonnée", de l'exigence proprement philosophique : foin de la réalité, foin de l'expérience ! Il faut que règne comme Vérité révélée un principe de Verbe, moyen de pouvoir, fondement de clergé, aliment de bureaucratie vaticane ou kremlinoise. Et c'est cela qu'avalise Marx. C'est cela qui fonde les marxismes. C'est cela qui insinue le ver hegelien dans le fruit communiste. C'est cela qui fait le rempart de la réaction. De là, demain Staline, et surtout, et pour bien plus longtemps, la fraude qui prétend ranger sous l'autorité de permanents du Parti-Eglise la diffusion dans le peuple du savoir, du savoir, suprême recours des êtres et des peuples dans la lutte pour la vérité, la liberté !
Le succès même de Marx, son enfermement en prophète, a fait l'énormité de la faute : elle est donc loin d'être seulement la sienne. L'histoire établira peu à peu ce qui est de sa responsabilité, et ce qui en revient à l'horreur d'ambiance de la Sainte-Alliance, à Hegel en particulier, et à l'état peu évolué de l'humanité : spécialement à des militants avides de pouvoir à leur tour, beaucoup plus que de l'idéal dont ils prenaient prétexte. La caricature dogmatique des marxistes avait ses germes dans les ignorances et les prétentions de Marx : mais il n'en est certes pas seul coupable. Ses achèvements en affaires de lutte contre un héritage religieux étouffant demeurent à son actif — même s'il n'a pas su voir et restituer à la Renaissance et aux Lumières ce que leur devait le progrès humain, même s'il n'a pas perçu que se rapporter à l'histoire (et donc à un anthropocentrisme) n'était pas assez pour sortir des mages, même si sa fascination pour l'économie était elle aussi la traduction d'un faux matérialisme —. Il y a une grandeur de Marx : il n'y a plus que de l'abaissement dans les marxismes. Il faut voir et savoir le parcours, d'un essai dont une part était espérance, à une fin d'aventure qui n'est plus que déchéance.

Quel essentiel reste-t-il à dire ? Peut-être ceci : il n'est guère possible de faire mesurer l'absurdité, d'un marxisme ou d'autres religions, sans faire voir le lien intime entre refus de réalité et incohérence puis dispute et guerre. L'intrication d'irréalisme et d'aberration d'abord logique est aussi inévitable que celle d'oppression et de mensonge, ou de domination politique et de violence : à vrai dire ces liens sont d'autant plus intimes et forts que les irréalistes, les oppresseurs, les fous de domination, sont des suragressifs trop heureux de fournir des incitations à l'exercice de leur violence, or l'exhibition de fausseté ou d'insensé ne peut manquer de susciter de naturelles, farouches et justes résistances. Incessante contre Eglises comme contre Partis, la lutte pour la vérité continue : elle a traversé les marxismes.
La prétention agressive de Marx
– son inculture de fond (Hegel et Comte comme références mathématiques ! et d'Alembert, Euler, Lagrange, Cauchy, Gauss etc. ?)
– sa formation monothéiste
– son vice d'anthropocentrisme ramenant l'homme à l'homme par le prétexte d'histoire
– son incompréhension absolue du nécessaire excentrement de l'humanisme, par le replacement de l'humain dans le cosmos — dont : le biologique et le passé de horde de notre espèce —, et par là dans la suprême indifférence des choses
– son "matérialisme" qui tolère l'affectivité des atomes de Démocrite et le retour à la pseudo-philosophie par le jeu de mots où le Verbe finit inévitablement par remplacer la définition réaliste
– sa maladie de théologisme, téléologisme, finalisme, messianisme prolétarien — un avenir radieux serait inscrit dans l'histoire et d'avance prêt pour l'humain, alors que rien ne l'est, tout est à faire et à construire : ce qui plaît beaucoup moins aux foules et facilite terriblement leur enfermement dans l'écoute des promesses des démagogues, dans la paresse et dans le malheur —
formes variées, mais toutes monstrueuses, de la même incohérence. Marx n'est pas réaliste — ni "matérialiste", ce à quoi les défis verbaux d'Engels n'ont rien compris non plus — : Marx est tenant, comme philosophe, du Verbe et non du fait. Au début de l'histoire de son œuvre, ce qui vaut d'économie réelle et de colère contre l'oppression passe encore avec quelque force : avec le temps, le catéchisme et la répression de la science étouffent tout.
Nous en sommes là. Des schémas primitifs — dès le départ dangereux, aujourd'hui ridicules —, porteurs d'échecs répétitifs et pérennes, la "lutte des classes", l'imaginaire "prolétariat international", sont les litanies obsessionnelles des aventuriers de syndicats et d'infiltrations au service de collaborations dominants-dominés : la seule classe à exister réellement est celle des dominants, les autres sont délimitées et manipulées par eux, surtout les classes médiocres dites moyennes,  ainsi et les luttes pour la démocratie et la science, au lieu d'être actualisées, sont malades. Manipulant alors les foules par leurs media affinés de science du comportement, les brutes peuvent, dans le fourvoiement impuissant des opprimés, doser à plaisir l'automatisation et entretenir l'aspiration à être esclave pour gagner sa croûte : le travail humain musculaire est en passe de devenir complètement inutile, des travaux même liés à des contrôles cérébraux ne sont pas loin de l'être à leur tour — mais on recrute en nombre des traîtres dits bureaucrates et commerciaux. Par là, la référence marxiste arriérée, économaniaque, oblitérant le plus politique, est le plus bel égarement dont puissent rêver les oppresseurs.
Ainsi, tandis qu'on n'embauche plus que quelques ouvriers mais des masses de vendeurs, de parasites ou de collabos, partout dans notre siècle, partout dans notre monde, ce qui vaut d'êtres et de peuples expire massivement sous les robots, les armes et les media asservis à des pervers de la domination à n'importe quel prix : car ceux-là laissent leurs savantes putains s'amuser en liberté à des techniques toujours raffinées de crimes et de dévoiements. Tranquilles les oppresseurs, qui encouragent et récompensent leurs Nobel : ils savent qu'ils n'ont rien à redouter de concurrents dialecticiens, aussi fermement résolus que de puants dictateurs à marginaliser les paroles de vérité et savoir dont, au service du progrès, la survie humaine a tant besoin.
Le plus splendide cadeau à la réaction dans l'Ecole moyenâgeuse fut directement sa scolastique à travers Aristote — haine spéciale de Galilée et grande admiration de Marx —. Le plus splendide cadeau ensuite à la réaction, indirectement par rebond chez les progressistes mais avec autant d'efficacité, c'est le marxisme.
Marxisme, rempart de la réaction. Il faudra bien ou qu'on en crève, ou qu'on en sorte.


Pour d'autres références, on peut consulter en particulier
et parmi les autres textes sur le même blog "Actuel 68", ainsi que divers articles parus ces derniers temps, dont
Une synthèse en livre — "Les hordes de l'ordre" — a tenté en 2010 un tableau des plus dangereuses ignorances actuelles en science et histoire.

lundi 3 novembre 2014

Actuel 71 Rémi Fraisse


Ça tombe bien, en somme :
le gentil tueur JNR de Clément Méric vient d'être libéré (avec des contraintes terribles il est vrai : il lui est interdit, pour plusieurs semaines encore, de quitter son département de résidence)
tandis que l'inquiétant écologiste Rémi Fraisse a été assassiné par les gendarmes voici quelques jours du côté du barrage de Sivens.
Le terrorisme d'Etat accompagne ainsi celui des entreprises contre les syndicalistes qui font leur métier : la mobilisation policière de l'armée se poursuit en paix et en silence, le président élu pour changer la face des Etats-Unis met en route une campagne de réhabilitation des bombardements par agent Orange au Viet-nam qui continuent à produire des enfants congénitalement déformés, mal ou non viables, et le président élu pour changer la face de la France a choisi le premier et les autres ministres pour exalter encore la maladie sécuritaire et rassurer "les marchés" dans une misère explosée.

Nous vivons dans un négationnisme perpétuel de tout ce qui importe, et c'est cet ensemble de mensonges odieux, d'actes et d'interprétations vicieux qui est appelé actualité dans les canaux de propagande et publicité du capitalisme. Comme le montre la connaissance historique et spécialement éthologique, la répétition en litanies fonctionne aussi bien en catéchisme qu'en matraquage télé-audiovisuel, et les foules fascinées et abruties intériorisent les discours du pouvoir au point de servir de relais à l'asphyxie répandue partout : au point d'avoir honte d'oser croire aux faits. Les meurtres d'Etat peuvent donc se succéder désormais à rythme accéléré : tout le monde sait que le tir tendu de grenades lacrymogènes est interdit, et tout le monde sait sans rien faire que les gendarmes s'amusent à viser les manifestants et sont pour cela protégés sans faille — faut bien que les hordes de "l'ordre" s'amusent un peu : on les laisse agir ainsi, quand on ne les y pousse pas — ; tout le monde voit que la loi n'est appliquée que quand elle est un prétexte utile à la répression de la démocratie, jamais quand elle prétend s'attaquer aux mafieux banksters blanchisseurs d'argent sale (le gouvernement pseudo-socialiste a encore réduit les crédits de l'Office central de répression de la grande délinquance financière) ; des Peugeot diminuent leurs investissements dans l'industrie automobile et y massacrent les postes parce qu'ils ont constaté que le jeu fiscal dans les paradis du même nom leur rapporte davantage que la vente de véhicules ; après quoi on laisse dire à des dévergondés patronaux ou journaleux que c'est pour créer de l'emploi, et aux marxistes qu'il faut rassembler les forces du cadavre d'une classe ouvrière morte depuis cinquante et surtout quarante ans,
et alors ?

Les progressistes ont désormais à leur disposition la compréhension directe de ce que représente l'agressivité dans l'espèce humaine, cependant beaucoup approfondissent la lecture de Marx ou de la Sainte Bible ou du Coran, et même audacieusement parfois ils adhèrent à un syndicat plus ou moins pourri. Mais faire ce qu'il faut — oser, étudier, comprendre, montrer, diffuser, propager la connaissance nouvelle — ces érudits n'ont pas le temps, jamais.
Les textes de Bakounine, aussi vides de moyens d'action que ceux de Marx, divaguent chaque jour plus clairement, depuis un siècle et demi, dans le verbiage impuissant. Au contraire, à l'évidence les découvertes de Lorenz s'imposent à tous : présentes de toutes façons dans les hurlements de l'expérience, elles sont hélas utilisées dans l'action des manipulateurs de CIA-MI5 et 6, comme dans les présentations assénées par écrans ou haut-parleurs. Mais il est bien plus simple et apaisant d'inventer le mot de "politiste" pour se donner les apparences de critique en sciences sociales que de critiquer réellement le verbalisme impénitent de nombreux sociologues, et leur incapacité à comprendre les sociétés humaines à partir des données sur les primates...
Au fait, avez-vous remarqué que l'audacieux et profond hors-série du Monde Diplomatique, intitulé "Manuel d'histoire critique" en toute modestie, ne mentionne
– ni l'assassinat de JFK
– ni les attentats du 11 septembre 2001 (sauf en deux ou trois photos, qui à elles seules disent tout, c'est sûr !)
ni surtout le lien entre ces évènements, centraux dans les manipulations dont a besoin le pouvoir réel pour augmenter d'un côté les budgets militaires pathologiques et de l'autre les coupes sombres dans les contributions de "l'excès d'Etat" qui impose encore des écoles et même quelques hôpitaux publics ?
Eh quoi ! Vous ne voudriez pas que des journal-eux qui se disent -istes de cette volée prennent le risque de se déshonorer en "conspirationnistes", tout de même ?

Simple question, pour résumer là-dessus la "démocratie" planétaire : combien de temps va survivre la députée ukrainienne qui, depuis la tribune de son parlement, a osé dire au gouvernement local de néo-nazis et assimilés ce qu'il fait dans le Donbass (et partout où il le peut), pendant que les crotales diplomatiques et médiatiques de US-UK-UE vibrent et sonnent à tout rompre ?
Que tout ça vous enseigne à vous taire !

mardi 14 octobre 2014

Actuel 70 Luttes et guerres, toujours


A-t-on quelque excuse à oublier de répéter le plus évident ? Voici quelques semaines, Actuel 68 cherchait à montrer les mécanismes éthologiques qui conduisent aux guerres de toutes sortes : et il n'y est dit nulle part que les hiérarchies les plus fortes et les plus exemplaires des conflits humains sont dans les armées et les Eglises, chez les prêtres et chez les guerriers. L'animale fierté de parade et de situation dans la horde, puis les débauches d'agressivité permises par la force de groupes disciplinés, sont revendiquées avec une ferveur particulière sous les uniformes et par les membres de ces institutions : ces troupes et troupeaux qui bien sûr ne manquent pas de protester d'être humbles serviteurs et ouailles.
Ainsi les ancêtres espagnols des nazis, en Amérique fraîchement ouverte à leur syphilisation, brûlaient vifs, plus ou moins sadiquement et lentement, les indigènes par groupes de treize afin d'honorer Leur Seigneur Christ et ses douze apôtres : ce qu'on ne rappelle peut-être pas tous les dimanches aux messes, mais qui n'est pas le moindre fondement des succès de l'Occident chrétien.
Ce sont justement deux relectures — Howard Zinn et sa courageuse tentative pour une "Histoire populaire des Etats-Unis", puis de là le retour au texte fondateur de Las Casas sur la "Destruction des Indes" — qui ont fait revenir ici à l'horreur centrale de l'aventure humaine. Ce qui suit n'est pas méchant reproche, mais incitation à de nouveaux courages : on va tenter d'expliquer que Zinn, à partir de l'intention plus que louable de réveiller les mémoires, a tendance à idéaliser les opprimés — en particulier il veut voir, dans les civilisations anéanties, de moindres tendances à la cruauté que chez les trop fameux conquérants et bourreaux —. C'est compréhensible et généreux, mais ce genre d'ignorance éthologique fait beaucoup de dégât aux plus justes causes : voilà ce qu'on veut préciser ici.

Les gens qu'on traite aujourd'hui de précolombiens, c'est-à-dire ceux qui vivaient de l'autre côté de l'Atlantique avant Christophe Colomb et les débarquements de sauvages chrétiens, étaient aussi humains, c'est-à-dire d'abord inhumains, que les plus fraîchement arrivés. Par simple exemple, mais qui en dit long si on réfléchit à ce que cela représente d'élaboration de pulsions animales dans ces zones comme partout : c'était une coutume répandue d'arracher le cœur de très jeunes filles encore vivantes, choisies parmi les plus jolies, avant de les écorcher pour que les prêtres préposés à ce charmant sacrifice dansent sous leur dépouille et permettent ainsi (juraient-ils) les renouveaux saisonniers. C'était donc, on le voit, pour le bien et au service de la communauté : nul n'imaginerait que le printemps se fasse en quelque contrée que ce soit sans ces doux rites.
Toutefois, il serait éthologiquement souhaitable que quelques personnes se figurent les tragédies que devaient vivre de telles jeunes filles et leurs sœurs, surtout les plus séduisantes, s'il arrivait qu'elles soient confrontées au choix, soit de laisser les bons prêtres les utiliser pour leur plaisir, soit d'accepter d'être élues pour le massacre. Certes et que cela soit bien dit, ni les mésaventures des malheureuses bâtardes comme les filles de Galilée, ni les contes et leçons d'histoire de Voltaire entre environ cent mille millions d'exemples, ne sauraient conduire à quelque rapprochement que ce soit avec les procédés par lesquels s'est ancrée la catholicité : et d'un autre côté ce n'est là sans doute que questions sans intérêt, pour les profonds savants qui expliquent tout de l'histoire par les confrontations de classes dues aux nécessités de la production.

Bien entendu, il n'a pas manqué d'étudiants attentifs aux sociétés anciennes des actuelles Amériques. Mais trop souvent, malgré les faits et les documents de papier ou de pierre, ils ont souligné l'absence fréquente de propriété privée et déclaré que, si les Européens imitaient la sagesse des anciens habitants de ces régions, ils connaîtraient la paix et la prospérité perpétuelles : Zinn le rappelle avec tant de complaisance qu'il est bien difficile ensuite de ne pas imaginer des tableaux dénués de guerres, ou du moins avec peu de pertes humaines, dans l'histoire en cause. Or il est éthologiquement parfaitement évident, et toutes les archéologies ne manquent pas d'attester, que les guerres sévissaient là-bas comme ailleurs, et que comme ailleurs elles ne s'arrêtaient ou n'avaient quelque limite parfois, que quand une extinction complète des populations locales par elles-mêmes était assez menaçante, ou se réalisait. Les leçons de la Grèce antique et de ses entours (comme de la totalité planétaire) ne sont guère différentes. Bref et pour la millième fois, les capacités à s'entretuer et produire n'étaient pas les mêmes partout, mais partout, à partir de l'agressivité naturelle, pour faire hiérarchie les dominants ont fait guerre autant qu'ils ont pu, et c'est cela qui fait le fond de toute histoire — plus terrifiant et plus actuel que jamais. Il est plus que plus que temps d'en prendre conscience.
Donc : non, à vous Zinn et à d'autres, d'intentions plus ou moins bonnes, il n'y a pas de bons sauvages, et ce qu'on nomme civilisation jusqu'ici ne vaut mieux que dans des Déclarations de droits aussi ronflantes qu'encore peu appliquées, servant bien souvent de devantures, d'hypocrisies et de prétextes à des barbaries plus féroces que tout ce que le passé a fait connaître — parce que l'essentiel agressif de l'humain n'est pas saisi, puis éduqué comme on en a pourtant enfin les moyens.

L'issue, claire et incontestable, avec tout ce qu'elle demande de courage immédiat et à terme, c'est la prise de conscience et l'action qu'elle entraîne si elle est assez nette et complète. Il est vrai que les mots dont ils n'ont pas l'habitude font ricaner les ignares et les stupides, or éthologie n'est pas un mot à la mode, et il ne s'agit que de science du comportement (ethos en grec) : très curieusement pourtant, il en résulte que l'éthologie politique est science du comportement politique — mouvements de foules dont guerres, luttes sociales, capacités à répondre aux propagandes des religions comme des media, votes et autres : bref une paille.
Qu'est-ce que cela représente, vis-à-vis de fêtes qualifiées d'éternelles et en fait seulement instituées par des siècles de violence oubliée, comme Noël ou Pâques, les Aïds et plus généralement les bonheurs en cérémonies de toutes les fois, de toutes les liturgies, de tous les Verbes de pouvoir, de tous les textes sacrés et consacrés en catéchismes et dialectiques ?

mercredi 10 septembre 2014

Actuel 69 Punir les justes



Punir les justes et récompenser les brigands
Principe actif du totalitarisme financier se disant libéralisme


L'ordure règne. D'un côté, par des institutions et propagandes de tricheries et dévoiements, le totalitarisme financier espionne et couvre d'opprobre, diffame et calomnie tout démocrate véritable, toute tendance d'être ou de peuple humainement aboutie, et toute valeur de cohérence logique ou morale, vérité, liberté, justice : le pouvoir de fric ne cesse d'écarter, de menacer, de punir, quand il le peut de tuer, les audacieux et les révoltés qui dénoncent ses turpitudes et ses scandales — ceux qui sont les tenants des vrais droits des gens et non des juridismes de ses écrivassiers —. De l'autre côté, il exalte, il magnifie, il galvanise, il déchaîne, il récompense, les charognes perverses dont il fait ses dirigeants et ses flics, au service de la maladie de fond dont le système d'argent est seulement le vecteur actuel : le sadisme qui va avec le vice de domination à n'importe quel prix, l'asservissement psychotique à la pulsion animale d'agressivité, quitte à dévaster la planète et la vie.
En ce moment hélas, peu de citoyens disposent des moyens de comprendre l'identité de fond par exemple du texte sur la "doctrine Kitson"
et de l'analyse ci-après. C'est pourtant la même lutte contre les déviants suragressifs, qui à partir des mêmes bases scientifiques et notamment éthologiques met cette fois l'accent sur les traits de comportement et surtout de contagion sadiques.

Titre 1. A. L'analyse de la suragressivité est certes sinistre mais, plus encore, indispensable. Or bien que beaucoup éprouvent l'énormité et la perversité des formes actuelles de cette maladie, les refoulements du fonctionnement psychique et les censures des hiérarchies en place s'activent et convergent contre la prise de conscience nette des forces en action : presque personne encore ne fait appel à la connaissance psychanalytique splendidement étendue par Konrad Lorenz. Prudence, sentiment d'impuissance ou lâcheté : en particulier lorsqu'on leur fait remarquer que, comme disait Einstein, la violence (en général le pouvoir) attire les hommes moralement inférieurs, même des psychiatres se contentent  de hausser les épaules et de déclarer qu'il en a toujours été ainsi.
Si on veut sortir de la situation présente, il importe au contraire de situer les parvenus mafieux-politicards parmi les déviants de la pulsion mentale la plus puissante, loin au-dessus de la sexualité (ce que Freud n'avait pu apercevoir). Il faut démonter la tare psychique qui les anime et ainsi surmonter, en eux et chez les autres, les barrages des refoulements (dont Freud avait aperçu l'épaisseur et la profondeur d'ancrage). Ce sont là des conditions indispensables pour enfin permettre la construction d'une société véritable, véritablement humaine. Les êtres et les peuples crèvent en masses aujourd'hui d'idéalités figées et venimeuses, simples traductions de l'animalité dans l'humain, et l'humanité presque entière se range dans des religions et idéologies passéistes, héritées des ignorances antiques et solennelles — alors qu'il faut se presser d'utiliser les connaissances de ce qu'il y a de plus haut et de plus juste dans le commun héritage, alors que les Verbes de pouvoir, théistes ou dialectiques, avec leurs litanies sur les dieux-ou-destinées omnipotents voire omniscients (ce qui est un comble), ne sont que les traductions de la soumission pérenne au malheur et aux catastrophes naturelles.
Bien sûr ce n'est pas la soumission qu'il faut : c'est l'affrontement expérimental qui a déjà donné tant de moyens pour prévenir et guérir. Il urge d'en finir avec les fous au pouvoir.

1. B. Pour cela il faut d'abord se référer aux quatre moteurs psychiques de base, chez l'humain : subsistance, préservation, sexualité, "agressivité". Leurs associations en programmes de comportement sont élaborées par les gènes puis, très largement dans l'humain, par les circonstances et déroulements dans l'histoire. Cela donne des caractères individuels aussi variés que les formes de vie — toutes, pourtant, dues à quatre nucléotides, base unique de tous les ADN et de tous les vivants, des bactéries aux arbres comme aux mammifères —. Mais en l'absence encore presque complète d'éducation-instruction très humanisée, ce ne sont pratiquement que les confrontations obligées aux réalités, aux autres êtres, qui agissent : comme ces confrontations ne peuvent laisser libre cours aux quatre moteurs en cause, les refoulements indispensables à la survie sociale se produisent dans un hasard d'histoire aussi atroce que celui de l'évolution (où les contraintes du milieu ne laissent pas non plus survivre n'importe quoi). Cela fait de l'histoire la simple suite de l'évolution, presque aussi absolument barbare jusqu'ici, car l'humanisation par la raison est un processus lent, douloureux, difficile : mais la prise de conscience éthologique peut infiniment en accélérer et améliorer le déroulement, en réduisant la tendance vicieuse de domination à tout prix à ce qu'elle est — une maladie due à un développement incontrôlé et pervers de l'agressivité.
Contre cette nouvelle espérance hélas, non seulement cette prise de conscience est par nature très différente de la prosternation devant des dieux, des icônes et des traditions qui furent parfois des stades de révolte, mais tous les tenants actuels des dieux, des icônes et des traditions qui furent parfois des stades de révolte s'y opposent avec la dernière violence. Les tenants de la Thora très précisément comme ceux de la dialectique, ceux de la méditation bouddhique comme les papistes ordinaires, oublient leurs haines et guerres incessantes et retrouvent un étrange accord parfait majeur pour éliminer par tous moyens, et en toutes formes et occurrences, les pensées et les gens porteurs de la science, de la morale et de la synthèse qui ridiculisent leurs sectes. Ils veulent l'aveuglement : la "foi" — l'installation dans leurs refoulements vicieux, le confort suprême pour lequel ils acceptent de braver la mort et même la torture ; et tous brandissent que c'est la preuve de leur vérité.

1. C. Humainement au contraire il faut, à partir de la prise de conscience éthologique, lire les grands traits de l'histoire et de la situation actuelle sur la planète. Encore une fois, certes la nature dans son déroulement se moque des souffrances et des maladies, et il en est presque de même jusqu'ici de l'histoire : mais il y a eu déjà des révoltes et des constructions victorieuses, la plus resplendissante étant l'effort enfin un peu ancré d'une éducation et d'une instruction réelles, basées sur ce qui est le trésor commun à toute l'humanité, pour tous les enfants du monde. On est encore très loin, c'est vrai, de laisser aux enfants la liberté de se nourrir convenablement, corps et âme. Mais enfin malgré les catéchismes et colonisations, il commence à passer quelque chose de vraie richesse, alimentation, science et morale (de mieux en mieux identifiées), et cela suffit amplement à montrer la bassesse des découragements : car voici une dizaine de générations à peine, on ne pouvait imaginer de soigner et de guérir de toutes maladies, y compris sociales et politiques, comme on commence à savoir le faire, et comme il est en notre pouvoir de l'améliorer mille et mille fois.
Voilà le plus juste, le plus profond : le plus concret, que les malades trouveront abstrait et qui est pourtant la base de tout ce qu'il faut voir et faire. A partir de cette base seulement il est temps de dire ce qu'il faut voir et faire.


Titre 2. A. L'héritage animal fait par exemple que les êtres humains eux-mêmes sont, en l'absence d'éducation, attirés par les brutes : les "vertus" guerrières et les capacités à opprimer, piller, voler, mentir, tuer. Même des gens de culture déjà humanisée disent volontiers respecter "l'ambition", sans se préoccuper de savoir si celle-ci est asservie à des valeurs spécifiquement humaines et donc largement sociales. D'où une fausse objectivité qui prétend reconnaître des dons particuliers aux saligauds suragressifs, et qui n'est que fascination bestiale pour des pervers étanches à l'empathie (étanches à la capacité de principe de "se réjouir de la joie de l'autre, souffrir de sa souffrance" — Einstein). Les résultats sociaux comme les propagandes, en élections par exemple, se fondent aujourd'hui sur cette épouvantable et énorme puissance en contagion de la bestialité.
Insistons. Il n'y a ni charme ni don spécial des chefs, des salopards. Il y a détermination psychotique chez eux, puis résonance incontrôlée mais non incontrôlable chez des citoyens potentiels, malheureusement en général inhibés en troupes et troupeaux. Il est certes d'abord entraînant de se laisser s'identifier au chef, au dominant de la horde de primates. Tels adorateurs ont beau avoir eu de multiples occasions de voir à quoi cela mène — à Rome et dans toute la catholicité d'Inquisition ; en tant qu'Italiens de 1922 à 1943 ou en tant qu'Allemands surtout vers 1945 ; en tant que Russes depuis Pierre "le Grand" jusqu'aujourd'hui en passant par quelques tsars dont un récent et célèbre qui n'était que la suite des autres ; etc. —, ils sont loin d'une guérison : aussi loin que les suiveurs de Mahomet, de Bouddha et de bien d'autres ("Je suis votre chef, vous devez m'obéir", disait il n'y a pas si longtemps Pétain, qui était moins loin de certain peuple des Lumières que Rome, Nuremberg, le Kremlin, la Mecque ou le reste).

2. B. Psychose donc, entraînant l'impuissance caractéristique à coordonner — son propre équilibre avec celui des autres, ou son ressentir avec la réalité — : la capacité à l'acharnement dans le mensonge comme dans le sadisme fait le discours et les menées guerrières de ceux qu'on dit "puissants", et qui "peuvent" seulement le mal. N'importe quel chef d'Etat ou de gouvernement, n'importe quel pdg de transnationale devient un monstre étanche à la réalité de ses actes et de ceux qu'il emploie et couvre. Il mène la guerre
– "civile" contre son propre peuple ou ses propres employés par l'accaparement, et par répression et espionnage non seulement systématiques mais ciblés sur les démocrates
– "étrangère" contre tout peuple ou entreprise qui cherche à vivre hors de son emprise et de ses pillages.
Depuis son siège en capitale politique ou "industrielle", ce chef légalise les plus répugnantes méthodes de police, torture et guerre, contre les foules martyres d'Europe comme d'Etats-Unis ou d'autres continents, de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan, de Palestine ou du Kosovo, de Républiques (qu'ils disent) africaines, d'Ukraine ou du Salvador, hier, aujourd'hui et demain — guerres incessantes comme camps, d'Auschwitz ou de Poulo-Condor, comme "villas" et "centres" sinistres d'Alger, Abou Ghraïb ou Guantánamo.
Comment pourrait-t-il en être autrement, tant que ces cinglés demeureront environnés comme ils sont de flatteurs, de flatteries, d'honneurs même pour leur perpétuelle trahison de l'humanité, surchargés comme ils sont de récompenses pour leurs crimes, tels ces patrons-banksters pour qui les malheurs de crises financières se sont traduits par davantage et encore de pouvoir et de gavage ? Comment cela pourra-t-il changer tant que de pseudo-oppositions se contenteront de rêver à ce qu'elles feraient si elles étaient portées à leur tour au pouvoir (comme si ce n'était pas déjà arrivé et constatable cent fois) ? tant que des militants se laisseront prendre à des verbiages et des schémas sans réalité et passeront plus de temps à se scissionner qu'à aider les gens ? tant enfin qu'au nom prétendu d'idéals ou de prétendues paroles divines, en réalité jouissant de leur sadisme, les plus violents seront libres d'abattre les plus justes ?
Sous nos yeux, jamais dans l'histoire un pouvoir aussi énorme n'a instauré un pillage aussi complet des richesses du monde. Jamais le recul antidémocratique — les injustices dites inégalités, entre individus comme entre contrées — n'a été aussi flagrant et creusé. Jamais le vol des commencements d'acquis sociaux, soins et éducation, jamais l'instauration d'un totalitarisme planétaire n'ont été aussi globaux, entretenus, systématiques, par la mainmise de la finance sur tous les media, sur toutes les administrations et jusqu'aux Etats, jamais le dévoiement des suffrages n'a autant éloigné la volonté générale des buts auxquels elle ne peut qu'aspirer, jamais le ridicule et l'irréalité des discours politiques ne se sont autant écartés de ce que tout un chacun peut voir.
Jamais pourtant, la science et la pensée n'ont offert de perspectives aussi exaltantes et autant de moyens de les réaliser.
Une aberration aussi énorme peut se perpétuer seulement tant que la paresse ou l'anesthésie cérébrales, inhibant la capacité rationnelle au profit de l'animalité, empêchent de voir tout cela, tant que l'orgueil et la censure des dévoyés, et l'ignorance des foules, interdisent de tenir compte d'une découverte de taille et d'utilité sans pareilles dans l'aventure humaine :
– la compréhension des pesanteurs bestiales et historiques qui favorisent la stupidité surémotive, et qui désorientent les gens par des éducations perverses, nationales ou religieuses, au détriment lamentable de la raison, de la cohérence, de la connaissance
– la compréhension de l'animalité, jusqu'ici cent fois plus active que l'humanité véritable jusque dans la plupart des mouvements de foules humaines
la compréhension de ce que représente l'éthologie en affaires humaines.

2. C. Tous les prétextes servent et serviront pour éviter de l'apprendre. Toutes les faussetés répèteront que cela ne dit pas quoi faire, et associeront tous les refus de voir à tous les refoulements de compréhension. Il peut être évident, et de plus en plus évident, que les leviers de commande ne vont par pure nature qu'aux mains des ennemis de l'humanité — en particulier dans le pouvoir monétaire : oligarques et ploutocrates de Moscou comme de Washington, de Pékin comme de Londres, Paris ou Berlin —, et que le pouvoir va aux dictateurs et compradores des régimes les plus hostiles à tous les droits humains. Rien de tout cela ne découragera par exemple un catholique assez "fidèle" de prétendre que l'Eglise historique et actuelle est seulement ce qu'il veut croire, ni de prétendre que le christianisme est ce qu'il accepte de voir et de lire dans sa Bible : l'histoire des servages et esclavages féodaux et coloniaux peut bien faire éclater ce qu'ont été et restent immuablement les papes et la bureaucratie vaticane, il osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, clamer que les êtres sans religion sont des êtres sans morale. Le peu de morale entré en politique et société a beau s'être bâti contre les sadismes d'inquisitions, le suffisamment "fidèle" osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, affirmer que seul un dieu peut éviter de perpétuels brigandages. Tout et chaque dieu ou Verbe de pouvoir peut bien s'être prouvé dans l'histoire réelle prétexte à tous les brigandages et parasitismes, un "croyant" assez ferme osera indéfiniment, lui perverti profond depuis l'enfance, affirmer avec la même pérennité que Jésus a sauvé, ou que Mahomet va sauver, le monde : très précisément et aussi aisément, il est vrai, qu'un demeuré marxiste proclamera que l'histoire de l'humanité est celle de la lutte des classes alors que sous ses yeux il n'y a plus que des gangs planétaires face à une absence de classes ; aussi aisément que cet autre genre de "fidèle" rangera la politique (quintessence de lutte pour le pouvoir) à une vision incohérente et risible d'économie sous prétexte de "matérialisme" ; aussi aisément que ce nouveau "croyant", en dialectique comme ses prédécesseurs en théisme,  ne voudra voir, de l'immensité humaine hors les brutes installées, qu'un messie et sauveur — cette fois en prolétariat mais comme les autres de plus en plus évidemment inexistant.

2. D. Le plus important sans doute des ridicules de la pensée religieuse, en termes de dieux ou de dialectique, c'est l'inconscience, l'incompréhension radicale du système de base de la horde : le rangement par agressivité, avec la capacité de chacun à absorber l'oppression des dominants pour peu qu'il ait quelques victimes à dominer lui-même. En particulier, beaucoup plus profond que l'esclavage, les femmes en général ont été depuis des millénaires un échelon de base de l'organisation sociale où, suivant un dicton terrible, "charbonnier est maître chez soi" : et ainsi gare à la charbonnière, et — le pire, loin des clichés — à ses enfants. Mais ce qui demeure largement vrai aujourd'hui au niveau du sexisme et de la famille l'est encore bien davantage au niveau des ensembles sociaux. Tout ce qu'il peut y avoir de ratés humains, comme tous les médiocres en profondeur, s'agrège volontiers en hiérarchie : on peut être peu de chose dans la structure de domination, le tout est de pouvoir se dire qu'on est des dominants quelque part.
Cela montre en particulier que la condamnation des traîtres à l'humanité en termes de classes est elle-même pure folie. Tout fait voir au contraire qu'indépendamment de toute classe des gens ne sont pas infâmes parce qu'ils sont fascistes, ils se font fascistes pour exprimer socialement leur infamie de psychotiques. Barbie, comme tant et tant de bourreaux venus des mondes pauvres, n'était pas sadique par "idéal" nazi, il s'est fait nazi pour trouver des victimes à son sadisme ; il n'a pas fallu longtemps à Barbie et à Paul Touvier pour fraterniser ; il n'a pas fallu longtemps à la CIA pour récupérer Barbie comme tortionnaire à son service : ainsi toujours les plus nauséabonds systèmes totalitaires recrutent et recruteront indéfiniment assez d'adeptes pour en faire des bourreaux et des traîtres, tant que les idiots obsédés de "classes" pourront cacher par leur dialectique morbide l'évidence éthologique, la base animale des systèmes sociaux inhumains. Il est véritablement puant de persister dans de telles aberrations mentales, et de prétendre expliquer par elles des stades cannibales. Mais on ne guérira pas de cette pathologie par un nouveau Verbe : il faudra, tout de suite il faut la lutte où on attaquera ensemble les religions classiques, théistes, et les nouvelles, dialectiques, avec tout ce que cela comporte contre tous leurs acharnés.
Pour y parvenir, il faut saisir et diffuser que les pervers adorateurs de hiérarchie (et donc de la tendance de bêtes qui a fondé jusqu'ici dans l'ensemble animal des systèmes sociaux) se foutent de tout type particulier d'intérêts immédiats et d'opportunismes variés : ils désirent seulement grimper dans une hiérarchie. Leur sens social s'arrête à la fréquentation de leurs pareils. D'où la terrible efficacité du tri qui se fait par cette agrégation. Le plus conformément à leur nature (élaborée par les circonstances), en ce sens le plus naturellement du monde, tous mentent, tous se détachent de liens de cohérence, entre leurs dires et leur conduite comme entre le réel et la morale. Tous ainsi peuvent se référer à l'ordre et à la morale sans rien saisir de ce qu'ils disent : leur conscience élémentaire est éteinte par la psychose du parvenir dans le statut de horde, au plus haut et à tout prix — les gens plus humains hésitent et se dispersent, les brutes, comme tous les médiocres, ont vite fait de se reconnaître, de s'associer, et de s'opposer aux démocrates, aux humanistes, aux progressistes, et enfin entre eux-mêmes.

2. E. De là tous les systèmes de pouvoir-violence-guerre, et le principe de toutes les sociétés humaines jusqu'à nos jours, totalitarisme financier compris. Si on veut construire la démocratie, ce qui impose la tentative de la construire à l'échelle planétaire, il faut l'éthologie, et l'éthologie en politique. Certes l'alliance ordinaire de flemme et ignorance peut dire de s'arrêter au simple "bon sens", et compter sur l'intuition pure de foules ou d'illuminés pour orienter l'humanité, l'éclairer et la guider vers le progrès. Mais si on n'est pas trop fou et paresseux, on doit percevoir qu'en médecine par exemple il s'est trouvé utile, maintes fois et en divers lieux de la planète, de soigner en utilisant les principes de la méthode et de la médecine expérimentales. Or tout pareillement, l'ensemble de l'expérience historique, replacée dans le cadre de l'évolution en général, peut rendre les plus grands services : et la considération du comportement à partir du biologique, c'est très précisément ce qui s'appelle l'éthologie ; même, cela dût-il surprendre énormément, l'éthologie humaine étudie le comportement humain, le principal auteur (K. Lorenz) ayant même osé remarquer que le comportement humain n'est pas toujours éloigné d'affaires politiques.
Proférer de telles évidences est déjà sans doute se poser en antidémocrate plein de mépris de l'humain et du peuple... Dès qu'on y a compris quelque chose pourtant, tous les traits de la psychose de domination qui ravage le monde sont à la fois considérablement éclairés et synthétisés. Ceux qui ne veulent rien voir continueront à déclarer par exemple que comprendre une maladie n'a pas de rapport avec les moyens de la soigner, même quand on commence à leur fournir des pistes et il n'est guère possible de faire plus, d'une part en nombre limité de pages, d'autre part pour éviter que leur publication ne soit du plus grand profit aux malades eux-mêmes : mais c'est le genre de choses auxquelles les idiots et les traîtres sont bien sûr indifférents.

2. F. Poursuivons un peu malgré tout. Les traits psychotiques de suragressivité se regroupent, au niveau le plus visible, autour de mouvements de
1) "projection" — terme établi mais malheureux : il faut penser, et on va expliciter, "inversion mentale avec projection" ou "rétroprojection"
2) raidissement dans la maladie — par poussée propre et succès social

[3) fascination, faisant basculer la parade, l'apparence et l'apparition des potentats en argument, par résonance dans l'inconscient des foules. L'examen de ce dernier trait exige des raffinements techniques (traditions d'esthétique, de mise en scène, de formes linguistiques, de gestuelle d'individus ou de groupes), mais on peut ici détailler un peu les deux autres.]

1') (Rétro)projection
Pour le dévié psychotique il est, lui, la nature humaine — c'est le discours de défense des religions et du totalitarisme financier qu'on ne cesse de réentendre — "donc" tout le monde ne rêve que de pouvoir : "alors" par exemple la paix, la vocation de médecin ou d'enseignant, les développements sociaux de protection et soins des jeunes et des faibles, ne sont pour lui que des vices d'irréalistes : le malade est sa propre référence, et il projette sa maladie en universalité. Mais ensuite et c'est très important à comprendre, cela lui sert de justification pour réprimer : ceux qui luttent contre lui sont eux les terroristes. Par exemple, les assassins récupérateurs de tortionnaires nazis à la CIA se devaient de traiter de communistes-et-féroces même les démocrates les plus réformistes d'Amérique Latine : "les communistes", écrivait George Kennan, "sont de toutes façons des traîtres" et "donc" tous les coups sont non seulement permis mais obligatoires. Par même "logique", les manifestants "ont envie" de se faire matraquer, les ouvriers grévistes "ont envie" de se faire licencier, les syndicalistes et démocrates actifs "ont envie" d'être réprimés etc. etc. etc. etc. De façon générale, ce sont les ennemis des oppresseurs qui sont les malades, les fous, et pire : les méchants (tandis que les actionnaires par exemple, gens entrés dans le système d'accaparement, sont de purs philanthropes...). Il est "donc" naturel d'user contre le monde entier (qui ne peut que se rebeller, évidemment), de torture, de mort des libertés, ainsi récemment
– extensions guerrières et recolonisations planétaires
Patriot Act et ses suites
– censure et diffamation des tenants de vérité et opposants ("gaucho-conspirationnistes anarcho-autonomes")
– renversements orwelliens : la destruction du peu d'Etat de droit (trop soumis au suffrage des peuples) est appelée "libéralisme" ; et la misère explosée, au milieu de moyens techniques de mieux vivre sans égaux dans l'histoire, est dite "croissance"...
Donc bien rétro projection : projection sur l'opposant avec inversion mentale.

2') Raidissement
D'abord en deux mots : toujours plus. Toujours plus de pouvoir, de concentration du pouvoir, de répression, de recrutements des "élites" par des "concurrences" et concours concoctés tout exprès pour éliminer les porteurs de qualités humaines et sélectionner des "spécialistes" à œillères, qui ne sachent regarder que l'écran des virtualités désignées par le pouvoir, etc.
Ensuite sur une autre face d'aveuglement, celle qui rêve que cela concerne seulement 1% des gens, contre 99% d'honnêtes : non ! les psychoses de domination sont des tourbillons qui aspirent de plus en plus de monde, jusqu'à des naufrages de dimensions cosmiques si on les laisse gouverner. La maladie n'est pas seulement celle des malades, elle est contagion.

* * *

Le reste est trop évidemment répétition de ce qui a tant de fois été écrit (cf. références en introduction et ci-dessous). En bref, la lutte progressiste aujourd'hui doit être d'abord de saisir comme science, vue commune et base de rassemblement, la nécessité que l'agressivité primaire soit tournée vers le combat contre les forces facilement hostiles de la nature, donc en particulier contre la suragressivité qui sans cela se développe en inhumanité. Or il est possible, il est déjà en partie réalisé, de mettre l'expansivité inscrite dans l'humain au service de l'équilibre humain, de soins, d'éducation, de régulation des sociétés comme des individus, donc de révoltes contre les suragressifs : luttes à mener, utiles orientations de ce moteur suprême. Mais il est vital de viser bien plus haut et bien plus loin par exemple qu'un stade où l'économie est un moyen important du pouvoir, un stade où il y a encore un certain côté indispensable du travail dans la production : car ce côté déjà s'estompe. Le refrain est donc, encore une fois : la diffusion du savoir le plus vital, dans des écoles progressistes (d'abord pour adultes, cf. références).


L'auteur du travail ci-dessus a pu publier en 2010 une synthèse en livre — "Les hordes de l'ordre" —. On peut aussi consulter,  plus particulièrement
ainsi que divers articles parus ces derniers temps sur <mondialisation.ca> et<agoravox>.