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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 7 août 2012

Actuel 20 : Innocente arithmétique


Ce sont des statistiques qui ont motivé la présente écriture. L'INSEE (ne riez pas déjà !) a surenchéri sur le Ministère de l'Intérieur dans "l'analyse" des résultats des dernières élections françaises. Mais si l'on revient à des chiffres hautement probables derrière les brumes et fumées aussi ignobles que mathématisées, il y a de quoi penser. Courage.

Deux points faciles pour commencer. Parlant en millions d'électeurs, en 2007 les inscrits étaient 44,5 ; en 2012, 46. En voix, l'élu de 2007 en avait obtenu 19 ; celui de 2012 en a eu 18. Bref calcul fait pour vous : les inscrits ont augmenté d'une élection à l'autre de 1,5 ; les électeurs du glorieux victorieux ont diminué de 1. Voilà, on vous laisse déduire (ni le Ministère, ni l'INSEE, ni "votre" journal habituel ne se sont appesantis sur cette déduction, profitez du champ libre).

C'est plus difficile ensuite, mais c'est bien plus drôle.
Encore et toujours moins de gens ont mis en avant le fait que, alors même que le résultat des présidentielles demeure avec une louable constance depuis des décennies du type 50-50, les Assemblées législatives sont passées d'une majorité écrasante en faveur de l'UMP en 2007 à une autre écrasante en faveur du PS en 2012, et ce malgré des redécoupages électoraux destinés à surfaciliter la droite et les zones qui "votent bien" — au sens sartrien, défini dans l'étude "Elections, piège à cons", cf. dans ce blog Actuels 2 et 5, Echange 2 —. En langage clair : l'essentiel est d'opposer une moitié de la nation à l'autre. Comme ça ne suffit pas à une vraie obédience capitaliste, on fait tout encore pour sur-représenter la droite aussi ignorante et égoïste que possible.
Cette sur-représentation n'a d'ailleurs pas pour seule cause ces redécoupages — ni les sournoises et perpétuelles incitations racistes et associées —. L'écœurement du jeu électoral, déjà net dans les chiffres globaux ci-dessus, est particulièrement actif chez les opposants au système. Ainsi entre autres, et même en se contentant des cases très spéciales de l'INSEE, on constate aux législatives :
primo :
– 60% d'abstentionnistes, 40% de votants dans les foyers de revenu mensuel inférieur à 1200 €
– le contraire — 60% de votants, 40% d'abstentionnistes — dans les foyers à plus de 4500 €
(plus on est pourri d'argent, plus on vote)
secundo :
– 60% d'abstentionnistes, 40% de votants chez les ouvriers
– le contraire — 60% de votants, 40% d'abstentionnistes — chez les artisans-commerçants-"chefs d'entreprise"
(plus on est parasite "meneur", plus on vote).
C'est déjà assez pour se poser avec davantage d'insistance la question : dans quel sens la nausée des conditions de suffrage biaise-t-elle les résultats ? ou si vous préférez : de qui les élus sont-ils élus ?
Mais continuons. Tertio : à plus de 60%, les 18-24 ans ne votent pas ; à plus de 70%, les 60 ans et plus votent. Détail : l'espérance de vie des ouvriers est de quelque dix ans inférieure à celle des cadres, autrement dit ceux que le système a favorisé de façon pas toujours parfaitement morale (encouragement aux parachutes dorés et maintien des hauts salaires pour les auteurs de "plans sociaux") aident par leur simple survie à perpétuer... la mort précoce de leurs employés, chômeurs en début de carrière.
Suffit ? Non. Quarto : les cases artificielles de l'INSEE amalgament des réalités économiques et sociales très différentes, bien sûr en partie pour nier les repères de luttes en classes marxistes, mais surtout pour maintenir la fiction d'une perception politique analogue un peu chez tout le monde (la "démocratie", ce doit être une politique épurée de vils intérêts notamment économiques). Eh bien, malgré ces voiles supplémentaires, le chiffre le plus élevé de toutes les statistiques fournies est celui des votes à droite chez les commerçants-artisans-etc. déjà dits : plus des trois quarts — ce sont donc bien ceux regroupés en confortable ignorance qui, inquiets seulement de sentir leur parasitisme artificiellement entretenu et favorisé, accrochent leurs échoppes aux plus rustres du système : la droite haineuse et sur-réactionnaire.

On peut poursuivre, longtemps. Dans la perversion par arithmétique électorale, on l'a dit, la base est la division entretenue entre une droite et une gauche en faveur du perpétuel 50-50. Une preuve supplémentaire en est encore fournie par la dernière présidentielle : alors que jamais depuis les années 1960 le président en place n'avait été l'objet d'un tel rejet public, l'écart final au vote a atteint difficilement 3% en sa défaveur — et cependant le basculement de majorité législative est total !
Disons tout, simplement : à partir des media et de tous les conditionnements des votes, découpages géographiques ou par âge ou par revenu ou par tout, le parti unique dit alternance se maintient et se maintiendra tant qu'on comptera sur les urnes, en penchant en apparence dans le sens qui endormira le mieux la colère populaire. Voyez ce qu'est déjà en cet été 2012 la politique extérieure (africaine ou proche-orientale) dans la continuité absolue d'avant le "changement" (le nouveau Bongo du Gabon reçu des premiers à l'Elysée, la France fer de lance de l'attaque contre la Syrie, etc.). Voyez ce qu'est, ou n'est pas, la politique intérieure (utilisation du Conseil Constitutionnel, instance suprême où siège désormais Sarkozy) : on prétend interdire de par la Loi, et Loi fondamentale (où figure le programme du CNR), les essais d'affaiblissement de la dictature d'entreprise, et on maintient pratiquement toute la racaille de harceleurs qui a été mise en place en administrations privées et publiques pendant le quinquennat précédent...

Et surtout n'allez pas dire que la comédie électorale ne se passe que dans des magouilles, filouteries, tricheries, trifouillages, biais, falsifications, tripotages, fricotages, grenouillages, équivoques, illusions, mensonges, feintes, trucages, impostures, déloyautés, fourberies, dans notre Cinquième République putain !
Ni m'en vouloir si j'oublie une virgule...

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