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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 28 août 2012

Actuel 22 : Proche-Orient, encore


Il y a peu de nouveau dans le principe depuis "Financiers anglo-saxons, vampires du monde" (ici en Fonds d'Archives 1), mais les choses se précipitent autour de la Syrie et de l'Iran que nous y désignions alors. Un point d'actualité.
Au contraire donc de ce que nous avons publié, beaucoup, trop, de gens ont longtemps affirmé que l'intervention militaire de l'En-pire ne se ferait pas en Syrie, notamment parce que la confrontation avec la Russie y était inévitable et très dangereuse. Ce genre de prédictions ne tient jamais devant la détermination des gens au pouvoir qui, pour le conserver, sont prêts à n'importe quels risques pour donner n'importe quels gages à leurs commanditaires : les brutes derrière Obama peuvent compter sur lui pour montrer qu'il sait faire aussi bien que Bush, comme ici derrière Hollande on sait qu'il vaut bien Sarko dans les actes — et la rombière Clinton fera pour le dollar comme tous ses prédécesseurs, frôlant et effleurant la guerre mondiale. Dans l'identité fondamentale des milliardaires russes ou chinois et USAïens (ou assimilés israëlo-arabes, comme on va y revenir), il y a consensus de préservation commune : on a son clan et ses alliés, on se dispute un peu la place, mais on est d'accord pour ne rien laisser de parole et de droits aux peuples. Chaque fois, les tyrans de Russie et de Chine (qui ne sont pas leurs peuples, ni "la Russie", ni "la Chine" — ne jamais oublier) reculent et reculeront devant le modèle qui les encercle géographiquement comme politiquement, parce que rien de ce qu'ils représentent ne peut trouver d'écho assez profond ailleurs dans le monde. En face, le sinistre "invisible government" par CIA & Cie, désormais bien établi, sait qu'il peut compter sur l'absence de protestation organisée nationale ou internationale, il en use et en abusera jusqu'à toute horreur — si rien ne change.

Une synthèse des réalités militaires vers la Syrie peut être trouvée sur <mondialisation.ca> sous la plume de Michel Chossudovsky : pour ce qui compte ici, l'action sur le sol syrien depuis la Turquie, par les mercenaires qataris et autres, est en marche depuis des semaines, elle n'attend plus que les frappes aériennes et les navires de l'OTAN — c'est ce que les journaux de l'espèce du "Monde" exaltent comme révolte d'un peuple contre une dictature —. Tout est donc prêt pour adapter le scénario colonial habituel (Irak-Afghanistan-Libye derniers exemples) au cas syrien, avec bien entendu en synchronisme la lenteur de préparatifs proprement guerriers, notamment navals, et le temps laissé pour le déchaînement médiatique et le bourrage de crânes en accompagnement. Reste à voir de plus haut.
Car la Syrie n'est qu'un pas de plus vers l'Iran et la Russie, et à cette dimension on ne peut plus se contenter de reproduire le schéma de violence locale qui a si bien fonctionné récemment en Libye. D'où la porte ouverte à l'Iran, pour le moment, par l'Arabie Saoudite, et l'intervention d'Israël. C'est cela qu'il faut analyser.

Pour Israël, le fond de la question est simplement dans le caractère d'extrême insertion de cet Etat dans le système capitaliste international, mais les détails sont croustillants.
D'abord Netanyaou, le premier ministre actuel, vieux cheval de retour des mœurs en cause, est un sharoniard pur jus : enrichissement personnel dévergondé, mafia de corruption effrontée, conseillers religieux intégristes sauvages, lois antisociales toujours plus oppressives, et tout et tout. A force de scandales, il était pratiquement contraint à la démission voici quelques mois : par le plus grand des hasards, un autocar israëlien était mitraillé dans le sud du pays, et un vaste tam-tam médiatique a rangé sous la bannière du nazionalisme les parlementaires de la Knesseth, qui étaient au bord d'une efficace révolte. En ce moment, c'est une augmentation pathologique d'une taxe du genre TVA (le type d'impôt, indépendant du revenu, le plus dur pour les pauvres) qui rend de nouveau Netanyaou trop... visible, et de bons préparatifs de guerre contre l'Iran sont très bienvenus pour détourner la colère populaire : nous laissons nos lecteurs décider de ce qu'a pu être l'ordre choisi ou non dans la planification du vol fiscal et de l'intox belliqueuse.
Mais quoi ? Faut-il s'attendre à une guerre totale avec l'Iran, ou à des bombardements plus ou moins restreints aux centrales nucléaires honnies par la "Communauté Internationale" en la personne de l'AIEA ? Souvenez-vous : sous la haute autorité du colonel-professeur Ne'eman (cf. la Toile), les centrales irakiennes avaient été anéanties en juin 1981 par des avions israëliens — les conséquences notamment françaises n'ont pas fini d'intéresser les historiens : affaires d'uranium entre France, Iran et Irak, Eurodif, Georges Besse, Véronique et Michel Baroin (le père) —. Retenons au moins que de telles frappes se sont faites, et peuvent se refaire. Et voilà le contexte de la réunion de l'Organisation de la Communauté Islamique (OCI), avec les ayatollahs chez les amis saoudiens redevenus frères, et surtout musulmans qu'ils disent.

C’est dans ce contexte que prennent tout leur sens les anciennes et bonnes paroles d'un démocrate algérien : "Israël, c'est la station-service des dictatures arabes : chaque fois que leurs peuples n'en peuvent plus de les voir, les fascistes de ces pouvoirs vont se réalimenter en popularité par des rodomontades contre Israël". C'est ce qui est en train de se préparer. Avec sa perversité ordinaire, France-Cul(ture) déclarait ces jours qu'une intervention militaire israëlienne contre l'Iran serait "très mal reçue par l'opinion publique de tous les pays arabes", ceci comme "explication" à la réunion de l'OCI et à la refraternisation saoudo-persane. La réalité est en fait celle-ci.
Le régime des mollahs a indéniablement un gros défaut pour les inféodés à Washington : la pauvreté matérielle est efficacement combattue, et ceux qui crèveraient de faim sous le "libéralisme" ont de quoi manger. C'est un très mauvais exemple. Toutefois, les tendances à la liberté politique et de pensée ont été anéanties par Khomeiny et ses suiveurs avec une efficacité dans la barbarie qui fait rêver les Frères musulmans aussi fort que la CIA. Ce capital (c'est le mot) de sympathie des antidémocrates "all over the world" n'a pas fini de servir Ahmadinedjad & Co. : c'est là le nœud du problème, et des forces qui commandent de laisser finalement le pouvoir aux mollahs.

Mais il y a aussi le global, et la pérenne rivalité entre Occident et Russie en Méditerranée orientale depuis (au moins) la guerre de Crimée. Or il y a une base navale russe en Syrie, et l'éclatement du pays à la manière yougoslavo-libyenne permettrait d'y installer pour l'OTAN une base concurrente, d'où les bâtiments et marins du cher Occident pourraient Koursk-er de près leurs homologues kremlinois...
Tout peut donc s'arranger. On mènera depuis Bruxelles aussi loin que possible l'intervention de l'Atlantique Nord en Syrie ; Israël de son côté anéantira dans le tohu-bohu les rêves de Téhéran de devenir une puissance nucléarisée ; les peuples arabes furieux exigeront de leurs dirigeants les déclarations anti-sionistes que ceux-ci tiennent déjà prêtes ; au moment où l'attaque contre l'Iran pourrait s'étendre, la Russie profèrera enfin les plus terribles menaces ; et Poutine ridiculisé à Damas pourra sauver ce qui lui reste de face en se posant en sauveur des mollahs, qui eux-mêmes auront gagné un soutien accru de leur peuple. Chacun sa carotte...

Vidal-Naquet disait : "internationale des Etats" — on peut ne pas être d'accord sur tout avec Vidal-Naquet et lui reconnaître la paternité de la formule —. Ceci posé, vous pouvez achever votre lecture et ne plus bouger, ou au contraire faire lire cet Actuel 22 au plus possible de gens autour de vous : il y a des prévisions faciles qu'il faut diffuser tôt, et qui feront réfléchir. Longtemps. Surtout qu'avec un peu de chance, il y aura sur la Syrie une Conférence et des accords "de paix" : nous pourrons aller y manifester notre soutien aux diplomates...

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