Ce sera
donc une cinquième partie de ce blog...
Il y a maintenant plus de cinquante ans que je
tente de faire entendre des acquis historiques et scientifiques dans des
domaines différents. Presque toujours (mais un "presque" à 99% ou
plus), les "spécialistes" au pouvoir, mis à la torture par mes
rappels de faits et données, ont interdit mes publications sous des prétextes
et à travers des malhonnêtetés assez variés, aboutissant toujours à la claire
censure qu'est le refus
de laisser passer un texte de compétence véritable, en s'opposant au désir très
clairement exprimé, et bien souvent réitéré, de l'auteur. A présent que j'ai enfin quelques lecteurs, il semble
que ce ne soit pas mal de tenir un journal de bord de ces étranglements. Ce
sera l'objet de cette cinquième partie. Le texte "Voir clair et (Inter)net",
censuré sur agoravox, mis en ligne sur ce blog en janvier (avant la garde à vue
de Dieudonné) sera considéré comme "Censuré 1". Ici, c'est de sociologie
qu'il va s'agir.
Le 17
janvier dernier avait lieu, à la Bourse du Travail à Paris, une réunion prétendant
à l'expression de "Sciences sociales critiques". J'ai pris contact,
expédié un texte. Conformément à un procédé ordinaire de muflerie des censeurs,
je n'ai reçu en réponse à mes envois que certaines circulaires : ces gens
ont toujours trop à faire quand il s'agit d'autre chose que de faire mousser
leurs petits copains, ou eux-mêmes. Je ne peux donc accuser personne avec assez
de précision, mais je connais assez l'étroitesse de vue des marxistes comme des
partisans de la bourdieuserie pour n'avoir aucun mal à saisir les motifs de
silence à mon égard. Seulement, j'avais passablement (re)travaillé, et une part
de ce travail me paraît assez valable pour être reprise ici.
Je voulais, sous le titre "Ethologie,
base nécessaire de sociologie"
proposer une fois de plus à des sociologues de penser un peu à l'énorme apport
— pour le moment seulement potentiel hélas — de l'éthologie à leur discipline.
Voici d'abord le "chapeau" de mon envoi (12/12/14) :
« Les
organisateurs de la réunion sur sciences sociales critiques du 17/1/2015 posent
"trois questions"
qu'on récrit ci-après, et dont on propose déjà des éléments de réponse — de façon
abrupte pour faire court :
– "pourquoi ne sommes-nous pas assez
entendu-e-s ?"
en bonne part certes, parce que les oppresseurs
savent le danger pour eux des critiques sociales, et les étouffent de leur
mieux ; mais aussi parce qu'actuellement ces critiques ne se font assez
fortes ni en langage (à portée de foules) ni en assises (en extrême et large exigence
de science)
– "en quoi sommes-nous critiques ?"
trop d'un système d'économie particulier, pas
assez des injustices criantes des pouvoirs en général et de leur origine
bestiale, irrationnelle
– "que faire ?"
nous fonder sur les connaissances scientifiques en général, éthologiques tout
particulièrement, et à partir de là retrouver l'unité révolutionnaire du savoir
et de l'action.
Pour cela, en résumé : replacer l'humain dans son héritage animal éclaire
immédiatement les tendances grégaires et "agressives" (en fait
expansives) à la base de toutes les sociétés animales et humaines, loin en amont des descriptions économaniaques ;
cela fournit des moyens neufs, extraordinaires, d'une vue commune des choses, et ainsi permet de rassembler des gens donc
rassembler des forces, au
lieu de se perdre en perpétuelles scissions dialectiques. »
Ensuite venait une introduction destinée à
rendre certains fondements bien nets, et ainsi à ne pas offrir trop de prise à
des prétextes de "lecture rapide" :
« Pour
éclairer d'abord la réplique à ce qu'il y a de plus profond dans ces trois
questions, le plus simple est sans doute de citer les paroles d'un spécialiste
(notamment de la troisième question) dont on n'a pas retenu les meilleurs côtés :
« sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » [j'avais cru inutile de rappeler l'auteur : Lénine].
C'est un peu pareil de dire qu'en toutes affaires qui touchent de près à la
politique, pour rassembler des forces il faut rassembler des gens, et la
vue, ou théorie, commune est là pour ça. Au contraire
– s'il y a des sursauts, en Grèce et en Espagne
et de façon plus ou moins locale en mille autres lieux, mais qu'il n'y a pas
coordination
– ou encore si on ne tient compte des
bouleversements de la science ni en physique donc en techniques de production (automatisation) ni en matière de comportement donc en techniques
de manipulation (que ce soit par formation de paramilitaires, par media ou par
benchmarking)
– bref si en tous domaines de l'activité
humaine on manque à la mise à jour de relations cohérentes entre êtres et
faits, si on en reste à des
pseudo-synthèses et des formules d'indignation où des dialectiques prennent
systématiquement le pas sur les réalités et les analyses les plus saillantes
des derniers siècles
il
ne faut pas trop s'étonner de l'état du monde et de l'impuissance actuelle des
progressistes. On ne rattrape pas cela en quelques minutes : mais on peut,
comme toujours en affaires de savoir, donner beaucoup de pistes en peu de temps
à ceux qui sont d'accord pour vérifier et réfléchir.
[Il faut donc une mise à jour encyclopédique, et
même le simple rappel de cette exigence n'est pas vite dit si on veut montrer
un peu où s'adresser. On y renoncera ici, en renvoyant à
Dans
ce qui suit, on va se contenter de viser ce qui cause en ce moment, chez les
progressistes, le retard accumulé le plus terrible : la censure à
propos de la science du comportement, ou éthologie — d'abord éthologie humaine, mais ensuite évidemment
éthologie politique —.
Cette censure se manifeste aussi de façon psychanalytique, car il n'est pas
simple de regarder en face les barbaries de l'histoire. Pour situer les choses
en quelques mots : rien de spécifiquement humain ne peut seul expliquer
l'inhumanité dans les développements de notre espèce. Par contre les moteurs
dits instinctifs (certes élaborés, mais sans le contrôle proprement humain d'équilibre
rationnel avec empathie) éclairent immédiatement l'étendue et la contagion de
l'horreur historique, présente en particulier. »
Ici
venait une citation de Lorenz, particulièrement admirable en la matière :
[L'évolution
est un fait] : auréolé d'une puissance convaincante absolue, d'une beauté
enchanteresse, d'une grandeur qui bouleverse d'admiration. Quiconque le saisit
ne risque pas d'être écœuré par la reconnaissance, due à Darwin, que nous
partageons avec les animaux une commune origine, ni par la découverte, due à
Freud, que nous sommes encore menés par les instincts de nos ancêtres préhumains.
Au contraire, ce savoir inspire de nouveaux sentiments de respect pour les
fonctions de raison et de responsabilité morale survenues au monde avec
l'humain et qui, pourvu que cet humain ne s'acharne pas à la dénégation aveugle
et arrogante de son héritage animal, lui donnent le pouvoir de le contrôler.
(K.
Lorenz, Sur l'agressivité, ch.
XII, d'après la traduction anglaise de M. Latzke, éd. Methuen, Londres 1970 —
p. 193)
Puis
étaient repris quelques fondements d'éthologie, dont les "quatre
grands" moteurs de comportement avec leur expression dans l'espèce
humaine, en insistant sur l'ordre d'apparition de grégarité et agressivité. Il était répété que le moteur agressif « est
dans notre espèce explosif (voire différencié) et bien sûr ouvert à des
raffinements sociaux bouleversants, ce qui implique une censure, un
refoulement psychiatrique qui fait paraître ténus les tabous sexuels. » Mais surtout, il s'agissait de réordonner et préciser (cf. dans ce blog
Actuel 68) que l'expérience d'Asch est une démonstration de la grégarité, celle de Milgram une preuve sinistre de l'agressivité, humaines. En soulignant quelques incidences aussi
considérables que méconnues de ces poussées et pulsions, j'écrivais :
« Voilà l'éthologie politique. Or des ignorants empressés refusent, refoulent
cet apport énorme de science qu'est la priorité naturelle de l'animalité, sous prétexte, comme toujours, de dignité
humaine spécifique : et en réalité ils ne font qu'empêcher, comme toujours,
la prise de conscience expérimentale — et donc, à partir de là, l'élaboration
la plus humaine qui soit —. Même, si on parvient malgré les faux humanistes à éveiller
à l'intrication inévitable, large, de science ici éthologique et philosophie,
leur mauvaise foi est assez têtue pour se rabattre sur la rengaine que la
conscience des déterminismes fait courir le danger de décourager, démobiliser
"les masses" — tandis que le danger de mentir au moins par omission,
tromper "les masses" en cause, et refabriquer ainsi quantité de mages
ou clercs et bureaucrates totalitaires, les gêne rarement : expériences
faites et refaites.
Cette sorte d'opposition à la vérité ne devrait
pas valoir plus que quelques haussements d'épaules. Mais plus loin, faire voir
et saisir le personnel politique actuel et des réactions trop fréquentes de
foules dans leur animalité fondamentale (leur bêt/ise) est déjà bien plus fort
et immensément plus fécond qu'une vague condamnation morale. Malheureusement en
notre temps, de façon très générale, la compréhension proprement éthologique de
grégarité et "agressivité", puis son exploitation dans les mouvements
de foules avec subversion de toute liberté un peu organisée, est utilisée par
la réaction politique et
ses agents
– de CIA ou MI6 à Kiev ou au Caire, dans les
Etats musulmans, en Irak ou Afghanistan ou Syrie etc. comme en Ukraine, mais
aussi en Grèce ou au Venezuela
– d'infiltrations en syndicats comme en
"messages" des media
– etc.
Par
de tels crimes, en particulier à l'échelle de l'Europe mais en fait partout
dans le monde, on vit actuellement un renouveau de fascismes et
fanatismes : cela montre l'urgence de savoir lutter contre les pulsions
animales primitives. Alors,
les establishments mandarinaux doivent-ils indéfiniment priver les progressistes,
les humanistes véritables, de se servir du savoir notamment éthologique contre
la guerre, sociale ou militaire, et contre les brutes ?
Si on a lu le texte ci-dessus, il est difficile d'éviter
certaines conclusions : dont la nécessité d'écoles progressistes, aux formes multiples, pour une mise à jour des connaissances. En particulier, il est plus
que temps d'envisager pratiquement et théoriquement ce que représente
l'obsession économaniaque et l'impuissance qu'elle entraîne sur les affaires essentiellement
politiques. Tout cela
implique beaucoup de travail de compréhension et de relation, en commun avec
beaucoup de gens. Les indications et références ci-dessous ont été élaborées
pour y aider : pour permettre de retrouver au plus vite l'unité révolutionnaire
du savoir et de l'action. »
Une brève orientation bibliographique achevait
la présentation. Tout cela ne faisait guère plus qu'inciter une fois encore à
enfin lire et faire lire Lorenz en vue de son immense portée politique — et
sociale ! Réaction de
"sociologues" : censure.
Il est caractéristique, et lamentable, de
rencontrer une fois de plus chez des gens qui paradent, non seulement en intellectuels,
mais en critiques, les traits
accomplis de leur portrait tel qu'il est brossé ici en Actuel 73...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire