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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 1 avril 2015

Actuel 81 Germanwings 9525, Bowe Bergdahl


MÉPRIS 1. "Personne ne tient ce discours-là", disait récemment un consciencieux spectateur de TF1 & Co, entendant avec un effarement mêlé de dégoût quelques réalités concernant le crash de l'Airbus de Germanwings dans les Alpes. Personne, en effet : <mondialisation.ca>, <agoravox>, <mediapart> même, pour ne parler que de quelques sites en langue française, ont tous publié des articles plus ou moins décents, mentionnant parfois le conflit entre les dirigeants à haut prix et les employés à bas prix de la filiale low-cost de Lufthansa. Mais ce ne sont que divagations : on y envisage le MÉPRIS général, du travail dans "l'entreprise" et puis des êtres, même de la vie d'enfants ! De la philosophie : ça ne compte pas, ça ne s'écoute pas, enfin ce n'est personne. Il peut bien y avoir à la maison un ordinateur et l'accès à des sites "alternatifs", il ne sert qu'à des jeux avec podcasts, puis à quelques coups d'œil subreptices sur des sites porno : autrement, on écoute TF1 et associés, et avec ça on est moderne et informé. Les ennuis et tensions au travail ou en famille sont oubliés, négligés, et surtout jamais médités : cela évite aux employeurs que trop de têtes se relèvent — d'affreux "conspirationnistes", ouh ! parmi lesquels on serait terrorisé de se voir ranger...
Ainsi le dieu-pouvoir fait l'homme-esclave à son image. Howard Zinn raconte que, lorsqu'on réussit à rappeler un peu d'histoire aux pauvres des Etats-Unis, noirs et blancs, on se fait répondre avec une surprise non feinte : "je ne voyais pas les choses comme ça !" Extraordinaire : ce qui s'est passé, souvent connu en partie par les victimes, est d'abord considéré comme une vision étonnante des choses. Plus l'oppression est totale, totalitaire, plus l'animalité de primate prévaut sur la raison, l'humain : c'est le dominant fort en gueule qui dicte la façon, non seulement de se conduire, mais d'éprouver. En France, on déclare que "voter est un droit, c'est aussi un devoir civique" : au sens de qui ? comme l'instruction civique, qu'on recevait un peu en second cycle de l'Instruction Publique, ou au contraire comme le service d'action, civique qu'il disait, du mafieux Pasqua après mai 68 ? Quelle question ! "Personne", sans doute, "ne tient ce discours-là"...
Redite : dans l'un de ses plus beaux éditoriaux du journal Combat, Camus rappelait la nécessité absolue en démocratie d'interdire la possession de la presse par des groupes financiers — il évoquait ce qu'était "la honte de ce pays" : les journaux de la fin de Troisième République et du temps de Pétain le traître —. Que dirait Camus aujourd'hui ? Que vaut le soi-disant suffrage, abruti sous la coupe de TF1 et pareils ? Quelle signification de volonté populaire ont des bulletins d'urnes sous contrôle de manipulateurs et menteurs de profession ?
Silence, on vous dit : "personne ne doit tenir ce discours-là" !

MÉPRIS 2. Bowe Bergdahl n'est sans doute pas, lui non plus, dans les discours des bien-pensants, bien-parlants. C'est le nom d'un soldat US qui, en Afghanistan, a été écœuré de la mentalité des brutes qui le commandaient, et parfois l'entouraient. Les êtres humains, nés dans le pays où il était envoyé, lui ont paru humains : dignes d'aides au lieu d'insultes. Ayant assisté à un "incident" particulièrement révoltant (des enfants renversés dans la poussière des rues, avec le MÉPRIS convenable, par des camions blindés de la plus impériale armée du monde), il a tâché de joindre un officier supérieur éloigné de son unité. Capturé par les "Talibans", durement traité, il a été réclamé puis échangé contre des "insurgés" par Washington, qui pensait en faire une grande victoire diplomatique. Or Bowe Bergdahl n'a pas changé de discours pendant sa très courte "libération" — car il s'est retrouvé emprisonné dans les geôles de son propre pays : il a osé maintenir que les Afghans sont, dans le principe et souvent la réalité, humains... et les officiers US, dans les faits, nettement moins.
Bergdahl est donc envoyé en conseil de guerre. Mais mieux : les "faucons", ou comme on dit fort bien en français les néocons, aux Etats-Unis, réclament que les charges contre lui soient rédigées de façon assez forte ("désertion devant l'ennemi") pour permettre la peine capitale. Contre les gens au feu, les lâches bellicistes sont toujours féroces, depuis le calme des bureaux ministériels où ils rampent devant leurs commandants de carrière.
Réalité pérenne. Tout le monde qui veut savoir sait qu'un président des Etats-Unis fut assassiné pour défi aux profiteurs de guerre de son pays. Mais il faut le réentendre plus précisément déclarer, dans l'époque de la rivalité avec l'URSS :
"We all inhabit this little planet.
We all breathe the same air,
we all cherish our childrens's future
— and we are all mortal"
(Nous résidons tous sur cette petite planète. Nous respirons tous le même air, nous chérissons tous l'avenir de nos enfants — et tous, nous sommes mortels).
Cela, au temps où les "communistes" étaient, pour les mass merdia de la finance et de la honte réunies, ce que sont devenus les "islamistes" aujourd'hui. Non mais ! Les Russes, des humains comme "nous" ! et pourquoi pas les Afghans, alors !

Si ça continue comme ça, les "conspirationnistes" vont bientôt exiger qu'on examine la répartition des richesses, nationalement et internationalement, le coup d'Etat néo-nazi en Ukraine, la guerre en Syrie, la déclaration d'Obama rangeant le Venezuela parmi les grands dangers contre "la sécurité des Etats-Unis", les crimes de guerre en Afrique, bref la politique, à la lumière de l'humanisme voire des données scientifiques ! Doux Jésus !
Personne ne doit tenir ce discours !

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