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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mardi 14 février 2012

Archive 1 : Vampires du Monde




Financiers

anglo-saxons



Un crime organisé dévaste la planète et menace toute vie. Pour le combattre ce n'est pas assez que le courage : il faut y joindre le savoir et l'exigence de justice. Cet essentiel est en ce moment paralysé, parce qu'agir en politique exige d'unir des gens pour unir des forces, et qu'on manque de la base pour rassembler : une vue commune des choses, un sens commun à tous les démocrates.

La première condition pour voir ainsi net et de haut, c'est de lire les leçons du passé à une bien autre échelle que dix mois ou dix ans. Or par exemple, quand on parle de septembre 2001, on ne fait guère le rapprochement avec l'assassinat du président Kennedy. Pourtant ce meurtre a été un pivot dans le basculement du pouvoir vers l'actuelle mafia : on doit reconnaître dans ce début, dans les obsédés de pouvoir du temps de la guerre froide, la même mentalité et les mêmes profiteurs que leurs héritiers de la "guerre des civilisations". Tout au contraire, la mode détourne l'attention de cette identité et grossit, autant qu'elle peut, le fait que le clan Kennedy n'était pas composé d'anges.
Procédé exemplaire de mélange criminel et médiatique. Car d'abord Kennedy était loin d'être aussi hystérique de domination que les antidémocrates qui l'ont tué. Ensuite ce n'est sûrement pas pour ses mauvais côtés qu'il a été éliminé — c'est peu dire —. Enfin et surtout, c'est après cet assassinat que les fauteurs de guerres victorieux ont pu se croire tout permis : de plus en plus déterminés, ils ont réussi ce qu'ils voulaient, contre Kennedy. Ils ont pu "mondialiser", déchaîner la violence d'abord en Asie du Sud-Est, puis partout ; ils ont pu mener la course aux armements et le redoublement des violences coloniales ; ils ont pu s'allier aux apparatchki traîtres à la Eltsine pour vassaliser l'Europe de l'Est, avec la compréhension méfiante mais réelle de maoïstes reconvertis en milliardaires chinois. Enfin ce beau monde a assuré son pouvoir comme l'ont permis en tout temps les trafics, notamment d'armes et d'esclaves, avec leur accompagnement d'horreurs.

Les brutes ont bien saisi la leçon de leur triomphe : leur oligarchie sait associer partout désormais la barbarie patente et l'acharnement proportionnel de propagandes et mensonges. Entre cent exemples : le génocide contre l'Irak avec, outre le massacre général, les attentats de provocation à la haine entre chiites et sunnites par des soldats occidentaux. Qu'en dit-on ici autour ? Non seulement cela devient, dans les discours d'ambassadeurs et les journaux asservis à USA-UK, un sacrifice chrétien de GI's pour la liberté, mais c'est l'Islam qui est accusé, avec le soutien du Vatican, de violence, interne et contre les chrétiens. Inversion mentale menée en gros et en détail : pareillement, les Folamour de Washington ou de Londres, brûlant de presser des boutons rouges d'apocalypse, ont accusé l'Irak de détenir des armes de destruction massive...

Ces procédés sont caractéristiques de l'hypocrisie dévergondée, devenue seconde nature chez les potentats qui règnent  en ce moment. La faute politique des nazis, l'erreur répétée des fanatiques, c'est d'imaginer que déchaîner témérité et violence pourrait suffire à établir une oppression. Folie. Les Anglo-Saxons, eux, n'ont pas manqué de compléter la violence par la tricherie : nul comme eux, sauf les papes et encore, n'a su couvrir le pire sous des broderies peintes du meilleur. Il a fallu cela pour vampiriser le monde. De tout ce qu'il y a à dénoncer, le cœur bat là.
En arrière-plan seulement, il y a le relais satisfait de gens assez gâtés pour ne pas s'informer : ceux-là se laissent confortablement fasciner, flatter par des contes où ils sont exaltés comme seuls porteurs de civilisation — obstacles intimes mais massifs à la vérité qui font le principe même des "démocraties" d'Occident —. En cette marche du monde, d'un côté on saoule de sornettes, de l'autre on détruit ceux qui osent chercher à vivre libres. On endort, et on fait peur : alors même qu'on nie officiellement le crime, on en laisse bien assez paraître pour que les gens sachent, mais mal, c'est-à-dire en fuyant ; on charge des laquais d'établir et contrôler des versions de faits utiles au pouvoir, et puis on étale par ailleurs assez de traces pour qu'à la désinformation des foules soit jointe la terreur contre ceux qui réfléchissent. Enfin on tue, chaque fois qu'il faut : dès qu'un homme politique est un peu écouté et qu'il ose dénoncer les plus gros banquiers et leurs larbins, il est menacé de mort et, s'il persévère, victime d'attentats répétés et en général finalement exécuté — partout est menée aussi loin que possible l'élimination de quelque légitimité nationale ou sociale que ce soit .

Ainsi de crime en crime se maintiennent les régents du temps présent. Dès l'affaire Kennedy, les assassins ont su faire tomber le silence pour soixante-quinze ans, sous couvert de National Security, sur les documents prouvant leur participation au meurtre — et ils ont couvert d'ordure ceux qui luttaient pour qu'on sache : les Dulles-de Ménil, CIA-Schlumberger, transnationales et services secrets ont pu, politiquement, éliminer JFK comme de Gaulle, ils ont agi aussi fort contre une ouverture relative des Etats-Unis à la démocratie que contre un renouveau pourtant timide de l'indépendance française. Pareillement depuis, c'est à travers l'infiltration par la CIA des Brigades Rouges qu'ont été arrachées au peuple italien ses chances d'un gouvernement enfin national avec Aldo Moro ; c'est contre la richesse et la puissance potentiellement retrouvées du peuple allemand réunifié qu'on a fait assassiner Rohwedder "par la Fraction Armée Rouge", morte en réalité depuis dix ans...
Si on passe aux pays pauvres, quelle liste se poursuit encore aujourd'hui, de ces meurtres d'êtres et de peuples qui ont tenté d'échapper au système !
Le tout pour les inhumanistes est que cela ne se voie pas tout de suite : il faut qu'une ou deux générations passent, et que commencent à être connues les études de rares chercheurs ; alors on avoue en entrefilets que les aïeux des brigands actuels faisaient ce qu'on cache de leurs descendants. Voilà leur "liberté" d'enseignement et de presse : pourvu que ce soit avec assez de retard, on peut dire beaucoup sur attentats et guerres du passé — mais pour le présent, les travaux soignés de médiatisation rendent énormément plus facile de voir des bons et des méchants d'après le journal habituel : équilibre dosé entre stratégie de terreur et propagande de mensonge.

Dans ce contexte le brigandage peut continuer, à partir des ressources de toute l'humanité, au seul bénéfice du système qui risque de la détruire. Quelques détails :
– pétrole boursier à  $ 100 (150 ?) le baril, contre 5 à l'entrée des grands navires-citernes ;
– vol des ressources, notamment minérales, partout ;
– vol des savoir-faire : on achète des usines où sont atteints de rares perfectionnements techniques pour ensuite les fermer, délocaliser, créer de la misère même dans les pays industrialisés, sans soulager celle du Tiers-Monde où les automates et donc leurs possesseurs resteront rois ;
– éclatement de petits pays pour laisser les régions les moins pauvres achever elles-mêmes d'étrangler leurs voisines — Yougoslavie, Tchéquie et Slovaquie, tentatives en Bolivie, sans parler des harcèlements dès que l'euro s'avise d'être européen ;
– subversion
en ex-Union Soviétique avec la Tchétchénie et les "révolutions colorées",
en Iran — non parce que les mollahs sont ce qu'ils sont, mais parce qu'ils ne se sont pas encore rangés à la déchéance anglo-saxonne,
en Chine, notamment en s'appuyant sur les musulmans — curieusement très considérés par les Anglo-Saxons dans ce pays : c'est que, à l'encontre des officiels, ils ne donnent pas le vilain exemple d'une politique détachée du divin ;
– massacres, systématisés comme la torture, dans toute l'Amérique du Sud, tous les ans ou tous les jours ; bombardements records, plus que toute la seconde Guerre Mondiale, sur des pays qui ne pourront en récupérer qu'après des siècles, si jamais — de l'Asie du Sud-Est à l'Irak — ;
– destruction de toute tentative démocratique :
subventions en faveur des mafieux et trafiquants ou autres mercenaires, pour éviter le "mauvais exemple" que pourraient donner la libération d'un Salvador, d'un Nicaragua, d'un Venezuela un peu libres, ou d'un Brésil doué de toutes les richesses naturelles, ou d'une Tunisie ou d'une Egypte qu'on laisserait s'exprimer
escadrons de la mort contre les renaissances inévitables de syndicalisme, et commandos stipendiés depuis les ambassades-bunker occidentales ;
– "aide" (A.I.D.) sous toutes les formes de corruption et fraudes électorales, entraînement à la barbarie de polices locales ("second Rangers") par des académies spécialisées notamment US, agissant du Chili à l'Afghanistan, et où sont cultivés au profit des Anglo-Saxons primo le sadisme pur et simple et secundo le goût de trahir son pays, pour devenir un petit chef...

L'Afghanistan, métaphore de ce monde.
C'est la CIA qui en a fait le premier producteur mondial (et de loin) de drogue ; et pour compléter le crime, ni CIA ni FBI ne veulent, même quand il s'agit de leurs propres nationaux, entendre parler de contrôle intergouvernemental sur les poisons qui tuent par millions des jeunes et moins jeunes du monde : car  un tel contrôle ferait perdre ensemble des occasions de fliquer et d'énormes capitaux.
C'est une organisation dite de l'Atlantique Nord qui mène en Afghanistan la lutte contre un peuple. C'est par la destruction des démocrates qu'on a fait les Talibans. Voilà retrouvées la "démocratie" et la "liberté" exportées par les financiers : chaque fois qu'un groupe humain risque de relever la tête au nom des valeurs profondes, c'est l'hystérie martelée, en pays riches d'abord par les media, en pays pauvres par la franche terreur avec soutien et recours aux fanatiques — natifs ou fabriqués.

Religion d'amour, qu'ils disent — tableau accompli de tartuferie.

De même, dans un discours de temps à autre remis à jour , les instances gouvernantes des Etats-Unis rappellent que leurs concitoyens représentent en gros 5% de la population mondiale et dévorent 50% des ressources — ils se gardent de dire que la répartition des injustices est la même à l'intérieur des Etas-Unis ou de la Grande-Bretagne —. Voilà pourquoi dieu est invoqué, par ces gouvernants, en litanies presque aussi insistantes qu'en pays d'Allah : pour voiler de bonne conscience des déchaînements de sauvagerie. L'efficacité de ce procédé n'est plus à démontrer.

Violence extrême donc, mais violence ciblée, et balancement finement mesuré entre crime et mensonge. Si on veut y répondre, il est indispensable de faire le tri des connaissances et importances relatives, il est essentiel d'éviter le recours à un langage en clichés, ou le dérapage vers des affaires annexes.
Ainsi, on trouve dans tout le bruit écologique d'excellents spécialistes des éoliennes, qui par ailleurs prennent leurs paris au sentiment quand il s'agit du nucléaire, et qui avouent une ignorance à peu près totale sur l'économie ou l'éthologie. Pareille incapacité à la synthèse empêche forcément de comprendre ce que finance et totalitarisme veulent dire : on ne peut plus alors dénoncer que sur des points microscopiques, et indirectement, ce que l'argent représente de crime organisé. A une autre échelle mais au fond pareillement, c'est quelque chose que des voix s'insurgent contre la scandaleuse « dette des pays pauvres » : mais il faut mesurer de plus haut ce que signifient des échanges planétaires réglés sur la monnaie, il faut finir de se perdre en discours sur les "intérêts des transnationales", et faire saisir dans sa terrible nudité la volonté de pouvoir, seulement exprimée aujourd'hui à travers les formes monétaires. Ne pas arrêter au capitalisme le regard sur les fureurs des réactions de hordes primitives : le racisme n'a pas attendu le capital.
C’est donc simplement pour ne pas trop vite s'écarter du discours quotidien qu’on va parler un peu monnaie, économie, en se réservant pour plus profond : comportement, éthologie.

Dans le jeu monétaire, c'est la vitesse d'échange et exécution qui fait les maîtres financiers et leurs capacités à s'organiser avec leurs valets, banquiers plus ordinaires, puis traders, brokers & Cie. De là, qu'on fasse donc le tri à l'aide d'ordres de grandeur : chaque jour, la bourse de New York fait en chiffres pondérés 1000 milliards d'échanges (peu importe l'unité, $, £, €) ; la City de Londres 200 ; l'Europe (continentale, dans sa partie la plus riche) 50. Voilà des repères d’importances relatives, des chiffres qui révèlent comment le monde est soumis aux étalons anglo-saxons. Une touche pour compléter le tableau : la City a pu conserver son statut de seconde Bourse du monde parce que les juges britanniques n'ont jamais répondu aux mandats de justice internationaux contre les plus évidentes crapules de la finance.
L'argent ainsi dégagé permet — c'est cela qui compte surtout, politiquement — d'entretenir des bandes armées, mercenaires ou d'Etat, et d'autres domestiques. Après cela on peut parler de principes du droit international et détailler à quel point les financiers anglo-saxons sont en fraude, même par rapport aux lois-papiers qu'ils prétendent respecter. Mais faire ainsi référence aux termes de leur pouvoir est déjà faiblesse, de même que proclamer des "solutions" dans le cadre du capital : car il faudrait autant de violence pour faire passer des progrès dans un tel carcan que pour viser plus droit et plus juste — et c'est cela qui doit être compris au commencement. Attendre quelque chose de négociation ou déclaration dans l'oppression actuelle, c'est déjà abdiquer.
De la négociation d'ailleurs, les ennemis de l'humanité ne veulent plus. Sur tous les continents, c'est la brutalité qui pour les puissants est désormais la règle : les guerres, les subversions, les corruptions, les tortures, ne laissent place qu'à des gouvernements et syndicats de fantoches, de l'atlantisme à l'Oural et bien au delà. Mais ce n'est visible que pour ceux qui s'informent — donc ailleurs que dans la fausse presse, et il faut évaluer ce qui fait le succès de celle-ci, ce qui se cache à l'intérieur des ressentirs.

Comportement, donc. Car ce n'est pas seulement à cause de l'argent qu'on trouve des complaisants et endormis, des mercenaires et d'autres relais d'oppression : ceux qui connaissent en profondeur le comportement humain savent aussi s'en servir.
Par exemple, sans l'abandon de la raison au profit du sadisme virtuel de chaque membre de notre espèce, ce que les financiers de Wall Street ou de la City ont pu faire ne tiendrait pas un an : il leur faut les « formations » de traîtres aux peuples, les tueurs à gages et tortionnaires de CIA-MI6, et cela ne peut être assez efficace sans le dévoiement de données très scientifiques. Ces données sont celles de l’éthologie — la science du comportement —. On ne peut surévaluer le drame que représente le mépris de ce savoir chez les humanistes : les installations par les Anglo-Saxons de valets policiers et mercenaires, partout dans le monde, sont une utilisation raffinée d’une agressivité omniprésente en histoire — c'est si fort parce que c'est bien plus profond que capitalisme —. Sujet terrible et largement tabou, tant les refoulements par des gardiens de lignes gauches étouffent la connaissance ou éveillent la méfiance sur cet indispensable débat. Un aspect vital passe là pourtant. On peut l’évoquer, pour commencer, par la bande.
Les nombreux spectateurs qui acclament et intériorisent James Bond obéissent à une loi des réflexes de primates : se ranger à quelque force ambiante pour se sentir du côté des vainqueurs, dominants et paradeurs. Si les progressistes se faisaient un peu éthologues, ils verraient bien plus net pourquoi et à quel point l'habileté dans la propagande (les "distractions") constitue un supplément très opérant à côté d'autres media, et d'autres violences : les Eglises connaissent de longue date l'efficacité du viol sournois des âmes. Hélas les contemplateurs de Bond sont trop souvent aussi peu conscients de ce dont ils sont victimes que de petits enfants, catéchisés de façon moins distrayante.
L'efficacité des media en général procède des mêmes finesses. C'est à toutes échelles le même double front contre l'humanité : libre entreprise, citoyens esclaves, jusqu'en leur réflexion et leur ressentir. L'atmosphère sonore comme le paysage des cinq continents sont salis de pubs et de l'accoutumance qu'elles supposent à l'avilissement général : on rougit de supporter, sans plus bien réagir, le niveau de crétinisme et d'incohérence logique, le martèlement consommatoire qui donne l'encombrement des boîtes à lettres, des rues, des émissions hertziennes, de tout. Ce n'est pas sans résultat. Entre pubs, bondieuserie et matraquage médiatisé, aux Etats-Unis un tiers de l'électorat est mentalement irrécupérable. Il constitue, à force de références à dieu et dollar, un sûr volant de sécurité pour déchaîner l'hystérie et la manipulation : soit par provocation inouïe (11 septembre), soit au contraire en votes dits de protestation, d'extrême droite, parce que des circonstances mal maîtrisées (scandales répétitifs, ENRON et autres "crises") risquent de trop laisser voir ce qu'oligarchie financière veut dire. Gens de toutes classes, ruinés et avilis, prêts à voter pour les pires "Républicains" ou "conservateurs" comme d'autres avaient voté pour Hitler !
Ces affaires de comportement montrent remarquablement l’étendue et la précision de la réflexion des potentats — ou de leurs valets intellectuels — sur les moyens d'écraser les volontés individuelles et générale. Il faut y ranger encore un système de pseudo-démocratie, partout imité notamment en Europe. On forge en devanture politique deux partis dits de gouvernement pour dévier, pervertir, piéger les luttes contre le pouvoir : tous les deux sont en fait alimentés par la finance, mais l'équilibre est maintenu pour une apparence d'alternance. L'un des partis attire par son dévergondage dans la brutalité (Reagan ou Thatcher ou Bush), car les foules avilies respectent et aiment la force — raciste, on le constate partout sans en expliquer la source dans la mentalité de primate : on est "des dominants" si on est "du clan" —. L'autre parti prend ses distances à l'immoralité trop évidente, et se charge de détourner vers le cirque électoral l'espoir qui pourrait, en saisissant la réalité des crimes, mener à la révolte nécessairement bien plus dure. Mais en tout cas, jamais le système ne laisse dire assez haut ce qui importe le plus : jamais le parti "Démocrate" ne s'opposera à la version "Républicaine" du 11 septembre, ni Kerry à Bush lors du verdict "électoral" de 2004.
Certes, dans le même schéma d'oppression, sont détruits les soins, l'instruction et l'éducation : mais pourquoi cela fonctionne-t-il aussi bien pour enfermer dans la misère et l'individualisme anti-social ? Parce qu'il y a bien assez à faire pour chacun, quand la santé déjà devient difficile, si l'indispensable réflexion-distance à ce qui arrive est anesthésiée de tabous  — religieux, ou plus généralement idéologiques.

Voilà quelques traits pour analyser les moyens — infiniment plus subtils que violence brute — à partir desquels, sous la houlette des bandits, plus on a de moyens de mieux-vivre et plus on fabrique de malheur. Il faut là-contre des écoles révolutionnaires, où certes figurera beaucoup d'histoire des puissances et des perversions techniques : mais il faudra surtout y expliquer l'aveuglement sur ces perversions, par l'analyse des réflexes éthologiques et de leur efficace manipulation dans les media et les formations de bandes armées ; or des masses de progressistes ne songent même pas à intégrer, moins encore à diffuser largement, de telles connaissances. A vrai dire, ils les censureraient plutôt.
Il faut donc bien répéter ces évidences : toute lutte organisée est bienvenue, mais reste vaine si elle ne s'appuie pas assez largement sur la juste révolte, d'un côté vers la lutte violente, de l'autre vers la réflexion approfondie. Il y a cent, il y a cent mille associations qui en ce moment sonnent progressiste, et ce n'est pas rien qu'elles aient quelque écho. Mais ce n'est qu'entretien de défaite et finalement déroute si elles demeurent comme elles sont, parcellaires et craintives. Trop souvent, l'abord du réel est plus net et global du côté des pouvoirs : eux prennent en compte largement ce qui est accessible aujourd'hui d'expérience, de connaissance ; ce sont les chiens de garde des financiers anglo-saxons qui savent le mieux exploiter les robots pour la production et pour la puissance armée ; ce sont ces gens qui utilisent les pénétrations de l'animal dans l'homme pour fabriquer leurs soldats et leurs terreurs. Et en face, on en reste à des synthèses vieilles de siècles — après les bouleversements du XXe tout au long de son cours, de ses tempêtes politiques et de ses fulgurations de connaissance historique et scientifique ! A quand cette reprise de conscience : c'est dans la capacité à la synthèse des connaissances et dans l'audace à préparer des violences nécessaires qu'a toujours résidé la supériorité des progressistes et des progrès ? quand finira-t-on de se laisser diviser par l'esprit de scission dialectique, d'ignorer la base commune de compréhension par le savoir, de paralyser ainsi l'unité, le rassemblement des gens, le rassemblement des forces ? quand verra-t-on tels qu'ils sont des personnages qui se réclament d'opposition à l'enfer capitaliste et qui étalent des scolastiques réactionnaires, des petits-maîtres qui ressassent les ronrons de critiques connues, usées jusqu'à la corde, ou qui placardent au début de leurs soi-disant luttes la veulerie de la non-violence ?
Il faut rappeler et propager que le suffrage universel n'a jamais été acquis, où que ce soit, par le suffrage universel : et laisser les tricheurs continuer à placer quelques pions ridicules sous le chapiteau électoral où finalement même des pauvres, alliés naturels de l'humanisme, mais écœurés, égarés, votent pour ses plus fétides ennemis...
En attendant le pouvoir est attentif à censurer plus particulièrement ce qui le menace vraiment, et il ne laisse causer que « d'insurrection pacifique » et d'"américanisation", c'est-à-dire d’inculture ; voilà comment des gérontes indûment prolongés peuvent continuer à désertifier la planète, à provoquer des émeutes de la faim au milieu de facilités inouïes de production, à laisser s'étendre des maladies nouvelles plus vite qu'on ne cherche à soigner les anciennes, à interdire à des enfants l'accès à l'eau potable puis à en faire des soldats du crime. Ainsi passe l'affaiblissement humain d'un côté, de l'autre le perfectionnement incessant de tout ce qui conforte le système, l'astuce des désinformations et provocations, la croissance indéfinie des espionnages de citoyens ; ainsi augmentent toujours les risques qu'un renversement du cours de l'histoire exige des sacrifices cent fois plus terribles encore que tout ce qui a été déjà gaspillé.
Il faut, contre cela, la convergence des courages d'apprendre et de diffuser, il faut recommander le savoir, puis préparer sans déjà les appliquer les violences dont on n'a pas encore les moyens — mais dont il n'y a jamais eu les moyens avant préparation : Lumières françaises ou révolutionnaires russes par exemple. Toute révolution, donc toute prise de conscience de la nécessaire violence, germe à partir des étudiants-enseignants reprenant partout la mise à jour des esprits — et tout retard des esprits ampute d'années entières les révolutions. Tout meurt sans la remise en phase avec tous les savoirs, et d'abord les plus importants — qui ne sont pas les éoliennes.
Il y a, il y a toujours eu, il demeurera des opposants sournois ou imbéciles au progrès, qui veulent continuer à prétendre détenir le vrai, et surtout le droit de désigner les véritables humanistes. Par leur faute, voilà en somme un siècle qu'il y a glaciation de la pensée révolutionnaire et de l'audace à mettre en avant des savoirs, des principes et non des personnages ; voilà achevées trois générations de refus, de refoulement de réalités dont la prise de conscience est vitale ; voilà presque cent années qu'à travers de vaines agitations les progressistes sortent sans cesse affaiblis de leurs sacrifices mêmes, parce qu'ils rendent d'avance les armes, matérielles et théoriques, aux réactionnaires et oppresseurs.

Quand ce ne serait que pour maintenir le niveau des luttes actuelles au lieu qu'il baisse, il faut voir plus loin, exiger bien autre chose que la bonne conscience et la tranquillité du militantisme institutionnalisé, cadré, castré. Sans le retour aux fondements de la base de savoir commune qui fera l'unité, au lieu de verbiages qui font les divisions, sans l'esprit et la résolution au lieu de l'ignorance et du défaitisme avoué ou pratiqué, il n'est pas de sursauts de progrès possibles.
Tous le redeviennent, si on ressaisit le réel.

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