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Ce blog comporte quatre parties :

– les articles simplement actuels

– des textes de fond, insistant sur le point de vue expressément politique adopté partout ici

– des rédactions plus anciennes par exemple à propos de simples citoyens d’un côté, de potentats de l’autre, aux Etats-Unis

– des échanges avec correspondants qui seraient trop restreints à l'intérieur des cases prévues.


mercredi 15 février 2012

Actuel 4 : 2 exemples

Abord des rapports entre économie et politique :
deux exemples en 2011-2012
(première partie)
Par exemple dans "Le dix-huit brumaire de Louis Bonaparte", Marx mêlait déjà précisément la dénonciation de personnalités et le système de pouvoir par l'argent. Voici un siècle, quoique s'en tenant à moins de détails sur les personnes, Hilferding puis Lénine s'occupaient de désigner les institutions ou au moins les structures par lesquelles s'exprime en pratique le capitalisme. Il y a quarante ans, quelques camarades de l'UJCML comprenaient à leur tour qu'il fallait concrétiser les relations de groupes à fric jusqu'à des êtres de chair et d'os, derrière les étiquettes anonymes médiatisées en sigles de partis. Aujourd'hui enfin, il est courant de lire des précisions individualisées sur les gangs politiques de la finance...
En tout c'est très bien, mais décidément les choses avancent parfois avec de déplorables lenteurs. De plus, si les gens de progrès veulent reprendre l'initiative, ce ne serait pas mal de dépasser, sur ces sujets et d'autres, les expressions monétaires — fortunes, sièges en conseils d'administrations, participations de capitaux, profits, salaires et autres — pour démonter les mécanismes de pouvoir eux-mêmes : hiérarchies et polices de répression d'un côté, soumission grégaire de l'autre. Il suffit, pour aller ainsi tout de suite beaucoup plus loin vers une société plus juste, de se servir de tout ce qu'a fait éclater le XXe siècle. Mais on acceptera pour cette page-ci de ne pas trop anticiper...

Si on se restreint donc aux nombreuses références sur la forme actuelle, monétaire, de pouvoir, la proximité des présidentielles des deux côtés de l'Atlantique donne en ce moment de bonnes occasions d'éclairage. Chez les financiers, l'efficacité de la dissimulation et les mensonges publics n'empêchent pas l'arrogance en cercles restreints, et il ne faut qu'un peu de temps et la volonté de s'informer pour lire les coups de banques derrière les ficelles de guignol électoral et autres devantures politico-médiatiques. En face, parmi les peuples, on se heurte trop souvent à des ensembles se laissant happer par des démagogies abjectes pour éviter la lutte ouverte et hardie et, peut-être plus encore, déviant vers le laisser-aller affectif, contre l'effort de réflexion.
Ce n'est pas toujours plaisant à voir : mais les plus beaux succès de la méthode expérimentale commencent à la constatation. Ce n'est donc pas pécher contre l'humanité que de chercher à constater. Les sites proposés en tête du présent blog ont largement cette qualité d'observation, de voir et faire voir ce que finance veut dire. A partir de tels travaux, il est possible et nécessaire de retrouver l'essentiel et le plus sûr des tentatives pérennes de démocratie, d'humanisation de l'histoire. Deux nouvelles et récentes publications vont dans ce très bon sens : le recueil d'articles "Manière de voir" n° 119, intitulé "Le casse du siècle", aux éditions du Monde diplomatique (novembre 2011), et l'édition du "Président des riches" de Maurice Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, chez La découverte, revue et augmentée en septembre 2011.
Il faut d'abord répéter : la première qualité de tels ensembles de données est de remplacer la langue de bois sur le thème "luttdéklass" par des démonstrations précises ; notamment, on y voit clair dans l'identité de fond entre "majorités" et "oppositions", en coulisses de la mise en scène "démocratie"-alternance bourgeoise, et dans la guerre que mènent les gros capitalistes. Avec les élus présentés à gauche, comme Obama, ou à droite, comme Sarkozy, ce sont les mêmes conseillers financiers, les mêmes « gouvernements invisibles » et le même objectif : maintien et renfort du pouvoir actuel à l'échelle des nations et du monde. Il y a, et on étale, de petites différences dans les formes d'hypocrisie ou dans l'appréciation des risques d'une oppression trop insolente : mais ce ne sont que des disputes de tactique. Pour 2012, Gingritch ou Obama, Sarkozy ou Hollande, détails de costume habillant la même férocité. Il faut toujours en revenir là, d'abord.
Ensuite les détails.

*

« Le casse du siècle » part des années 70 et de la « réorganisation des rapports financiers entre public et privé » : concrétiser suppose en effet la référence à l'histoire, en voilà, c'est bien. Mais ne peut-on davantage ? pourquoi cette réorganisation a-t-elle pu se faire ?  grâce à quelles explosions de développements techniques, grâce à quelle appropriation-orientation sournoise de l'automatisation, les banquiers, industriels et propriétaires ont-ils pu écraser les grèves et les menaces accumulées tout au long des années 60 contre les injustices sociales ? quel est le lien entre les techniques nouvelles et le renouveau du pouvoir patronal puis capitaliste en général, et comment la manie de reprivatisation (spécialement incroyable pour la banque de France) a-t-elle pu être acceptée, malgré les exigences du programme du Conseil national de la Résistance sur la propriété publique de tout ce qui est d'intérêt général, national, exigences reportées en préambule de l'actuelle Loi Fondamentale de la République ?
D'emblée se trouve ainsi posé le problème de fond : ce bon numéro de "Manière de voir" s'en tient à la compréhension dans les termes capitalistes. La volonté de pouvoir sous-jacente, et les astuces énormes de fabrication-robotique que cette volonté n'a cessé de susciter et guider, ne seront pas abordées.
Bien sûr cette restriction n'empêche pas de bons éclairages quant au renouveau des formes de propriété et accaparement : on a eu en effet des vagues de parvenus, parfois en toute légalité (même si, en réalité, le trafic officiellement condamné fonctionne partout, drogue et autres : car le pouvoir des banques suppose les considérables profits de blanchiment d'argent sale). La brochure du Diplo dit très bien comment de simples voyous de rue, distingués d'abord par le genre de combat correspondant (street fighting), ont pu parcourir tout le chemin d'une pauvreté indéniable à une fortune insolente, sans apparemment se mêler directement aux mafias cataloguées comme telles : le cas d'émergence de Soros est à méditer. Mieux encore, on peut lire l'explication historique des succès de grandes banques : la Hong-Kong & Shangai Banking Corporation (HSBC), aujourd'hui à classer parmi les grands pouvoirs mondiaux, est directement issue des trafics anglo-saxons et des guerres de l'opium contre la Chine alors arriérée et très pauvre...
Ainsi d'une façon ou d'une autre, de façon actuelle ou en passant par le long terme, on voit à l'échelle de la mondialisation ce que signifient les termes d'accumulation préalable ou primitive : il y a eu le brigandage, en particulier des colons, avant l'affichage de respectabilité des héritiers. Vaste fresque. Avec des détails soignés : dans la brochure toujours, un remarquable schéma sur production et spéculation montre comment les profits s'évaluent en dizaines de milliards de dollars pour la production d'ensemble dans le monde, et en centaines des mêmes milliards par jeux de Bourses ou spéculations pures.
Peut-être que tout cela serait encore plus fort si on désignait le gros tiers restant de profits (ceux qui entrent dans le schéma ne représentent, bon an mal an, "que" 40 à 65 % de la totalité), et si on explicitait comment la multiplication de jeux monétaires revient à diminuer toujours la part consommée par les peuples, et donc à diminuer toujours leur poids politique. Le lecteur connaît-il bien ces mécanismes ?
En tout cas il y a beaucoup, beaucoup de bonnes choses, et de bonnes sources pour l'approfondissement, tout au long de ce rassemblement d'articles du Diplo. On recommandera donc ici de revenir à ces sources, mais on peut sans déflorer leurs richesses d'information allécher par quelques exemples :
– il y a des indications précises et parlantes de financiers "bien réussis", échangés dans un sens ou dans l'autre entre haut- (très haut-)fonctionnaires et consultants ou administrateurs à rémunérations incroyables — Anthony Blair est désigné directement ; notre discret Michel Pébereau, trop mal connu chez nous dans les foules, est mis à sa place ; Clinton n'est pas cité dans la liste donnée, mais il l'est dans un des articles, comme bien d'autres, de Goldman Sachs à Commission Européenne
– il y a des rapprochements éblouissants, ainsi : 1) ceux qui mettent face à face la large tolérance de la "justice" (l'institution judiciaire capitaliste) pour les énormes délinquants de la finance, et la barbarie des mêmes magistrats pour les pauvres "voleurs" de pain quotidien — ces choses sont criées depuis Hugo ou Chaplin, mais c'est bien de remettre au présent — ; 2) ceux qui font liste des pays livrés sans contrôle au "néolibéralisme" en l'an n, et en faillite l'année f, exemples : a) Chili, n = 1974, crise en = 1981, b) Argentine, n = 1976 avec f = 1980, c)  Bolivie, n = 1985 et f = 1987, d) Venezuela n = 1989 et f = 1993-94... — et bientôt la France, de "note" déjà "dégradée" ?
D'autres lecteurs préfèreront passer du temps à méditer sur des informatiques boursières qui permettent de noyer des profits dans la rapidité d'échanges (27.000 en quatorze secondes : remarquable concrétisation de ce qui est rédigé sur ce blog-ci, page "Financiers anglo-saxons, vampires du monde" à propos de la transformation en puissance de la vitesse d'échange en système capitaliste) ; d'autres encore sauront mieux susciter la révolte à partir des informations données sur la Banque Riggs et son "Cher général Pinochet"... Mais pour le moment, suffit, car ce qui précède entraîne une conclusion bien nette : la nécessité de prendre connaissance d'aussi pertinentes données, et de les diffuser tant qu'on peut — on a voulu ici apporter sa part à ce travail.

(à suivre)

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