Le guignol
des media a beau se faire tam-tam, on se dit qu'il est en général raisonnable
de l'ignorer purement et simplement, de toujours se distancier à l'actualité.
Mais dans les vagues successives de vacarmes à propos de l'affaire Cahuzac, une
épithète est venue ranimer de vieux souvenirs : "fragile". C'est
le mot des petits copains, toujours, pour tenter de protéger une crapule démasquée.
Il paraît donc que le pauvre, pauvre Cahuzac,
pris trop nettement la main dans le sac, est tout effondré et
"fragile". On devine de quoi il souffre : pourquoi s'en prend-on
à lui, qui a été (indûment) espionné, alors que des mafieux et charognes avérés
en profitent pour se poser en vertus, et détourner l'attention de ce que sont
la classe dite politique en général et eux-mêmes tout particulièrement ?
S'il se suicide (on peut rêver) ce sera cela qu'il n'aura pas supporté : être
pris comme bouc émissaire par bien pires que lui — car pour la morale, il y a
beau temps que les gens de cette sorte ne savent plus ce qu'honneur veut dire,
et ce n'est jamais de tourments de conscience qu'ils dépérissent.
C'est drôle
de partout, cette affaire. On nous clame que l'incriminé aurait quelques
centaines de milliers d'euros, dollars, francs suisses ou livres quelque part où
ce n'est pas bien suivi et déclaré. On apprend au passage que quasi-feu Le Pen
en avait des millions (au même lieu, on ne parle pas de ce qu'il pouvait avoir ailleurs) :
or sa fifille est des accusateurs moralisants et moralisateurs — tout en ayant,
comme c'est étrange, des amis communs avec Cahuzac du côté du GUD, le Groupe
Union-Défense des fascistes matraqueurs basés dans les universités depuis 68 —.
Le schéma est classique : la gauche est pourrie, mais dix fois moins que
la droite, et c'est la droite qui se pose en donneuse de leçons de... droiture.
Qu'on se souvienne de Bérégovoy, suicidé pour avoir accepté un prêt sans intérêts
dans une petite affaire immobilière personnelle et naturelle, après qu'un
Fabius ait fait mine de ne plus le voir dans les couloirs de l'Assemblée
Nationale...
Il y a
aussi de quoi rire sur un autre plan. Monsieur Nicolas Sarkozy, ancien Président
de la République Française, a été mis en examen par un juge d'instruction qui a
aussitôt reçu des menaces de mort — typiques : pour lui et surtout SES
PROCHES, procédé spécifique de l'immonde où se vautrent les "hommes
d'honneur" (précision pour les jeunes : c'est ainsi que les mafieux
s'appellent entre eux) —. La chose étant un peu grosse, et les regrets des
brigands qui soutenaient le précédent quinquennateur ayant été, du coup, perçus
dans l'opinion comme un peu trop "énergiques", il urgeait de détourner
l'attention. Par le plus grand des hasards, on nous sert Cahuzac, qui à notre
connaissance n'a encore adressé de menaces de mort à personne. De nouveau, le
schéma vu ci-dessus fonctionne à plein : un coupable de fautes inouïes, de
longue date reconnues, a droit à tout pour se défendre, car il est de droite,
et quelle droite ! mais un minable de gauche saisi illégalement pour un
fifrelin de saleté (quasi-systématique dans la pourriture ambiante) est utilisé
pour faire oublier que nous vivons en état de Chicagoterie, au plus haut de ce
qui fut République. Et ça marche, tous media aidant : en tête le journal
dit Monde, inévitablement, mais aussi ceux qui en furent pour orienter sa ligne
aux moments les plus ignobles de la "mondialisation" — dont, près de
Mediapart, Laurent Mauduit ! Lisez l'article de Frédéric Lordon sur
http://blog.mondediplo.net/2012-07-19 : c'est long et lourd, ce n'est que
du Diplo mais il y a des faits et ça change.
Faudra
voir. Pour le moment, il y a peu de chances que Cahuzac émerge du flot de
cochonneries, surtout à court terme, mais ce n'est pas l'important : ce
sont les forces, les violences qui veulent en revenir à la détermination et au
dévergondage du temps de Sarko, qui sont à suivre de près dans cette affaire.
Depuis la chute de de Gaulle, renversé par ceux qui furent ses porteurs et
qu'il crut pouvoir manœuvrer à sa guise, chaque année de cette Cinquième
maudite nous rapproche du fascisme étalé, déclaré.
Jusqu'où ?
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